Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain,

film de Jean-Pierre Jeunet (2001)



Avis général : 8/10
:-) La poésie par moments vraiment touchante. La musique sympa. La réalisation sympa aussi.
:-( Toutes les idées ne fonctionnent pas. Les effets spéciaux ne servent à rien.

Hop, un 14 février au soir, on a rien de bien intéressant à faire, donc autant se mettre un petit film. Tiens, ça fait longtemps que j'ai pas vu Amélie Poulain, ça m'a l'air tout à fait adapté. Ca fait un certain temps que je ne l'avais pas vu ; sans être aussi fanatique que certains, j'avais vraiment aimé à l'époque, voyons si la magie fonctionne encore.

L'Amélie Poulain du titre, rappelons-le à ceux qui auraient raté le phénomène, est une jeune fille assez ordinaire et extraordinaire tout à la fois. Serveuse dans un café de Montmartre et habitant seule avec son chat dans son petit appartement, elle tombe un jour par hasard sur la drôle de sacoche d'un drôle de type collectionnant les Photomaton ratés. Ne serait-elle pas en train de tomber amoureuse ? Le problème, c'est qu'elle s'occupe pour l'instant plus du bonheur des autres que du sien...

Résumer ce film à son histoire ne rime pas à grand chose, puisque tout est dans le décalage et dans la poésie subtile qui en affleure. Dès l'introduction (la présentation des membres de la famille Poulain et la résumé de l'enfance d'Amélie), on est dans un monde différent. Au niveau des images déjà, mais on faisait confiance à Jeunet pour nous sortir une fois de plus quelque chose d'innovant et maitrisé (on peut trouver sa réalisation un peu exagérée ou maniérée par moments ; moi-même, je trouve par exemple l'utilisation d'effets spéciaux voyants à intervalles réguliers tout à fait superflue, mais il y a quand même un paquet d'idées et d'intelligence dans sa façon de filmer). Mais c'est surtout le ton de la narration, avec comme caractéristique l'accumulation de petits détails inutiles et donc essentiels, qui surprend.

En fait, on a un peu l'impression que Jeunet a voulu faire un film dans un univers rêvé (le sien), plein de poésie, où les gens n'hésitent pas à mettre en oeuvre les idées saugrenues que chacun d'entre nous a en tête (enfin, j'espère) mais garde soigneusement pour lui dans la vie réelle. Et en faisant ce film, il ne s'est fixé aucune limite. Alors parfois il n'est pas loin de se casser la gueule, ça parait naïf, comme cette histoire de lettre perdue et reconstituée pour faire plaisir à la concierge. Mais la plupart du temps, on est touché, voire bouleversé dans les bons cas (moi, par exemple, la scène où Bredoteau retrouve sa boite à joujoux dans la cabine téléphonique, comme lui, je craque).

Et puis il y a la bluette entre Amélie et Nino. D'aucuns trouveront ça gentiment niais et complètement irréaliste. Oui, certes, mais j'ai l'impression qu'il y a une intention chez Jeunet beaucoup plus forte que la simple envie de faire passer à l'écran une amourette trop belle pour être probable dans notre monde. Je ressens (et là, pour le coup, je parle vraiment à la première personne) une sorte de fascination, presque de jalousie de la part de l'auteur envers ses héros. C'est un peu cruche, oui, mais quand même c'est beau tout ça, et qu'est-ce que ce serait bien si ça pouvait vraiment exister.

Je m'égare peut-être dans des considérations personnelles, mais je pense vraiment que c'est un film qui mérite une vision profondément personnelle, car il est loin d'être aussi superficiel qu'il n'en a l'air (pour ma part, et pour les raisons évoquées précédemment, je trouve que c'est un film très déprimant, et ça a l'air de faire bondir au plafond les personnes à qui je dis ça). C'est peut-être pas toujours parfait, donc pas le chef-d'oeuvre que certains ont voulu y voir, mais quand même un très bon film.

Roupoil, 18 février 2006.



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