A history of violence

film de David Cronenberg (2005)



Avis général : 7/10
:-) Un scénario classique mais solide, de bons acteurs, et surtout des explosions de violence marquantes.
:-( Un peu trop bien huilé par moments, on n'est pas très loin de tomber dans la démonstration pesante.

Le jour où j'arrêterai de commencer toutes mes critiques par "c'est le premier film de cet auteur que je vois", mes lecteurs auront peut-être plus de raisons de penser que je ne suis pas un guignol qui écrit sur des choses qu'il ne connait pas :-). Mais bon, il faut une première fois pour tout dans la vie, voici venue l'heure de mon premier Cronenberg (oui, ça fait un peu mal sur le coup, mais c'est bon quand même).

Ceux qui ont vu ne serait-ce que la bande annonce du film savent de quoi il retourne. Pas de grande Histoire au programme malgré le titre un poil grandiloquent, mais simplement celle d'une famille dans un bled paumé de l'Indiana, qui va basculer de façon inattendue dans la violence. Tom Stall flingue un jour avec une efficacité redoutable deux malfrats pour protéger les employés de son petit restaurant. Cela attire chez lui des journalistes en quête de sensationnel, mais aussi de drôles de types qui semblent le prendre pour un truand accompli. Tom est-il vraiment celui qu'il prétend être ?

Après une mise en place un brin laborieuse (la gentille petite famille américaine en train de prendre son petit déj, d'accord, ça pose le décor, mais la scène elle-même a déjà été vue dans un petit millier de séries télé), l'intrigue se met réellement en place et, si elle n'a au premier abord rien de sensationnel (d'autant plus que le déroulement lobal est assez prévisible), elle captive malgré tout, grace à l'art qu'a Cronenberg de créer une tension insoutenable en plaçant des explosions de violence attendues, mais qui ne se déroulent jamais exactement comme on s'y attendait, et injectent dans le film une intensité incroyable (honnêtement, je n'ai pas souvenir d'avoir déjà vu au cinéma des scènes de flinguage à tout va aussi bien foutues). Pas de doute, Cronenberg maîtrise totalement sa caméra et ses effets.

Ce qui est peut-être un peu moins convainquant (et empêche à mon sens le film d'atteindre vraiment le statut d'oeuvre incontournable), c'est tout de même le déroulement global de l'intrigue. Tout cela est tellement bien huilé et la progression tellement finement orchestrée que ça en devient un brin mécanique et artificiel. La démonstration est réussie, mais un peu trop théorique. Je pense notamment aux scènes où le fils de Tom bastonne un de ses camarades au lycée (scènes au lycée qui, d'ailleurs, tout comme celles de vie de famille, ne sont pas parmi les plus originales), puis se prend une baffe de son père dix secondes après qu'il ait dit "Chez nous, on ne résoud rien par la violence", bon, c'est un peu facile. Plus curieux, une fois que l'inarrêtable ascension dans la violence a mené à une dernière partie qui n'est pas la plus réussie, le film se conclut dans une sorte d'impasse qui me laisse un peu sceptique (je ne prétend pas qu'une fin moins ouverte eut été préférable, ceci dit, mais ça fait un effet bizarre).

Finalement, le film repose énormément sur le talent derrière la caméra de Cronenberg, qui filme tout (y compris les scènes de cul, qui sont d'ailleurs relativement inutiles) en virtuose, et transforme ce qui aurait pu être un film lourdaud dans les mains d'un autre réalisateur en bon moment de cinéma. Peut-être pas le film incontournable sur la violence qu'il aurait souhaité (quoique, techniquement parlant, le traitement de la violence fera sûrement date), mais une des valeurs sûres de cet automne.

Roupoil, 19 novembre 2005.



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