On nous le bassine depuis un petit moment, la
révolution de la 3D est en marche dans le cinéma, et ce n'est qu'une
question de temps avant qu'elle devienne la norme des grosses
productions. Je n'avais pourtanttoujours pas franchi le pas et c'est
donc un double évènement pour moi que cette séance : mon premier film en
3D et le retour de James Cameron derrière la caméra pour un nouveau film
record, dix ans après Titanic, et surtout deux bonnes décennies après sa
série de grands films spectaculaires des années 80, les
Terminator et Abyss en tête.
Retour à la science-fiction donc, avec cette histoire de mercenaires
envoyés sur une planète lointaine et sauvage recueillir un riche minerai
aux dépends de la population indigène. Bien sûr, il y a un militaire un
poil borné partisan de la méthode forte, qui veut tout raser. Bien sûr,
il y a un petit groupe de scientifique pour essayer de s'y opposer et de
nouer un contact avec ce peuple fascinant par le biais des curieux
avatars, corps indigènes pilotés à distance par des humains. Bien sûr,
il y a un héros au passé trouble qui ne sait pas très bien où se situer
au départ mais qui se fera ensuite le champion de la bonne cause (je
vous laisse deviner de laquelle il s'agit). Bien sûr, il y aura une
histoire d'amour un peuniaise et plein de scènes d'action pétaradantes,
avec moult effets spéciaux et images de synthèse. Bref, on a là un bon
exemple de film d'aventure hyper classique, recette ô combien éprouvée.
C'est d'ailleurs le principal reproche effectué au film par ses
détracteurs : le manque flagrant d'originalité. De fait, les points
noirs sont indiscutables : péripéties ultra prévisibles, jusqu'au
moindre retournement de situation lors des dernières scènes de combat,
personnages aux confins de la caricature (le militaire en est presque
hilarant), dialogues qu'on a l'impression d'avoir déjà entendu mot pour
mot un certain nombre de fois, et j'en passe. Eh bien moi, c'est
justement ça qui m'a énormément plu, retrouver un certain esprit
"blockbuster simple et carré mais maitrisé" qui avait fait des années 80
une sorte d'âge d'or d'un certain cinéma peu subtil mais hyper
divertissant que les générations suivantes n'ont jamais pas su
perpétuer. Cameron fait peut-être du boulot facile avec cet
Avatar, mais il le fait merveilleusement bien. C'est
techniquement impressionnant (j'y reviens plus bas) et, surtout, son
sens de la narration et du rythme font une fois de plus mouche. Certes,
le film n'est peut-être pas aussi profond qu'Abyss (ah, ah, la
bonne blague) ou fort qu'un Terminator, mais ça reste trois
heures de pur plaisir, où on ne s'ennuie pas une seconde, et où on se
laisse happer par les morceaux de bravoure pour ne relâcher son
attention qu'après le générique de fin. Ou plutôt non, juste avant,
puisque le duo Cameron/Horner a encore une fois jugé bon de nous
infliger une atroce chanson guimauve pour accompagner ledit générique,
que du coup je n'ai pas vu.
Un film extrêmement solide et plaisant donc, et qui préfigure
certainement le cinéma de demain. Je ne peux pas terminer cette critique
sans redire quelques mots sur la performance technique que constitue le
film. Une fois le temps d'adaptation à cette nouvelle forme d'images (3D
mais aussi images de synthèse en pagaille) passé, on est réellement
immergé dans un monde chatoyant et différent, laissant entrevoir pour
les oeuvres de pure fiction des possibilités de développer de nouveaux
horizons qui étaient pour l'instant plus ou moins limitées aux films
d'animation. Nous manquons sûrement encore de recul pour bien juger de
les qualités d'Avatar de ce point de vue (mais ce qui est
certain c'est que c'estsuper beau !), mais il représente indéniablement
un jalon important. L'avenir nous dira si Cameron a vu juste en perçant
ce nouveau tunnel, mais l'énorme succès de son dernier bébé est déjà un
signe très fort en faveur de ce nouveau type de cinéma.
Roupoil, 11 février 2010.