Commentaires sur la calculatrice NumWorks

Mise à jour

La mise à jour se fait via le web, obligatoirement avec un compte authentifié, ce qui est inacceptable d'un point de vue vie privée. Nous devrions avoir la possibilité de mettre à jour la calculatrice sans que la société mère en ait connaissance.

Ergonomie

La saisie des formules se fait par défaut avec une représentation mathématique bidimensionnelle, ce qui est sympa en apparence, mais très pénible à l'usage. Par exemple, il conduit à ce que « X^3+5 » soit compris comme « X^8 » parce qu'il fallait se rappeler de sortir de la puissance avant de faire l'addition : les touches sur lesquelles on appuie ne respectent pas les priorités mathématiques habituelles. Heureusement, il est possible de passer à un mode de saisie en ligne.

Le clavier est très mal conçu. Les touches dangereuses sont beaucoup trop accessibles. Par touches dangereuses, j'entends les touches qui nous font perdre ce qu'on est en train de faire. Qu'on appuie sur la maison, parce qu'elle est bien plus visible en jaune que la touche shift, on se retrouve au menu principal et tout le calcul en cours de saisie est perdu. La touche de retour est également trop accessible.

Ce serait moins problématique si la saisie en cours était préservée quand on passe d'un menu à l'autre, mais ce n'est pas le cas.

Utilisation pédagogique

La calculatrice NumWorks est conçue autour d'un menu principal, comme les calculatrices Casio, avec une « application » pour faire des calculs, une pour étudier des fonctions, une pour faire des statistiques, etc.

C'est nul. Les maths sont un tout, pas un assemblage de disciplines indépendantes.

Et ce n'est pas juste une question de principe, ça a des conséquences pratiques vraiment pénibles.

Par exemple, puisque « probabilités » est une application différente de « calculs », on ne peut pas incorporer un calcul de probabilité dans un calcul plus complexe, comme on pourrait écrire 0.3*0.2+0.7*normalFRep(-0.2,0.4) et avoir le résultat complet en une seule fois, et pouvoir le modifier et le ré-exécuter en une seule fois.

Un autre exemple de défaut pratique de l'organisation en menus : les statistiques. On peut faire des calculs de statistiques (moyenne, écart type, quartiles), on peut faire des régressions linéaires, mais si on veut faire la même chose sur les deux, il faut taper les données deux fois, une fois dans l'application statistiques, une fois dans l'application régressions.

On peut faire représenter le nuage de points, et la droite de régression trouvée par la calculatrice. Mais si on veut tracer sur le nuage de points une droite de régression proposée par l'énoncé pour voir si c'est la bonne, c'est fichu : il faudrait être à la fois dans l'application régressions et dans l'application fonctions.

De manière plus terre à terre, l'organisation en menus multiplie le nombre de touches nécessaires pour arriver à ce qu'on veut. De plus, la signification des touches n'est pas la même selon le menu et sous-menu, donc il faut utiliser des touches différentes selon où on est. Ça rend le cours plus difficile à mener : je ne peux pas dire aux élèves « appuyez sur seconde et table » et être sûr qu'ils arrivent au bon endroit.

Conclusion

Pour moi, cet appareil NumWorks n'est pas une calculatrice, n'est pas un outil mathématique. C'est un jouet scolaire. C'est aux calculatrices ce que la tortue Logo est à un ordinateur : un machin spécialisé, rigolo à utiliser pour des activités très balisées, mais ultimement inutile.

Les jouets scolaires, c'est bien pour le primaire, à la rigueur pour le collège, mais ça n'a rien à faire en lycée. En lycée, on commence à faire vraiment des maths, donc on a besoin d'outils conçus pour faire des maths, pas des exercices.

À titre personnel, si j'ai besoin d'une calculatrice, ce n'est en aucun cas une NumWorks que je vais attraper. Je ne vais pas apprendre à mes élèves un outil qui me semble mauvais pour mon propre usage.

C'est pourquoi j'ai décidé de continuer à conseiller à mes élèves de préférer les calculatrices TI.