Dans la catégorie "révisons nos classiques", je n'avais
encore jamais eu l'occasion de voir à l'oeuvre Sam Peckinpah, un
réalisateur à la réputation pourtant intéressante (pour ceux qui ne
connaissent pas, il est essentiellement connu pour la oirceur et la
violence de ses films). Un DVD pas cher étant toujours une bonne occasion,
voici donc cette erreur réparée.
Le film commence sur un plan très beau et très calme d'une jeune fille
enceinte au bord de l'eau. Après vision de l'intégralité du film, on peut
se demander si ce n'est pas un grand moment d'ironie de la part de
Peckinpah, car le reste ne l'est pas beaucoup (beau et calme). D'ailleurs,
à peine deux minutes plus tard, la jeune fille est plus ou moins torturée
par son papa, dans le but de connaitre le nom du père, dont il met illico
la tête à prix (d'où le titre). Deux ricains chargent un pianiste de bar à
touristes du sale job. Ce dernier espère bien profiter du pognon pour se
marier avec sa belle, qu'il emmène d'ailleurs avec lui à la recherche
d'Alfredo, ou plutôt de son corps puisque celui-ci est déjà mort. Ce qui
ne signifie pas que ça va être une partie de plaisir...
Le film peut assez facilement être séparé en deux parties, la première
constituant le voyage de Bennie et Elita jusqu'à la tombe, et la deuxième
du retour de Bennie (ben oui, tout seul, je spoile un peu) qui vire très
vite au jeu de massacre. La première moitié est assez surprenante et, pour
êtyre tout à fait honnête, ne m'a pas totalement convaincu. On voit bien
l'idée que Peckinpah a derrière la tête : montrer avec un cynisme
appréciable la misère du Mexique que traversent les deux protagonistes,
derrière leur concert de roucoulades. Et également préciser les
motivations de Bennie (y a pas à chercher loin, il veut du fric pour en
finir avec sa vie de merde, et est prêt à tout pour ça). Mais on
n'accroche pas totalement, notamment à cause de quelques longueurs
(l'agression par les types à moto, par exemple, se prolonge inutilement).
Ceci dit, ce n'est pas totalement inintéressant non plus.
Ensuite, changement radical. Une fois la tête obtenue, le chemin du retour
sera un déferlement pratiquement ininterrompu de violence, les cadavres
s'alignant à un rythme effréne, les rares moments de répit étant révolus
aux soins apportés à la tête en voie de décomposition. De cynique, le film
devient carrément nihiliste sur la fin : Bennie est devnu une véritable
machine à tuer, et la seule personne à qui il s'adresse autrement que le
flingue à la main est Alfredo Garcia. La violence à l'écran n'a rien
d'insoutenable (très peu de sang d'ailleurs), et pourtant Peckinpah
atteint son objectif : nous choquer en nous prenant à froid, le sommet
étant la dernière scène invraisemblable, que personnellement je n'avais
pas vraiment anticipée...
Niveau technique, on peut se plaindre que la chute des corps au ralenti
devienne un procédé systématique (mais tout de même moins chiant que les
équivalents chez un John Woo, par exemple), mais pour le reste, la
virtuosité de la réalisation dans les scènes d'action est impressionnante.
Les acteurs sont au poil, le tout a un petit cachet vieillot qui lui va
plutôt bien, bref on se régale.
On regrette d'autant plus que la narration ne soit pas totalement
maitrisée tout du long, car on aurait pu tenir là un excellent film. Ca
reste une curiosité intéressante, qui en tout cas m'a bien donné envie
d'explorer un peu plus la filmographie du sieur Peckinpah.
Roupoil, 26 février 2006.