Alice au pays des merveilles

film de Tim Burton (2009)



Avis général : 2.5/10
:-) C'est très coloré, avec des décors sympas, les acteurs s'intègrent bien aux images de synthèse.
:-( Scénario plat, mal dialogué, sans une once d'humour ou même d'intérêt. La 3D ne sert accessoirement à rien.

Encore du Burton ? Eh oui, le bonhomme est assez prolifique en ce moment, et son dernier projet ne pouvait manquer de créer plus que de la curiosité : Alice aux pays des merveilles, le chef-d'oeuvre de fantaisie de Lewis Carroll, adapté ou plutôt réadapté (après une première version qui constitue encore à ce jour l'un des Disney les plus attachants et originaux) à la sauce Burton, avec toute son équipe de fidèles pour l'épauler.

Plutôt que de refaire un Alice fidèle à l'original en se contentant d'y intégrer de vrais acteurs, les scénaristes ont préféré trousser une sorte de suite qui n'est en fait qu'un décalque des premières aventures d'Alice, désormais adulte. Fuyant un soupirant qui ne lui plait guère (il faut dire qu'il est un peu trop rouquin pour être totalement fréquentable), elle tombe une nouvelle fois dans un trou qui l'emmène sous terre, dans ce drôle de monde aux lapins blancs à redingote, où on change de taille en buvant une gorgée, et où la Dame rouge fait subir un enfer à une bonne majorité de ses sujets. On attend d'elle qu'elle sauve le monde en terrassant le vilain Jabberwocky, mais elle semble tellement perdue que tout le monde se demande s'il n'y a pas eu erreur sur la personne.

De fait, cette astuce scénaristique est un assez faible prétexte, puisqu'on retrouve tout de même dans le film tous les personnages du bouquin (et du dessin animé), dans des rôles qui n'ont pas changé un poil. Tous ? Presque. Car si tous les personnages sont bel et bien là, deux habitants du monde de Carroll manquent tout de même cruellement à l'appel : l'humour et la fantaisie. De fantaisie, on n'a que l'ersatz que représente l'heroic fantasy à laquelle on a tenté un peu maladroitement de mélanger le monde d'Alice, qui est tout de même un peu plus subtil qu'un simple blanc/rouge manichéen où une épée magique permet de tataner les méchants presque sans effort. Quant à l'humour, c'est un désastre totalles scénaristes n'ayant apparemment pas saisi par exemple que faire faire absolument n'importe quoi au lièvre de Mars ne suffirait pas à le rendre hilarant. La logique de l'absurde est quelque chose d'affreusement délicat à manier, et Lewis Carroll était passé maitre en la matière. Ses successeurs de 2010 font très pâle figure en comparaison.

À défaut de merveilles, on doit donc se contenter de suivre une intrigue au fond très linéaire et surtout assez soporifique (pas une scène où on tente de ménager un réel suspense ou créer une once d'émotion), dont les seuls rares moments plaisants sont ceux où on découvre un décor amusant (un bon point tout de même pour les images de synthèse réussies ; on n'en dira pas autant de la 3D pas du tout exploitée) ou redécouvre un personnage légendaire. Les acteurs font leur numéro de manière plus ou moins convaincante (Alice est à peu près aussi jolie et lisse que l'esthétique du film), mais à aucun moment le film n'arrive à fasciner.

Autant que la déception est à la hauteur des grandes attentes que j'avais pour ce film. J'ose espérer que Burton s'est seulement laissé bouffer par les exigences de Disney pour pondre un aussi mauvais opus, et qu'il s'est contenté de soigner l'ethétique de façon assez efficace (même la musique d'Elfman, qui commence à sérieusement se répéter, n'est pas à la hauteur de ses autres collaborations avec Burton). Il nous a concocté ici un gâteau fort coloré, dont l'aspect apétissant faisait saliver d'avance. Hélas, une fois la friandise avalée, et l'absence totale de goût constatée, ne reste plus que le regret de s'être laissé arnaquer en beauté.

Roupoil, 6 avril 2010.



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