Avec une période de quasi-abstinence prolongée, je
devrais enfin avoir à nouveau un peu de temps pour aller au cinéma. Pour
reprendre sereinement, un peu de bon vieux cinéma ricain, et je devrais
d'ailleurs continue dans cette veine d'ici peu. On tape même carrément
dans les valeurs sûres avec le désormais vétéran Ridley Scott (mais j'ai
failli enchainer avec Coppola, alors bon...), qui nous revient après
quelques films que je me suis prudemment abstenu de voir avec une histoire
de gangster américain.
Le gangster en question est noir et assez classe. Après avoir été le
chauffeur d'un gros bras de Harlem pendant quinze ans, il reprend sa suite
et s'impose dans le milieu grâce à un juteux trafic de drogue directement
importée du Vietnam via avions de l'armée. Il ramène près de lui toute sa
famille pour le seconder, épouse une top-model, bref la routine. Mais
évidemment (la routine aussi) un flic intègre va se lancer à sa poursuite
et finir par le coffrer.
Tout ça n'a-t-il pas déjà été vu trente fois en autant d'années depuis les
premiers Parrain de Coppola ? Si, mais pourquoi pas tenter de le
revisiter avec une équipe solide. De fait, Scott lui-même semble avoir
conscience de la lourdeur des références sur ses épaules et essaie de se
créer son propre style. Ni ample à la Coppola, ni nerveux et étouffant à
la Scorsese, il ajoute une petite touche "années 2000" via une réalisation
assez mouvementée dans les scènes d'action, qui restent toutefois lisibles
(en fait, Michael Bay et ses disciples sont juste des manchots, on peut
faire bouger une caméra et obtenir un bon rendu) et souvent prenantes.
Quelques petites images choc par-ci par là également (les piqures
notamment), pas franchement indispensables, mais qui donnent une ambiance
au film.
Ca peut n'avoir l'air de rien, mais cette ambiance, alliée à un casting
plus que solide (les deux stars en tête d'affiche sont impec), suffit à ce
qu'on suive cette histoire somme toute assez classique sans s'ennuyer une
seconde, et même avec un intérêt certain. Bon, on ne cachera tout de même
pas que tout n'est pas de la même force (les scènes de Roberts avec sa
femme n'apportant pas grand chose, pas sûr que Scott ait eu raison
d'épaissir un personnage qui au fond n'existe que via son boulot), et que
la façon dont est gérée le crescendo dramatique laisse un peu perplexe. La
chute du caïd est presque trop facile et la tension ne nait finalement
trop souvent que des scènes d'action.
Mais dans l'ensemble, le film fait plus qu'assurer son contrat, il ajoute
une pierre qui ne dépare dans le bel édifice des films de gangster.
Ajoutez à ça une bande son tout à fait sympathique, et ça suffit à donner
des retrouvailles réussies avec le grand écran.
Roupoil, 19 novembre 2007.