Un petit rafraichissement de mémoire avec ce visionnage
du premier Batman, une quinzaine d'années après sa sortie. Un film que
l'on peut difficilement voir avec les mêmes yeux aujourd'hui qu'hier,
quand on sait ce qu'est de venu Tim Burton d'une part, et l'explosion d'un
certain type de film d'action avec héros grand, beau et fort, dont ce
Batman est une des premières occurences.
L'histoire se déroule à Gotham City (eh oui !), ville futuriste ruinée par
la criminalité. Alors que les politiques semblent peu à même d'enrayer le
fléau, un mystérieux homme déguisé en chauve-souris commence à inquiéter
les malfrats, et à intéresser Alexander Knox, journaliste à la recherche
de reconnaissance, bientôt rejoint par la ravissante photographe Vicky
Vale, qui semble en fait plus intéressée par le richissime Bruce Wayne que
par ces histoires de chauve-souris.
Bon, je ne me prononcerai pas sur la fidélité au personnage original ou au
contenu des comics que je n'ai jamais lus. En tout cas, une certitude,
l'histoire se tient, sans être d'une originalité à toute épreuve. C'est
simplement dommage que Burton ne fasse pas plus d'efforts pour nous tenir
en haleine. Bien sûr, tout le monde sait d'avance qui est Batman, mais
même dans l'improbable cas contraire, on le comprendrait assez vite, tant
le scénario nous mène assez directement et linéairement vers sa
résolution. Du coup, le personnage du journaliste perd un peu en intérêt
avec sa pseudo-enquête, dont on se fiche un petit peu de toute façon (les
raisons profondes d'agir de Batman, outre qu'elles sont d'une banalité à
faire peur, ne sont pas vraiment un rouage très bien exploité dans le
film).
Ce qui est par contre indiscutablement réussi, c'est l'atmosphère du film.
Burton n'a pas son pareil pour faire transparaitre la glauquitude, et là,
sans être lourdement démonstratif (personnellement, je remercie Burton de
nous avoir épargné des scènes de bagarre interminables ou de long plans
inutiles pour faire admirer les très beaux décors), il nous installe dans
son univers en quelques minutes. Les gadgets genre batmobile sont
exploités efficacement, bref l'univers "batmanesque" semble tout
simplement naturel et c'est très bien comme ça.
Autre réussite du film, découlant en partie de cette relative sobriété et
en partie de la présence de très bons acteurs, c'est qu'on a autre chose
qu'un bête film d'action. Les personnages ont une vraie profondeur, et
même le Joker, pourtant un rôle pas évident à rendre crédible à l'écran,
est convaincant grâce à Jack Nicholson, décidément à son aise dans les
rôles les plus invraisemblables. Avec lui, même une scène éminemment
casse-gueule comme le massacre du musée réussit à passer.
Un film très maîtrisé donc, dont on comprend sans peine qu'il ait trouvé
un nombreux public. Mais si on passe un très bon moment devant ce
Batman, je ne pense pas qu'il mérite de rentrer dans la catégorie
des oeuvres immortelles, on pensera simplement à le dépoussiérer de ytemps
à autre quand on est à cours d'inspiration pour sa soirée du dimanche.
Roupoil, 20 janvier 2005.