J'ai fini par aller le voir, bien que fort longtemps
après sa sortie, cet Aviator. Il faut dire que, si la perspective
d'un film de trois heures réalisé par Scorsese et avec Di Caprio en acteur
principal ne me fait pas fuir, par contre, la bande-annonce m'avait un peu
refroidi. J'ai donc profité des soldes pour me rattraper, en espérant que
les trois heures ne seraient pas trop indigestes après m'être déjà enfilé
deux films dans l'après-midi.
Comme son nom ne l'indique pas forcément (mais quel titre ridicule !), le
film raconte plus ou moins la vie de Howard Hughes. En fait, après une
petite scène introductive qui reviendra tout au long du film, on passe
directement dans le vif du sujet, avec un Hughes aux commandes de son
studio de cinéma. Pour une fois, Scorsese nous évite de longues
explications en voix-off, et finalement, c'est pas plus mal : même si,
comme moi, on ne connait rien à la vie de Hughes, on suit très bien. On
voit donc le gentil (ou pas) Howard filmer des avions, puis en construire
voire en conduire, et fréquanter Hollywood, et plus précisément Katherine
Hepburn et Ava Gardner, avant de devenir un poil cinglé.
Tout cela nous est conté très doctement par le grand Marty, en prenant son
temps, mais avec un rythme tout à fait appréciable. On ne s'ennuie pas, on
apprécie la reconstitution, ainsi que les acteurs qui s'en sortent plutôt
bien dans des rôles pas forcément évidents, bref on admire la belle
machinerie à Oscar déployée dans ce film. On a beau chercher des défauts
dans la cuirasse, on n'en trouve pas vraiment.
Et de fait, il faut plonger au coeur de l'oeuvre pour en extraire notre
déception, car il faut bien avouer qu'en sortant de la séance, si on a
plutôt l'impression d'avoir passé une agréable soirée, on est pas
franchement enthousiaste pour autant. Mais où donc le bât blesse-t-il ? Eh
bien, il semblerait tout simplement qu'à force de vouloir polir dans les
moindres détails son film, Scorsese ait tout bêtement oublié de lui
insuffler l'émotion nécessaire... On suit toutes les péripéties avec une
attention polie, mais en spectateur un peu trop lointain. Alors qu'il y
avait matière à un certain nombre de morceaux de bravoure, la scène où on
se trouve réellement scotché à l'écran est celle du crash.
C'est un peu court, et surtout un peu dommage dans la mesure où il y avait
sûrement un grand film à faire à partir de ce sujet, et que Scorsese
paraissait être homme à ne pas se laisser impressionner. Il s'est contenté
d'un film correct, ce qui est toujours mieux que rien, mais cela
méritait-il un tel budget et trois hures passées devant l'écran ?
Roupoil, 24 mars 2005.