Eh ben alors, qu'est-ce qu'il devient, le Roupoil, il
dort ? Les critiques ne se bousculent pas en ce moment, mais si je peux
vous rassurer, il devrait y en avoir un peu plus pour les jours qui
viennent puisque je suis en vacances (comme toujours, en bon prof que je
suis). Pour commencer, une critique en retard d'un classique de la comédie
américaine, vu il y a deux semaines en compagnie de Denis, spécialiste en
la matière, à la maison. Je vais finir par moi-même m'y connaitre un peu
mieux, à force d'en voir une par-ci par-là...
Mortimer Brewster, un écrivain à la mode qui s'est fait une spécialité de
démolir dans ses livres l'institution du mariage, vient justement de
convoler lui-même. Avant de partir en voyage de noces, un petit saut chez
ses chères tantes lui apprend une nouvelle aussi dérangeante qu'inattendue
: elles empoisonnent en toute tranquillité de gentils papys avant de les
faire enterrer à la cave par le timbré de la famille. Et ce n'est que le
début des surprises qui attendent le pauvre Jonathan avec sa drôle de
famille.
Comme vous vous en souvenez certainement, j'avais été plutôt convaincu par
ma première et à ce jour unique expérience du cinéma de Capra, son
classique La Vie est belle, mais avais tout de même trouvé que
c'était un peu trop plein de bons sentiments et un brin longuet par
moments. Eh bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce ne sont pas des
crtiques qui s'appliquent à ce film-ci (qui lui est par ailleurs
antérieur). Je sais bien que c'est le principe de ce genre de comédie,
mais il est impressionnant de voir avec quelle maestria les situations,
gags, répliques et autres rebondissements sans l'ombre d'un temps mort
pendant près de deux heures. Pas une seconde d'ennui (on a presque envie
de dire de répit), et un sens du rythme qui restera toujours pour moi
l'ingrédient numéro un d'une bonne comédie.
Le sujet lui-même est également fort réjouissant, avec son humour très
cynique, qui n'hésite par moments des incursions limite douteuses du côté
de la religion notamment. Pas cul-cul pour deux ronds, mais surtout
franchement drôle, et servi par une galerie de portraits exceptionnels.
Bien sûr, Cary Grant en fait mille fois trop dans le rôle principal, mais
ça sert tout de même la cause du film, et les deux tantes, le frère qui se
prend pour Roosevelt et peut-être encore plus le repris de juste à la tête
de Karloff sont inoubliables. Même certains seconds rôles, comme le
directeur de l'asile, sont assez croquignolets.
Le seul petit défaut qu'on peut trouver à cette oeuvre pétillante, c'est
son aspect théâtral encore un peu marqué (mais nettement moins présent
malgré tout que dans le Sept ans de réflexion de Wilder par
exemple), et une légère lassitude quand le même gag est utilisé plusieurs
fois (ok, le coup des cadavres dans la cave que personne ne veut croire,
on a compris). Mais bon, ça reste dans l'ensemble absolument réjouissant.
Roupoil, 26 octobre 2008.