On continue avec la série de films cannois sortis en
salles juste après le festival, avec le dernier opus de Lars von Trier,
qui a joué sur la Croisette les candidats au scandale de l'année. Il faut
dire que le réalisateur danois n'est pas vraiment du genre à faire dans le
consensuel. En ce qui me concerne, je l'avais découvert avec Breaking
the waves, un des plus grands chocs cinématographiques que j'aie eu
l'occasion d'encaisser à ce jour (au bon sens du terme), mais j'avais été
pour le moins mitigé concernant mes essais suivants (dans le désordre,
Dancer in the dark, une partie de The Kingdom et
Dogville). Comme ça faisait bien longtemps que je n'avais pas
tenté de regarder un de ses films, ma volonté d'essayer de voir le maximum
de films de la sélection cannoise de cette année tombait plutôt bien.
C'est l'histoire d'un couple qui est confronté à un horrible drame : leur
bébé tombe par la fenêtre alors qu'occupés à, euh, un passe-temps plutôt
réservé aux adultes, ils ne faisaient pas attention à lui. Le gars s'en
remet plutôt bien, mais la nana déprime sec. Comme il est psy, il décide
de l'analyser pour l'aider à surmonter ça. Après un bon moment, il finit
par isoler une peur apparemment reliée à leur cabane dans les bois, où ils
décident donc d'aller passer un moment pour exorciser le mal. En fait
d'exorcisme, ça va chier grave.
Alors, ce film, scandaleux ou pas scandaleux ? Boarf, oui, certes, il y a
des scènes qui font assez mal, mais j'ai envie de dire qu'hélas, le film
est beaucoup trop insignifiant pour pouvoir espérer choquer réellement.
Lars von Trier a tenté de créer, idée pas forcément débile d'ailleurs, un
genre de survival psychologique fortement assaisonné de sexe. Le film
reprend donc une structure commune à un paquet de films d'horreur (une
première partie introduisant les personnages et construisant la situation,
avant l'esacalade de violence), et même certains éléments et postures
propres à ce genre (le cache-cache entre les protagonistes, l'image finale
du héros blessé mais ayant triomphé). Très bien, pourquoi pas, sauf que le
gigantesque problème, c'est qu'on s'emmerde grave.
Toute la première partie satisfera peut-être les étudiants en psycho mais
aura bien du mal à passionner les autres, puisqu'elle est constituée de
dialogues assez insipides visant à étudier l'évolution du deuil chez la
fille (le fait que tout le film ne fasse intervenir que deux personnages
n'aide pas non plus à ce que ça bouge). Pire, la deuxième partie ne
réveille pas vraiment le spectateur, dans la mesure où les scènes
ultra-violentes sont toujours noyées dans un salmigondis psychologisant
aux frontières du compréhensible et ressassant des thèmes étranges et
douteux (on aura compris que l'ami von Trier a des problèmes avec les
femmes).
Pour faire court, je ne suis jamais rentré dans le film, malgré (ne soyons
pas totalement négatif) la qualité des images , notamment lors de
l'intrigant prologue en noir et blanc. Qu'on ait donné le prix
d'interprétation à Gainsbourg pour sa performance exhibitionniste,
pourquoi pas, mais le film ne semblait présent à Cannes que pour remplir
la case "non consensuel". En fait de quoi il n'est pas loin de faire
l'unanimité, mais pas vraiment du bon côté...
Roupoil, 20 juin 2009.