21 grammes,

film d'Alejandro Gonzalez Inarritu (2003)



Avis général : 5.5/10
:-) Des acteurs plus que solides. Quelques scènes émouvantes.
:-( Un montage abracadabrant sans sens réel. On s'ennuie preque par moments.

Comme pour son compère Amenabar (avec lequel il n'a d'ailleurs en commun que le nom à consonnance latine et le fait d'être déjà un peu plus qu'un jeune cinéaste prometteur), je me fais la filmographie de mister Gonzalez (non, désolé, il a un nom vraiment trop long, je ne me le taperai pas en entier à chaque fois) dans un certain désordre, après avoir commencé par son dernier film, Babel, au ciné, pour ensuite remonter le temps.

Il s'agit donc d'un homme qui est sur le point de mourir. Même que sa femme veut avoir un bébé de lui tant qu'il en est encore temps. Et aussi d'un autre gars très orienté religion, mais il semblerait que ça n'ait pas toujours été le cas. Ah, et il y a aussi cette femme blonde qui se drogue et qui a deux fillettes adorables. Ah, mais en fait le premier gars la connait, et ils sortiraient même ensemble. Mais quel rapport avec le mexicain, qui a changé de coiffure depuis tout à l'heure ?

Regarder le début de 21 grammes, c'est un peu cet effet que ça fait. De bribes de scènes faisant intervenir principalement trois individus (allez, quatre en comptant la femme de Paul), mais qui semblent montées dans un ordre très aléatoire, et sans la moindre indication concernant leurs liens, temporels notamment. C'est au spectateur de reconstituer comme il le peut le puzzle, qui finira tout de même par s'assembler complètement. On savait déjà que le réalisateur aimait les constructions visant à rassembler plusieurs personnages aux histoires bien distinctes autour d'un événement central. Là, il y ajoute une complexification formelle qui risque d'en rebuter plus d'un (on est vraiment très loin d'une simple utilisation de quelques flashs-backs).

Je n'ai a priori rien contre ce genre d'expérimentation visant à chambouler un peu le confort du spectateur pour, peut-être, mieux l'immerger dans le film, mais quand c'est à ce point, on se demande tout de même quel est le but. Permettre des transitions brutales d'une scène dramatique vers quelque chose de plus joyeux ? La première fois, ça marche, mais à la cinquième, ça finit par lasser. Peut-être est-ce là pour dynamiser une intrigue qui par moments se traine franchement, surtout dans la deuxième moitié ? Ca marche presque, mais le fait de mettre des bouts de scènes de fin dès le début fait qu'on finit par deviner ce qui va se passer au milieu, et quand les scènes en question débarquent, c'est bien dur de s'y accrocher. Bref, pas très convaincant tout ça.

Par ailleurs, ce n'était sûrement pas nécessaire, dans la mesure où ce qui convainc le plus dans le film, c'est ce qui fait souvent la base d'un bon cinéma : les acteurs, excellents, et les scènes émouvantes qui arrivent à faire passer un scénario qui a un peu tendance à charger la barque (c'est déjà assez noir comme ça, avait-on vraiment besoin que les trois protagonistes soient une droguée, un ex-taulard et un gars dont le couple tombe en ruine ?). Comme quoi finalement ça reste dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. Enfin, si vous êtes courageux, essayez tout de même, car sur le fond le film de Gonzalez Inarritu est loin d'être mauvais.

Roupoil, 4 aout 2008.



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