Agora,

film d'Alejandro Amenabar (2009)



Avis général : 3.5/10
:-) Reconstitution plaisante, réalisation soignée.
:-( Un scénario pas à la hauteur du projet. Pas du tout assez subtil pour être intéressant.

Le péplum est généralement considéré comme un genre mort depuis quelques décennies désormais. Le Gladiator de Ridley Scott a pourtant prouvé qu'on pouvait encore attirer les foules avec des bonshommes en jupette, et on peut même se demander pourquoi on n'a pas eu droit à plus de tentatives à sa suite, tant les gros moyens financiers et technologiques actuels semblent adaptés à ce genre de grand spectacle. C'est dire si le nouveau film d'Amenabar, réalisateur par ailleurs rare mais toujours intéressant, et qui concoctait ici son premier mastodonte, avait de quoi susciter la curiosité. Mais attention ! Amenabar a d'autres ambitions que celle de réaliser un simple divertissement efficace : c'est donc à un épisode trouble et peu connu de l'Antiquité qu'il s'attache.

Dans l'Alexandrie de la fin de la période romaine, l'astronome Hypathie enseigne les sciences au sein de la célèbre bibliothèque. Parmi ses élèves, des frictions apparaissent entre païens et chrétiens, nouvellement tolérés dans la ville. Une véritable guerre de religion ne va pas tarder à mettre la ville à feu et à sang. Alors que les païens manoeuvrent comme ils peuvent pour conserver leur place, le jeune esclave Davus est tenté de rejoindre les rangs des chrétiens.

Le temps de se remettre de la vision d'égyptiens antiques bien propres sur eux et parlant tout un bel anglais (il y a au moins des choses qui n'ont pas changé dans le péplum en un demi-siècle), et nous voila donc plongés dans une intrigue qui mèle science, religion et même histoires de coeur puisque la belle Hypathie est courtisée par deux hommes à la fois. Les rivalités donnent également lieu à un lot appréciable de bastons épiques. Bref, tout largement assez d'éléments pour nous captiver pendant deux heures.

Le très gros souci, c'est que ce que nous raconte Amenabar ne captive en fait pas le moins du monde... La faute à un scénario mal cousu, qui ne semble pas bien savoir où il veut en venir, et surtout à des dialogues franchement pas terribles et des personnages à peine plus travaillés. Oreste est complètement caricatural et mal joué ; quant à Davus, il est tout simplement transparent (il dit quoi, 10 phrases dans tout le film ?). Seule la figure centrale d'Hypathie attise un peu notre curiosité, hélas un peu mise à mal par des scènes de recherche scientifique à la limite du risible.

En fait, le film manque de subtilité sur tous les plans : la dénonciation du fanatisme religieux manque sa cible tellement les chrétiens sont ridiculement vilains, les plans "cosmiques" d'Amenabar (qui, en bon élève, fait pourtant tout ce qu'il peut pour soigner sa copie) finissent par lasser (belle reconstitution, cependant), et les plans lourds de sens sur les glaives ensanglantés ou autres regards pénétrants ne devraient pas avoir leur place ailleurs que dans un vrai nanar. Chose que ce film n'est d'ailleurs pas, car il ne passe jamais réellement du côté ridicule de la Force. Il est tout simplement très peu intéressant. Ma première grosse déception avec Amenabar, j'espère qu'il retournera à quelque chose de plus personnel pour son prochain film.

Roupoil, 16 janvier 2010.



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