À bout de souffle

film de Jean-Luc Godard (1959)



Avis général : 5/10
:-) La liberté totale, quelques belles scènes, notamment le final.
:-( C'est quand même assez creux et chiant tout ça.

Godard, le retour. Retour en arrière, même, puisque quelques mois après ma découverte de l'oeuvre du réalisateur suisse via Pierrot le fou, j'effectue un retour aux sources en revenant à l'oeuvre qui a tout déclenché, l'oeuvre qui a inauguré de façon frappante la Nouvelle Vague (ok, je sais, Chabrol et Truffaut avaient commencé un peu avant Godard) et qui fête cette année son cinquantenaire, une bonne occasion pour aller en profiter sur grand écran.

C'est donc l'histoire d'un petit escroc, Michel Poiccard, qui est "à bout de souffle". Poursuivi par la police après avoir flingué l'un des leurs en bordure de nationale, à court d'argent quand il a du mal à récupérer les dividendes d'une précédente arnaque, et àa court d'amouor quand la petite étudiante américaine qu'il convoite hésite à le suivre dans ses frasques.

C'est assez amusant d'avoir vu les deux classiques de Godard dans un ordre chronologique inversé, car il y a énormément de points communs entre les deux, mais après coup À bout de souffle ressemble finalement beaucoup à un brouillon de ce que sera un peu plus tard Pierrot le fou. L'intrigue, si on peut vraiment parler d'intrigue, est très similaire, avec ce couple qui passe finalement la majeure partie de son temps à discuter de choses relativement banale, et ces quelques scènes d'action pas du tout réalistes pour émailler le récit.

Sauf qu'ici, ça ressemble vraiment plus à un manifeste qu'à un véritable film, une sorte d'antithèse de tout ce que Godard et ses amis ne voulaient plus voir dans le cinéma, sans forcément chercher à construire quoi que ce soit en remplacement. En résulte une drôle d'impression de film en creux, qui confine assez régulièrement à l'exercice de style (le montage si caractéristique) objectivement peu intéressant. La loooooooongue scène dans la chambre de Patricia est assez caractéristique, et semblera au choix affreusement chiante à force de banalité ou totalement géniale à force de liberté. Je dois avouer que pour le coup je penche plutôt du premier côté...

Mais tout de même, à côté de ça, la réalisation de Godard garde un côté fascinant, la musique de Martial Solal est excellente, et le côté balade sans but dans un Paris étonnant garde un certain charme. Mieux, la conclusion est superbe, et laisse peut-être augurer déjà de films plus achevés et réellement géniaux de la part de Godard.

Roupoil, 6 juillet 2009.



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