Barry Lyndon,

film de Stanley Kubrick (1975)



Avis général : 8/10
:-) La somptuosité des images. L'utilisation de la musique. Le naratteur en voix off.
:-( C'est tout de même assez statique.

Allez hop, encore une petite critique de Kubrick (qui, comme vous l'aurez peut-être constaté, est un de mes cinéastes préférés) pour la route. Pour aujourd'hui, dans la famille des genres cinématographiques magnifiés par le grand Stanley, je demande la fresque historiques. Pas forcément le Kubrick le plus souvent cité, et pourtant, ce film a de quoi marquer les mémoires...

Ascension et décadence de Redmond Barry, petit bourgeois irlandais qui finira joueur de cartes professionnel après un passage dans le gratin de l'aristocratie. C'est un peu une histoire à la Umberto Eco qui nous est contée ici, sauf que l'Histoire, avec une majuscule, ne sert vraiment que de toile de fond aux aventures de Barry, et qu'elle n'est que fort peu éclairée par ce qu'on voit à l'écran (ne comptez pas en apprendre beaucoup sur la Guerre de Sept ans en regardant le film). Tout commence fort modestement, mais les hasards et circonstances (et le tempérament du personnage principal) vont rapidement mêler le jeune Redmond à des événements dont il n'a pas grand chose à faire, mais dont il saura fort bien profiter.

Ce qui frappe toujours quand on voit (ou revoit) Barry Lyndon, c'est bien sûr l'incroyable beauté du film. On a beau être prévenu, les extérieurs filmés par Kubrick sont bluffants et font partie des plus belles images que le cinéma nous ait jamais offerts. On a l'impression d'une suite de tableaux (les ciels sont incroyables, il fallait bien la patience d'un Kubrick pour mettre en boîte des images pareilles), c'est à la fois fascinant et déconcertant, car Kubrick insiste vraiment beaucoup dans cette direction. Tout le film est extrêmement contemplatif, la caméra est d'une grande précision, mais la façon de filmer est parfois à la limite de virer au procédé systématique (les zooms arrière en permanence, ça finit par se voir), c'est un poil agaçant. Bien sûr, ça implique une certaine lenteur dans la narration, parfaitement assumée. En gros, je suis en train de prévenir les personnes qui aiment les films qui bougent en permanence qu'ils risquent de s'emmerder devant Barry Lyndon.

Ce n'est pas faute de rebondissements et de choses à raconter, pourtant, mais la narration est volontairement très posée, avec cette voix off très flegmatique mais excellent pour peu qu'on aime l'ironie subtile. C'est peut-être un peu dommage dans la mesure où, quand ça se lâche un peu (la bagarre dans le salon, par exemple), on entrevoit ce qu'aurait pu être le film avec un peu plus de mouvement (ce qui, personnellement, ne m'aurait pas déplu), mais une fois le parti pris accepté, il faut bien admettre qu'on tient là une fort belle oeuvre, à ranger sans honte auprès des autres chefs-d'oeuvre de Kubrick. Encore une fois, la musique génialement utilisée contribue grandement à rendre un certain nombre de scènes inoubliables, et réciproquement, le film a grandement contribué à la renommée de quelques airs qui y sont repris (en premier lieu le trio de Schubert et le Sarabande d'Händel, bien entendu).

Bien qu'on ait par moments plus l'impression d'être dans un musée que dans une salle obscure, Barry Lyndon reste, par son incroyable beauté plastique, un film nécessaire et unique, comme savait si bien les faire Stanley Kubrick.

Roupoil, 6 mai 2005.



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