Takashi Miike, ça ne vous rappelle rien ? Si vous êtes un
tant soit peu fidèles à mes critiques (sinon, de toute façon, vous êtes
des boulets :-P ), le nom de Gozu doit vous dire quelque chose.
La vue de cet ofni m'avait laissé dans un état de perplexité profonde.
Quelque trois ans plus tard, un de mes très chers colocataires me convainc
de retenter une expérience Miike, avec un de ses films réputés être
insoutenable (fréquent chez le monsieur). Au moins, on ne devrait pas trop
s'ennuyer.
Ca commence pourtant assez tranquillement : monsieur Aoyama,
quarantenaire, a une vie gentiment monotone, entre l'entreprise qu'il
dirige et son fils adolescent. Sa femme est morte quelques années
auparavant, et il sent qu'il est temps d'en trouver une autre. Il organise
donc, avec la complicité d'un ami qui bosse dans le cinéma, un vrai/faux
casting pour un film. Il flashe rapidement sur une jeune femme un peu
étrange, dont le passé (et même le présent) semblent pleins de zones
d'ombre.
Evidemment, on est un peu biaisés quand on a déjà une idée de ce qui va se
passer ensuite. Mais je pense que même le spectateur qui n'aurait pas du
tout entendu parler du film avant de le voir ressentirait sans difficulté
un certain malaise assez rapidement. Bien que le film semble prendre la
tournure d'une espèce de comédie romantique douce-amère (avec de francs
moments de comédie, comme le casting proprement dit, qui sont
d'ailleurs loin d'être ratés), Miike arrive, avec finalement peu d'effets,
à créer une tension palpable. Musique discrète, ce sont surtout quelques
plans fixes qui font le travail. Le téléphone notamment (un classique du
film d'horreur...) n'est guère rassurant.
Bref, une introduction classique avant le déchainement de violence ?
Presque... En fait, il y a deux (gros) problèmes. Le premier, c'est que
cette phase préparatoire se prolonge sur les deux tiers du film, ce qui
finit par devenir franchement long. Et puis surtout, au moment où ça se
met vraiment en route, au lieu de faire exploser la tension, Miike part
juste complètement en couilles. Une dernière demi-heure sous influence
lynchienne, qui rappelle soudain qu'on est devant un film de l'auteur de
Gozu, mais qui peine à vraiment fasciner. Certes, la réalisation
est intéressante, mais c'est tout de même bien difficile de trouver un
grand intérêt à tout ça. Même le personnage féminin est trop difficile à
cerner pour susciter autre chose que de l'indifférence.
Même la fameuse scène gore est désamorcée et ne m'a personnellement pas
vraiment fait frissonner. Certes, je suis habituellement très peu sensible
au choc des images, mais il me semble que les scènes d'horreur d'un
certain nombre de films récents (au hasard, citons Hostel, même
si j'ai dit pour celui-là aussi que je m'attendais à pire...) sont au
moins aussi marquantes. Du coup, on ressort de là avec un gros sentiment
de frustration. On a attendu deux heures ... pour essentiellement rien,
d'où le sentiment de s'être une fois de plus fait arnaquer. Décidément,
monsieur Miike, je ne suis pas grand fan de votre cinéma.
Roupoil, 10 avril 2007.