NEOGENE
1-OLIGOCENE
(34-23 Ma)
L'Oligocène est une période d'extension des forêts tempérées aux latitudes moyennes et élevées, mais la toundra reste limitée aux très hautes latitudes, en Antarctique. Une calotte glaciaire se développe sur ce continent, alors que le pôle Nord reste libre de glace. Le climat global est donc plus froid qu'auparavant, plus proche de l'actuel, sans cependant atteindre le gradient latitudinal de température et de végétation que l'on rencontre aujourd'hui.
L'Amérique du Sud, isolée pendant la plus grande partie de l'ére tertiaire, voit se développer une faune endémique, très peu apparentée à celles des autres continents, et dominée par les Marsupiaux, qui montrent souvent d'étonnantes convergences morphologiques avec les Euthériens des autres continents.
La niche écologique des carnivores est partagée, à l'Oligocène, par plusieurs grands groupes. à côté du clade des Carnivora, qui contient aujourd'hui l'ensemble des carnivores actuels (Félidés, Canidés, Ursidés), on y trouve également des animaux placés dans leur groupe-frère, les Créodontes. ces derniers persisteront jusqu'au Miocène en Afrique et en Asie, mais s'éteignent à l'Oligocène en Amérique du Nord.
Parmi eux, le genre Hyaenodon, de Mongolie et d'Amérique du Nord, avec ci-contre la plus grande espèce, Hyaenodon gigas, environ 1,4 m au garrot. |
L'Oligocène est une période de diversification des Artiodactyles. Les Suidés (porcs), les Camélidés (actuels chameaux et lamas) et les Ruminants (Bovidés, Ovidés, Cervidés) apparaissent.
On peut aussi mentionner le groupe des Entélodontidés, groupe-frère des Suidés, déjà présent à l'Eocène. Ces animaux, qui pour certaines espèces, pouvaient atteindre la taille d'une vache, se distinguaient par une tête très développée, aux dents et aux mâchoires fortes : on suppose donc qu'ils avaient un régime plus carné que les porcs actuels, et qu'ils se comportaient peut-être en charognard. Ci-contre, une reconstitution d'un Entelodonte. Image : BBC, Walking
with Beasts |
Les Périssodactyles sont toujours bien représentés à l'Oligocène.
En Europe sont arrivées des formes asiatiques de Rhinocérotidés ou de Chalicothérioïdés.
Les Equidés comprennent de nouvelles formes, comme Mesohippus en Amérique du Nord, qui n'a plus que trois doigts à la patte antérieure, et des prémolaires "molariformes", c'est-à-dire ressemblant à des molaires, autrement dit à la surface de broyage accrue, et qui permettent donc de consommer des feuilles plus coriaces qu'auparavant.
Les Chalicothérioidés de l'Oligocène d'Europe sont représentés par des animaux comme Chalicotherium (ci-contre), bien caractéristique de ce groupe d'herbivores. Les membres avant sont plus allongés que les pattes arrière, et l'animal se déplace à la manière des gorilles actuels, sur le dos des phalanges. Image : BBC, Walking with Beasts |
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Les Bronthothérioidés sont, eux aussi, nombreux, et, pour beaucoup, de grande taille (voir la section Eocène).
Les Rhinocérotidés sont abondants. C'est dans ce groupe que l'on trouve, dans l'Oligocène d'Asie, le plus grand mammifère terrestre connu, Paraceratherium (autrefois dénommé Baluchitherium, car découvert dans la province afghane du Baluchistan, ou encore Indricotherium). Cet énorme herbivore atteignait plus de 5 mètres au garrot, et 15 à 25 tonnes. Image : Pour la Science, Juillet 2000 |
Beaucoup d'autres formes de Rhinocérotidés, de taille plus modeste, avec ou sans corne, ont été exhumées dans les terrains oligocènes d'Eurasie et d'Amérique du Nord.
Remarque : Artiodactyles et Périssodactyles,
un
exemple de remplacement évolutif ?
Beaucoup
d'ouvrages présentent encore l'Oligocène comme la période au cours de
laquelle
débute une radiation des Artiodactyles (apparition et/ou expansion de
nouveaux
groupes aujourd'hui importants, comme les Cervidés, les Suidés, les
Hippopotames) et un déclin, en diversité, des Périssodactyles
(disparition des Brontothéridés,
raréfaction des Chalicothéridés
et des Tapiridés).
Ce
schéma a conduit à affirmer qu'il s'agissait là d'un cas de
remplacement par
compétition des Périssodactyles par les Artiodactyles, puisque les
espèces des
deux groupes ont des régimes alimentaires et des masses assez
semblables, et
partagent donc les mêmes niches écologiques. Certains travaux
attribuaient le
succès des Artiodactyles à une meilleure capacité à digérer leur
nourriture.
Cette
interprétation est aujourd'hui remise en question, suite à des études
statistiques plus fines sur les taux d'apparition et de disparition
d'espèces
dans les deux clades. Il en ressort qu'ils auraient plutôt eu des
histoires évolutives parallèles au cours du Tertiaire. De plus,
l'efficacité
supérieure
de la digestion des Artiodactyles est également mise en doute.
Il
reste vrai qu'actuellement, et depuis le Pliocène, les Artiodactyles
sont bien
diversifiés, et dominent la niche des herbivores de taille moyenne à
grande,
alors que les Périssodactyles sont réduit à trois groupes (Tapirs,
Chevaux et
Rhinocéros) et à quelques espèces seulement. Néanmoins, que ces deux
histoires évolutives différentes soient le simple résultat d'une
compétition écologique
reste l'objet de débats. [Beaucoup plus que le cas similaire des Multituberculés face aux Rongeurs, au Paléocène]
L'apparition du clade des Anthropoïdea (= Simiens : Platyrrhiniens ["singes du Nouveau Monde"], et Catarhiniens [= Cercopithecoïdes et Hominoïdes, d'Afrique]) au sein des Primates s'est produite dès le début de l'Eocène (Le plus ancien fossile attribué à ce clade est Eosimias, récemment trouvé dans l'Eocène moyen (-40 Ma) de Chine).
Cependant, les fossiles les mieux étudiés datent de l'Oligocène, et sont classés parmi les Catarhiniens, dans le groupe des Propliopithécidés. On y place des fossiles découverts dans la région du Fayoum, en Egypte, comme Aegyptopithecus et Propliopithecus, des singes de 4 à 6 kg environ. |
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D'autre part, les singes Strepsirhiniens, ou "singes du nouveau Monde", aujourd'hui exclusivement américains, sont présents dès l'Oligocène en Amérique du Sud. Les groupes de primates Nord-américains de l'Eocène (Omomyidés) ont alors tous disparus, sans descendance, et les Strepsirhiniens Sud-américains proviennent donc de formes africaines, ce qu'indiquent aussi les analyses phylogénétiques. Or on comprend mal comment s'est effectué ce passage de l'Afrique à l'Amérique du Sud, dans la mesure où l'Atlantique Sud était déjà, à l'époque, largement ouvert.