Franchement, je dois l'avouer, j'étais plutôt impatient
d'aller voir ce film, bien que m'attendant un peu à être déçu à la sortie.
Non pas que le précédent et premier film du jeune Zack Snyder (eh oui,
critiqué sur cette page, chez Roupoil&Co on sait repérer les futures
stars) m'ait emballé, mais c'était déjà plus le cas de la précédente
adaptation ciné de Miller, le Sin City. Et puis, comme le film de
Rodriguez d'ailleurs, 300 semblait innover de façon intéressante
au niveau visuel. Et au pire, on aurait bien quelques scènes d'action
jouissives, non ?
De l'action, on ne peut pas nier qu'il y en ait. Une fois expédiée en
quelques minutes l'enfance du roi Leonidas, on retrouve celui-ci en train
de malmener un émissaire perse, puis de mener au combat 300 de ses
meilleurs guerriers pour faire face à l'immense armée du vilain Xerxès
(rigolez pas, ils ont même des rhinocéros de combat) dans le défilé des
Thermopyles. Nos vaillants soldats aux abdos saillants ont-ils une chance
malgré leur déficit numérique écrasant ? La belle Gorgo réussira-t-elle à
convaincre le conseil sartiate d'envoyer le reste de l'armée venir à leur
rescousse ?
En fait, on s'en tape un peu. Ceux qui ont vu dans ce film un brûlot
anti-iranien ou une apologie de la force brute me font bien rigoler. Ceux
qui ont fait le film n'ont manifestement pas grand chose à faire de leur
histoire, qui n'est qu'un bon prétexte à aligner le plus d'effets
possibles au mètre carré. Peandant dix minutes, on est presque séduit par
ce défouloir total. C'est bien simple, on a droit à un véritable catalogue
d'effets visuels et sonores, à tel point qu'on se demande si le but du
film n'est pas juste de démontrer tout ce dont est capable Hollywood en ce
début de 21ème siècle. Image entièrement trafiquée, maquettes en
carton-pâte, bestioles numériques en tout genre. Le film est censé être
plus ou moins historique ? Ah bah ouais, mais on avait un ou deux orcs en
réserve depuis le Seigneur des Anneaux, on les a réutilisés. De fait, le
film pompe sans vergogne tout ce qui s'est fait depuis dix ans. Pareil
niveau sonore, ça va du choeur symphonique au rap en passant par le metal.
Ils ont même réussi à intégrer une scène de pub pour parfum (l'oracle...)
au milieu de leur film. Très fort !
Cela a même suffi à impressionner nombre de spectateurs et à leur faire
oublier l'essentiel. Tout simplement, ce n'est pas un film que je suis
allé voir, mais un clip de deux heures. Et autant un clip de dix minutes,
ça peut être sympa, autant sur deux heures, si on ne se renouvelle pas,
c'est la catastrophe. Et honnêtement, contentez-vous de la bande annonce
de 300, ça vous évitera d'être déçus. Une fois l'exposition
terminée, Snyder aligne les scènes de bataille sans aucune imagination,
usant et abusant du ralenti et des effets sanguinolents. La première fois,
pourquoi pas, mais ensuite, on se contente de laisser filer le film sans
réellement s'ennuyer, mais sans y prendre d'intérêt. Les scènes à Sparte
ne font que couper l'action, le dénouement étant courru d'avance et les
acteurs pas vraiment emballants. Les dialogues sont inexistants et
répétitifs, le scénario évolue moins que le bestaire, les personnages sont
ridicules et quelques scènes frôlent le nanar (la pomme de Léonidas
notamment).
On ressort la cervelle un brin vidée, et surtout avec la fâcheuse
impression de ne jamais être rentré dans le film. C'est dommage, car
l'aspect visuel était intéressant. Il aurait juste fallu songer à faire un
film avec. J'avoue que ça me désole un peu que ce film puisse être
considéré comme un chef-d'oeuvre par certains...
Roupoil, 25 mars 2007.