Adèle Blanc-Sec, la BD complètement décalée de Tardi,
adaptée au cinéma ? En voila une idée plutôt sympatique. Par qui ? Luc
Besson ? Ah merde, là, tout de suite, ça donne beaucoup moins envie. En
gros, telles furent mes réactions quand le projet d'adaptation commença
à voir le jour. Et de fait, pendant de longues semaines, je snobai très
soigneusement Adèle lors de mes (rares) sorties dans les salles
obscures. Et puis, l'affligeante médiocrité récurrente de la
programmation finit par avoir raison de moi, et je tentai l'aventure
sans grand enthousiasme.
Adèle Blanc-Sec, dans la BD, est un personnage assez indescriptible.
Dans le film, elle l'est beaucoup plus, sorte d'Indiana Jones en jupons
à l'humour pince-sans-rire un peu facile et à la volonté inaltérable. De
retour d'Egypte avec une momie de pharaon dans sa poche (dans le but de
ressusciter sa soeur), la voila aux prises avec un inattendu
ptérodactyle échappé du Muséum d'histoire naturelle suite aux
expériences étranges d'un très vieux savant. Ce savant étant justement
celui dont Adèle a besoin pour réveiller sa momie.
C'est n'importe quoi ? Oui, et c'est normal, l'univers d'Adèle Blanc-Sec
possède plein d'atouts, mais sûrement pas celui d'être d'une rigueur
scientifique à toute épreuve, et encore moins d'être réaliste. Ca fait
partie du curieux charme désuet de la BD, qui est ma foi plutôt bien
rendu à l'écran. Besson a le bon goût de soigner son image sans trop
abuser des effets spéciaux, et de laisser à l'originalité des
personnages et des situations la possibilité de se développer
tranquillement.
D'ailleurs, ce qui frappe le plus dans ce film, c'est peut-être sa
grande modestie. Malgré une tendance un peu trop appuyée à tourner par
moments du côté du film d'aventures un poil ironique à la Indiana Jones
(qui reste et restera indétrônable, inutile donc de tenter de marcher
dans ses pas), Besson se contente dans l'ensemble de mettre assez
sagement en images sa petit histoire. Trop sagement peut-être même ? Car
si l'ensemble se regarde avec un plaisir indéniable, on ne peut pas non
plus dire qu'il y ait de quoi casse trois pattes à un canard, les
péripéties s'enchainant un peu facilement et sans grande surprise.
Restent le charme d'une distribution plutôt réussie et d'un humour qui,
à l'image du film, ne vise jamais très haut mais a le grand mérite
d'atteindre son objectif. Finalement, très loin d'être une catastrophe,
cette adaptation...
Roupoil, 16 juin 2010.