Depuis le temps, vous devez le savoir, les frères Coen
font partie des cinéastes dont je rate rarement une sortie, et je suis
donc heureux de les voir retrouver depuis quelque temps un rythme de
production assez élevé. Après la consécration de No country for old
men et la parenthèse détendue de Burn after reading, ils
sont déjà de retour, à nouveau avec une comédie, mais d'un style
beaucoup plus conforme à leurs préocuppations habituelles. Chouette !
Larry Gopnik est un homme a priori bien sous tous rapports : chercheur
en physique, marié deux enfants, il héberge chez lui un frère un peu
spécial et respecte les traditions de la communauté juive dont il est un
membre sans histoire. Jusqu'au jour, justement, où plein de drôles de
trucs lui tombent dessus d'un seul coup sans prévenir : sa femme veut
divorcer, l'amant de sa femme essaie de le réconforter, un de ses
étudiants lui cause de gros soucis, et il finit même pas se faire virer
de chez lui. Il cherche conseil auprès d'un rabbin. Non, pas un, en
fait, mais pas moins de trois rabbins !
De l'humour juif à la sauce Coen ? Re-chouette ! Ou pas en fait... Pour
la première fois depuis que j'ai goûté à leur cinéma si particulier, les
Coen m'ont réellement énormément déçu. Certes, il y a toujours chez eux
ce soin maniaque du détail qui fait que leur film met encore une fois la
pâtée, en terme de qualité d'image, de son, ou même de direction
d'acteurs, à tous leurs concurrents ou à peu près. Mais c'est bien tout
ce qu'il y a à se mettre sous la dent cette fois.
Dès le début du film, le doute s'installe. Ce prologue très étrange et
qui semble n'avoir rien à faire ici n'est-il pas, en plus d'être
incongru, trop long et pas drôle du tout ? Le reste du film confirmera
cette impression. Je ne suis tout bonnement pas du tout rentré dans le
truc, souriant à peine deux ou trois fois (allez, soyons honnêtes, la
conclusion brutale de la fuite du frangin est assez fun), ce qui est
bien peu pour un film comique. En fait j'ai très souvent ressenti
pendant le film la frustration classique qui consiste à très bien voir
ce qui devait être drôle dans chaque scène, et même souvent à trouver
les tentatives intéressantes (une critique acerbe d'un certain mode de
vie américain, l'ironie sur le langage très codé des rituels religieux),
mais sans rigoler pour autant. Et du coup, le temps parait terriblement
long.
Comme par ailleurs le film n'a guère d'intérêt dramatique (les crasses
s'accumulent sur le pauvre héros sans justification, ni même véritable
logique), on se retrouve devant une très belle coquille totalement vide.
Irritant au possible, espérons que ce ne sera qu'un accident de parcours
dans la carrière des talentueux frangins.
Roupoil, 29 janvier 2010.