Alien, le huitième passager

film de Ridley Scott (1979)



Avis général : 8.5/10
:-) Plus que le côté horrifique (un peu surfait à mon goût), c'est l'incroyable réussite plastique de l'oeuvre qui me marque aujourd'hui. Tout ça a fort bien vieilli.
:-( Quelques scènes moins réussies (le combat avec le robot, qui comme toute la vision de l'informatique dans le film, date un peu, et la mort de Dallas est un poil grotesque).

Alien est un film qui a accompagné mon enfance de façon assez curieuse. En fait (attention, je vais raconter ma vie), ayant un copain fan du film en sixième (j'avais 10 ans), c'est devenu pour moi une sorte de symbole du film d'horreur à faire frémir les petits n'enfants comme moi. Du coup, la première fois que je l'ai vu en entier, quelques années après, j'ai presque été déçu parce que ça ne m'a pas fait peur du tout. Mais je l'ai quand même revu un certain nombre de fois depuis :-).

Le scénario est tout aussi basique qu'efficace, maintes fois repris depuis (à subtiles déformations près), rarement aussi bien utilisé. Bon, c'est fort simple, c'est un huis-clos dans un décor stressant (vaisseau aussi gigantesque que labyrinthique, plein de couloirs étroits et humides (on se demande un peu d'où sort, par exemple, la flotte qui raffraichit Brett juste avant sa mort, d'ailleurs), avec sept passagers (enfin, au début...) et un méchant monstre mangeur d'hommes. Bon, sauf que j'exagère pas mal, puisqu'un bon tiers du film se déroule avant que l'Alien ne devienne vraiment méchant, et que par ailleurs Scott s'intéresse un poil à la psychologie des personnages par moments.

Difficile de ne pas jouer au jeu des comparaisons en revoyant Alien quelque 25 ans après sa sortie. Déjà, la première chose qui frappe au début du film, c'est l'influence évidente du 2001 de Kubrick. Longs plans sur le vaisseau se mouvant majestueusement dans l'espace, ça pourrait très vite devenir chiant (comme dans 2001, par exemple :-) ), mais au contraire, la (longue) introduction capte complètement l'attention du spectateur, peut-être un peu grâce à la musique planante mais parfaitement adaptée, ou au subtil dosage entre plans fixes et détails de la vie dans le vaisseau. En tout cas, toute la scène de découverte des aliens sur la planète inconnue est fabuleuse, une merveille de mise en scène réhaussée par des décors magnifiques. Car s'il est bien une chose qu'on ne peut nier à cet Alien, c'est bien la réussite plastique, que ce soit au niveau des décors ou plus simplement du fameux huitième passager. À la fois monstrueux tout en étant très "humanoïde" et fascinant par ses capacités d'adaptation, il apporte une dimension étonannte au film (et à ses suites). Que serait Alien sans la fameuse double machoire (et aussi sans les lance-flammes :-) ) ? Non seulement cette vieillerie d'Alien n'a pas à rougir devant ses successeurs au niveau visuel, mais il bat même à plate couture beaucoup de films plus récents.

Au niveau de la gestion de l'horreur, je serais en fait un peu moins enthousiaste. Certes, il y a des scènes inoubliables (l'apparition de l'alien lors du repas reste à mon avis une des plus belles scènes-choc de l'histoire du cinéma), mais globalement, le suspense est assez basique. Pas totalement inefficace, mais assez prévisible, voire par moments assez bizarrement foutu (la mort de Dallas dans son tuyau me laisse un peu perplexe). On parle souvent de l'ingéniosité consistant à montrer le mois possible le monstre, mais c'est finalement tout aussi stressant quand on le voit ! Et puis je ne trouve pas la fin ultra-crédible, même si elle est réussie.

C'est donc plus comme film de science-fiction (dans le style réaliste et lent plutôt que bondissant comme on le fait aujourd'hui) que comme classique de l'épouvante que j'apprécie cet Alien. Pas franchement effrayant (le troisième épisode est à mon avis beaucoup plus glauque), mais pas contre très beau. En tout cas, une chose est sûre, le film a très bien vieilli, et mérite sa place au panthéon des classiques de la SF (quand je pense qu'ils osent mettre sur la jaquette du DVD : "Par le réalisateur de Gladiator ! Ils ont rien compris à la vie, ces gens-là...).

Roupoil, 19 février 2005.



Retour à ma page cinema