Barton Fink,

film de Joel et Ethan Coen (1991)



Avis général : 7.5/10
Pourcentage gozu : 6%
:-) L'atmosphère étrange extrêmement bien rendue. Les acteurs excellents. Le mélange d'humour et de bizarrerie.
:-( L'intérêt n'est pas constant, et c'est tout de même déroutant.

Certains l'ont peut-être oublié, mais avant de devenir des auteurs reconnus et de verser dans un cinéma plus consensuel, les frères Coen ont commencé en purs cinéastes indépendants avec des oeuvres très personnelles. Je ne parle pas de The big Lebowski mais bien de leurs premiers films, une petite dizaine d'années auparavant, au rang desquels Barton Fink tient une place de choix puisque c'est son succès, à Cannes notamment, qui a servi de tremplin à la carrière des frangins.

Barton Fink est un auteur de théâtre ambitieux et stressé, militant pour un théâtre populaire, qui obtient ses premiers succès sur la scène new-yorkaise. Son éditeur le convainc de faire un tour par la case Hollywood pour se faire un nom et de l'argent avant de revenir au théâtre. Il débarque en Californie dans un monde étrange qui lui convient peu. Recruté pour un scénario de film de lutte, il se retrouve face à l'angoisse de la page blanche dans son hôtel miteux. Mais son voisin Charlie est là pour le soutenir.

Difficile de classer ce film. Ca commence comme une brillante analyse du statut d'écrivain engagé, ça passe par une comédie loufoque sur le microcosme du cinéma d'alors (années 40) et ça se finit en thriller fantastique, le tout dans atmosphère constamment étrange. Inévitablement, un nom vient à l'esprit : David Lynch. Les frères Coen partagent avec le maitre cette capacité à insinuer via de subtils détails un sentiment de malaise dans les scènes les plus anodines. On a en permanence l'impression qu'il y a des choses à voir au-delà de ce qui nous est montré. La réalisation impeccable ajoute encore à la fascination, qui constitue une grande part de l'intérêt du film.

Ceci dit, contrairement à un Lynch, les Coen disposent d'un scénario construit et assez linéaire. A la limite, j'ai presque envie de dire que c'est la faiblesse du film. En se raccrochant à cette histoire, les Coen nous livrent certes des moments de réflexion passionnants, mais atténuent involontairement le côté bric-à-brac génial du film. En hésitant à s'accrocher au rationnel ou à se laisser emporter par l'étrange, le spectateur finit par moments par ne plus trop savoir où se mettre.

Certains resteront sûrement de ce fait perplexes devant ce film, mais ceux qui aiment se plonger dans un univers décalé trouveront là matière à se délecter. Je regrette tout de même un peu que les Coen se soient éloignés de ce style où je suis certain qu'ils auraient pu faire encore mieux.

Roupoil, 27 juillet 2006.



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