Le péplum est généralement considéré comme un genre
mort depuis quelques décennies désormais. Le Gladiator de
Ridley Scott a pourtant prouvé qu'on pouvait encore attirer les foules
avec des bonshommes en jupette, et on peut même se demander pourquoi on
n'a pas eu droit à plus de tentatives à sa suite, tant les gros moyens
financiers et technologiques actuels semblent adaptés à ce genre de
grand spectacle. C'est dire si le nouveau film d'Amenabar, réalisateur
par ailleurs rare mais toujours intéressant, et qui concoctait ici son
premier mastodonte, avait de quoi susciter la curiosité. Mais attention
! Amenabar a d'autres ambitions que celle de réaliser un simple
divertissement efficace : c'est donc à un épisode trouble et peu connu
de l'Antiquité qu'il s'attache.
Dans l'Alexandrie de la fin de la période romaine, l'astronome Hypathie
enseigne les sciences au sein de la célèbre bibliothèque. Parmi ses
élèves, des frictions apparaissent entre païens et chrétiens,
nouvellement tolérés dans la ville. Une véritable guerre de religion ne
va pas tarder à mettre la ville à feu et à sang. Alors que les païens
manoeuvrent comme ils peuvent pour conserver leur place, le jeune
esclave Davus est tenté de rejoindre les rangs des chrétiens.
Le temps de se remettre de la vision d'égyptiens antiques bien propres
sur eux et parlant tout un bel anglais (il y a au moins des choses qui
n'ont pas changé dans le péplum en un demi-siècle), et nous voila donc
plongés dans une intrigue qui mèle science, religion et même histoires
de coeur puisque la belle Hypathie est courtisée par deux hommes à la
fois. Les rivalités donnent également lieu à un lot appréciable de
bastons épiques. Bref, tout largement assez d'éléments pour nous
captiver pendant deux heures.
Le très gros souci, c'est que ce que nous raconte Amenabar ne captive en
fait pas le moins du monde... La faute à un scénario mal cousu, qui ne
semble pas bien savoir où il veut en venir, et surtout à des dialogues
franchement pas terribles et des personnages à peine plus travaillés.
Oreste est complètement caricatural et mal joué ; quant à Davus, il est
tout simplement transparent (il dit quoi, 10 phrases dans tout le film
?). Seule la figure centrale d'Hypathie attise un peu notre curiosité,
hélas un peu mise à mal par des scènes de recherche scientifique à la
limite du risible.
En fait, le film manque de subtilité sur tous les plans : la
dénonciation du fanatisme religieux manque sa cible tellement les
chrétiens sont ridiculement vilains, les plans "cosmiques" d'Amenabar
(qui, en bon élève, fait pourtant tout ce qu'il peut pour soigner sa
copie) finissent par lasser (belle reconstitution, cependant), et les
plans lourds de sens sur les glaives ensanglantés ou autres regards
pénétrants ne devraient pas avoir leur place ailleurs que dans un vrai
nanar. Chose que ce film n'est d'ailleurs pas, car il ne passe jamais
réellement du côté ridicule de la Force. Il est tout simplement très peu
intéressant. Ma première grosse déception avec Amenabar, j'espère qu'il
retournera à quelque chose de plus personnel pour son prochain film.
Roupoil, 16 janvier 2010.