Les vacances sont habituellement le bon moment pour moi
pour retrouver un rythme raisonnable au niveau de mes critiques ciné.
Cette fois-ci, ce n'est pas tout à fait ça, mais j'ai quand même réussi à
caser quelques séances entre les cartons (eh oui, je déménage ça arrive à
des gens très bien). Dans le lot, un désormais presque classique qui fit
grand bruit à sa sortie et que je n'avais justement pas revu depuis 1999,
époque à laquelle j'étais encore jeune, pur et innocent, et où le film
m'avait bien plu.
Lester Burnham, lui, n'est plus tout à fait jeune, sa femme coincée et sa
fille en pleine crise d'adolescence le saoulent (mais au moins, la gamine
a une copine qui fait fantasmer son père), c'est un peu un loser. Le reste
de la famille ne se porte de fait pas beaucoup mieux. Débarquent alors de
nouveaux voisins eux aussi un brin bizarres : un père militaire plus que
strict, une mère qui vit dans un autre monde, et un fils trafiquant de
drogue et obsédé par sa caméra. Tout ce petit monde va interagir jusqu'à
une conclusion inattendue mais annoncée dès le générique : la mort de
Lester.
Pour son premier film, Sam Mendes avait manifestement l'intention de
frapper un grand coup sur la table avec cette chronique très désenchantée
de la middle-class américaine. Pour cela, il n'a pas hésité à charger
assez violemment le tableau, notamment niveau sexuel (non, ce n'est pas un
film de cul, mais on y fait allusion et plus que ça très fréquemment), ce
qui a un double effet assez curieux : certes, le côté caustique est réussi
et on rit pas mal au dépend des pauvres anti-héros qui peuplent le film,
mais d'un autre côté on a un peu l'impression d'aligner les instantanés
drolatiques sans que la mayonnaise prenne toujours globalement, et peu de
scènes sont réellement marquantes car la caricature est parfois trop
poussée.
Par ailleurs, les tentatives de pseudo-philosopie sur une vision
différente de la beauté chez le fils des voisins laissent plus perplexe
qu'autre chose. En fait, le personnage le plus réussi est sûrement celui
de Lester, porté à bout de bras par un excellent Kevin Spacey qui arrive à
lui éviter le ridicule (ce n'était pas gagné d'avance). Mais pourquoi
avoir voulu s'imposer (et surtout imposer dès le départ au spectateur) sa
mort en guise de dénouement ? Cela créée une tension très artificielle
(alors, qui c'est le coupable ?) et focalise l'attention sur quelque chose
d'au fond pas vraiment essentiel.
Si je devais retenir une scène du film, ce serait plutôt la dernière
rencontre entre Lester et Angela où le monceau d'exagérations précédentes
accouche d'une conclusion apaisée fort réussie. On regrette un peu que le
film n'ait pas su plus souvent faire preuve de simplicité, cachant quelque
peu ses qualités derrière son esbrouffe. Ca reste un coup d'essai très
regardable.
Roupoil, 27 avril 2008.