Mes articles de recherche

Recherches sur les mythes antiques

Avec Hamidou Richer et Benjamin Storme, « L’épisode de Circé au chant X de l’Odyssée : lire et comprendre le texte à la lumière des scholies », Lalies n°30, PENS, 2010.
Cette première publication, résultat d’une recherche menée en commun par l’atelier Homère (séminaire d’élèves de l’ENS Ulm), soulève plusieurs problèmes de cohérence narrative dans l’épisode en confrontant nos interrogations contemporaines à celles des scholiastes. Chaque auteur a rédigé l’une des trois parties : je me suis chargé de la troisième, qui s’interroge sur le revirement de Circé lors de sa confrontation avec Ulysse. Y sont abordées les différences entre le discours programmatique d’Hermès conseillant Ulysse et le déroulement effectif de la scène, les modalités des ruses successives de Circé, et les éléments de scène typique que contient la rencontre érotique entre Ulysse et Circé.

« Pausanias et l’ekphrasis : le thème de la course de Pélops aux livres V, VI et VIII de la Périégèse », La Licorne, actes du colloque « La Trame et le tableau » organisé par les universités de Poitiers et de Tours en octobre 2010, PUR, 2013.
La Périégèse de Pausanias accorde une grande place à Pélops et Hippodamie dans ses livres consacrés à l’Élide (V et VI) : cet article, qui présente le résultat d’une partie de mes recherches sur cet auteur important de mon corpus de thèse, s’interroge sur le rapport entre ekphrasis, description et narration dans les évocations de Pélops. Si une lecture superficielle de Pausanias conditionnée par la catégorie de description s’avère déceptive, puisque le Périégète décrit finalement très peu, un examen plus attentif révèle un procédé récurrent associant le processus d’identification et de nomenclature des lieux et objets évoqués à des logoi aux sources plus ou moins précises. Dans les passages les plus développés, ce procédé débouche sur des ekphraseis qui donnent à voir non pas les lieux tels que Pausanias les voit, mais les événements passés qui y seraient survenus et parfois des états passés de ces lieux. Dans le cas de Pélops et d’Hippodamie, la multiplication des références et de ces ekphraseis pragmatôn même brèves donne aux héros et à la course de chars une présence diffuse dans le texte. Ce réseau de références ponctuelles, qui s’abstient de livrer une narration suivie de la course, permet notamment de donner à voir et à croire des événements du passé lointain héroïque sans avoir à aborder le problème de leur vraisemblance historique, que Pausanias était loin d’ignorer.

« Objet de valeur, objet de désir et signes de pouvoir : l’« épaule » de Pélops et la marque des Pélopides », Gaia, ERGA, Université Stendhal-Grenoble 3, 2013.
Rédigé peu après la fin de ma thèse, cet article se fonde sur mes recherches portant sur ce qui est généralement appelé « l’épaule d’ivoire » de Pélops. À l’occasion de cette étude de cas, qui s’appuie principalement sur l’examen des restes de Pélops conservés en Élide et sur l’analyse d’un choix d’évocations poétiques et littéraires grecques et latines, je questionne le concept d’objet mythologique et les critères d’unité d’un tel objet.
À Olympie, où un culte honore Pélops dès l’époque classique, une famille surveille le talisman qu’est l’omoplate du héros, disparue puis retrouvée. Mais dans les œuvres figurées, grecques comme romaines, l’épaule brille par son absence, ce qui incite à relire les textes, poétiques et en prose, qui la donnent à imaginer. Dans une partie de ces textes, l’épaule de Pélops, plus naturelle qu’on ne croirait, brille d’un éclat d’ivoire qui n’a rien d’une prothèse mais symbolise la beauté masculine dans sa fleur, telle que la désira le dieu Poséidon amoureux de ce Pandore inverse, et telle qu’elle est donnée à désirer par les auteurs aux lecteurs, chez Pindare, Philostrate et Martial. D’autres auteurs au contraire font de cette pièce rapportée un signe macabre, souvent instrument d’un rappel du banquet impie de Tantale : c’est le cas de Lycophron et de Stace, mais aussi, dans une moindre mesure, des Métamorphoses d’Ovide. Pour autant, l’épaule extraordinaire reste un signe d’élection divin légitimant un pouvoir politique, sens que prolonge, jusqu’à l’époque romaine, l’idée d’une marque ivoirine héréditaire propre aux Pélopides.

« Horses, ghosts and omens : the race of Pelops in Philostratus the Younger’s Eikones, 9 », Proceedings of the Annual Meeting of Postgraduates in Ancient Literature, University of St Andrews, Open Journal Systems, 2013, en ligne : ojs.st-andrews.ac.uk/index.php/ampal/article/view/695
If the Eikones by Philostratus the Elder are a well-known example of a Second Sophistic depiction of fictional pictures, the homonymous work composed by his relative, Philostratus the Younger, remains obscure. This paper proposes to study the connection between the two series of Eikones and the originality of the Younger’s Eikones through the example of the ninth picture: Pelops’ chariot race against Oinomaos.
Using the devices of ekphrasis, the Younger Philostratus is in part inspired by the two pictures in the Elder’s Eikones that dealt with Pelops (I, 17 and I, 30) and which he uses as his main hypotext. But he chooses a different moment – the beginning of the race – and rather than developing the same type of scholarly commentary as the Elder, he focuses on the relationship between visual description and plot exposition. In this, he appears more closely in debt to the Greek iconography of the race, both in his choice of moment and setting and in his use of symbolism. Abandoning the ethnographic elements and the love-only symbolism of his predecessor, his vision of the race is darker and ambivalent. He shows the rotten heads of the dead suitors and their ghosts whose lament predicts the death of Oinomaos. In this, he may be showing the influences of both Greek and Roman iconography and literary evocations of Pelops, though he innovates in the meaning he attaches to the presence of the dead suitors.

Recherches sur la postérité des mythes gréco-romains dans les cultures de l'imaginaire (jeux et fictions)

« Jeu et fiction dans un jeu de cartes à collectionner : le cas de Magic : l’Assemblée », Strenae, n°2, 2011, paru en ligne sur Revues.org : strenae.revues.org/305
Le genre du jeu de cartes à collectionner apparaît en 1993 avec Magic : l’Assemblée de Richard Garfield. Contrairement à ses émules dérivés d’univers préexistants, Magic se fonde sur un univers inédit de fantasy, enrichi par des extensions successives, et dont les cartes restent le principal vecteur. Dans cet article qui synthétise et prolonge les recherches menées pour mon master 1, j’emploie des outils conceptuels fournis notamment par l’étude du jeu (J. Huizinga, R. Caillois), la théorie de la fiction (J.-M. Schaeffer) et les études sur la fantasy (A. Besson) pour examiner les rapports qui se nouent entre le jeu et la fiction dans Magic, et cerner les contraintes, le fonctionnement et les principaux procédés fictionnels propres à ce support singulier.

« 300 (film) », « Le Treizième Guerrier », « Jeu de rôle », notices dans Bruno Dumézil (dir.), Dictionnaire des barbares, Presses universitaires de France, à paraître.
Ces trois notices (qui, comme souvent, ont nécessité un travail inversement proportionnel à leur petit nombre de caractères) forment trois courtes études sur les représentations des "barbares" dans la postérité cinématographique et ludique de l'Antiquité historique et/ou mythologique. Avec le recul, je me rends compte que chacune a formé un jalon pour des recherches postérieures, qu'il s'agisse de l'étude d'un péplum, de l'étude de jeux de rôle (qui m'a permis de renouer avec mes recherches de master sur les relations entre jeu et fiction, en les faisant rejoindre mes recherches sur les mythes) et même de l'analyse du Treizième Guerrier, adaptation d'un roman de Michael Crichton formant lui-même une réécriture historicisante de Beowulf, épopée dont j'ai pu ensuite approfondir l'étude dans le cadre du séminaire de mythologie de l'ENS.

« Le retour des Titans : aspects des crises cosmiques dans les péplums mythologiques américains (1997-2012) », actes du congrès international Mythes en crise. La crise du mythe, (Université Complutense, Madrid, 21-24 octobre 2014), Cambridge Scholars Publishing, 2015.
Cet article étudie quatre films hollywoodiens montrant les dieux de l’Olympe opposés à des ennemis baptisés « Titans » : Hercule de Disney (1997), Le Choc des titans de Louis Leterrier (2010), sa suite La Colère des titans de Jonathan Liebesman (2012) et Les Immortels de Tarsem Singh (2012). Après des précautions méthodologiques montrant la fusion entre des inspirations classiques et non classiques dans ces films, j’étudie deux aspects de leur façon de relater une crise cosmique : un enracinement dans la tradition antique, principalement par le recours à un type de scène d’ouverture que je nomme « scène cosmogonique », et une innovation majeure, la vulnérabilité des dieux. Je suggère en conclusion que ces films participent d’un « mythe de la seconde titanomachie » en pleine émergence dans la popular culture américaine.

« Trois jeux de rôle sur la mythologie grecque entre péplum et Histoire », dans Danièle André et Alban Quadrat (dir.), Le Jeu de rôle, un laboratoire de l'imaginaire (actes du colloque Les 40 ans du jeu de rôle organisé par les universités Paris 3 et Paris 13 les 12-14 juin 2015), Paris, Classiques Garnier, collection « Carrefour des lettres modernes » (n°7), 2019.
La postérité toujours abondante de la mythologie grecque s'observe aussi parmi les jeux de rôle sur table. Cet article s'intéresse à la démarche créative de trois jeux de rôle récents américains et français parus entre 2004 et 2014 : Dieux ennemis de John Wick, Agôn de John Harper et Antika de Bruno Guérin. À l'image de bien des fictions à sujets mythologiques de la même période comme les néo-péplums, les jeux de rôle proposant de jouer « dans la mythologie grecque » se trouvent pris entre deux tendances : l'adaptation documentée tendant vers le jeu historique ou la création d'une Antiquité fantasmée de fantasy. Cette ambivalence s'observe tant dans l'identité visuelle des manuels de jeu que dans la description des univers les règles encadrant le comportement des joueurs. Ces dernières parviennent cependant à modéliser certaines caractéristiques de genres littéraires antiques comme l'épopée ou la tragédie ou encore de notions morales comme l'hubris.
La liste de lecture "Les Quarante ans du Jeu de Rôles" sur la chaîne Youtube de l'université Paris 13 met à disposition en ligne les vidéos d'une partie des communications de ce colloque sur Youtube, dont la vidéo de mon intervention.

« Le Choc des titans et ses répliques : diffusion et réappropriation ludique de nouveaux types figurés mythologiques dans les arts visuels », dans Antiquipop : La référence à l’Antiquité dans la culture populaire contemporaine, Lyon, MOM Éditions (Maison de l'Orient et de la Méditerranée), 2018, en ligne : https://books.openedition.org/momeditions/3383
Cet article reprend la communication que j'ai donnée lors du colloque Antiquipop du 26 au 28 mai 2016 à l'université Lumière Lyon 2 et au Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière.
Figures de la mythologie grecque mal connues et à la postérité restreinte, les titans sont réapparus récemment dans les films et les jeux aux États-Unis. Je propose d’éclaircir ici les modalités de cette réapparition et les représentations des titans et des créatures nommées ainsi dans ces œuvres. Je pars de l’hypothèse que le péplum américain Le Choc des titans (Desmond Davis, 1981) a joué un rôle notable dans ce processus, et j’étudie la constitution de « types iconographiques » repérables dans des œuvres et des jeux qui n’appartiennent pourtant pas aux mêmes franchises commerciales.
J'étudie d'abord le cas de la Gorgone Méduse, à qui Ray Harryhausen a inventé pour le film une apparence serpentiforme qui a été reprise sur un grand nombre de supports. Cette postérité iconographique constitue l'influence la plus importante du film, ses innovations narratives n'ayant en revanche pas été reprises par les fictions et jeux examinés. J'étudie ensuite l'apparence des "titans" du film, qui ne sont pas du tout des titans au sens antique du terme mais des monstres géants. Sur ce plan précis, le film n'a pas exercé d'influence directe sur les fictions postérieures, lesquelles paraissent au contraire avoir opéré un certain retour aux sources antiques, en particulier à la Théogonie d'Hésiode, pour imaginer des univers où survient une "seconde titanomachie" (voyez mon article de 2014 « Le retour des Titans : aspects des crises cosmiques dans les péplums mythologiques américains (1997-2012) », plus haut). Sur le plan lexical (l'application du nom "titan" à des monstres géants) et iconographique, en revanche, le film a exercé une certaine influence sur les fictions postérieures, mais le caractère très générique des types iconographiques dégagés et l'abondance des oeuvres où ils apparaissent nécessiteraient une étude plus large pour parvenir à des conclusions solides sur d'éventuelles influences mutuelles entre les oeuvres. Je peux cependant distinguer trois types iconographiques distincts dans la représentation des titans au sein des oeuvres du corpus étudié : 1) des créatures géantes liées aux éléments et aux catastrophes naturelles ; 2) des géants anthropomorphes dépassant en taille les mortels et les dieux de l'Olympe ; 3) des formes monstrueuses variées difficilement classables.
Un mot sur les illustrations. L'article contient plusieurs illustrations, auxiliaires indispensables étant donné qu'il étudie l'iconographie. J'ai logiquement demandé l'accord des ayant droits afin d'utiliser des images extraites de plusieurs films et jeux figurant dans mon corpus. Cela a cependant été l'occasion de plusieurs déconvenues. Dans le cas du Choc des titans de 1981 et de son remake de 2010, la Warner a formulé des exigences ahurissantes pour l'utilisation d'images issues de ses films, de sorte que j'ai été contraint de me contenter de schémas que j'ai dessinés moi-même. Warner Video exigeait en effet de restreindre les images utilisés à des clichés choisis par eux (exigence absurde qui revient à un refus, puisqu'un travail de recherche sur l'iconographie a besoin de montrer des images précises des films étudiés) et imposait d'avoir accès au contenu de l'article avant publication, ce qui constitue une atteinte intolérable à la liberté de la recherche scientifique. Je jette un voile pudique sur le montant des droits à payer pour utiliser les photos. Outre mes déconvenues avec la Warner, j'ai tenté en vain d'obtenir l'accord de Microsoft pour des images d'Age of Mythology : outre la difficulté pour trouver une adresse de contact (numérique ou postale) appropriée à qui m'adresser, je n'ai tout simplement jamais obtenu de réponse. L'entreprise Lego n'a en revanche posé aucun problème, tout comme l'éditeur de jeux de rôle The Design Mechanism. J'aimerais les remercier ici pour leurs aimables autorisations.

« Le jeu et la fiction dans Magic : l'Assemblée », dans Gwenael Beuchet (dir.), Magic, Pokémon & co., catalogue de l'exposition tenue au Musée français de la carte à jouer (Issy-les-Moulineaux) du 14 décembre 2022 au 13 août 2023, coédition Musée français et la carte à jouer, Face & Dos et éditions de Tournon, 2022.
Ce court article reprend, à destination du grand public, les principaux aspects de mes recherches sur les relations entre le jeu et la fiction dans ce jeu de cartes à collectionner. Il s'agit essentiellement d'une reprise de ce que j'avais fait en M1 puis dans mon article pour la revue en ligne Strenae (voyez ci-dessus). J'y ajoute quelques mises à jour et des considérations sur les pratiques ou créations de fans.
ERRATUM. Contrairement à ce qui est écrit à côté de mon nom, je ne suis plus enseignant-chercheur à Paris Ouest Nanterre et je n'ai jamais fait de recherches en archéologie. Le catalogue a été bouclé dans la précipitation, sans que les auteurs ne reçoivent d'épreuves à corriger. J'ai donc découvert cette erreur en ouvrant le volume imprimé. Au moment où j'ai écrit cet article, j'étais professeur de Lettres classiques dans l'enseignement secondaire et je n'avais plus de liens administratifs avec cette université (dont je garde un très bon souvenir).


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