A l'origine

film de Xavier Giannoli (2009)



Avis général : 6.5/10
:-) Un scénario surprenant. De belles images de chantier (mais oui, c'est possible).
:-( Quelques facilités au niveau de l'intrigue. Le non-jeu étrange de Cluzet.

On continue notre tour des sorties cannoises avec ce film, l'un des films français inévitablement sélectionnés dans ce festival (je suis méchant, admettons qu'on arrive à sauver chaque année quelques titres de notre production hexagonale pour les montrer sans être trop ridicules), qui n'est pas vraiment celui qui a le plus fait parler de lui dans cette sélection, que ce soit en bien ou en mal d'ailleurs. Comme de toute façon je ne connaissais absolument pas l'oeuvre antérieure du sieur Giannoli, autant juger sur pièce devant l'écran.

Un escroc à la petite semaine s'est spécialisé dans l'arnaque au matériel de chantier. Un jour, il tombe sur un chantier d'autoroute déserté et voit là une bonne occasion de se faire un petit pactole en exploitant les fournisseurs locaux. La petite ville du Nord où il vient faire ses magouilles l'accueille en héros, espérant sortir grâce à lui du marasme économique qui a suivi la fermeture du chantier. Philippe (ce n'est pas vraiment son nom, mais cette identité lui colle désormais à la peau) lance une machinerie énorme, qu'il va avoir bien du mal à contrôler.

Ca vous intéresse, un film qui se passe pour les trois quarts sur un chantier d'autoroute au milieu de nulle part dans le Nord de la France ? Non ? Ben vous avez peut-être tort, en fait. Car ce chantier est, indiscutablement, quelques choses de fascinant, et le ballet des pelleteuses et autres grosses machines est fort bien orchestré par Giannoli qui, à l'aide de plans étonnants et d'un montage serré, nous concocte des séquences de construction qui sont sûrement les plus belles du film. La poésie de la bétonneuse, il fallait y croire, mais oui, ça existe !

Quant au contenu de l'intrigue proprement dite, le fait divers dont le scénario s'inspire est suffisamment étonnant et incroyable (au sens premier du terme : on a du mal à y croire) pour fournir matière à un suspense qui s'entretient assez bien tout seul. Les deux heures passent donc sans qu'on y fasse attention, même si on peut déplorer quelques facilités scénaristiques qui pour le coup sont sûrement dues aux ajouts des scénaristes. L'histoire avec la maire est assez peu palpitante, et le jeune couple de paumés un peu trop beau pour être vrai. Et puis était-il nécessaire de doubler la scène d'aveux d'un accident sur le chantier (certes, la tension dramatique est là) ou de conclure sur un lever de soleil un peu voyant ?

Ce n'est pas un film hollywoodien, que diable ! On aurait aimé un contexte social plus approfondi et plus vraiment réaliste. Pourtant, on ne peut pas dire que Giannoli ne prend pas le temps d'introduire ses personnages (la première demi-heure est même à la limite du longuet), mais ça semble un peu artificiel. Ce n'est d'ailleurs pas arrangé par le jeu hermétique de Cluzet dans le rôle principal. Ok, son personnage est perdu, mais ce n'est pas une raison pour ne pas laisser paraitre une seul émotion tout le long du film... C'est peut-être ce genre de détails qui n'en sont pas qui font passer le film d'un statut potentiel d'oeuvre passionnante à celle moins désirable de film intéressant. C'est toutefois déjà une réussite sur unsujet pas si facile.

Roupoil, 14 novembre 2009.



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