Une sorte de logique aurait voulu que je commence mes
critiques de cette année civile par celle de ce film. Ca tombait d'ailleurs
très bien, puisque j'ai vu ledit film juste au début de l'année 2012, en
vacances en famille à la montagne, donc dans des conditions qui ne sont pas
forcément celles que je préfère (petite télé, mais surtout VF), mais en
gardant l'oeil sur l'écran tout du long (je vous épargne la liste des bouses
dont vous ne verrez jamais la critique parce que je n'ai vraiment vu qu'un
tiers des scènes). Bref, finalement la critique s'est un peu fait attendre,
mais la voila qui déferle (ah, ah) !
Or donc, comme vous le savez, en 2012 c'est la fin du monde (si vous ne le
saviez pas, inutile de vous embêter à vous renseigner, ça vous évitera de
vous tracasser pour rien), les mayas l'ont prédit, on est cuits. Un prétexte
comme un autre finalement pour un enième film de fin du monde, ici sous forme
de tsunami ravageur. Comme le monde va être touché, le film se concentre sur
le sort d'une dizaine d'américains. Vous avez droit au président des
Etats-Unis, noir comme le veut la mode hollywoodienne, à un chercheur
tourmenté, quelques russes complètement grotesques et même deux ou trois
tibétains pour faire couleur locale (les quelques personnes qui auront la
chance de survivre sont embarqués au coeur de l'Himalaya sur des espèces
d'arches). Mais le personnage principal, bien sûr, c'est un américain
moyen, père de famille, qui adore ses enfants mais s'est séparé de sa femme
qui vit désormais avec un abruti, et est cordialement détesté par son fils
(au début du film du moins, car comme il se doit, ça va s'arranger).
Vous avez déjà vu tout ça quelque part ? Les scénaristes de 2012
aussi, très vraisembablement. Mais ils s'en foutent comme de leur première
chemise. Au point de ne même pas essayer de calquer une once de psychologie
sur ces personnages, ni même d'essayer de sortir des péripéties vaguement
imprévisibles dans le scénario. Non, on reste dans un pur produit
ultra-calibré tout le long, absolument jamais les archétypes ne sont remis
en question (concernant les russes, on franchit même allègrement le stade
de la caricature grossière), plus c'est primaire mieux c'est. Je vous dis
même pas le nombre de fois où notre héros s'en sort à la dernière seconde.
Quelque part, c'est assez fascinant d'avoir une telle foi dans le pouvoir des
images et de se permettre de négliger tous les autres éléments qui font
habituellement partie de ce qui peut faire apprécier un film. La vraisemblance
des situations est évidemment remisée très très loin au fond d'un placard, le
seul et unique intérêt du blockbuster d'Emmerich, ce sont ses effets spéciaux.
Eh ben, coup de pot, ils sont bons. Ce n'est certes pas ici qu'on trouvera
des idées de réalisation révolutionnaires, mais Emmerich tient bien sa
caméra, et les images sont spectaculaires. Comme les acteurs ne sont pas
non plus des tanches, on se surprend à trouver les nombreuses scènes d'action
plutôt agréables à regarder.
Sentiment assez curieux finalement que celui d'avoir vu un film à la forme
réussie mais au fond, non pas mauvais, mais tout simplement inexistant
(le film n'est absolument pas un nanar, puisqu'il n'y a rien dont on puisse
se moquer. Ah si quand même, les russes !). Ca se regarde, ça s'oublie vite,
ce sera sûrement très démodé quand les prouesses technologiques auront
rendu les effets désuets. Pour un pop-corn-movie du dimanche soir, c'est
presque acceptable.
Roupoil, 23 février 2012.