Mulan est un Disney assez
récent et, en termes de qualité, une des rares bonnes
surprises de la période "post-
Roi
Lion". Inspiré (pas trop lointainement, semble-t-il)
d'une légende chinoise, il raconte l'histoire d'une jeune fille,
Mulan, qui, lors de l'invasion de la Chine par les Huns menés
par le terrible Shan-Yu, se fait passer pour un homme afin de remplacer
à l'armée son père Fa Zhou, devenu trop faible
pour se battre. Non seulement elle y parvient, mais elle sauve la Chine
et l'Empereur lui-même. Le dessin animé de Disney fait de
Mulan un personnage assez moderne, "trop" vivant pour se plier au
rôle de la bonne et sage épouse, seul avenir possible pour
une jeune fille, auquel ses parents la destinent.
Cette
héroïne double, à la fois jeune fille sous son vrai
nom de Fa Mulan et jeune guerrier sous le nom improvisé de Ping,
est l'occasion pour Disney d'aborder le thème de
l'ambiguïté des sexes, même s'il reste finalement peu
développé. Autre touche d'originalité, la part
très restreinte de l'habituelle histoire d'amour, en
l'occurrence entre Mulan et le capitaine Li Shang, dont le
dénouement, sans happy end et comme en demi-teinte, est d'une
surprenante subtilité pour un Disney. Fidèle aux
habitudes de Disney à cet égard, le dessin animé
présente également trois personnages secondaires animaux,
le
cheval de Mulan, Cri-Kee le criquet porte-bonheur, et le dragon Mushu,
ce dernier étant nettement plus développé que les
deux autres, au point qu'il a une influence (trop ?) importante sur les
grands tournants de l'intrigue. Les méchants, quant à
eux, sont campés par les Huns : parmi leur armée
innombrable se détache un groupe de "Huns d'élite"
dirigés par Shan Yu et qui constitueront les principaux
adversaires de Mulan.
Si
Mulan n'est ni un
chef-d'oeuvre ni un très grand classique, il reste très
honnête et présente par endroits une finesse (dans
l'animation et dans l'intrigue) qui ne se retrouve que rarement chez
Disney. Qu'en est-il du début de ce film, et
peut-on dire que le dessin animé dans son ensemble reste
cohérent par rapport à ce que le spectateur peut attendre
après ces premières minutes ?
Les toutes premières images, immédiatement après
le logo Disney, sont sans doute les plus belles de cet incipit : sur
une surface de papier de riz, un pinceau invisible trace à
l'encre noire de traits sinueux bientôt rehaussés de
couleur qui forment progressivement un paysage, tandis que la
caméra suit le mouvement de ce tableau naissant par un
travelling continu vers la droite, jusqu'au moment où
apparaît le titre. C'est une forme de ce qu'on pourrait appeler
le début "ostensiblement cosmogonique" : les
premières images voient le dessin se créer lui-même
et simultanément donner naissance à l'univers où
pénètre le spectateur. La musique qui accompagne ce
premier plan, un choeur de voix féminines sans paroles
précises, souligne et porte ce qui se présente comme une
célébration de la magie du dessin. En quelques secondes,
d'un simple trait sur une feuille de papier, naît une estampe,
une peinture, un paysage montagneux où s'enroulent des volutes
de brouillard, et où le spectateur voit se dérouler de
colline en colline, quand le travelling s'oriente vers le bas, ce qu'il
reconnaît immédiatement pour
la Grande Muraille qui protège la Chine des invasions ennemies.
Ce procédé du début "cosmogonique" se retrouve
dans plusieurs autres Disney, par exemple dans la séquence
"Rhapsodie in blue" de
Fantasia 2000,
où l'artifice de la ligne claire créant à elle
seule tout un monde est porté à son degré le plus
extrême, de façon d'autant plus réussie que cette
séquence rend hommage à un fameux caricaturiste dont elle
imite le coup de crayon. Dans
Mulan,
l'hommage semble rendu à la peinture chinoise traditionnelle, et
le spectateur est en droit d'attendre que le style de dessin choisi
pour ce dessin animé en particulier conserve tout du long cette
inspiration orientale originale. Ce n'est pourtant pas le cas, car,
après le titre, la peinture orientale de la
muraille de Chine se change, par un fondu rapide, en une image au
dessin beaucoup moins stylisé, plus proche du style habituel des
Disney. Le début "cosmogonique" n'est donc pas poussé
bien loin, il reste cantonné à un rôle
décoratif, le temps du générique. Dommage ! Seuls
certains éléments de l'animation viendront très
heureusement rappeler cette inspiration orientale et conférer
une touche d'originalité bienvenue aux graphismes de
Mulan : les chevaux, par exemple,
avec leurs corps massifs et leurs pattes grêles ; les couleurs
douces et les nuances fines des paysages (notamment dans le jardin de
la famille Fa) ; les explosions et la fumée, dont les volutes
reprennent systématiquement les spirales caractéristiques
aperçues pendant le générique.
En outre, une séquence de la chanson
Une belle fille à aimer reprend
brièvement, sur le mode humoristique, le style du dessin
à l'encre sur papier de riz. Mais le style général
reste celui des Disney habituels.
La Grande Muraille, donc. La période historique de la
légende de Mulan n'est pas précisément
définie - et ce n'est pas plus mal : Disney ne s'est jamais
réclamé d'une fidélité scrupuleuse à
l'Histoire. Ce qui intéresse visiblement les scénaristes,
en revanche, c'est la recherche de l'archétypique. Il s'agit,
comme dans tout bon Disney, de raconter une histoire à
portée universelle, où on parle couramment le langage des
symboles. Voilà pourquoi il importe peu de savoir si la Grande
Muraille de Chine a été un jour aussi belle et aussi
complète que le gigantesque rempart présenté
à l'image, pas plus que de savoir si les Huns ont vraiment
cherché à y grimper avec des grappins plutôt
qu'à la contourner par ses brèches non encore
construites. Dans la séquence qui s'ouvre après le
générique, c'est une Grande Muraille hyperbolique,
épique, qui apparaît : ce n'est pas seulement la Grande
Muraille de Chine, c'est
la
muraille par excellence, dont la ligne de pierre concrétise le
tracé net et symbolique, le rempart entre civilisation et
barbarie, entre les Chinois et les Huns. Fort de ces archétypes,
le dessin animé reprend pour son ouverture narrative
(après la séquence "cosmogonique", l'ouverture purement
esthétique) un thème épique, l'invasion. En effet,
pendant les minutes suivantes, le ton donné par ce plan
impressionnant sur la Grande Muraille est développé
pendant une scène d'action sérieuse, voire sombre (du
moins en terme de couleurs : la nuit, les jeux d'ombres) et qui cherche
une intensité dramatique maximale. Sur le plan du récit,
il s'agit de donner d'emblée au spectateur l'enjeu principal de
l'intrigue (sauver la Chine), de poser le cadre général
dans lequel évolueront tous les personnages (la guerre contre
les Huns) et surtout de présenter le Grand Méchant -
élément ô combien primordial, car chacun sait qu'il
n'y a pas de bon film d'aventure sans un Grand Méchant
réussi. Une fois cette séquence terminée, la
grande séquence suivante, par contraste, présentera
l'héroïne, Mulan, sur un ton
délibérément plus léger.
En quelques instants, cette séquence d'introduction très
ramassée emploie une foule de procédés
destinés à produire cette intensité dramatique
dans un laps de temps aussi bref que possible. Et ces
procédés consistent, pour une bonne part, en une
stylisation des personnages et de l'action pour produire des
archétypes. Après un léger zoom avant sur la
Grande Muraille apparaît à l'écran un soldat
chinois. On n'en verra pas d'autre dans toute la séquence. Ainsi
ce soldat n'est pas seulement un soldat de garde parmi d'autres : il
devient l'archétype de
la sentinelle,
il est celui qui donne l'alarme, nous allons voir comment.
Une seconde à peine pendant laquelle tout semblait calme, et
nous voyons un oiseau fondre en rase-motte au-dessus de la sentinelle
avec un cri strident faisant tomber son casque au passage. L'effet de
surprise est complet : sur un rempart médiéval, on
s'attend rarement à une attaque venue du ciel. Plan
rapproché
sur le rapace qui s'est posé en hauteur, dominant la sentinelle.
Voici un nouvel archétype : "l'oiseau de mauvais augure" ! La
musique part dans les aigus, inquiétante ; le soldat se
redresse, légèrement blessé à la
tête. Réplique en réduction de l'invasion qui se
produira aussitôt après, ce premier petit assaut symbolise
déjà la perte de protection (le casque tombé) et
la vulnérabilité soudaine (la blessure à la
tête) de la Chine (la sentinelle de la Muraille). Le rapace,
conforme au standard disneyen de "l'animal maléfique", a la
tête de l'emploi : le graphisme exagère sa silhouette
effilée, qui en devient presque coupante ; il a les yeux jaunes
et brillants. Et surtout, il se trouve doué, pour l'occasion, de
ce qui semble au premier abord un pouvoir magique, puisque c'est lui
qui, en jetant un cri, déclenche l'invasion, laquelle commence
par une invasion de grappins, selon ce qui semble un plan caché
dont le déroulement implacable rythme la séquence (le cri
du rapace apparaissant après coup comme un signal convenu
d'avance - le récit joue sur l'ambiguïté des deux
statuts animal dressé / animal doué d'une intelligence
propre et maléfique, à l'avantage du deuxième,
caractéristique de l'anthropomorphisme disneyen).
Un grappin surgi de nulle part jaillit et s'accroche entre les
créneaux. La sentinelle s'approche du bord et la
caméra, suivant la direction de son regard, montre en
plongée le pied de la Muraille plongé dans l'ombre,
d'où jaillit soudainement une multitude de grappins. Invasion de
grappins là aussi habilement orchestrée en deux temps qui
instaurent une prolifération inattendue : un puis mille, le
singulier puis l'innombrable. Stylisation habile et d'autant plus
importante que l'armée des Huns n'est explicitement
montrée à aucun moment pendant cette première
séquence, pour une raison bien compréhensible : cela
aurait impliqué une scène de masse dès la
séquence d'ouverture, chose que les scénaristes ne
voulaient visiblement pas. La véritable séquence
épique, qui dévoile l'armée des Huns, a lieu
beaucoup plus tard, dans la montagne : c'est la grande séquence
à effets spéciaux du dessin animé, qui montre des
milliers de cavaliers huns s'engouffrant dans un col, et qui forme le
clou du spectacle, au centre du film. Il aurait été
gênant de saboter cet effet en montrant déjà
l'ensemble des Huns. D'où le recours aux grappins symboliques,
tandis que l'armée elle-même reste plongée dans
l'ombre, laissant planer sur toute la séquence un autre effet
dramatique très efficace, celui de la menace invisible. Dans la
suite de la séquence, on ne verra en tout que trois Huns : deux
espèces d'armoires à glace tartares, qui sont deux des
futurs Huns d'élite, et le Grand Méchant en personne,
Shan Yu, le singulier symbolisant l'innombrable, le Hun par excellence
rassemblant dans sa personne toute l'armée ennemie et toute la
puissance maléfique de l'envahisseur. Autant de
procédés jouant autour de la notion de personnage
collectif.
A partir de cette multiplication symbolique et effrayante des grappins,
le ressort dramatique devient celui de la situation
désespérée : la sentinelle est seule, elle ne voit
pas l'envahisseur mais elle va être submergée. D'où
un nouvel enjeu local : donner l'alarme. La sentinelle commence
à courir en criant "On nous attaque
! Allumez le signal !". C'est la première parole du film -
volontairement
retardée (il n'y a pas eu de phrases comme "Qu'est-ce que c'est
? que fait là ce grappin ?"), pour concentrer en une seule
phrase - un cri angoissé - la tension accumulée depuis le
début de la séquence. Le rythme de la scène
s'accélère tandis que la sentinelle cherche à
atteindre la tour la plus proche afin d'y allumer le feu qui signalera
l'arrivée de l'ennemi. D'un coup deux énormes Huns
armés de sabres surgissent et tentent vainement de lui barrer la
route avant de trancher sous lui d'un seul formidable coup de sabre
l'échelle menant à la tour, au point qu'il doit terminer
son ascension à la force des bras. En quelques instants, ce sont
là deux
éléments supplémentaires : les Huns sont perfides,
puisque "l'ennemi était déjà dans la place" (ce
qui renforce le caractère désespéré de la
situation, la sentinelle - et le spectateur - paraissant prisonniers du
plan machiavélique des Huns qu'ils découvrent au fur et
à mesure et trop tard) ; les Huns sont des bêtes brutes
(ils ont des proportions surhumaines et des muscles
surdéveloppés, ils ne parlent pas mais grognent comme des
bêtes, leur force elle-même est surnaturelle car capable de
trancher net les épais montants de bois d'une échelle ;
bref, ce sont des colosses). Ces quelques éléments, qui
seront repris à de multiples reprises lors des autres
apparitions des Huns, sont là pour caractériser
dès l'abord les méchants du film, élément
nécessaire à l'introduction du récit.
La course de la sentinelle prend fin avec un nouveau rebondissement :
l'apparition de Shan Yu, qui saute sur la plate-forme de la tour au
moment où la sentinelle s'apprête à allumer le
signal d'alarme. A l'apparition de ce nouveau colosse, silhouette
massive couverte de fourrure comme une bête, mais
inhabituellement souple (son saut à l'intérieur du
rempart) et doué de l'attribut vestimentaire qui
caractérise universellement l'individu à la fois sombre
et élégant (la capuche), le rythme de la scène
ralentit de nouveau, la caméra s'immobilise et suit le mouvement
du Hun qui se redresse de toute sa hauteur imposante, mouvement que la
musique accompagne par de lourdes percussions qui forment l'image
musicale de Shan Yu à toutes ses apparitions. Shan Yu, bien
sûr, ne se nomme pas lui-même : il est reconnu par la
sentinelle, qui trouve ici sa véritable justification narrative,
celle de faire-valoir pour un personnage principal. En effet la
sentinelle n'est même pas un personnage secondaire au même
titre que Mushu ou que le cheval de Mulan ; elle n'apparaît que
dans cette première séquence et on ne la revoit plus par
la suite, elle est un instrument narratif pour démarrer
l'intrigue et introduire les Huns. Mais en tant qu'archétype de
la sentinelle, elle est aussi là pour représenter le
courage du soldat chinois : après la peur et une brève
hésitation, elle allume le signal d'un geste résolu. La
caméra, suivant les regards du soldat et du Hun, montre alors
d'autres feux d'alarme s'allumant successivement sur la Muraille,
transmettant l'alerte. Puis la sentinelle dit à Shan Yu :
"Maintenant toute la Chine sait que vous êtes ici". La
séquence d'introduction se termine sur ce face à face
entre le Chinois et l'envahisseur, éclairé par le feu
d'alarme (par contraste avec l'ombre des plans
précédents) : le soldat chinois, bien droit, serre les
dents (concrétisation physique du courage) ; de son
côté, Shan Yu, chef des Huns, est massif, bestial et
brutal comme eux, mais se distingue par un raffinement particulier,
concrétisé physiquement par sa pilosité rare et
ses moustaches très fines. Il ne grogne pas, il n'attaque pas
immédiatement la sentinelle (et on ne le verra pas le faire,
même si sa mort ne fait bien entendu plus de doute) mais casse la
hampe du drapeau chinois comme une simple brindille et le brûle
dans le feu d'alarme - geste du langage symbolique, qui parvient ici
à saturation. Enfin, il sourit et répond d'un mot :
"Parfait". Cette réponse, outre sa terrible efficacité
grâce à la voix du personnage, froide et cruelle à
souhait (celle de Richard Darbois dans la VF), clôt la
séquence
en apportant au spectateur deux derniers
éléments qui caractérisent le Grand Méchant
: il est laconique, élégance notable pour un Grand
Méchant (l'économie de la parole dans les films
d'aventure tend à favoriser plus souvent le laconisme, la
brevitas et le sens de la formule
que les longs discours, contrairement à la parole de
l'épopée écrite, qui avait les moyens d'être
plus ample), et surtout il est machiavélique, puisque par cette
réponse il montre que tout ce qu'a pu faire la sentinelle pour
s'opposer à lui non seulement n'a servi à rien mais,
pire, a servi ses intérêts. C'est la très ancienne
et très efficace formule du Grand Méchant ricaneur, qui
troque ici son ricanement contre un sourire froid et cruel :
"Tout se déroule selon mon plan !"
En termes de rythme, une seconde séquence, tout aussi
brève (voire plus) succède à la première et
la complète avant que ne soit enfin introduit le personnage de
Mulan : elle montre le camp chinois et en introduit les principaux
personnages, dans la même logique consistant à poser
d'abord le cadre général des aventures du héros
avant d'en venir au héros lui-même. Apparaissent ainsi le
général de l'armée chinoise (le père de Li
Shang, futur capitaine de Mulan/Ping), l'Empereur (le pendant chinois
de Shan Yu, dont il partage la loquacité et le sens de la
formule, mais physiquement son inverse car vieux, mince au poitnt d'en
paraître fragile, et vêtu de jaune, couleur lumineuse,
là où Shan Yu porte des couleurs sombres) et Chi Fu,
caricature d'administratif. Je m'arrête là sans la
détailler car le véritable ensemble cohérent de
l'incipit me paraît se terminer avec la réponse de Shan Yu
: dans les séquences suivantes, la logique du récit prend
le pas sur le langage symbolique, au moins pour un temps, et dès
cette seconde séquence dévoilant la Cité
Interdite, le ton du récit change, apaisé par la
sérénité de l'Empereur et l'apparition d'un
personnage humoristique en la personne de Chi Fu. L'incipit proprement
dit se termine donc là.
Peut-on alors dire, après avoir vu la suite, que l'ensemble du
dessin animé reste cohérent par rapport à ce
début ? grosso modo, oui, du moins en ce qui concerne les
personnages : les caractéristiques des Huns, posées
dès cette séquence, ne varient pas ; le comportement de
la sentinelle introduit les valeurs de courage et le sens de l'honneur
que l'on retrouve dans l'évocation de l'armée chinoise
durant tout le film. Mais les défauts des méchants et du
Grand Méchant apparaissent aussi dès cette
caractérisation : la mise en valeur de la dangerosité des
Huns et surtout de Shan Yu repose en bonne partie sur la mise en
scène, qui s'expose à un certain esthétisme
(d'autant que les ficelles utilisées, couleurs, musique,
capuche, brevitas, sont extrêmement classiques). Pour que
l'ensemble du récit conserve son intérêt et
l'intensité dramatique de cette première séquence,
il faudrait que l'intrigue soit suffisamment développée
ou nourrie en rebondissements forts pour que Shan Yu apparaisse
véritablement machiavélique. Or, sa ruse (le plan
d'invasion de la Chine par la Grande Muraille) n'apparaît plus
dans la suite, et l'ensemble du dénouement repose au contraire
sur la capacité de Mulan à faire preuve de ruse là
où Shan Yu est ramené au même niveau que les autres
Huns, celui de la brutalité aveugle et stupide. Dommage !
De même, cette première scène est peut-être
un
peu trop sérieuse par rapport à l'équilibre
sérieux/humour qui s'instaure dans la suite de l'introduction,
et le même problème se pose (à moindre
échelle) pour les apparitions suivantes des Huns, au point qu'au
fil du dessin animé, on a l'impression de voir se dessiner deux
mondes différents et trop distincts où évoluent
deux types de personnages : d'un coté un groupe de personnages
centré autour de Mulan (sa famille, Mushu et les autres animaux,
puis ses trois compagnons d'armes) et qui a de l'humour, de
l'autre des personnages plus sérieux, plus lointains et un peu
plus impersonnels (les généraux chinois, y compris Li
Shang, qui n'a pas vraiment d'humour, et les Huns, Shan Yu compris -
l'humour de Shan Yu restant très peu développé, en
dehors d'un certain humour noir qui n'est là que pour contribuer
à son sens de la formule). La difficile jonction entre ces deux
univers trop séparés est peut-être à
l'origine d'une certaine incohérence de ton qui nuit beaucoup au
dénouement final, où Shan Yu et les Huns survivants
semblent changés en caricatures inoffensives, ce qui fait
disparaître toute tension dramatique. Pour ce qui est de
l'animation, de la musique et du rythme général de
l'action, en revanche, cet incipit donne bien le ton et plonge
efficacement le spectateur dans le récit, par l'ensemble des
procédés que nous avons vus.