Australia,

film de Baz Luhrmann (2008)



Avis général : 4.5/10
:-) Une vision de l'Australie pas inintéressante, une réalisation à la hauteur, de belles images de temps à autre.
:-( C'est d'une lourdeur et d'une naïveté assez inconcevables. Le concept consistant à rajouter un deuxième film une fois le premier fini n'est pas terrible.

Allez, après-midi ciné en amoureux, avec non pas un film, mais carrément deux, et on commence avec du gros bien lourd. je dois dire que la perspective d'un film grand format sur l'Australie réalisé par Baz Luhrmann me faisait a priori plutôt saliver, mais l'enthousiasme modéré qu'a suscité le film nous avait découragé jusque là d'aller le voir. Et puis bon, on n'a rien trouvé de mieux pour cette fois, alors tentons le coup !

1939, alors que la guerre débute, à l'autre bout du monde, c'est juste la guerre du bétail pour savoir qui alimentera les armées en bon boeuf bien gras. Lord Ashley est à peu près le seul à tenter de s'opposer au monopole du vilain Carney, mais sa femme débarque d'Angleterre bien décidée à out vendre. Sauf que lorsqu'elle découvre son mari mort soi-disant tué par des aborigènes, et les magouilles auxquelles semble se livrer un de ses employés, elle va se fâcher, prendre un petit métis sous son aile et, avec l'aide d'un conducteur de bétail à l'abord un peu farouche mais au grand coeur (forcément), aller tataner tous les méchants à coup de cravache.

Hum, vous allez me dire, c'est peut-être l'esprit, mais le film ne présente pas tout à fait les choses comme ça, quand même ? Eh bien, en fait, si, complètement. Au départ, on se dit que le prologue naïf est du au regard choisi (celui du gamin) et que ça va être plus sérieux ensuite, mais non, pas vraiment. Tout au long des deux heures et demie de son film, Baz Luhrmann accumule soigneusement les clichés, les tonnes de guimauve et les ralentis aux moments stratégiques (pour ne citer qu'un exemple en début de film, Hugh Jackman se passant un seau d'eau sur son sorps musclé, ça vaut son pesant de cacahouètes), les coïncidences invraisemblables aux moments dramatiques, et globalement une naïveté digne d'un éléphant qui serait surpris qu'on le trouve un peu encombrant au milieu d'un magasin de porcelaine. Ce qu'on pourrait au départ prendre comme une teinte d'ironie n'est en fait que du premier degré total : Luhrmann a fait son grand film d'aventures à l'ancienne, sans peur de s'enfoncer totalement dans le ridicule.

Une fois ce point de départ admis (ce qui, je peux le comprendre, risque de ne pas être possible pour une bonne partie du public potentiel), la naïveté finit en fait par être touchante et, dans la mesure où l'ami baz a au moins conservé sens du spectacle indéniable, on passe un moment plutôt sympathique à voir notre aristo transformée en cow-boy courir après les boeufs au milieu des paysages australiens. On s'achemine tranquillement vers le happy end attendu, tout le monde est content, le méchant est humilié et ... mais attendez, ça fait deux heures et demie qu'on est là, déjà ? Ah ben non pas du tout en fait. Bien que le film soit manifestement fini, il va en fait repartir de nulle part pour nous infliger une heure de plus d'aventures plutôt plus insipides que dans la première partie et finir par s'achever péniblement en début de deuxième guerre mondiale. Un syndrome de l'hydravion (vous savez, on a l'impression que ça ne va jamais s'arrêter) qui, pour le coup, dessert franchement le rythme de l'ensemble.

Au fond, le film possède vraiment trop de gros défauts pour être vraiment recommendable. On sera d'ailleurs gentil d'éviter des comparaisons qui ne pourraient qu'être désobligeantes avec Out of Africa et autres classiques du film d'aventures "exotique". Et pourtant, je garde l'impression que les intentions de Luhrmann étaient bonnes et qu'en prenant un peu plus de distance vis-à-vis de son sujet, il aurait pu faire un très bon film. En tout cas, si vous aimez le romanesque et que vous n'êtes pas allergique à la tarte à la crème, vous devriez pouvoir retirer quelques bons souvenirs de la vision du film.

Roupoil, 13 janvier 2008.



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