TRIAS (250-203 Ma)

 

L'environnement :

 

 

En termes d'environnement, le Trias ne diffère pas beaucoup du Permien. Les continents sont encore regroupés. Le climat général est chaud, avec un faible gradient Equateur-Pôles. Il n'y a pas de calotte polaire.

Par contre, suite à la crise qui constitue la limite Permien-Trias, les faunes sont fortement remaniées. On y constate la persistance de représentants des quelques groupes Permien survivants, et le développement de groupes nouveaux, qui se répandent et se diversifient en occupant les niches écologiques devenues vacantes.

Quelques organismes caractéristiques :

 

Organismes marins :

Coraux : Les Scléractiniaires

 

Les coraux calcifiés sont l'une des principales victimes de l'extinction Permien-Trias : Les deux groupes dominants du Paléozo•que, les Tabulés et les Rugueux, s'éteignent totalement à ce niveau. Les 14 premiers millions d'années du Trias ne fournissent aucun fossile de corail calcifié. Ce n'est que passé ce laps de temps que l'on trouve des représentants d'un nouveau groupe de corail, les Scléractiniaires, dont font partie les coraux actuels. Cette apparition brutale, et la difficulté à rapprocher phylogénétiquement ces animaux des groupes calcifiés précédents, fait penser que les Scléractiniaires auraient eu un ancêtre non calcifié, et par conséquent absent du registre fossile.

L'acquisition, ou la perte de squelette calcifié, se serait produite plusieurs fois au cours des temps géologiques, en relation avec la teneur en carbonate de calcium de l'eau de mer. Les conditions du début du Trias, auraient conduit à un changement de la chimie de l'océan, diminuant la précipitation de CaCO3. L'émergence des Scléractiniaires dans le registre fossile correspondrait au retour des conditions favorable à cette précipitation.

 

Coraux et apparentés au cours du temps :

La longueur verticale des figures colorées montre l'extension temporelle des trois Ordres de coraux calcifiés, et leur épaisseur représente leur abondance et leur diversité relative. La ligne jaune à la base du Trias indique la période d'absence de coraux. La barre orange verticale sur la droite représente les formes sans squelette, pour lesquelles les fossiles sont rares ou inexistants. La figure n'implique donc aucune continuité des lignées au sein des groupes, ni que les formes sans squelette soient étroitement apparentées.

Les astérisques indiquent l'apparition de sclératiniomorphes calcifiés. Les flèches vers la droite précisent les épisodes de perte de squelette calcifié, celle vers la gauche les épisodes de gain.

 

Figure et légende adaptées de Stanley & Fautin, The origin of modern corals, Science 291, 9 Mars 2001

 

 

Céphalopodes: Les Cératitidés

 

Ces Céphalopodes, typiques du Trias, succèdent aux Goniatitidés Permo-Carbonifère. Ils présentent des sutures assez simples, mais lobées et non anguleuses comme celles des Goniatites, avec un une "selle" orientée vers l'ouverture de la coquille, et un "lobe" légèrement dentelé orienté vers l'arrière. Ci-contre, un exemple de ces fossiles, sur lequel on a souligné la ligne de suture.

 

Organismes terrestres :

Amphibiens :

Le Trias de Madagascar a fourni des fossiles des premiers représentants des groupes d'Amphibiens actuels, en particuliers les premiers Anoures, avec la grenouille Triadobatrachus (littéralement "grenouille du Trias")

 

Synapsides Dicynodontes :

Les "reptiles mammaliens" sont les principales victimes de la crise Permo-Triasique pour les faunes de vertébrés terrestres. Au début du Trias, on ne rencontre quasiment plus qu'un seul Genre de Dicynodonte, de taille moyenne, Lystrosaurus (ci-dessous).

 

Source : Science & Vie, hors-série Dans le secret des mondes disparus, Décembre 2000.

Remarque : cet animal est fréquemment cité comme argument paléontologique en faveur de la tectonique des plaques et de l'existence du Gondwana, dans la mesure où l'on en a retrouvé des représentants sur plusieurs continents.

 

Cependant, ce groupe se diversifie à nouveau rapidement au cours du Trias, et l'on retrouve, 5 Ma après la crise, de grands Dicynodontes herbivores.

Synapsides Cynodontes :

 

(se reporter au cladogramme de la fiche Permien)

 

Alors que les Dicynodontes se diversifient à nouveau, le groupe des Cynodontes ("dents de chiens"), présente une radiation évolutive. Les représentants triassiques de ce groupe, qui comprendra les Mammifères, présentent déjà plusieurs caractères mammaliens, en particulier :

 

Voici par exemple, ci-dessous, une reconstitution de Thrinaxodon, du début du Trias. Observez la mâchoire, constituée du seul os dentaire, et les dents postérieures, qui ne sont plus simplement coniques, mais portent trois cuspides. l'animal est représenté couvert de pelage, même si on n'en a pas de preuves directes.

 

 

Images :Pr. Paul E. Olsen, http://www.ldeo.columbia.edu/dees/courses/v1001/dinos.2002.html

 

Les Cynodontes les plus récents permettent aussi de documenter le passage de l'articulation reptilienne de la mâchoire, à l'articulation mammalienne :
  • Chez les reptiles, la mâchoire s'attache par l'os articulaire (situé en arrière de l'os dentaire) sur l'os carré du crâne.
  • Chez les Mammifères, par contre, c'est le dentaire qui vient se raccorder à l'os squamosal du crâne.

Un certain nombre de Cynodontes (indiqué ci-contre par "Thérapsides") présentaient les deux articulations simultanément, toutes deux fonctionnelles.

Les formes fossiles de la fin du Trias deviennent ainsi difficiles à classer, entre Cynodontes "de grade reptile" et Mammifère vrais.

 

Anapsides :

 

C'est à la fin du Trias qu'apparaissent les premiers représentants des Testudinés, les vraies Tortues.

Ils ne présentent pas encore l'articulation des vertèbres cervicales qui permettra à leurs descendants de replier leur cou à l'intérieur de la carapace. Ce caractère n'apparaît qu'à partir du Jurassique, selon deux modalités qui distinguent les deux sous-ordres de Testudines :

 

Diapsides :

 

Dans ce clade se développent deux sous-clades :

 

 

Ainsi, parmi ces reptiles, beaucoup, connus dès le début du Trias, sont redevenus aquatiques. Ce retour a sans doute été entamé au Permien , car les conditions du Trias ne se distinguent pas suffisamment de celles de la période précédente, du point de vue de la disponibilité de nourriture marine (Brachiopodes, Céphalopodes, Bivalves, Poissons, etc·) pour que l'on puisse considérer cette brusque abondance de reptiles marins comme une conséquence de la crise Permien-Trias.

 

On présente ci-dessous quelques formes triasiques remarquables de ces animaux :

 

 

Image: Pour la Science

 

 

 

 

 

 

Image : S.J. Gould (dir.), Le livre de la Vie, Seuil

 

 

Les bouleversements de la fin du Trias :

 

Les faunes et les flores de la fin du Trias présentent des changements profonds, suffisant pour que l'on puisse parler de crise fini-triasique.

(source des chiffres donnés ci-après : F. Lethiers, Evolution de la biosphère et événements géologiques, Gordon and Breach Science Publishers).

 

 


Figure : d'après F. Lethiers, Evolution de la biosphère et événements géologiques, Gordon and Breach Science Publishers

 

Les causes de la crise sont toujours en débat.

 

Un travail récent (Science 296, 17 May 2002) portant sur un grand nombre de sites fossilifères Nord-américains, a étudié les modifications des traces fossiles de Tétrapodes autour de la limite Trias-Jurassique. Il montre une chute du nombre, et de la diversité, des traces attribuées aux non-dinosauriens après cette limite, et à l'inverse, une augmentation de taille et de diversité des traces assignées aux Dinosauriens.

Les auteurs de cette étude trouvent également sur certains sites un pic d'abondance de spores et de pollen, et une anomalie positive dans la teneur en Iridium des sédiments, à la limite Trias-Jurassique.

Ces résultats leur permettent donc d'avancer :

- d'une part, qu'un impact météoritique serait l'une (au moins) des causes de cette crise,

- et, d'autre part, que ce bouleversement a favorisé l'expansion et la domination ultérieure du groupe des Dinosauria, autrement dit que l'expansion des Dinosaures au détriment des autres groupes de Tétrapodes ne résulte pas seulement d'un remplacement par compétition mais (au moins en partie) de l'occupation d'un espace écologique préalablement "nettoyé" par un épisode d'extinction.

 


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