Aviator,

film de Martin Scorsese (2004)



Avis général : 5.5/10
:-) Techniquement impeccable, de bons acteurs, de belles images, ça tient très bien la route pendant deux heures et demie.
:-( Ça a beau tenir la route, on n'est pas emballés pour autant. Il manque tout simplement une composante essentielle : l'émotion.

J'ai fini par aller le voir, bien que fort longtemps après sa sortie, cet Aviator. Il faut dire que, si la perspective d'un film de trois heures réalisé par Scorsese et avec Di Caprio en acteur principal ne me fait pas fuir, par contre, la bande-annonce m'avait un peu refroidi. J'ai donc profité des soldes pour me rattraper, en espérant que les trois heures ne seraient pas trop indigestes après m'être déjà enfilé deux films dans l'après-midi.

Comme son nom ne l'indique pas forcément (mais quel titre ridicule !), le film raconte plus ou moins la vie de Howard Hughes. En fait, après une petite scène introductive qui reviendra tout au long du film, on passe directement dans le vif du sujet, avec un Hughes aux commandes de son studio de cinéma. Pour une fois, Scorsese nous évite de longues explications en voix-off, et finalement, c'est pas plus mal : même si, comme moi, on ne connait rien à la vie de Hughes, on suit très bien. On voit donc le gentil (ou pas) Howard filmer des avions, puis en construire voire en conduire, et fréquanter Hollywood, et plus précisément Katherine Hepburn et Ava Gardner, avant de devenir un poil cinglé.

Tout cela nous est conté très doctement par le grand Marty, en prenant son temps, mais avec un rythme tout à fait appréciable. On ne s'ennuie pas, on apprécie la reconstitution, ainsi que les acteurs qui s'en sortent plutôt bien dans des rôles pas forcément évidents, bref on admire la belle machinerie à Oscar déployée dans ce film. On a beau chercher des défauts dans la cuirasse, on n'en trouve pas vraiment.

Et de fait, il faut plonger au coeur de l'oeuvre pour en extraire notre déception, car il faut bien avouer qu'en sortant de la séance, si on a plutôt l'impression d'avoir passé une agréable soirée, on est pas franchement enthousiaste pour autant. Mais où donc le bât blesse-t-il ? Eh bien, il semblerait tout simplement qu'à force de vouloir polir dans les moindres détails son film, Scorsese ait tout bêtement oublié de lui insuffler l'émotion nécessaire... On suit toutes les péripéties avec une attention polie, mais en spectateur un peu trop lointain. Alors qu'il y avait matière à un certain nombre de morceaux de bravoure, la scène où on se trouve réellement scotché à l'écran est celle du crash.

C'est un peu court, et surtout un peu dommage dans la mesure où il y avait sûrement un grand film à faire à partir de ce sujet, et que Scorsese paraissait être homme à ne pas se laisser impressionner. Il s'est contenté d'un film correct, ce qui est toujours mieux que rien, mais cela méritait-il un tel budget et trois hures passées devant l'écran ?

Roupoil, 24 mars 2005.



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