Godard, le retour. Retour en arrière, même, puisque
quelques mois après ma découverte de l'oeuvre du réalisateur suisse via
Pierrot le fou, j'effectue un retour aux sources en revenant à
l'oeuvre qui a tout déclenché, l'oeuvre qui a inauguré de façon frappante
la Nouvelle Vague (ok, je sais, Chabrol et Truffaut avaient commencé un
peu avant Godard) et qui fête cette année son cinquantenaire, une bonne
occasion pour aller en profiter sur grand écran.
C'est donc l'histoire d'un petit escroc, Michel Poiccard, qui est "à bout
de souffle". Poursuivi par la police après avoir flingué l'un des leurs en
bordure de nationale, à court d'argent quand il a du mal à récupérer les
dividendes d'une précédente arnaque, et àa court d'amouor quand la petite
étudiante américaine qu'il convoite hésite à le suivre dans ses frasques.
C'est assez amusant d'avoir vu les deux classiques de Godard dans un ordre
chronologique inversé, car il y a énormément de points communs entre les
deux, mais après coup À bout de souffle ressemble finalement
beaucoup à un brouillon de ce que sera un peu plus tard Pierrot le
fou. L'intrigue, si on peut vraiment parler d'intrigue, est très
similaire, avec ce couple qui passe finalement la majeure partie de son
temps à discuter de choses relativement banale, et ces quelques scènes
d'action pas du tout réalistes pour émailler le récit.
Sauf qu'ici, ça ressemble vraiment plus à un manifeste qu'à un véritable
film, une sorte d'antithèse de tout ce que Godard et ses amis ne voulaient
plus voir dans le cinéma, sans forcément chercher à construire quoi que ce
soit en remplacement. En résulte une drôle d'impression de film en creux,
qui confine assez régulièrement à l'exercice de style (le montage si
caractéristique) objectivement peu intéressant. La loooooooongue scène
dans la chambre de Patricia est assez caractéristique, et semblera au
choix affreusement chiante à force de banalité ou totalement géniale à
force de liberté. Je dois avouer que pour le coup je penche plutôt du
premier côté...
Mais tout de même, à côté de ça, la réalisation de Godard garde un côté
fascinant, la musique de Martial Solal est excellente, et le côté balade
sans but dans un Paris étonnant garde un certain charme. Mieux, la
conclusion est superbe, et laisse peut-être augurer déjà de films plus
achevés et réellement géniaux de la part de Godard.
Roupoil, 6 juillet 2009.