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symphonique | Musique concertante | Musique de chambre | Musique
instrumentale | Fourre-tout
Les indispensables de la musique classique
Cette page a été écrite à la demande d'un ami quand j'ai
évoqué devant lui quelque chose comme les "CD indispensables".
Indispensables à quoi, me direz-vous ? Disons que j'ai mis ici à peu tout
ce que je peux avoir envie d'écouter sur un coup de tête à n'importe quel
moment et dont je me dirais, si je ne l'avais pas dans ma discothèque, «
Il faut quand même que je m'achète ça un jour ».
Naturellement, cette liste est totalement subjective, alors n'allez pas
vous plaindre si vous achetez un CD conseillé ici et que ça ne vous plaît
pas ;-). Pour un peu plus de clarté (ou pas), j'ai classé ça en vagues
catégories : musique baroque (bon, il n'y pas grand chose dans cette
catégorie, mais ça ne me plaisait pas de mettre les Concertos
brandebourgeois dans la musique concertante, par exemple...), musique
chorale et vocale (opéras et requiems essentiellement :-) ), musique
symphonique, musique concertante, musique de chambre, musique
instrumentale, et enfin un fourre-tout pour ce que je ne voulais pas
mettre ailleurs (essentiellement des bouts d'oeuvres ou des oeuvres
très courtes, que je voulais isoler de leur cadre parce qu'elles le
valent bien). J'ai aussi mis un nombre d'étoiles en face de chaque
oeuvre : trois étoiles, c'est celles que je peux écouter douze fois de
suite sans me lasser, à une étoile, c'est certes encore génial, mais
un peu moins.
Pour accéder directement à votre catégorie préférée, vous pouvez utiliser
les liens ci-dessous :
Musique chantée
Musique symphonique
Musique concertante
Musique de chambre
Musique instrumentale
Fourre-tout
Musique baroque
Depuis la première version de cette liste (qui doit dater de 2005 ou à peu
près), je me suis décidé à refaire un petit tour d'horizon de la musique
dite "ancienne" et cette section est donc en train de s'étoffer nettement
(en 2017, la première version ne contenant en gros que quelques oeuvres de
Bach). Il ne faut pas rêver non plus, mes gouts n'ont pas changé du tout au
tout, et ce n'est pas ici que vous trouverez une sélection fournie de messes
polyphoniques de la Renaissance, mais peut-être aurez-vous déjà plus de
chances d'y faire une ou deux découvertes si, comme moi, vous n'êtes pas
un spécialiste de cette période.
- Bach, Messe en si * : à mon avis la plus belle oeuvre
religieuse de Bach dans sa globalité, devant les Passions. Là, au moins,
il y a de la tension tout le long, même s'il y a moins de passages
inoubliables.
- Bach, Choeurs d'introduction et de conclusion des passions
** : voilà déjà un choix qui pose problème. Pourquoi seulement les
choeurs d'intro et de conclusion ? Ce ne sont certes pas les seuls
moments géniaux dans les Passions de Bach, qui restent des oeuvres
passionnantes, si j'ose dire, mais comme dans l'ensemble (et surtout
pendant les récitatifs), je m'ennuie toujours un peu en écoutent une
Passion (comme je l'ai dit plus haut, je préfère la Messe en si), je
préfère isoler ces moments qui, eux, font vraiment partie des sommets de
l'oeuvre de Bach. En particulier, le "Ruth wohl" est l'un des plus beaux
choeurs de l'histoire de la musique.
- Bach, Concertos brandebourgeois * : le Bach facile de base,
celui qui ne peut pas déplaire, même à un sale romantique comme moi :-).
J'ai mis une étoile globale, mais c'est assez variable d'un concerto à
l'autre, en fait. Le solo de clavecin dans le cinquième concerto est
chiant, par exemple, mais d'autres passages compensent.
- Bach, Suites pour orchestre * : un peu le même commentaire
que pour les Brandebourgeois. Notons que j'assume totalement mon
admiration intacte pour l'air de la troisième suite ou pour la géniale
badinerie de la deuxième.
- Bach, Concerto pour 2 violons ** : le bonheur rare de la
construction impeccable de Bach rehaussée d'une inspiration mélodique
entraînante, ce qui, il faut bien l'avouer, n'est pas toujours le cas chez
ce bon vieux Cantor. Sûrement un très bon choix pour s'initier à l'art
subtil de Bach.
- Bach, Concerto pour clavecin BWV 1052 *** : quelques décennies
avant que Mozart n'impose le concerto pour piano comme un genre majeur de
la période classique puis romantique, Bach avait écrit (entre autres concertos
pour un ou plusieurs claviers) ce précurseur impressionnant de dynamisme et
de virtuosité.
- Bach, L'Offrance musicale et L'Art de la fugue ** :
exceptionnellement deux oeuvres pour le prix d'une, on peut ne pas être fan
du contrepoint et de la fugue, mais force est d'admettre que ces deux recueils
écrits par Bach à la fin de sa vie forment le couronnement magnifique d'un
style qui disparaitra pratiquement à la mort de celui qui en fut
incontestablement le plus grand maitre.
- Bach, Sonates et partitas pour violon seul *** :
incontournables. Certainement le sommet inégalé de la musique pour
instrument seul. Bach réussit à faire dire tellement de choses à un
simple violon qu'on ne peut qu'en rester émerveillé (juste un conseil :
ne jamais écouter la Chaconne quand vous êtes au milieu d'une
composition, ça fait très mal).
- Bach, Suites pour violoncelle seul *** : on va peut-être
m'accuser de « violoncello-centrisme », et de fait, j'avoue une certaine
difficulté à bien juger ces oeuvres que j'ai moi-même jouées
(massacrées ?) tant de fois. Mais même si j'attends toujours d'en
trouver une interprétation qui me convainque vraiment, je ne peux
m'empêcher de les placer sur les mêmes cimes que les sonates pour
violon, les deuxième et cinquième suites en tête.
- Bach, Le clavier bien tempéré (premier volume) * : je ne suis
pas vraiment un inconditionnel des oeuvres pour clavecin de Bach (ou plus
généralement pour clavier, cf ci-dessous), mais le clavier bien tempéré
reste un sommet de l'oeuvre pour clavecin baroque qu'on ne peut pas passer
sous silence, surtout dans le premier recueil qui aligne tout de même
une belle variété de fugues impressionnantes et de préludes inoubliables
- Bach, Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 *** : j'avoue
que l'orgue de Bach a une fâcheuse tendance, au mieux à m'endormir, au
pire à m'exaspérer, mais bon, je ne peux pas non plus snober cette
toccata (un des dix morceaux les plus célèbres de toute la musique
classique ?), et surtout la fugue qui suit, la meilleure écrite par
Bach, n'en déplaise aux spécialistes ;-). Et pour les autres, écoutez
aussi la version Stokowski, c'est grandiose (à tous les sens du
terme...). NdRoupoil dix ans après : bon, quand, même, on peut au moins
ajouter la passacaille et fugue BWV 582 à la liste des oeuvres pour orgue
immortelles du bon vieux Bach.
- Biber, Sonates du rosaire * : un exemple étonnant de musique
instrumentale (l'accompagnement du violon à la basse continue est vraiment
là pour faire joli) qui préfigure les sonates et partitas de Bach tout en
usant d'un style définitivement plus ancien, avec notamment une utilisation
très marquée de la scordatura (accord volontairement inhabituel du violon)
pour des effets surprenants. Un ensemble inégal, mais certaines sonates sont
vraiment à découvrir (la première, ou l'intense "Crucifixion" notament).
- Dowland, Lachrimae * : l'oeuvre la plus ancienne de cette liste,
une sorte de passage de témoin entre la musique de la renaissance et l'éclosion
du baroque, sous la forme de sept variations instrumentales sur un air qui
mérite lui-même d'être écouté indépendamment.
- Haendel, Giulio Cesare * : dans le domaine de l'opéra baroque (peu
représenté dans cette liste), un nom se détache incontestablement, celui de
Haendel, le plus allemand des compositeurs anglais, qui composa donc pour la
cour anglaises des opéras italiens. Même si leur structure est vraiment
caricaturale (une succession d'airs virtuoses avec bouts de récitatifs entre
deux pour décrire une action atrocement poussive et sans intérêt), Haendel
maitrise à la perfection son art dans ce Giulio Cesare, un de ses premiers gros
succès à la scène. On peut aussi citer Ariodante, par exemple, parmi les opéras
de Haendel méritant un coup d'oreille.
- Haendel, Concertos pour orgue * : parmi les eouvres purement
instrumentales du grand Haendel, on peut citer ses séries de conertos pour
orgue, et notamment le n°4 de l'opus 7, qui reprend d'ailleurs de façon
assez suprenante une citation intégrale de la Tafelmusik de Telemann en guise
de second mouvement !
- Marais, Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont ** : un coup de coeur
très personnel pour cette oeuvre du grand violiste Marin Marais, qui développe
une série d'ornementations étranges sur une rythme de basse obstiné
particulièrement obsédant. Indiscutablement étrange (même parmi les créations
instrumentales de l'époque), à mon sens une pépite.
- Montervedi, L'Orfeo ** : Célébré depuis sa création en 1607 comme
l'acte de naissance de l'opéra baroque, le premier chef-d'oeuvre de Monteverdi
(qui composera d'autres opéras en fin de carrière) a certes mérité sa place
dans l'histoire de la musique rien qu'avec sa spectaculaire toccata d'ouverture.
Mais l'opéra dans son intégralité mérite une bonne place dans la liste des
classiques indémodables du genre.
- Pergolese, Stabat Mater *** : juste pour le pied-de-nez aux
baroqueux de service, je place en tête de mes favoris baroques une oeuvre
qui n'est pas de Bach, en l'occurrence ce Stabat Mater :-). Ce n'est
naturellement pas simplement par provocation, mais aussi parce que cette
oeuvre est mélodiquement au-dessus de toutes les oeuvres religieuses de
Bach, tout en diffusant une émotion indéniable.
- Purcell, Funérailles de la reine Mary * : ce n'est pas seulement
le fan de Kubrick qui parle en moi ici (la musique d'ouverture de ces
Funérailles ayant servi de base, et même un peu plus, à un morceau de la
partition d'Orange mécanique), mais aussi l'amateur de musique funèbres
(il y a quelques Requiem dans ma liste ci-dessous) prenantes, un genre
pas si répandu à l'époque baroque.
- Rameau, Pièces pour clavecin * : quand on évoque le clavecin
français, le nom qui ressort du lot est sûrement celui de Couperin, avec son
assommante somme de 27 ordres dont personne n'a réussi à aller jusqu'au bout
sans s'endormir (même s'il y a quelques jolis morceaux dans le lot). Je leur
préfère nettement les oeuvres incisives de Rameau, dont par exemple la Poule
caquette beaucoup plus gaiement que celle que papa Haydn composera un siècle
plus tard.
- Vivaldi, Gloria * : à part quelques petites centaines de concertos,
Antonio Vivaldi a aussi laissé quelques classiques de la musique religieuse,
dont ce très joyeux Gloria assea caractéristique de son style.
- Vivaldi, Stabat Mater *** : peut-être un peu éclipsé par l'oeuvre
du même nom de Pergolèse, ce Stabat Mater est pourtant selon moi le sommet de
la musique de Vivaldi, qui délaisse pour une fois sa jovialité habituelle pour
nous servir une oeuvre courte (il manque une moitié de couplets par rapport
à la version classique du Stabat Mater) mais absolument poignante, une sorte
de petit cousin de la version de Pergolèse qui mérite sans conteste une place
à ses côtés au Panthéon des oeuvres religieuses baroques.
- Vivaldi, Les quatre saisons * : il est toujours difficile de
commenter une oeuvre comme celle-ci qui a connu une telle célébrité qu'elle
a complètement délaissé son contexte et son époque pour devenir un tube
intemporel. Alors certes c'est tarte à la crème, mais ça reste de la musique
qui s'écoute toute seule, et parmi les plus belles réussites de Vivaldi dans
ce domaine du concerto qu'il a tant exploré. D'ailleurs, pour ceux qui
voudraient farfouiller un peu plus avant dans cette jungle, enchainez sur
les classiques de l'Estro Armonico, les n°8 et n°10 de cet opus sont également
de très belles oeuvres.
Musique chantée
- Adams, The Death of Klinghoffer * : sans conteste l'un des plus
importants compositeurs encore vivants, John Adams a su dépasser l'influence
répétitive d'un Philip Glass (très présente par exemple dans son célèbre
opéra précédent Nixon in China) pour créer une musique personnelle,
moderne et très accessible à la fois, et qui touche parfois au sublime,
comme dans ce très bel opéra aux choeurs poignants.
- d'Albert, Tiefland * : un opéra vériste se déroulant en Espagne,
chanté en allemand, et dont le compositeur au nom français a une ascendance
brittanique, en voilà une belle curiosité ! Bien oublié aujourd'hui, Eugen
d'Albert a pourtant composé ici un opéra certes un peu bavard (on est loin
des miniatures à la dramaturgie condensée des classiques véristes italiens
de Mascagni ou Leoncavallo), mais c'est très largement compensé par la qualité
d'une musique plus "germanique" mais d'une beauté stupéfiante. Ecoutez au
moins le très beau prélude pour vous faire une idée.
- Bartok, Le Château de Barbe-Bleue * : un incontournable de l'opéra
au 20ème siècle. La pièce de Maeterlinck dont est issue le livret laisse
place à une oeuvre intimiste dans son dispositif (à peine une heure de musique,
deux personnages dans un décor unique) mais c'est contrebalancé par la richesse
de l'orchestre bartokien, sombre, angoissant mais superbe. Et c'est l'occasion
d'écouter chanter en hongrois !
- Berg, Wozzeck ** : je ne cherche pas à le cacher, la musique
sérielle ne fait pas pour moi partie des innovations les plus géniales
qu'ait engendré le siècle passé. Mais au milieu d'une myriade d'oeuvres
inintéressantes se dresse un monument, où la technique est totalement
transcendée pour retrouver une force et une émotion extraordinaires par
des voies très différentes de celles de la musique classique
'traditionnelle'.
- Berlioz, Requiem * : je ne suis pas un grand fan de musique
chantée, mais parmi celles-ci, beaucoup d'oeuvres que j'aime sont plutôt
des oeuvres religieuses (je pense qu'il ne faut qu'y voir que le fait que
la voix soliste s'y efface souvent derrière une masse chorale), en
particulier les requiems (j'adore les musiques tristes). Dans cette
catégorie, difficile de ne pas citer celui de Berlioz, le plus
impressionnant sans doute, pas mon préféré, mais certains passages ont une
force indéniable.
- Berlioz, Nuits d'été ** : pour surenchérir sur ce que je dis
quelques lignes plus haut, le lied est certainement la forme musicale
classique pour laquelle j'ai le plus de réticence. Et pourtant, les Nuits
d'été sont sûrement mon oeuvre préférée de Berlioz : mélodies superbes (et
pas seulement le Spectre de la rose, qui n'est pas ma préférée du lot),
orchestration parfaite, et pour ne rien gâcher, de très beaux textes.
- Berlioz, Benvenuto Cellini * : malgré un livret à l'humour pas
forcément subtil (ni réussi), Berlioz réussit à insuffler tellement de vie
dans cet opéra qu'on ne s'ennuie pas une seconde, avec quelques grands
moments. On n'est pas au niveau de l'oeuvre suivante sur ma liste, mais
c'est déjà du très bon.
- Berlioz, Les Troyens ** : le grand opéra à la française, ce
n'est pas chez Meyerbeer et consorts qu'il faut le chercher, mais bien
chez ce bouillonnant Berlioz. Une oeuvre monumentale, mais d'une force
et d'une cohérence impressionnantes. Pour moi le chef-d'oeuvre de son
auteur, tout simplement.
- Bizet, Carmen ** : l'opéra français par excellence. Le génie
mélodique intarissable de Bizet se prête à merveille au genre, sur un
livret qui plus est beaucoup moins plat que dans beaucoup d'autres grandes
oeuvres lyriques. Et certainement le plus fort taux de tubes du répertoire
(jouez avec nous au jeu « Quel est votre air de Carmen préféré » ?).
- Boesmans, Au Monde * : parmi les compositeurs d'opéra actuels
(oui, il s'agit bien de musique du 21ème siècle), le belge Philippe Boesmans
est une valeur très sûre qui, après avoir réslisé plusieurs opéras en allemand
d'obédiance assez clairement bergienne, a chanté de style en même temps que de
langue (celui-ci est chanté en français), avec une propsodie très influencée
par le Pelleas de Debussy, et une musique beaucoup plus tonale. Et, si le
livret peut légitimement être remis en question, la musique est elle vraiment
superbe.
- Brahms, Requiem allemand * : un requiem d'un autre genre,
puisqu'il n'est pas composé sur le texte latin (que les amateurs comme
moi doivent finir pas connaître par coeur), et ça change assez
radicalement l'atmosphère. De très beaux passages (mais y a-t-il
vraiment des choses qui ne soient pas belles dans l'oeuvre de Brahms),
mais ce n'est pas selon moi ce que Brahms a fait de mieux.
- Britten, Les Illuminations * : difficile de passer outre le
nom de Britten concernant la musique vocale, tant il fait office de figure
centrale au 20ème siècle dans le domaine de l'opéra notamment. Et pourtant,
au moment où j'écris ces lignes, je n'ai encore jamais écouté en intégralité
un de ces fameux opéras, erreur qui sera vite rattrapée car ce que je connais
d'autre de la musique de Britten suffira à lui assurer quelques apparitions
dans cette liste, en commençant par ce très beau recueil de poésies de
Rimbaud accompagnées par un orchestre à cordes magnifiquement employé.
- Britten, Peter Grimes * : Benjamin Britten est l'un des rares
compositeurs au 20ème à avoir produit tout au long de sa vie une production
lyrique dont la plupart des oeuvres se sont imposées au répertoire. Si j'avoue
ne pas vraiment être convaincu par ses opéras de chambre à l'effectif
orchestral réduit, son tout premier opéra est pour moi un classique. On peut
écouter séparément les fameux et ébouriffants "interludes marins", mais toute
l'oeuvre est superbe, avec son ambiguïté morale et son pessimisme qu'on r
retrouve dans la plupart des opéras ultérieurs de Britten.
- Chausson, Poème de l'amour et de la mer ** : peut-être la plus
belle oeuvre d'Ernest Chausson, compositeur toujours intéressant et mort
(très bêtement d'ailleurs) trop jeune. Une orchestration raffinée pour une
atmosphère envoutante, et une musique sublime qui reste dans la tête
longtemps après l'écoute.
- Chtchedrine, L'Ange scellé * : une heure de liturgie orthodoxe
chantée par un choeur a cappella, avec de rares interventions solistes et
l'accompagnement de la mélopée lancinante d'un unique instrument à vent
(flûte ou hautbois selon les versions) ça vous branche ? Dit comme ça, on
peut légitimement craindre l'ennui, et pourtant, si on rentre dans l'oeuvre,
c'est vraiment très beau et fascinant (et très accessible).
- Cras, Polyphème * : comment ça, vous n'avez jamais entendu parler
de Jean Cras, éminent compositeur breton qui fut d'ailleurs marin (militaire)
tout en étant compositeur ? Pourtant, son unique opéra est l'un des fleurons
lyriques de notre pays au 20ème siècle. Il est amusant qu'il apparaisse dans
ma liste juste avant le Pelléas de Debussy, puisqu'il est son
cousin assez manifeste (y compris au niveau du livret, hélas). Et la musique
est presque du niveau de celle de Debussy, ce qui n'est pas peu dire.
- Debussy, Pelléas et Mélisande *** : le sommet indiscutable
de l'art infiniment subtil de Debussy. Si le livret me tape franchement
sur les nerfs, je ne juge ici que la musique, et il n'y a rien à redire.
Ligne vocale sublime (et à mille lieux de ce qu'on entend habituellement
à l'opéra), orchestre confondant de beauté dans un registre en
demi-teinte constamment renouvelé, l'un des incontournables dans
l'histoire de l'opéra.
- Dukas, Ariane et Barbe-bleue ** : on reste encore une fois
dans la mouvance du chef-d'oeuvre de Debussy, avec l'unique opéra du trop
rare Paul Dukas, dont la parenté avec Pelléas va jusqu'à avoir le même
écrivain (Maurice Maeterlinck) comme auteur de la pièce dont le livret
reprend le texte. Sans atteindre tout à fait les sommets debussystes,
on a droit à une orgie orchestrale somptueuse, une utilisation des choeurs
fascinantes, et une oeuvre qui mérite sa place parmi les plus grands opéras
français du 20ème siècle.
- Dvorak, Stabat mater * : là ou Dvorak débarque, ça fait
souvent assez mal. En l'occurence, pour ce Stabat mater, ce
n'est pas moins d'une heure et demie de musique qu'il nous propose. Sur
une telle durée, difficile de garder un souffle continu ; cependant, le
premier mouvement impressione par son efficacité avec, pour une fois
chez Dvorak, une relative économie de moyens. Rien que pour cela, cette
oeuvre mérite une écoute attentive.
- Fauré, Requiem *** : l'anti-requiem par excellence. Là où la
plupart des compositeurs, à la suite de Mozert et Berlioz, composent des
oeuvres violentes et enflammées, Fauré joue la carte de l'apaisement (en
supprimant notamment tout le Dies Irae), peut-être un avant-goût
du paradis terrestre ? En tout cas, c'est sublime de bout en bout,
l'utilisation du choeur est prodigieuse, et l'émotion est présente à
chaque note.
- Glass, Akhnaten * : le nom de Philip Glass divise la communauté
des mélomanes en deux catégories, ceux qui adorent (une partie) de son oeuvre,
et ceux qui le considèrent comme un mauvais musicien qui gagne des millions
à coup de daubes. Sans nier le gros manque de renouvellement de sa musique
dans les dernières décennies, je fais partie de ceux qui trouvent que Glass
a vraiment su créer au début des années 80 un style puissant et efficace à
partir de ses trop fameuses boucles d'aprège. Le sommet de son oeuvre est
sûrement cet opéra qui accumule les moments fascinants, de l'ouverture à la
danse du deuxième acte en passant par le duo entre Akhnaten et Nefertiti.
- Glück, Orphée et Eurydice * : le pauvre Glück a un peu été
mis de côté par beaucoup d'amateurs de musique, et pourtant il mérite
vraiment qu'on y jette un coup d'oreille. Non seulement il a contribué
à faire évoluer de façon notable l'opéra (notamment en popularisant le
récitatif accompagné à l'orchestre en lieu et place du sempiternel
clavecin), mais surtout sa musique est tout à fait inventive et
charmante, notamment dans son premier grand opéra, cet Orphée bien
équilibré (dans sa version initiale du moins) et qui recèle quelques
passages superbes.
- Greif, Chants de l'âme * : parmi les compositeurs français
presque contemporains (puisqu'il nous a quittés trop tôt à l'aube du 21ème
siècle), Olivier Greif a fait entendre une voix très singulière et surtout
très attachante pour qui est sensible à sa musique souvent basée sur des
collages mais toujours personnelle et bouleversante (et accessoirement très
accessible). Parmi ses trop rares oeuvres enregistrées, j'aurais pu choisir
sa presque classique sonate de Requiem pour violoncelle et piano (qu'il faut
de toute façon découvrir) mais j'ai plutôt opté, assez exceptionnellement,
pour un cycle de chants accompagnés au piano. C'est dire à quel point c'est
bien, vu mon manque d'appétance habituel pour ce genre !
- Gurlitt, Wozzeck * : la pièce de théâtre de Georg Büchner présente
une curiosité très rare dans l'histoire de la musique, celle d'avoir été
adapatée en opéra par deux compositeurs différents pratiquement en même
temps. Si l'oeuvre d'Alban Berg (cf plus haut) est depuis considérée comme
un incontournable de l'opéra du 20ème siècle, il faut bien admettre qu'on a
complètement oublié jusqu'au nom de Manfred Gurlitt, auteur donc de l'"autre"
Wozzeck. Et pourtant, avec des moyens assez différents de Berg (mais un côté
tout aussi fragmenté et angoissé que le texte impose de toute façon), à
créer une atmosphère fascinante et touche même au génie dans quelques scènes
(la première, et tout la fin de l'oeuvre notamment).
- Haydn, Nelsonmesse * : plusieurs personnes m'ont déjà
demandé si l'absence totale de Haydn dans cette section était
volontaire. Ben oui, désolé, je trouve souvent Haydn au mieux
sympathique, la plupart du temps chiant (ND Roupoil 2017 : ayant depuis pris
le temps d'explorer nettement plus la production du bon vieux père Haydn, cet
avis un peu définitif a évolué, d'où quelques apparitions supplémentaires
plus bas dans cette liste). Mais il trouve enfin grâce à
mes yeux, non par un de ses quatuors ou symphonies mais via la musique
religieuse. Il y a de quoi réveiller votre grand-mère avec cette messe
martiale, pas très subtil mais là au moins, ça bouge !
- Hindemith, Sancta Susanna * : Paul Hindemith, grande figure
musicale du vingtième siècle, n'est plus énormément écouté aujourd'hui, alors
que sa production est vaste et souvent passionnante dans bien des domaines,
des expérimentations modernistes de sa jeunesse aux oeuvres plus néoclassiques
de la maturité. Mais justement, je préfère nettement sa première période, dont
ce très court opéra (20 minutes !) sur un sujet étonnant est assez
représentatif, ça fourmille d'idées, c'est très expressif, vraiment à
découvrir.
- Janacek, La Petite renarde rusée * : curieuse trajectoire que
celle de Leos Janacek, qui a passé une grande partir de sa vie comme
musicien de seconde zone avant de se mettre à aligner dans ses dernières
années les chefs-d'oeuvre dans des domaines des plus variés (symphoniques,
quatuor, cf plus bas dans cette même liste). Mais c'est à l'opéra qu'il a
consacré une majeure partie de sa production, hélas rendue peu accessible
par la langue (tchèque, forcément) et le choix de livrets parfois franchement
abscons. Pour aborder ce répertoire par son versant le plus coloré et
(faussement) enfantin, cette Renarde est un excellent choix, et
Janacek y déploie comme toujours une science orchestrale fascinante.
- Janacek, Messe glagolitique * : quand Janacek compose de la
musique d'inspiration religieuse, il ne faut pas s'attendre à quelque
chose de gentiment recueilli, mais bel et bien à du pur Janacek ! Eruptions
de timbales, solo d'orgue tonitruant, fanfares de cuivres pétaradantes, on
reconnait bien son style inimitable, et on ne peut que s'en réjouir !
- Mahler, Le Chant de la terre * : je préfère quand Mahler se
contente de bourriner l'orchestre sans ajouter des voix par-dessus ;-),
mais bon, ce Chant de la terre reste une très belle oeuvre, très
proche dans l'esprit des symphonies de la même période, ce qui ne peut
qu'être gage de qualité.
- Moussorgsky, Boris Godounov *** : l'oeuvre qui m'a vraiment
fait rentrer dans le monde de l'opéra. Livret historique touffu et
passionnant, grandes masses chorales, insertion de chants populaires,
c'est de l'opéra grand spectacle, mais peut-on imaginer plus emballant
quand c'est fait avec le génie de Moussorgski ? Écoutez les premières
notes de l'introduction, et vous ne pourrez plus vous arrêter...
- Moussorgsky, La Khovantchina ** : inachevé à la mort de Moussorgsky,
cette nouvelle épopée historique reste tout de même extrêmement représentative
du génie du compositeur. C'est peut-être un peu moins immédiatement séduisant
mélodiquement que Boris, mais qu'est-ce que c'est prenant à nouveau, souvent
très sombre mais d'une homogénéité remarquable.
- Mozart, Grande Messe en ut mineur * : tout au long de sa courte
mais prolifique carrière, Mozart a peu composé dans le domaine de la musique
religieuse, et l'ombre du Requiem plane forcément sur le reste de sa production
dans ce domaine. Pourtant, cette petite soeur (également inachevée !) mérite
d'être signalée au moins pour son extraodinaire introduction, même si le reste
est plus inégal.
- Mozart, Requiem *** : je suis face à un sentiment assez
étrange au moment où je tape ces lignes puisque je m'aperçois que j'ai
les pires difficultés à commenter ce Requiem. C'est une oeuvre tellement
mythique qu'on n'a plus rien à en dire. Elle se situe au sommet de
l'oeuvre de Mozart, tout en transcendant tout ce qui la précède. Une
incroyable succession de morceaux d'anthologie.
- Mozart, L'Enlèvement au sérail * : le premier opéra de la
maturité de Mozart est loin d'être le simple divertissement facile pour
lequel il peut passer au premier abord. Musique virtuose mais recherchée,
intrigue classique mais rythmée (ah, pas de récitatif !), c'est un plaisir
de la première à la dernière note
- Mozart, Les Noces de Figaro * : une seule étoile en
comparaison avec le Don Giovanni. Certes, des tas de passages
excellents, mais beaucoup moins de force et surtout des longueurs qui
gâchent un peu l'ensemble (oui, oui, je pense bien aux fameux finales
des actes "pairs").
- Mozart, Don Giovanni ** : les opéras de Mozart (et pas
seulement ceux de Mozart d'ailleurs) ont tendance à m'embêter dans la
mesure où les passages géniaux sont noyés au milieu de scènes
interminables (je ne parle même pas des récitatifs). Don Giovanni est
sûrement celui qui évite le mieux cet écueil : tous les airs sont
géniaux, et Mozart me semble globalement très inspiré par l'atmosphère
hautement dramatique du texte.
- Mozart, La Flûte enchantée * : une grande réussite du point
de vue musical (plus condensé que les précédents, et à mon avis meilleur
que les Noces de ce point de vue), mais cette fois-ci, c'est le livret
qui a un peu de mal à passer avec son symbolisme à deux euros (et
encore, c'est cher payé). Reste l'insubmersible air de la Reine de la
Nuit, dont je vous épargnerai mon interprétation en voix de
tête.
- Orff, Carmina Burana ** : l'introduction est peut-être
devenue trop célèbre (à juste titre d'ailleurs !) pour être aujourd'hui
autre chose qu'un cliché estampillé "musique bourrine", mais n'oublions
pas le reste de l'oeuvre, beaucoup plus subtil et souvent passionnant.
Une oeuvre qui mérite incontestablement une réhabilitation.
- Poulenc, Gloria ** : certainement le chef-d'oeuvre vocal de
Poulenc. Enfin une oeuvre religieuse qui ne fait pas dans le cul-cul
admiratif et qui assume son titre. L'introduction surprend par la
puissance de son orchestration, pour le plus grand bonheur de nos
oreilles.
- Poulenc, La Voix humaine * : compositeur aux multiples
facettes, Poulenc a aussi brillé dans tous les aspects de la musique
vocale (mélodies, musique religieuse, opéra). Dans le domaine lyrique,
son oeuvre la plus célèbre est sûrement son grand opéra Dialogues
des carmélites mais je lui préfère le format condensé de cette
Voix humaine : trois quarts d'heure, une seule chanteuse qui
interprète une conversation téléphonique à elle seule, c'est fort.
- Prokoviev, Alexandre Nevski ** : c'est un peu bizarre de
mettre ça dans la musique chantée, mais bon, il y a des voix, donc
soyons logique. C'est certainement la bande originale la plus
hallucinante de l'histoire du cinéma. Il faut dire qu'Eisenstein a eu la
chance de travailler avec un Prokofiev au sommet de son art. Même sans
les images, c'est très fort, c'est dire.
- Puccini, Tosca * : j'ai un petit problème avec Puccini,
c'est que c'est un spécialiste du mélange orchestre rutilant (j'adore)
et chant à l'italienne (que j'abhorre). Du coup, sentiment souvent
mitigé à l'écoute de ses oeuvres, mais une exception tout de même pour
cette flamboyante Tosca, pour le thème principal du deuxième
acte, et même pour le E lucevan le stelle, qui pète quand même
la classe.
- Puccini, Turandot * : dernier opéra hélas inachevé de Puccini
(on ne peut pas dire que la fin complétée soit au niveau du reste de l'oeuvre),
et peut-être la quintessence du style de son auteur. Le mélange d'orientalisme
de bazar bien kitsch et de lyrisme hyper-dégoulinant pourra en faire fuir
certains (c'est parfois quand même too much), mais bon, moi je me
laisse toujours emporter par ces grands élans pas très subtils.
- Rimsky-Korsakov, Sadko * : le pauvre Rimsky, grand animateur de
la vie musicale russe au tournant du 20ème siècle, est plus connu dans le
domaine de l'opéra pour ses arrangements des oeuvres de Moussorgsky que pour
ses propres compositions. Il a pourtant été une figure majeure de l'opéra en
Russie, avec une quinzaine d'oeuvres dont beaucoup mériteraient largement
d'être plus diffusées. Mon préféré : la légende de Sadko, avec son atmosphère
féérique et ses tableaux si brillamment colorés par un Rimsky au sommet de
sa maîtrise de l'orchestre.
- Ropartz, Le Pays * : entre la fin du 19ème et le début du 20ème
siècle, toute une série de compositeurs français ont écrit sous l'influence
évidente de Wagner des opéras qui méritent bien mieux que l'oubli dans lequel
ils sont tombés aujourd'hui. Ce Pays du breton Ropartz en est l'un des plus
beaux fleurons, très prenant malgré une certaine économie de moyens (à peine
deux heures de musique, seulement trois protagonistes, mais certes un orchestre
qui fonctionne à plein) et un livret oubliable. Plus ou moins dans la même
veine, sont également à (re)découvrir le Fervaal de Vincent d'Indy
(là c'est vraiment du Wagner pur sucre) ou le peut-être plus connu Roi
Arthus d'Ernest Chausson (qui comporte des pages sublimes, même si je
trouve qu'il s'égare par moments dans du sous-Wagner insipide).
- Rossini, L'Italienne à Alger * : autant le bel canto n'est
vraiment pas ma tasse de thé, autant je peux sauver Rossini dans le genre
opéra italien début 19ème siècle. C'est sautillant, plein d'humour, et
réalisé avec une telle efficacité qu'on se laisse emporter facilement.
Et puis je dois avoir une certaine indulgence pour les turqueries,
celle-ci étant une digne héritière de l'Enlèvement au sérail mozartien.
- Saint-Saëns, Henri VIII * : comme moi votre opéra préféré de Verdi
est Don Carlos ? Vous adorez le drame historique à la française ? Alors vous
pourrez trouver votre bonheur dans certaines oeuvres bien oubliées aujorud'hui
de notre patrimoine national, comme le Cinq-Mars de Gounod exhumé
récemment (et très nettement supérieur à tous ses opéras plus célèbres) ou
ce très bel opéra de Saint-Saëns, à mon goût beaucoup plus réussi que son
Samson et Dalila, et qui fût d'ailleurs en son temps un énorme succès.
- Schnittke, Nagasaki * : cantate de fin d'études interdite après
sa création et longtemps oubliée, cette oeuvre est un prolongement du legs
chostakovien qu'une annonciation du futur srtyle de Schnittke. Mais quelle
maitrise, quelle puissance pour une oeuvre d'un quasi-débutant ! On en vient
à rêver de ce qu'aurait pu produire Schnittke s'il avait persévéré dans cette
voie traditionnelle...
- Schnittke, Requiem * : avec Alfred Schnittke, une chose est
quasiment garantie, on ne s'ennuie jamais. Le maitre de ce qu'il a lui-même
baptisé polystylisme mélange allègrement tout et (parfois) n'importe quoi,
souvent jusqu'à rendre ses oeuvres agaçantes. Mais il a pourtant un don
indiscutable qui lui permet de temps à autre de créer des oeuvres d'une
puissance surpassant leur propre incongruité. Ce Requiem à nul autre pareil
est sûrement ma préférée dans sa vaste production.
- Schreker, der ferne Klang * : Franz Schreker, figure majeure de
la scène lyrique allemande au début du 20ème siècle, fait partie de ces
artistes classifiés "dégénérés" par les nazis, qui n'ont pas encore totalement
retrouvé la place qu'ils méritent au panthéon musical aujourd'hui. Sa musique,
aboutissement presque insurpassable d'un romantisme hypertrophié (cette
orchestration luxuriante !), illustre des livrets dérangeants où la
psychanalyse et les perversions sexuelles se voient offrir une place de choix.
Les Stigmatisés sont souvent cités comme son chef-d'oeuvre, mais je
leur préfère ce Son lointain, antérieur mais d'une maitrise déjà
exceptionnelle.
- Schubert, Erlkönig ** : bon, ce petit lied est un peu perdu
parmi des oeuvres beaucoup plus importantes, mais je ne savais pas où le
mettre :-). Voilà, Schubert est un des rares compositeurs à voir réussi
à écrire des lieder que je trouve intéressants (notamment dans ses
grands cycles), et je ne pouvais pas passer sous silence celui-là, qui
reste à mon sens le sommet de sa production (de lieder, hein, il a écrit
encore mieux à côté ;-) ). Et pour ceux qui aiment le genre, au sein de la
très dense production schubertienne (près de 600 lieder quand même), mes
quelques autres préférés sont : Gretchen am Spinnrade D.118 (le premier à
être très connu), Der Tod und das Mädchen D.531 (mais bon, mieux vaut
écouter le quatuor), Auf dem Wasser zu singen D.744, Im Frühling D.882, et
pour ceux qui aiment le plus léger et long, Viola D.786. Et un dernier pour
la route, le meilleur de tous (hors grands cycles et Erlkönig, bien
entendu) : Die junge Nonne D.828.
- Schubert, Winterreise ** : tant qu'on en est à parler des
lieder de Schubert, impossible de passer sous silence ses trois grands
cycles. Si le dernier (le bien nommé chant du cygne) manque un peu d'unité,
la Belle meunière et surtout ce Voyage d'hiver fantastiquement déprimant
doivent être écoutés même par les plus réfractaires au genre. Certains
des lieder de ce cycle (entre autres, le Gute Nacht initial et Der Leiermann
qui le conclut) sont absolument bouleversants (et méritent tous les deux trois
étoiles).
- R.Strauss, Salomé * : sans surprise, j'ai découvert Richard
Strauss par le versant symphonique avant de m'aventurer du côté de ses opéras.
Pourtant, avec une quinzaine d'ouvrages dans ce domaine, dont une majorité
considérés comme majeurs, et presque la moitié de sa longue carrière très
majoritairement consacrée à ce genre, il s'agit indiscutablement d'un des plus
grands compositeurs d'opéras du siècle passé. Ses oeuvres post-wagnériennes
ultra-violentes à l'orchestration rutilante sont a priori totalement taillées
pour moi, mais j'avoue ne pas y adhérer entièrement. Elektra m'ennuie
carrément, à quelques passages près, et cette Salomé ne m'enchante
pas non plus du début à la fin. Toutefois, la balance est nettement positive
concernant cette dernière, ce qui lui vaut d'intégrer cette liste (rien que
pour la danse des sept voiles, de toute façon, elle y serait).
- R.Strauss, Capriccio * : comme vous l'aurez compris en lisant
l'item précédent de ma liste, les opéras de Strauss, pourtant un corpus
indiscutablement majeur dans le domaine de l'art lyrique, ne m'emballent
pas franchement. J'aurais pourtant pu citer le Chevalier à la rose
pour sa merveilleuse musique orchestrale (mais bon, ça traine en longueur
quand même) ou le méconnu Intermezzo pour un pied de nez piquant,
mais je ne pouvais finalement pas laisser sous silence le dernier opéra de
Strauss, merveille d'intelligence portée par une musique qui est un peu la
quintessence du raffinement dont est capable Strauss. Rien que le sextuor
à cordes ouvrant l'oeuvre mérite de toute façon citation, quelle façon
magique de débuter un opéra intimiste comme celui-ci !
- R.Strauss, Quatre derniers lieder ** : selon moi le sommet
absolu du lied pour orchestre (oui, même Malher, je le mets derrière).
Orchestration transparente, belles mélodies et voix qui se fond
parfaitement dans l'univers sonore, un univers très différent des poèmes
symphoniques de jeunesse du même Strauss, mais c'est envoûtant.
- Stravinsky, Symphonie de psaumes *** : un des trésors cachés
de cette sélection. Pas l'oeuvre la plus connue de Stravinsky, et pourtant
c'est incroyablement génial, il retrouve ici toute la verve et
l'inspiration de sa jeunesse, avec encore plus d'originalité et de
mordant. À découvrir sans plus tarder.
- Stravinsky, Renard ** : dans la catégorie des Stravinsky
oubliés, j'aime également beaucoup ce Renard. C'est
complètement déjanté (et ça a du coup sûrement moins de tenue que
l'oeuvre précédente, par exemple), mais malgré tout maîtrisé, un feu
d'artifice vocal orchestré par un Stravinsky à-tout-faire au sommet de
son talent.
- Suppé, Requiem ** : de Franz von Suppé, même les plus assidus
mélomanes ne retiennent en général qu'une ou deux ouvertures d'opérettes
joyeusement bondissantes et fort anecdotiques. Et pourtant, ce compositeur
mineur est l'auteur d'un Requiem d'excellente facture, comblant le fossé
entre le classicisme de celui de Mozart et la théâtralité de celui de Verdi,
et rempli de superbes mélodies d'un bout à l'autre. À découvrir absolument !
- Szymanowski, Le Roi Roger * : certains mélomanes considèrent
Szymanowski comme l'un des grands génies du 20ème siècle encore trop méconnus.
Ce n'est pas mon cas, mais je considère quand même cet opéra comme assez
incontournable pour l'atmosphère mystico-orientale ensorcelante qu'il réussit
à déployer dans les premières minutes proprement magiques de l'oeuvre. Dommage
que le reste ne se renouvelle pas énormément et surtout que le livret ne
présente aucun intérêt (sauf si on aime les gloubi-boulgas à caractère
religieux).
- Verdi, Requiem *** : en mauvais fan d'opéra, mon oeuvre
préférée de Verdi est son Requiem... Mais aussi, comment rester
insensible devant l'incroyable puissance du Dies Irae ou
l'émotion diffusée par le poignant Lacrymosa ? Une oeuvre
imposante, dans la lignée des grands Requiems de Mozart et Berlioz.
- Verdi, Don Carlos ** : bon, ça va se voir que j'ai mauvais
goût en matière d'opéras, donc autant avouer tout de suite : oui, je
préfère les opéras historiques aux opéras de chambre, j'aime les grands
ensembles, les grands espaces, le grand spectacle, quoi. Et de ce point
de vue, Don Carlos est certainement la plus belle réussite de
Verdi.
- Verdi, Otello ** : un joyau de vieillesse de Verdi. Une
densité saisissante dans l'action, des morceaux de bravoure réjouissants
(même moi qui ne suis pas fan des airs solo, j'aime le Credo de Iago),
et des belles mélodies (plus selon moi que dans les grands opéras de la
maturité de Verdi), bref un retour gagnant.
- Verdi, La Traviata * : bon, je n'allais quand même pas la
passer sous silence, c'est vrai que dans son genre c'est très bien
réalisé et qu'il y a beaucoup de moments inoubliables (on pleurerait
presque à la mort de l'héroïne), simplement ce n'est pas mon style
d'opéra préféré...
- Wagner, Le Vaisseau fantôme ** : encore tout jeune
compositeur, Wagner impressionne déjà. Une continuité dans l'action qui
annonce l'arioso continu des dernières oeuvres, l'utilisation de thèmes
simples mais efficaces, et la puissance phénoménale de l'oeuvre
(ouverture déjà grandiose), tout est là, peut-être pas encore totalement
maîtrisé, mais c'est déjà extrêmement convaincant...
- Wagner, La Tétralogie *** : l'oeuvre d'art la plus grandiose
de l'histoire de l'humanité (ben ouais, n'y allons pas à moitié). Quinze
heures de bonheur absolu, un livret gigantesque, une musique géniale
presque tout de long (allez, j'accorde une petit baisse de rythme pour la
première moitié du deuxième acte de La Walkyrie), Wagner aurait
du naître un bon siècle plus tard pour pouvoir mettre en scène le Seigneur
des Anneaux, mais gageons qu'il doit sourire dans sa tombe en constatant
que son idée de Gesamtkunstwerk (oeuvre d'art totale) a fait bien
du chemin depuis.
- Wagner, Tristan et Isolde *** : l'indiscutable chef-d'oeuvre
wagnérien. Ça ne dépasse pas selon moi la Tétralogie, même si sur une plus
petite échelle, c'est tout aussi impressionnant, mais c'est surtout les
anti-wagnériens auxquels je conseille de commencer par ce bout-là. Si vous
ne trouvez rien à sauver dans cet opéra, je ne peux plus rien pour vous.
- Wagner, Parsifal * : avec son dernier opéra, Wagner a réalisé
une sorte de quintessence de toute son oeuvre. Livret lourdingue et peu
passionnant, action très réduite, ceux qui n'adhèrent pas se feront royalement
chier pendant quatre heures (et on peut les comprendre). Mais à côté de ça,
il y a de la musique tellement magique (quel orchestre !) que je ne peux pas
lui renier une place dans cette liste.
Musique symphonique
- Bartok, Concerto pour orchestre * : à la fois brutale,
directe, et complexe, maitrisée, la musique de Bartok est une des plus
intéressantes du vingtième siècle, même si elle peut demander un peu de
temps pour l'apprécier pleinement. Je cite ici cette oeuvre orchestrale,
l'une des plus accessibles et fascinantes.
- Bartok, Musique pour cordes, percussion et celesta * : parmi les
classiques bartokiens se trouve aussi cette Musique à l'effectif instrumental
inhabituel mais formidablement maitrisé par le magicien des sons qu'est Bartok.
Encore une oeuvre assez sombre et néanmoins colorée, fascinante de bout en
bout.
- Bax, Symphonie n°1 ** : dans le renouveau de la musique anglaise
dans la première moitié du vingtième siècle, Elgar et dans une moindre mesure
Vaughan Williams sont certainement les arbres qui cachent la forêt en terme
de notoriété. Le corpus symphonique d'Arnold Bax est pourtant l'un de ceux
qui méritent largement qu'on s'y attache. J'avoue une préfèrence personnelle
pour ses trois premières symphonies un peu moins formellement convaincantes
que les quatre suivantes, mais plus martiales et directement séduisantes.
La première avec son premer mouvement qui emporte tout sur son passage et
son incroyable mouvement lent dont le début à l'atmosphère mystérieuse
débouche sur des appels de cuivres qu'on imaginerait volontiers dans une
musique de peplum est probablement ma préférée malgré un dernier mouvement
un peu plus fourre-tout. La deuxième symphonie de Bax mérite toutefois aussi
une étoile.
- Beethoven, Symphonie numéro 3 Héroïque * : le premier très gros
coup de Beethoven dans le domaine de la symphonie, c'est cette troisième
(même si les deux premières sont loin d'être négligeables !) démesurée
(pour l'époque), avec cet allegro initial furieux et cette marche funèbre
extraordinaire pour enchainer. Certainement pas la plus équilibrée ni la plus
parfaite de ses symphonies, mais une oeuvre tellement attachante.
- Beethoven, Symphonie numéro 5 *** : est-il besoin de
continuer à commenter l'une des oeuvres les plus célèbres du
répertoire ? Archie-rebattue certes, mais le premier mouvement continue
à faire son effet à chaque nouvelle audition par sa réjouissante
énergie, et la construction de la symphonie entière sur un motif
rythmique par son audace et son efficacité.
- Beethoven, Symphonie numéro 6 « Pastorale » ** : une oeuvre
singulière dans l'oeuvre symphonique de Beethoven, peut-être plus
difficile à apprécier, mais également une grande réussite, qui parvient
parfaitement à intégrer ces "impressions campagnardes" dans une symphonie
de facture classique.
- Beethoven, Symphonie numéro 7 * : bon, en fait, il faudrait
préciser, c'est trois étoiles pour le deuxième mouvement et aucune pour le
reste, qui a la force de Beethoven sans en avoir l'inspiration. Quand à
cet adagio, c'est pour moi le sommet de la musique orchestrale de
Beethoven, la puissance au service d'une mélodie flottante (presque
schubertienne) et hypnotique.
- Beethoven, Symphonie numéro 8 ** : c'est une de mes
préférées chez Beethoven, avis loin d'être partagé par tout le monde.
Mais j'aime bien quand Beethoven se lâche un peu et, comme ici (ou comme
dans les derniers quatuors), déforme la structure classique pour
l'adapter à ses envies. Pas de mouvement lent, et alors ? Ça bouge,
c'est entraînant, on en redemande.
- Beethoven, Symphonie numéro 9 *** : le monument. Bien sûr,
c'est trop long (notamment le dernier mouvement), et ça ne ressemble à
rien, mais quand même. On reste impressionné par le fait qu'un homme
complètement sourd ait pu construire ce grandiose premier mouvement, cet
incroyable deuxième mouvement (dix minutes de répétition pure, et on ne
s'ennuie pas), ce monumental adagio, et ce colossal couronnement qu'est
l'Hymne à la Joie.
- Berlioz, Symphonie fantastique * : je ne suis pas un grand
fan de Berlioz, mais il faut bien admettre que cette Symphonie
Fantastique est un réjouissant coup de pied dans la fourmilière de la
symphonie classique. Si je continue à trouver le troisième mouvement
insupportable, la valse est très belle, et les deux derniers mouvements
emballants.
- Bizet, Symphonie en Ut ** : l'incroyable premier
chef-d'oeuvre d'un gamin de vingt ans. L'influence des grands maîtres se
ressent énormément (on se croit tour à tour dans Mozart, Beethoven,
Gounod, ...), mais l'inspiration mélodique et rythmique de Bizet est
déjà complètement maîtrisée. Le mouvement lent est un miracle de
fraîcheur dans la lignée des plus belles mélodies schubertiennes.
- Bizet, Suites de l'Arlesienne * : dans les oeuvres
orchestrales de Bizet, voici certainement la plus connue, mais je la
place personnellement en dessous de la Symphonie à cause du manque de
structure globale. Une sorte de pot-pourri des plus belles mélodies de
Bizet, ce qui suffit certes largement à en faire une oeuvre majeure.
- Bliss, Adam Zero * : Arthur Bliss fait partie de cette génération
foisonnante de musiciens britanniques du début du 20ème siècle qui ont un
peu été oubliés aujourd'hui, du moins de notre côté de la Manche. Mais entre
deux oeuvres officielles sans grand intérêt, Bliss a aussi écrit de la belle
musique dans beaucoup de domaines, et notamment celui de la musique de
ballet, fort bien illustrée par cette partition variée et inspirée de bout
en bout.
- Borodine, Symphonie numéro 2 « Épique » * : un des fleurons
oubliés de la grande musique symphonique russe. Le premier mouvement à
lui tout seul mérite citation pour son impact. Le même thème martial y
est répété une cinquantaine de fois en moins de dix minutes, effet
assuré. Le reste est peut-être plus anecdotique, mais donne tout de même
un bon angle d'approche de l'oeuvre de Borodine.
- Brahms, Symphonie numéro 3 ** : les symphonies de Brahms ne
constituent pas selon moi la part la plus intéressante de sa production,
même si, Brahms oblige, elles font partie des oeuvres phares du répertoire
symphonique romantique. Ceci dit, la troisième est certainement celle qui
se détache le plus nettement du lot pour son équilibre général et ses deux
derniers mouvements géniaux (dont le célèbre poco allegretto, mais j'aime
encore plus le finale).
- Brahms, Symphonie numéro 4 * : si j'ai oublié volontairement
les deux premières symphonies du grand Brahms, je mets quand même un mot
pour cette quatrième. Le premier mouvement est une grande réussite, et
les trois autres me semblent géniaux ou ennuyeux selon mon humeur :-).
La construction du quatrième mouvement est tout de même à souligner,
avec quelques passages parmi les plus forts de l'oeuvre symphonique de
Brahms.
- Brahms, Danses hongroises ** : on va encore m'accuser de
mauvais goût pour avoir mis deux étoiles aux danses hongroises. Mais si
on oublie qu'on en a entendues une ou deux un peu trop souvent sous les
doigts des violoneux dans le métro, on ne peut que reconnaitre la beauté
simple des mélodies et l'efficacité rythmique de ces petites oeuvres,
certes mineures, mais qui illustrent idéalement la capacité des
musiciens classiques à produire de la musique populaire et entraînante.
- Bridge, The Sea * : en bons chauvins que nous sommes, quand on
parle de "la mer" en musique, nous pensons immédiatement à l'oeuvre de Debussy.
Mais ce dernier est loin d'être le seul à nous avoir laissé des impressions
maritimes orchestrales, et la version de l'anglais Frank Bridge vaut aussi
largement le détour (en plus, avec un nom pareil, je ne pouvais pas ignorer
ce compositeur qui a par ailleurs laissé nombre d'oeuvres orchestralles très
soignées à défaut d'être inoubliables).
- Bruckner, Symphonie numéro 4 ** : selon moi le sommet de
l'oeuvre brucknerienne. C'est, bien sûr, comme toujours avec Bruckner,
long et, euh, pas très fin, mais c'est ici compensé par un tas de bonnes
idées. Le premier mouvement et son appel de cor, repris à la fin,
paraissent presque légers, le mouvement lent est servi par une mélodie
géniale, la musique de chasse du troisième est vraiment bluffante, et le
finale est pour une fois aussi grandiose que le voulait
Bruckner.
- Bruckner, Symphonie numéro 7 * : l'autre classique de la
prodution symphonique de Bruckner. Un peu comme pour la quatrième, cette
symphonie est servie par un très beau thème dans le mouvement lent, et
un scherzo très efficace. Mais le célèbre premier mouvement me parait un
peu surfait, et le finale ne conclut pas l'oeuvre aussi brillament que
dans la quatrième. Reste une belle grande symphonie qui mérite sa place
de classique du répertoire.
- Casella, Symphonie n°2 * : en plus d'avoir été un disciple de
Gustav Mahler (ce qui suffit évidemment pour moi à lui attirer ma profonde
sympathie), Alfredo Casella a été l'un des rares compositeurs italiens à
tenter de s'imposer dans le genre symphonique au début du 20ème siècle. Les
réminiscences de Mahler sont parfois envahissantes, mais ses influences dans
cette Deuxième sont beaucoup plus larges, et il réussit surtout à les assimiler
à un propos fort et convaincant, au moins dans les trois premiers mouvements
(le scherzo, avec son curieux thème secondaire rimskien, est particulièrement
énorme !), la marche finale manquant un peu de tenue pour justifier la longueur
du mouvement. Mais c'est globalement vraiment de la bonne musique
post-romantique.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 4 * : la quatrième de
Chostakovitch n'est sûrement pas sa symphonie la plus facile à juger. On a
affaire ici à un compositeur encore jeune, plain d'idées plus ou moins
géniales, et surtout très enclin à l'expérimentation à une époque où il ne
s'est pas encore fait épingler par le régime communiste. En résulte une
oeuvre surprenante, énorme fourre-tout (l'orchestre est démesuré) qu'on
peut difficilement encenser globalement, mais qui emporte l'adhésion par
son caractère novateur et par moments réellement inspiré.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 7 * : quelques années plus
tard, c'est le Chostakovitch de la maturité qu'on retrouve, avec la
première de ses grandes symphonies de guerre. Célèbre pour son
ahurissant premier mouvement (un thème banal repris à l'identique
pendant un bon quart d'heure), elle mérite également qu'on s'attarde sur
le reste qui, s'il n'est pas d'une originalité foudroyante, est comme
souvent chez Chostakovitch d'une étonnante efficacité.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 8 ** : sûrement l'une des
oeuvres les plus poignantes de l'histoire de la musique. On sent
vraiment qu'elle a été écrite au beau milieu de la guerre : le
monumental premier mouvement prend réellement aux tripes, et le
troisième mouvement est certainement la plus grande réussite de
Chostakovitch parmi ses tentatives de mêler l'émotion et l'ironie
grinçante. Le reste est moins fort, mais l'ensemble constitue
indiscutablement une oeuvre inoubliable.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 9 ** : complètement à
contrepied de la symphonie précédente, Chostakovitch écrit au sortir de
la guerre une oeuvre joyeuse et légère qui prouve à ceux qui en
douteraient encore qu'il n'est pas seulement habile dans le maniement
des masses orchestrales. C'est frais, ça sautille, ça grince un peu
parfois, ça surprend, et c'est tout aussi bon que les deux monuments qui
l'entourent dans la production symphonique de Chostakovitch.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 10 *** : parmi les grandes
symphonies, c'est sûrement celle dont la construction et la perfection
formelle impressionnenent le plus. Le premier mouvement de près d'une
demi-heure est un miracle d'équilibre, le deuxième est un sommet de
violence absolument jouissif, et l'utilisation du motif DSCH dans le
troisième est sûrement la meilleure qu'on puisse trouver dans les oeuvres
tardives de Chostakovitch. Au final, peut-être la plus indiscutable de ses
symphonies.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 11 *** : même si l'effectif
instrumental reste imposant, on n'est plus dans le domaine des oeuvres
monumentales. En illustrant un épisode tragique de l'histoire russe,
Chostakovitch cherche à provoquer l'émotion chez l'auditeur avec un
minimum de moyens. Et c'est une réussite totale. Du simple mais beau thème
russe utilisé dans l'introduction à la violence du dernier mouvement en
passant par l'extraordinaire mouvement lent (le meilleur de Chostakovitch
à mon goût), tout est génial dans cette onzième qui constitue selon moi un
des sommets de la musique du vingtième siècle.
- Chostakovitch, Symphonie numéro 15 * : après des
expérimentations plus ou moins réussies dans le domaine de la voix,
Chostakovitch revient à une oeuvre purement instrumentale pour sa
dernière symphonie. Bien lui en a pris. Il est étonnant de constater à
quel point cette symphonie semble avoir été écrite pour servir de point
final à l'histoire de la symphonie. Des citations ironiques du premier
mouvement à la superbe coda du dernier mouvement, elle constitue un bel
adieu de la part du dernier grand compositeur symphonique classique.
- Connesson, Lucifer * : en plus de s'appeler Guillaume (ce qui
ne peut évidemment qu'augurer de bonnes choses), ce jeune compositeur
français propose une des musiques actuelles les plus jubilatoires qui soit.
Oui, ok, ce n'est pas toujours très subtil ou profond, mais c'est tellement
entrainant, coloré, qu'en ce qui me concerne je me laisse prendre sans
aucun remords. La preuve que la musique tonale a encore de beaux jours
devant elle.
- Debussy, La Mer ** : je ne suis pas en règle générale un
très grand fan de Debussy (l'oeuvre pour piano notamment me laisse pas
mal de marbre), mais La Mer est une exception assez nette à cette règle.
Pour une fois, l'orchestration toujours fascinante de Debussy est au
service de mélodies superbes ; en résulte une impression (le mot n'est
pas pris au hasard, on fait souvent des comparaisons abusives entre la
musique de Debussy et certains courants picturaux, mais s'il est bien
une oeuvre que je trouve impressioniste, c'est celle-là) unique, et
l'évocation maritime se fait tout naturellement chez l'auditeur. Une des
oeuvres incontournables pour comprendre l'évolution de la musique
symphonique au début du vingtième siècle.
- Dohnanyi, Suite en fa dièse mineur op.19 * : grand artisan du
renouveau de la musique hongroise au début du 20ème siècle, Dohnanyi a
sûrement composé de la musique trop purement romantique (de fait, si vous
aimez Brahms, vous pouvez écouter sa musique de chambre, c'est totalement
dans le même style) pour rester à la posterité, eclipsé par ses contemporains
et plus modernes Kodaly et surtout Bartok. Pourtant, c'était un orchestrateur
particulièrement brillant, et cette suite (au titre peu engageant !) est une
petite merveille d'inspiration mélodique et de brio orchestral.
- Dutilleux, Symmphonie n°1 * : je n'ai pas une énorme appétance
pour la musique de Dutilleux, souvent présenté comme le grand continuateur
de la tradition française dans la deuxième moitié du 20ème siècle. Parmi ses
oeuvres (peu nombreuses par ailleurs), je préfère nettement les premières,
encore largement tonales et dans lesquelles, comme dans cette très belle
symphonie, son indéniable talent de créateur d'atmosphères me semble doublé
d'un vrai sens du discours (que je perds souvent dans les oeuvres plus
tardives).
- Dvorak, Symphonie numéro 4 ** : l'immense célébrité de sa
dernière symphonie a tendance à laisser dans l'ombre le reste de l'oeuvre
symphonique de Dvorak, qui est pourtant d'une qualité d'ensemble remarquable.
Parmi les symphonies "de jeunesse", où le métier de Dvorak est certes moins
évident que dans ses dernières tentatives dans le genre, se trouvent déjà
de belles réussites, notamment cette quatrième (en mineur !) exaltante :
un premier mouvement prenant aux réminiscences lisztiennes, comme presque
toujours avec Dvorak un scherzo remarquable, et (un peu comme toujours aussi)
un final un peu trop clinquant mais irrésistible.
- Dvorak, Symphonie numéro 5 * : après la violence de la quatrième,
c'est une autre facette de Dvorak, avec cette symphonie beaucoup plus
bucolique, notamment dans son premier mouvement. Pour une fois, c'est vers le
mouvement lent, un très bel andante, plus que vers le scherzo que va ma
préférence. Le final est à nouveau très enlevé, mais sans franchir la
frontière du mauvais gout. Un mot en passant sur l'excellent scherzo de
la sixième symphonie, largement au niveau des très belles oeuvres qui
l'entourent, mais les autres mouvements sont en retrait.
- Dvorak, Symphonie numéro 7 * : tout le talent de Dvorak
symphoniste est résumé dans les premières secondes de cette septième
symphonie, la première des trois symphonies "de maturité" qui couronnent
son cycle. En quelques notes d'un thème superbe, on est plongés dans une
ambiance extraordinaire. Toute la symphonie n'est peut-être pas aussi
inoubliable, mais les deux mouvements extrêmes sont tout de même de très
belles réussites.
- Dvorak, Symphonie numéro 8 ** : beaucoup moins connue que
la neuvième, la huitième symphonie de Dvorak est pourtant tout aussi
époustouflante, mais peut-être encore plus caricaturale du style
symphonique de son auteur. C'est pas fin du tout, voire même carrément
pompier dans le dernier mouvement, mais les mélodies sont tellement
géniales et le tout tellement entraînant qu'à la fin, on en redemande.
Enfin, du moins quand on est un sale romantique comme moi ;-).
- Dvorak, Symphonie numéro 9 « Du Nouveau monde » *** :
l'oeuvre qui m'a donné goût à la musique classique il y a quelques
années (eh non, je ne suis pas du tout tombé dans la marmite quand
j'étais petit). Je continue à l'écouter très régulièrement depuis
tellement elle est inusable. Si le célebrissime dernier mouvement finit
par paraître un peu exagéré à la longue, le premier garde intact son
pouvoir d'évocation (bon, on ne pense pas forcément aux chants indiens
qui sont censés avoir inspiré Dvorak, mais peu importe) et de
fascination.
- Dvorak, Sérénade pour cordes *** : j'ai eu la chance d'avoir
cette sérénade sur la même cassette que la Symphonie du Nouveau Monde
quand j'ai commencé à écouter du classique. Du coup, je l'ai écoutée
très souvent, mais elle le mérite indiscutablement. Encore une fois,
c'est par son inspiration mélodique que Dvorak provoque l'enthousiasme :
cinq mouvements tous plus beaux les uns que les autres, un équilibre
parfait. Certainement une de mes oeuvres clasiques préférées.
- Dvorak, Suite tchèque * : encore du Dvorak symphonique. En
fait, j'aurais pu mettre n'importe laquelle des oeuvres symphoniques de
Dvorak que j'ai en CD, c'est toujours bon ! Bon, j'ai mis celle-ci parce
que le furiant final est vraiment excellent, mais tout le reste est bien
aussi, je ne peux que conseiller à ceux qui aiment les oeuvres célèbres
de Dvorak de fouiller parmi ses nombreux poèmes symphoniques et autres
ouvertures, des tas de bonnes surprises en perspective.
- Dvorak, Danses slaves ** : la comparaison avec les danses
hongroises de Brahms est assez inévitable. En fait, les deux séries
d'oeuvres sont assez différentes, les danses de Dvorak étant plus longues
et construites que celles de Brahms. Quelques perles parmi celles-ci, come
la dernière de l'opus 46 ; j'avoue d'ailleurs que je préfère globalement
les danses de l'op.46 à celles de l'op.72, contrairement à pas mal de
gens. Mais de toute façon, je le répète encore une fois : tout est bon
dans le Dvorak.
- Dvorak, Poèmes symphoniques * : et d'ailleurs, puisque tout
est bon chez lui, je me permets une petite entorse au règlement implicite
de cette sélection en citant d'un seul coup tous les poèmes symphoniques de
Dvorak, qui sont au pire mélodiquement charmants, au mieux d'une tension et
d'une maitrise fascinante (l'Ondin et le Pigeon des bois notamment). Avec
une durée qui frise parfois la demi-heure, ce sont loin d'être de simples
oeuvrettes mineures, une exploration indispensable pour qui goûte à
l'inimitable charme de la musique de Dvorak.
- De Falla, l'Amour sorcier *** : peu d'oeuvres immortelles
nous sont arrivées d'Espagne ces derniers siècles, mais s'il est une
oeuvre à laquelle je trouve un caractère typiquement espagnol et
terriblement envoutant, c'est cet Amour sorcier. Orchestration géniale,
partie chantée constamment prenante et surprenante et une ambiance
extraordinaire.
- Elgar, Variations Enigma * : voilà une oeuvre qui partait pour
moi avec un double handicap, puisque je n'aime guère en général le principe
des variations, ni la musique orchestrale d'Elgar ! Mais le thème majestueux
et le caractère vraiment contrasté des variations emporte ici aisément le
morceau, une des oeuvres incontournables de la musique anglaise au 20ème
siècle.
- Eshpai, Symphonie n°2 * : bon, ça, j'avoue, c'est un choix très
personnel, mais pour qui aime la bonne grosse symphonie soviétique (il s'en
est composé par centaines, on a l'embarras du choix), pas toujours subtile (on
est parfois à une frontière douteuse avec de la musique de film un peu kitch)
mais diablement efficace, cette Deuxième d'Andreï Eshpai vaut vraiment le
détour, c'est tout simplement assez jouissif.
- Ginastera, Estancia * : plus grand compositeur argentin du 20ème
siècle, Alberto Ginastera a écrit dans tous les genres une musique souvent
très rythmée et colorée fréquemment inspirée par les danses traditionnelles de
son pays. On trouve ainsi dans son ballet Estancia une couleur locale
qui ne fait toutefois jamais kitsch (contrairement par exemple aux ballets
"américains" d'un Copland), et surtout une frénésie orchestrale réjouissante.
- Grieg, Peer Gynt ** : bon, d'accord, c'est de la musique un
peu facile, mais ça n'empêche pas que ce soit très efficace. Qui n'a pas
envie de chantonner la mélodie de l'aurore, de taper sur tout ce qui
bouge au son du Roi de la montagne, ou de tester sa voix de tête sur la
chanson de Solveig ? Hum, oui, bon, d'accord, sur ce dernier point, tout
le monde n'est peut-être pas aussi maso que moi, mais bref, voilà un
classique accessible et pas prise de tête.
- Grieg, Danses symphoniques op.64 * : pour rester dans le Grieg
(un compositeur que j'aime beaucoup), ces danses très mélodiques et encore une
fois un peu faciles, mais qui dépassent le cadre de la simple danse folklorique
sans intérêt, et méritent une place aux côtés d'oeuvres plus célèbres de la
même période (danses hongroises de Brahms notamment, qui sont d'ailleurs
légèrement postérieures). Et si on aime le Grieg symphonique, sa symphonie en
sol mineur (la seule) mérite aussi d'être entendue, curieux mélange de
post-schumannisme assez standard et d'envolées lyriques typiques de Grieg, il
y a de très beaux moments.
- Hanson, Symphonie n°2 'Romantique' : parmi les nombreux
symphonistes américains du 20ème siècle, le plus intéressant me semble
d'assez loin être Howard Hanson, qui crée un des nombreux ponts entre la
symphonie occidentale traditionnelle (il se réclame de Sibelius, et le
sous-titre de cette oeuvre n'est pas usurpé !), et une autre tradition
symphonique plus récente, celle de la musique de films hollywoodienne. Et je
ne dis pas ça uniquement parce que cette symphonie a été pompée pour servir
de toile de fond au générique de fin du premier Alien, mais aussi parce qu'on
entend clairement son influence sur un John Williams.
- Haydn, Symphonie n°82 L'Ours * : depuis ma première mouture de
cette liste, j'ai pris le temps d'explorer un peu en profondeur la jungle
de la production symphonique du père Haydn. Il faut bien dire que ça fait un
peu peur : plus de 100 symphonies, et une progression pas du tout linéaire au
niveau du style ou de la qualité (contrairement à un Mozart où on peut
facilement oublier en première approximation au moins la première moitié de
la production). Il y a plein de choses étonnantes notamment dans la période
Sturm und Drang, mais mon avis global sur Haydn n'a guère évolué : très
intéressant, toujours très bien ficelé, difficile d'en dire beaucoup de
mal, et pourtant je n'accroche que rarement entièrement à son style. Du coup
j'ai mis de côté plein d'oeuvres où je n'ai été enthousiasmé que par un passage
mais pas par la symphonie dans son intégralité (le premier mouvement de la 22
'Le Philosophe', le début de la 26 'Lamentations', une bonne partie de la 45
'Les Adieux') pour me concentrer sur les derniers cycles qui sont quand même
globalement très réussis. Parmi les symphonies dites parisiennes, la première
est un petit coup de coeur, énergique et animée de bout en bout.
- Haydn, Symphonie n°104 Londres * : je saute ensuite directement
au deuxième grand cycle, celui des douze symphonies londoniennes, en glissant
quand même un mot en passant sur l'attachante quoique très classique symphonie
n°88. Dans les douze dernières symphonies, qui annoncent clairement le jeune
Beethoven par leur caractère majestueux, la qualité est homogène malgré un
certain systématisme (les introductions lentes des premiers mouvements), et
plusieurs opus sont proches de décrocher la timbale (la 94 'La Surprise', la
95 en do mineur, ou la 103 'Roulement de timbales' notamment), mais je réserve
mon plus grand enthousiame pour la toute dernière, dont le finale décapant me
fait enfin bondir de mon siège en m'écriant "Mais oui, Haydn a du génie". Bon,
quelque part, il était temps...
- Hindemith, Konzertstück pour cordes et cuivres ** : un petit
coup de coeur très personnel avec cette oeuvre d'Hindemith, compositeur
toujours intéressant même si ses oeuvres ont souvent un goût d'inabouti.
Ici, l'association étonnante des cordes et des cuivres est parfaitement
maitrisée, un timbre unique pour une oeuvre fascinante. Une bonne façon
peut-être d'aborder ce compositeur (trop) peu reconnu.
- Holst, Les Planètes *** : popopopom, pom, pom-pom-pom. Un
simple ostinato rythmique, et Holst allait influencer la musique
Hollywodienne, John Williams et Star Wars en tête, pour des décennies.
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait, foncez écouter l'original
(le morceau Mars mérite certainement la première place au Panthéon des
idées simples mais efficaces), et profitez-en pour jeter un coup
d'oreille aux autres planètes aussi, ça en vaut vraiment la peine.
- Holst, Beni Mora ** : et pour ne pas résumer Holst aux
Planètes, une de ses nombreuses (mais nettement moins connues)
oeuvres inspirées par l'orient (au sens très large). Cette assez courte suite
symphonique est dominée par un dernier mouvement où une même mélodie
lancinante est répétée plusieurs dizaines de fois. Un moment musical
entêtant à découvrir absolument.
- Honegger, Symphonie n°3 'Liturgique' * : bien que membre du groupe
des Six, le Suisse Arthur Honegger est plutôt spécialisé dans la musique
sombre et rythmée, plus proche du motorime de la troisième symphonie de
Roussel (évoquée plus bas dans cette liste) que de la plupart des oeuvres de
Poulenc ou Milhaud. C'est surtout l'un des grands symphonistes un peu oubliés
du 20ème, et même quand il sous-titre une symphonie (et ses mouvements) avec
des références religieuses, il ne faut pas s'attendre à une oeuvre béatement
contemplative, ça bouge, c'est inspiré, c'est beau, tout simplement.
- Ives, Symphonie numéro 1* : une oeuvre certainement beaucoup
moins connue que d'autres dans cette liste mais qui mérite le
détour pour qui aime les symphonies romantiques, puisqu'il s'agit d'un
hommage manifeste d'un Ives encore jeune et académique aux grands
maîtres européens. Absolument rien d'original, mais c'est parfaitement
maîtrisé.
- Janacek, Sinfonietta *** : une de mes oeuvres symphoniques
préférées bien que ce soit une découverte tardive. Ce n'est peut-être pas
l'oeuvre la plus représentative de Janacek, qui utilise ici des mélodies
populaires au sein d'une facture plutôt classique, mais quel génie de
l'orchestration et de l'enrobage de mélodies par ailleurs fort belles ! On
dirait du Dvorak, mais encore magnifié par une utilisation plus moderne
et inspirée de l'orchestre romantique.
- Kalliwoda, Symphonie n°5 * : qu'est-ce que c'est que ce
compositeur dont le nom vaut quelques points au Scrabble ? Un des nombreux
grands oubliés du 19ème siècle, qui a pourtant écrit de belles choses. Bon,
tout n'est pas génial, mais le début du dernier mouvement de cette cinquième
symphonie est absolument énorme !
- Kancheli, Symphonie n°5 * : le géorgien Giya Kancheli est, à mon
humble avis, l'un des plus grands symphonistes récents. Il a mis au point au
fil des sept symphonies qu'il a écrites (avant d'abandonner volontairement le
genre en pleine maturité créatrice) un style très personnel et éclatant,
constitué de longues plages statiques (quasiment toutes ses symphonies sont
en un seul mouvement majoritairement lent) parsemé d'explosions de violences
paryiculièrement brutales (le mezzo forte n'existe pas chez Kancheli).
L'originalité de cette cinquième tient dans l'emploi d'un clavecin pour amener
les bribes mélodiques qui sont plus ou moins développées dans la symphonie
(pas de développement à proprement parler, mais des successions de temps
forts et faibles particulièrement constrastés).
- Kancheli, Symphonie n°6 ** : vous n'avez pas aimé la cinquième de
Kancheli ? Vous détesterez probablement la sixième, construite sur le même
modèle, mais qui pousse les procédés jusqu'à la limite, c'est parfois
objectivement un peu "too much", mais moi j'adore ! Pous les amateurs, oubliez
la dernière symphonie de Kancheli qui est en net recul par rapport aux deux
précédentes, préférez-lui l'intéressante troisième (avec intervention de voix
sans paroles), voire la toute première, dont l'allegro initial (seul mouvement
rapide du corpus) est d'un post-chostakovisme violent mais très convainquant.
- Lalo, Namouna *** : Lalo n'est déjà pas le plus connu des
compositeurs romantiques, mais son unique ballet n'est même pas la plus
connue de ses oeuvres. Et pourtant, c'est un chef-d'oeuvre absolu qui
mériterait sa place auprès des plus grands classiques du genre. Mélodies
inspirées, superbe orchestration, qui a dit qu'il n'y avait pas de grand
compositeur romantique français après Berlioz ?
- Langgaard, Symphonie n°1 * : fascinante personnalité que celle
de Rued Langgaard, compositeur danois négligé de son vivant, qui s'isola
peu à peu pour composer au fin fond de nulle part pas moins de 16 symphonies
dont une bonne partie n'en sont pas (un concerto pour piano et une oeuvrette de
six minutes font partie de la liste !) dans un langage extrêmement rétrograde
eu égard à l'époque de composition (seule la sixième, d'ailleurs à découvrir,
fait preuve d'une certaine audace). Mais pourtant, dès cette première écrite à
16 ans, quel élan formidable, c'est de la copie de Brahms, mais de la copie
d'excellente facture !
- Langgaard, Musique des sphères * : l'item juste au dessus vous a
convaincu que Langgaard n'était qu'un compositeur romantique attardé égaré au
20ème siècle ? Et pourtant, au beau milieu de ses symphonies et autres quatuors
traine un ovni musical fascinant, qui pour le coup regarde quelques décennies
en avant, cette musique "des sphères" qui convoque des procédés modernes (cordes
divisées à l'extrême, timbales omniprésentes) pour illustrer le mysticisme
franchement abscons de son auteur (il faut lire les titres des différentes
parties, c'est, euh, surprenant). Le tout avec un sens de l'atmosphère et de
la mélodie qui font là aussi mouche, vraiment une oeuvre hors norme !
- Liszt, Prométhée * : les poèmes symphoniques de Liszt font
partie de mes premiers bonheurs musicaus, et j'aurais presque envie de
tous les citer ici, car ils sont assez difficiles à départager. C'est
l'énergie brutale du début de Prométhée qui lui vaut une place aussi,
mais j'ai hésité avec la superbe mélodie des violons dans Orphée :-).
- Liszt, Mazeppa * : pour celui-ci, moins d'hésitation, car la
prouesse technique de restituer une interminable chevauchée tout en
produisant un morceau musicalement intéressant force l'admiration.
- Liszt, La Bataille des Huns ** : peut-être mon poème
symphonique préféré de Liszt (c'est pas pour rien que je lui mets deux
étoiles). La mélodie du début est vraiment géniale, c'est pas compliqué,
on s'y croit... Bon, forcément, en comparaison, le passage avec l'espèce
de chant religieux est, euh, moins passionnant, mais l'ensemble reste un
grand moment.
- Liszt, Du Berceau jusqu'à la tombe ** : celui-là, j'ai
presque envie de le classer à part parce que je le trouve vraiment
différent des autres. Différent, mais sûrement pas inférieur ! La
structure en trois parties est intéressante (à défaut de refléter de
façon convaincante le titre...) et la partie centrale est mon passage
préféré de toute l'oeuvre symphonique de Liszt.
- Madetoja, Symphonie n°2 * : dans l'ombre particulièrement
écrasante de Sibelius, la Finlande a produit quantité de compositeurs
loin d'être négligeables, comme en témoigne par exemple cette très belle
symphonie romantique de Leevi Madetoja. Les amateurs pourront aller
fouiner aussi dans le corpus d'Erkki Melartin, compositeur de six
sympatiques symphonies.
- Mahler, Symphonie numéro 1 ** : ah, venons-en à Mahler !
Bon, je vais être totalement partial et démesurément enthousiaste, mais
pour ceux qui ne l'auraient pas compris, Mahler est mon compositeur
préféré, et j'ai déjà eu du mal à ne pas mettre toutes ses symphonies
dans cette liste (le deuxième mouvement de la quatrième et le début de
la huitième méritaient aussi citation). Pour ce qui est de cette
première, c'est l'oeuvre étonnament maîtrisée et déjà mahlérienne d'un
compositeur dont on a du mal à croire que ce soit sa première grande
oeuvre symphonique. L'espèce de pastorale initiale, à des années-lumière
de celle de Beethoven, est tout aussi convaincante, et si le deuxième
mouvement n'a pas encore la puissance des scherzos suivants de Mahler,
les variations en mineure sur Frère Jacques dans le mouvement sont à
tomber par terre, et le finale éblouissant de violence. Déjà un
sommet...
- Mahler, Symphonie numéro 2 *** : selon les années, ma
symphonie préférée de Mahler est la cinquième, la septième, la neuvième
ou cette deuxième. Mahler se défait pour la première fois de la
structure classique pour produire une oeuvre énorme, et grand bien lui
en a pris. Le premier mouvement est tout simplement monumental (j'ai
passé des mois entiers à l'écouter presque tous les soirs) et Mahler
réussit quand même par la suite à conserver l'intérêt de l'auditeur
pendant une heure. Même le passage chanté est génial, c'est dire :-).
- Mahler, Symphonie numéro 3 ** : une sorte de cousine de la
deuxième, par sa longueur et son découpage en mouvements original.
Également une grande réussite, même si je la place légèrement en-dessous
de la précédente. Autant le premier mouvement, de près d'une demi-heure,
est une nouvelle fois très impressionnant, autant la symphonie peine un
peu à maintenir la tension sur tout sa durée (même si par exemple le
troisième mouvement est aussi excellent).
- Mahler, Symphonie numéro 5 *** : la plus connue des
symphonies de Mahler (merci Visconti), jugement qui ne me semble pas
absurde, mais il est dommage que le mouvement lent, qui est certes très
beau (même si finalement pas très mahlérien) ait éclipsé le reste de
l'oeuvre. Mahler est revenu à des mouvements de durée plus humaine, mais
celà n'empêche pas la marche funèbre initiale de mériter le qualificatif
de monumentale. Tout le reste est à hauteur (la construction fantasque
mais millimétrée du troisième mouvement notamment), dans ce qui est
peut-être la symphonie la plus cohérente de son auteur.
- Mahler, Symphonie numéro 6 ** : le retour à la forme
traditionnelle en quatre mouvements ne s'accompagne pas chez Mahler
d'une perte de régime ! Même si la forme est plus classique, c'est à une
oeuvre typiquement mahlérienne que nous avons affaire, avec un premier
mouvement impeccable, un superbe mouvement lent, et un finale certes un
peu excessif, mais pour le moins marquant !
- Mahler, Symphonie numéro 7 *** : avec la septième, Mahler
écrit sûrement son oeuvre la plus personnelle, et à mon goût son plus
grand chef-d'oeuvre. Pour une fois, je ne vais pas encenser le premier
mouvement (qui est pourtant fabuleux !), mais plutôt insister sur le
deuxième, peut-être le plus beau mélodiquement de tout le cycle
symphonique de Mahler, et sur le troisième, sorte de valse fantôme qui
ne ressemble à rien mais que je trouve personnellement géniale. Ah, et
puis le thème aux percussions au début du dernier mouvement aussi...
- Mahler, Symphonie numéro 9 *** : une atmosphère sensiblement
différente pour cette dernière symphonie. Si les deux mouvements centraux
sont typiques du goût pour le grotesque de Mahler, et l'adagio dans la
continuité de ses mouvements lents précédents, l'andante initial est un
ovni complet, une demi-heure sans réel thème identifiable (même s'il y a
beaucoup de cellules mélodiques) mais une atmosphère bouleversante.
Peut-être une préfiguration de ce qu'aurait pu devenir la musique
contemporaine si Mahler avait vécu plus vieux. Quel dommage ;-).
- Mahler-Cooke, Symphonie numéro 10 * : avec cette dixième de
Mahler se pose un problème inédit dans cette liste, celui d'une oeuvre qu'on
ne peut pas rattacher uniquement à un compositeur, puisque cette symphonie
largement inachevée a été fortement complétée par le musicologue Deryck
Cooke (et par d'autres aussi, mais c'est la version la plus fréquemment jouée).
Difficile dans ces conditions de savoir exactement ce qu'on juge, mais la
symphonie, sans atteindre les sommets des autres chefs-d'oeuvres mahlériens
dans ce domaine, possède malgré tout une forte identité mahlerienne (et pas
seulement dans l'adagio introductif, seul mouvement réellement de la main du
maitre) et de très beaux moments.
- Mendelssohn, Symphonie numéro 1 * : peut-être la moins connue
des cinq symphonies de Mendelssohn (si on oublie les oeuvres de jeunesse
pour orchestre à cordes), c'est pourtant une oeuvre d'une fraicheur et d'un
entrain irrésistibles, absolument fascinante pour un compositeur âgé d'une
quinzaine d'années !
- Mendelssohn, Symphonie numéro 3 Ecossaise * : je ne suis pas
globalement fan des symphonies de Mendelssohn, où il a tendance à trop
chercher les effets faciles (la symphonie italienne est sympathique à
écouter une fois, mais très lassante à la longue), mais celle-ci est
sûrement celle où il s'est le plus retenu, laissant place à une
inspiration mélodique très sûre, et un romantisme peut-être plus appuyé
que dans ses autres oeuvres.
- Mendelssohn, Songe d'une nuit d'été ** : l'ouverture écrite
à dix-huit ans est réellement fascinante, une sorte de concentré de ce
que Mendelssohn savait faire de mieux alors qu'il s'agit d'une de ses
premières oeuvres d'importance. Le reste est moins impressionnant mais
reste d'une très bonne tenue (oui, bon, d'accord, on a trop entendu la
marche nuptiale).
- Messiaen, Turangalila-Symphonie * : je suis un très mauvais
connaisseur de la musique de Messiaen, mais cette symphonie fait partie
des incontournables de la musique du vingtième siècle. Et de fait, si sa
longueur est peut-être exagérée (ça se répète beaucoup), je reste assez
sensible à sa grande énergie.
- Miaskovsky, Symphonie n°3 * : pour ceux qui aiment la musique
symphonie, l'exploration du répertoire russe puis soviétique est une source
d'émerveillement presque constant. Immense, Miaskovsky, sorte de chaînon
manquant entre Tchaikovsky et Chostakovitch, ne l'est pas seulement par
l'imposante quantité de son corpus (27 symphonies rarement courtes) mais
aussi par la qualité de bien de ces oeuvres. J'aurais pu citer la 15ème pour
la qualité de ses mélodies, la 21ème pour l'intensité de sa structure en un
mouvement ou la 7ème pour son atmosphère surprenante, mais ma préférée reste
la troisième, en deux mouvements marquants, dont un Deciso qui vous en
met vraiment plein la tronche !
- Moussorgsky, Tableaux d'une exposition ** : Moussorgsky,
c'est bien. Ces Tableaux en sont un très bon exemple, même si la forme
fractionnée fait qu'on aurait envie de s'attarder un peu plus sur certains
passages (les premiers notamment) que sur d'autres. Mention spéciale à
l'orchestration géniale de Ravel.
- Mozart, Symphonie numéro 25 ** : une symphonie qui n'était
peut-être pas destinée à devenir un "tube" mozartien, mais qui s'est
retrouvée sur le devant de la scène suite au succès d'Amadeus. Et elle le
mérite bien ! Le thème du premier mouvement est vraiment bon, et de toute
façon, les oeuvres en mineur, c'est toujours mieux :-).
- Mozart, Symphonie numéro 35 Haffner * : cette symphonie marque
le début de la dernière période de Mozart dans ce genre dans lequel il a en
fait laissé relativement peu d'oeuvres impérissables. Joyeuse, maitrisée,
ce n'est pas la plus inoubliable du lot, mais c'est tout de même de
l'excellent Mozart !
- Mozart, Symphonie numéro 38 Prague * : contemporaine de Don
Giovanni, cette ample symphonie en trois mouvements ne possède pas
l'intensité de la quarantième ou même l'exubérance de la Haffner, mais
c'est du Mozart impeccablement mis en place, inspiré de bout en bout,
presque la routine pour les oeuvres de ses dernières années, mais ça reste
de la très très bonne musique.
- Mozart, Symphonie numéro 40 *** : ben oui, il faut bien la
citer, même si elle se passe presque de commentaires. Pour le
célebrissime premier mouvement bien sûr, mais aussi pour le dernier,
plus atypique et tout aussi génial. Ah, et pour ceux qui
s'inquiéteraient du faible nombre de symphonies de Mozart présentes ici,
ben je préfère globalement ses concertos pour piano. Par exemple,
l'oubli de la Jupiter n'en est pas un, elle est à mon avis très loin
derrière cette quarantième.
- Mozart, Sérénade « Une Petite musique de nuit » *** : de
plus en plus connu, mais ce n'est pas pour autant que c'est moins bon !
On a beau l'avoir entendu mille fois, on est toujours frappé par
l'incroyable efficacité de cette musique simple comme bonjour. Comme je
l'ai lu je ne sais plus où, la Petite musique de nuit est géniale de
façon évidente. Tout simplement.
- Mozart, Sérénade « Gran partita » ** : c'est à la limite de
la musique orchestrale, mais je ne considère pas vraiment ça comme de la
musique de chambre. Se détachant très nettement du lot des autres
sérénades (Petite Musique de Nuit exceptée...), cette oeuvre montre la
capacité de Mozart à tirer des effets extraordinaires d'une formation
inhabituelle (treize instruments à vent), le tout servi comme d'habitude
par d'excellentes mélodies.
- Nielsen : Symphonie n°1 * : Carl Nielsen, probablement le plus
grand compositeur danois de l'histoire, mérite nettement mieux que le relatif
oubli dans lequel il est tombé, notamment pour son cycle de six symphonies
qui constituent l'un des corpus majeurs du genre dans la première moitié du
20ème siècle. Je garde une affection particulière pour cette première, encore
dans la mouvance de Brahms mais qui porte la signature inimitable de Nielsen
dans ses fins de phrase inattendues, ses ruptures et transitions à la limite
de l'étrange qui donnent tout son sel à cette musique. Mais la plus célèbre
quatrième (dont l'ahurissant duel de timbales du final ne me convainc pas tant
que ça, mais le reste de l'oeuvres est à écouter) ou la cinquième plus proche
du côté Chosta de la force sont aussi des oeuvres majeures.
- Nielsen : Aladdin ** : à côté des ses oeuvres plus sérieuses, un
incontournable absolu chez Nielsen est pour moi la suite tiré de sa musique
de scène pour Aladdin, une suite de vignettes colorées absolument géniales,
des danses plus ou moins folkloriques au beaucoup plus expérimental marché
d'Ispahan avec ses quatre orchestres qui se superposent.
- Pärt, Symphonie numéro 3 ** : parmi mes découvertes récentes
se trouve l'oeuvre de ce compositeur estonien contemporain, qui a un peu
touché à tout, et a notamment fait de la musique très audible à une
période de sa vie. Cette symphonie est tout ce qu'il y a de plus tonale,
et m'a impressionné par son côté planant, mystique, et son orchestration
très fine.
- Penderecki, Symphonie n°3 * : un certain nombre de compositeurs
du 20ème siècle ont fait leurs armes avec quelques oeuvres "traditionnelles"
avant d'aborder des techniques plus avant-gardistes. Pour Penderecki, c'est
exactement le contraire ! Une première période à la pointe du modernisme
(il faut avoir entendu une fois dans sa vie les stridences du Thrène à
la mémoire des victimes d'Hiroshima), avant de revenir à la composition
de symphonies et concertos dans un style néo-romantique tout ce qu'il y a de
plus tonal. Surtout, le compositeur n'a rien perdu de sa capacité à créer des
atmosphères fortes et prenantes, cette troisième notamment est vraiment un
modèle d'efficacité.
- Pettersson, Symphonie n°8 * : l'un des premiers noms de musique
"contemporaine" (mort en 1980) est celui d'Allan Pettersson, auteur de 16
symphonies monolithiques (souvent un seul mouvement qui dépasse parfois
l'heure) où se mêlent violence brutale et désespoir intense, ça fait envie
non ? À moi oui en tout cas, et on trouve vraiment dans ces oeuvres, et
notamment dans cette huitième, une tristesse d'une intense beauté, musique
obsédante (motifs souvent répétés jusqu'à l'épuisement, percussion très
présente) au langage moderne mais très accessible pour qui est déjà familier
des grandes symphonies du 'premier' 20ème siècle.
- Prokoviev, Symphonie numéro 5 * : en fait la seule symphonie
de Prokoviev que je connaisse avec la première (qui est certes
excellente mais c'est plus un gag qu'un chef-d'oeuvre, d'où son absence
ici). Ce n'est peut-être pas le domaine où Prokoviev est le plus
impressionnant, mais cette oeuvre particulière est tout de même très
intéressant, et procure un parfait exemple de symphonie "moderne" mais
formellement classique.
- Prokofiev, Roméo et Juliette *** : ah, un énorme
chef-d'oeuvre que celui-là ! C'est pas compliqué, pendant deux heures,
on ne s'ennuie pas une seule seconde, c'est génial tout du long.
Quelques moments inoubliables parmi d'autres : la danse des chevaliers,
bien sûr, la première apparition de Juliette, et la grandiose marche
funèbre à la mort de Tybalt.
- Prokofiev, Suite scythe * : du Prokofiev de combat cette
fois-ci. Avec toute la fougue de la jeunesse, il traumatisait ses
maitres (et nous avec quelques décennies plus tard) : grinçants,
violents, les deux premiers mouvements notamment font très forte
impression. Du coup, on s'endormirait presque à certains moments.
Prokofiev pas encore tout à fait maitre de son génie, mais déjà de la
grande musique.
- Rachmaninov, L'île des morts *** : une oeuvre peu connue de
Rachmaninov, et qui le mériterait pourtant. C'est un des meilleurs
exemples que je connaisse de poème symphonique où on ressent vraiment
l'ambiance de ce qu'a voulu décrire le compositeur. L'ambiance fantastique
morbide du tableau de Böcklin dont Rachmaninov s'est inspiré est
totalement présente, c'est à donner le frisson ... de plaisir bien sûr.
- Raff, Symphonie n°11 'L'hiver' * : on rentre dans le domaine
du méconnu avec ce compositeur romantique suisse qui a eu son heure de
gloire de son vivant, mais qui est bien oublié. Il a pourtant écrit un
petit paquet de symphonies très agréables, le point culminant étant sa
dernière et son très très beau premier mouvement, à découvrir !
- Ravel, Rhapsodie espagnole ** : je ne suis pas un grand fan
de la musique symphonique de Ravel, mais cette Rhapsodie Espagnole
est la principale exception qui confirme la règle. Rythmes prenants,
mélodies dépaysantes à souhait, on rentre vraiment facilement dans cette
ambiance soi-disant espagnole.
- Ravel, Daphnis et Chloe * : il est assez amusant que Ravel,
compositeur d'une précision maniaque, souvent cérébral, ait composé autant
d'oeuvres célèbres pouvant paraitre au premier abord du côté "léger" de la
Force musicale : opéras comiques (au sens strict du terme), danses maltraitées
dans la Valse et le célèbre Boléro. Mais à propos de danse,
ce ballet souvent considéré comme son chef-d'oeuvre orchestral comporte
suffisamment de pages magnifiques pour mériter sa place dans cette liste,
même si je ne le révère pas autant que nombre de mes confrères mélomanes.
- Rimsky-Korsakov, Schéhérazade *** : l'un des sommets absolus
de la musique fine et subtile que j'aime. C'est pas compliqué, ça pète
dans tous les sens, c'est plein de mélodies faciles (qui pour la plupart
de sont même pas de Rimsky, d'ailleurs) mais qu'on oublie pas, on se
croirait dans un film d'aventures des années cinquante. Mais
l'orchestration rutilante de Rimsky fait passer ça comme une lettre à la
poste, et à la fin, on en redemande.
- Rimsky-Korsakov, Capriccio espagnol ** : peut-être plus «
sérieux » que Schéhérazade, et c'est peut-être pour cela que je lui
préfère cette dernière. Mais ça reste un bon défouloir pour l'orchestre,
avec son inoubliable appel des cuivres au second mouvement. Quand on se
dit que la musique espagnole la plus brillante a été composée par un
Russe...
- Roussel, Symphonie n°3 * : à une époque, Albert Roussel était
souvent cité comme artisan du renouveau de la musique française, aux côtés de
rien moins que Ravel et Debussy. Epoque révolue et oubli tout de même injuste
d'une oeuvre bien de son temps, quelque part entre impressionnisme et un
motorisme à la française dont Roussel fut le plus éminent représentant. Dans
cette optique, l'écoute du premier mouvement de cette troisième symphonie est
absolument incontournable.
- Rubbra, Symphonie n°7 * : si vous n'avez jamais entendu parler
d'Edmund Rubbra, c'est hélas probablement normal, sauf si vous êtes un
expert en symphonistes anglais du 20ème siècle. Et pourtant, son corpus de
11 symphonies mériterait vraiment largement d'être exhumé tant il est homogène
dans l'excellence. Bien que composées pour la plupart après la deuxième guerre
mondiale, les symphonies de Rubbra restent très tonales et accessibles, mais
font surtout preuve d'un sens du discours, d'un élan et d'une orchestration
hors du commun. J'ai sélectionné cette septième après avoir beaucoup hésité
avec la première (plus directe et martiale peut-être), mais je le répère :
elles méritent toutes d'être entendues !
- Saint-Saëns, Symphonie numéro 3 « Avec orgue » * : un
classique de la musique française. Le titre « avec orgue » me semble un
peu fumeux dans la mesure où on entend fort peu l'instrument, mais peu
importe, on a affaire à un Saint-Saëns en pleine forme, qui nous pond un
thème de premier mouvement lorgnant fortement sur l'Inachevée de
Schubert, mais on ne lui en veut même pas, tout ça étant fort agréable à
l'oreille.
- Scelsi, Hurqualja * : même au sein de l'avant-garde musicale de
la deuxième moitié du 20ème siècle, Giacinto Scelsi occupe une place
marginale, mystique asocial ayant, indépendemment des modes, quasiment créé
à lui tout seul le domaine aujourd'hui bien représenté de la musique spectrale,
en gros basé sur une étude poussée de la décomposition du son. De fait, Scelsi,
même s'il a tendance à pas mal se répéter d'une oeuvre à l'autre, est un
créateur d'univers sonores assez fascinants, réussissant à hypnotiser à
partir de variations infimes autour d'un seul son. L'oeuvre que je vous
propose travaille aussi pas mal sur le rythme et sera donc plus accessible
que d'autres (encore plus épurées) du même auteur, une bonne porte d'entrée
dans cet univers étonnant.
- Schubert, Symphonies numéro 8 « Inachevée » *** : un mythe.
Le premier mouvement reste un des miracles les plus hallucinants de
l'oeuvre schubertienne. C'est tour à tour aérien, violent, émouvant, ça
prend aux tripes, le tout dans une remarquable continuité, sans aucune
de ces longueurs que Schubert affectionnait. Le second mouvement se
mariant parfaitement au premier, on se demande bien pourquoi Schubert
aurait cherché à donner une autre fin à ce chef-d'oeuvre.
- Schmitt, La Tragédie de Salomé * : parmi les compositeurs
français importants du 20ème siècle ayant pâti de l'ombre portée par les
géants Ravel et Debussy, Florent Schmitt, à l'oeuvre pourtant abondante et
très variée, n'est plus guère connu que pour sa version de Salomé, musique
orchestrale d'une luxuriance impressionnante (qui n'a rien à envier à celle de
son collègue Richard Strauss sur le même thème). Pour ceux qui veulent
explorer la musique de Schmitt, on peut découvrir Le Petit elfe
Ferme-l'Oeil (toujours orchestral, le thème est enfantin mais la
musique encore assez chargée) ou, en musique de chambre, un beau quintette
pour piano et cordes héritier de celui de César Franck.
- Schubert, Symphonie numéro 9 « La Grande » * : plus achevée
que la précédente et pourtant pas forcément plus aboutie. Allez, ne
soyons pas trop sévères, le premier mouvement, bien qu'un peu long, est
convaincant, et les deux suivants sont carrément géniaux (je préfère
même le mouvement lent de cette symphonie à celui de l'Inachevée). Mais
le final est plus quelconque et laisse sur une impression de léger
gâchis d'un bon matériel.
- Schumann, Symphonie numéro 4 * : j'ai un petit problème avec
les symphonies de Schumann. D'une part, je les trouve meilleures que ses
oeuvres pour piano (ben non, j'aime pas le piano de Schumann, et alors ?),
et je les écoute avec plaisir ; d'autre part, je ne les mettrais pas au
même niveau que pas mal d'autres oeuvres dans cette liste. Alors tant pis,
je me contenterai de cette quatrième qui, par son très beau mouvement lent
notamment, se détache du lot (mais j'aime bien l'énergie printanière (ha,
ha) de la première également).
- G. Schumann, Symphonie en fa mineur op.42 * : et si la meilleure
symphonie de Schumann avait en fait été composée par ... Georg Schumann ? Non,
non, il ne s'agit pas du fils caché de Robert, mais bien d'un compositeur
allemand méconnu qui a pourtant réalisé dans cette oeuvre une synthèse vraiment
très inspirée de tout ce que le romantisme allemand a produit de plus abouti
en matière de symphonie (on entend notamment une patte brahmsienne très nette
alors que la symphonie date de 1905). Incontournable pour ceux qui comme moi
sont particulièrement friands de ce style et cherchent à renouveler un peu
les oeuvres.
- Scriabine, Symphonie n°2 * : fascinante trajectoire que celle de
Scriabine, des décalques chopiniens de ses débuts à une atonalité maison
assez franchement barrée. Mais en mauvais fan du bonhomme, je ne suis que peu
séduit par ses oeuvres tardives (et radicales), leur préférant nettement cette
symphonie beaucoup plus sage, mais tout à fait équilibrée et entrainante
- Sibelius, Symphonie numéro 2 ** : on va m'accuser de facilité
avec ce choix de la deuxième symphonie pour Sibelius. Mais bon, je n'y
peux rien, à part peut-être la sixième, je ne trouve pas ses symphonies
plus tardives très convaincantes, alors que celle-ci a un élan qui vous
emporte, notamment dans le dernier mouvement, avec son thème simple mais
très bien mis en forme à mon goût. D'ailleurs, après la deuxième, mes
symphonies préférées de Sibelius sont la sixième donc, mais aussi la
première (un coup d'essai déjà proche du coup de maître), et la troisième
pour son mouvement lent inoubliable.
- Sibelius, Tapiola ** : parfois considérée comme la huitième
symphonie de Sibelius, ce poème symphonique qui marque son adieu à la
composition orchestrale distille une atmosphère extraordinaire, un voyage
inoubliable de 20 minutes dans les forêts finnoises. De toute façon, très
peu de choses à jeter dans les poèmes symphoniques de Sibelius, cf l'entrée
suivante de cette liste !
- Sibelius, Legendes de Lemminkäinen ** : vous l'aurez compris, je
préfère dans la vaste production orchestrale de Sibelius les poèmes aux
symphonies. Et parmi ceux-ci, ceux qui sont inspirés du folklore finnois
sont particulèrement réussis. J'ai cité en priorité ces légendes (qui, par
la dimension de la partition et sa structure en quatre mouvements, peut
d'ailleurs être rapprochée d'une sorte de symphonie descriptive) où tout est
absolument superbe, mais j'aurais aussi pu mettre dans cette liste En
Saga (une étoile).
- Stanford, Symphonie n°3 'Irlandaise' * : la musique anglaise de
l'époque victorienne n'a plus vraiment bonne presse de nos jours, étant au
mieux considérée comme un début de renouveau avant l'apparition d'Elgar.
Pourtant, les symphonies de Charles Villiers Stanford sont loin d'être des
oeuvres mineures, notamment cette belle troisième portée par un mouvement
lent prenant où on entend des échos (et même une citation à peu près textuelle
mais apparemment coïncidentale !) de Brahms.
- Suk, Asrael * : parmi les grands noms de la musique tchèque, Dvorak
a est certainement beaucoup plus connu que son gendre Josef Suk. Ce dernier
a pourtant composé dans ses dernières années quelques oeuvres qui méritent
largement d'être écoutées, notamment cette symphonie dramatique en cinq
mouvements (près d'une heure de musique !) qui ne fait pas franchement dans
la subtilité mais dont l'impact est indéniable, notamment dans ses
impressionnants mouvements extrêmes.
- Stephan, Musique pour orchestre (n°2) * : Rudi Stephan fait
partie de cette trop longue liste de compositeurs dont la guerre aura
empêché de profiter complètement de l'immense talent (il fût tué en 1915 à
l'âge de 28 ans). Les quelques oeuvres qui constituent son catalogue
suffisent toutefois à se faire une idée de sa maîtrise et de la force de
son inspiration, notamment cette (deuxième, il y en a une autre antérieure)
oeuvre orchestrale d'une puissance sidérante.
- R.Strauss, Don Juan ** : mon poème symphonique préféré chez
Strauss (même s'il y en a un certain nombre d'autres que j'apprécie
beaucoup). C'est vif, éclatant, avec un orchestre monstrueux (ces premières
mesures !), bref ça part un peu dans tous les sens, mais ça met de bonne
humeur. Ça devait être la fougue de la jeunesse chez Strauss...
- R.Strauss, Don Quichotte * : une forme pour le moins
surprenante (les parties concertantes du violoncelle et de l'alto, les
variations, sans compter l'étrange machine à vent) pour ce poème un peu
inégal mais qui comporte des moments grandioses (l'attaque des
moutons !) et reste d'une maîtrise impressionnante. De Strauss, j'aurais
pu aussi citer Till l'Espiègle pour sa gaieté et l'ingéniosité de
l'orchestration, ou Mort et Transfiguration, mais je les classe tout de même
légèrement en dessous des précédents.
- Stravinsky, L'Oiseau de feu *** : des trois grands ballets
de Stravinsky, le premier reste mon préféré. Orchestration fabuleuse,
comme toujours chez Stravinsky, mélodies et rythmes inventifs, et pas un
temps mort pendant trois quarts d'heure. L'introduction et tout le
dernier quart d'heure sont à mon avis ce que Stravinski a fait de
mieux.
- Stravinsky, Petrouchka * : après mon préféré, voici à mon
sens le moins bon des trois. Certes, l'orchestre de Stravinsky est
toujours aussi chatoyant, mais c'est moins novateur et on a l'impression
que l'inspiration mélodique s'est passablement essoufflée. Reste une
oeuvre très agréable à l'écoute, au savoir-faire évident.
- Stravinsky, Le Sacre du printemps ** : le plus connu, mais
je me suis toujours un peu demandé pourquoi il avait provoqué un tel
scandale. Certes, Stravinsky en remet une couche par rapport aux
précédents, notamment au niveau du rythme et de la "percussivité" de
l'orchestre, mais on est tout de même bien dans la continuité de
l'Oiseau de Feu. Pour comparer le Sacre à ce dernier, je dirais que,
s'il y a également beaucoup de moments inoubliables, notamment dans la
première partie, la tension est moins constante, d'où ma préférence pour
l'Oiseau de Feu.
- Stravinsky, Pulcinella *** : ah, un de mes petits chouchous
de cette sélection. J'avoue n'avoir aucune idée de ce à quoi ressemble
la partition originale de Pergolèse, mais après passage à la moulinette
Stravinski, c'est bluffant ! Le pari semblait intenable, et pourtant, on a
bien l'impression d'entendre la rigueur de construction de la musique
baroque combinée au meilleur de l'orchestration moderne de Stravinski,
sans que ça détone le moins du monde. J'avoue qu'après avoir entendu ça,
j'aurais été de voir ce qu'aurait donné un grand chef-doeuvre de Bach revu
et corrigé par Stravinski...
- Tchaikovsky, Symphonie numéro 1 ** : une petit tranche de
Tchaikovsky pour continuer. Il faut dire que, dans le genre musique
sirupeuse que j'apprécie particulièrement, c'est un peu une référence.
Ceci dit, cette première symphonie est rarement considéré à sa juste
valeur au sein de l'oeuvre de Tchaikovsky. Les mélodies y sont très
belles, dans une construction certes très classique, mais avec une belle
orchestration plus énergique que sirupeuse. Une oeuvre qui mériterait
d'être reclassée au rang des grandes symphonies romantiques.
- Tchaikovsky, Symphonie numéro 4 ** : on entre maintenant
dans le domaine des oeuvres de maturité de Tchaikovsy, et son obsession
pour le destin devient inévitable. Si le premier mouvement est de ce
fait assez pesant (à ne pas prendre dans un sens dépréciatif) bien
qu'indiscutablement efficace par la répétition martelée du motif initial,
la mélodie aérienne de mouvement lent et la légéreté de l'excellent
scherzo forment un parfait contrepoint (non, l'usage de ce mot n'est pas
destiné à faire écouter cette symphonie aux baroqueux), pour former une
oeuvre finalement riche et contrastée.
- Tchaikovsky, Symphonie numéro 5 * : cette cinquième est dans
la lignée de la précédente, mais je la juge inférieure, dans la mesure
où on a beaucoup moins de contrastes. Certes, l'orchestre s'en donne à
coeur joie pendant trois quarts d'heures, et l'auditeur qui aime le
style de Tchaikovsky se régale), mais on n'a pas non plus envie de
l'écouter tous les jours, elle est presque épuisante...
- Tchaikovsky, Symphonie numéro 6 « Pathétique » *** : j'ai
presque envie de dire que cette symphonie est mal connue dans la mesure
où son titre porte l'attention sur le dernier mouvement, qui est
tchaikovskien presque à l'accès, et certainement pas le plus intéressant
des quatre. Retournons plutôt écouter le premier mouvement, parfaitement
équilibré entre sa section lente et le dynamisme du thème qui suit, et
les deux mouvements centraux, où on retrouve Tchaikovsky au top de sa
forme mélodique et de son utilisation de l'orchestre. L'apothéose de
l'oeuvre de Tchaikovsky.
- Tchaikovsky, Symphonie Manfred * : Tchaikovsky, comme d'autres
avant (et surtout après) lui, a écris une symphonie de plus que celles qu'il
a officiellement numérotées. Cette oeuvre au croisement de la symphonie
classique (pour la forme) et du poème symphonique (pour l'inspiration), de
grande envergure, est incontestablement une belle réussite même si elle
n'atteint pas la force des meilleures "vraies" symphonies de Tchaikovski.
- Tchaikovsky, Ouverture-Fantaisie Roméo et Juliette *** : une
de me oeuvres favorites. C'est atrocement romantique (l'utilisation
caricaturale de la harpe, le thème de valse dégoulinant opposé à
l'énergie du thème principal), mais la construction est parfaite ; et
puis de toute façon, je ne chercherai même pas à me justifier, c'est une
des rares oeuvres de musique classique que je connaissais avant de
commencer à en écouter de façon assidue, ça a bercé mes rêves
d'adolescent, bref, un incontournable pour moi.
- Tchaikovsky, La Tempête * : parmi la vaste production orchestrale
de Tchaikovsky, outre l'ouverture citée ci-dessus, la plupart des poèmes
symphoniques méritent d'être entendus, et parmi ceux-ci, sa musique pour la
Tempête est certainement une des plus réussie. Thèmes mémorables, orchestration
comme toujours fascinante, on reconnait sans mal la patte du maitre.
- Tchaikovsky, Le Lac des cygnes ** : la musique de ballet de
Tchaikovsky est sûrement la part de sa production où son caractère «
facile » passe le mieux. Comme par ailleurs il ne perd rien de son
efficacité mélodique, ça donne des oeuvres très agréables à écouter
globalement, avec quelques passages vraiment magistraux (dans ce Lac des
cygnes, la scène « Lindt » et la grande valse méritent leur popularité).
- Tchaikovsky, La Belle au bois dormant ** : moins connu que
le précédent, mais tout aussi bon, voire légèrement supérieur à mes
yeux. L'introduction, absolument excellente, met tout de suite dans le
bain, et c'est ensuite deux heures et demie de morceaux tous plus jolis
les uns que les autres. Pourquoi diable vouloir ajouter des danseurs
alors que la musique se suffit largement à elle-même :-) ?
- Tchaikovsky, Casse-Noisette *** : certains discutement le
fait de mettre celui-ci au-dessus des deux autres, mais bon, pour moi,
Casse-Noisette est vraiment une réussite extraordinaire. Plus courte que
les deux autres grands ballets, et pourtant plus riche en moments
grandioses (ce n'est pas compliqué, la deuxième partie est une succession
ininterrompue de morceaux inoubliables), cette oeuvre réussit surtout
l'exploit de combiner parfaitement une musique exquise avec la magie
inhérente au sujet. Un peu comme si Petit papa Noël, en plus de faire
rêver les gamins, était de la bonne musique.
- Villa-Lobos, Bachiana Brasileira numéro 5 *** : que ceux qui
ne connaissent pas encore cette merveille foncent l'écouter. Bon, déjà,
l'effectif utilisé, une soprano et huit violoncelles, est à la fois
surprenant et formidablement utilisé, et en plus la mélodie du premier
mouvement est l'une des plus belles que je connaisse. Et pouêt au premier
qui prétend que mon jugement n'est pas objectif :-P.
- Villa-Lobos, Bachiana Brasileira numéro 1 * : si l'oeuvre
précédente est encore relativement connue chez les classiqueux, celle-ci
ne doit avoir sa place qu'au panthéon des plus violoncellistes d'entre
nous :-). Mais bon, justement, je la place ici aussi pour la faire
découvrir à tous ceux qui aiment le violoncelle, et aussi aux autres parce
que c'est quand même très beau, surtout le mouvement lent (et ne vous
inquiétez pas, malgré le titre, ça ne ressemble pas à du Bach ;-) ).
- Villa-Lobos, Symphonie n°2 * : compositeur pour le moins prolifique,
Heitor Villa Lobos a écrit pas moins de 17 quatuors à cordes et 12 symphonies
(dont une perdue) en plus de ses nombreuses oeuvres teintées de folklore
brésilien. On pourrait craindre que la forme plus rigoureuse d'une symphonie
ne lui fasse perdre de son charme naturel, mais cette deuxième, tout en étant
moins bariolée que ses Bachianas brasileiras, conserve une générosité
mélodique et un sens de la couleur formidables.
- Weinberg, Symphonie n°4 * : encore un compositeur qui a laissé un
gros legs symphonique (21 symphonies achevées) mais qui est bien peu interprété
de nos jours, oublié dans l'ombre de Chostakovitch. Un oubli en partie justifié
tant certaines oeuvres se calent dans le sillage du style de cet imposant
mentor (en moin bien), mais il y a selon moi dans les premières symphonies une
vraie personnalité et une invention mélodique qui rend ces oeuvrs attachantes,
et même franchement réussie dans le cas de cette quatrième au premier mouvement
très motorique faisant pour le coup plus penser à Prokofiev, et qui fait preuve
d'une belle intensité tout le long de la symphonie.
- Wellesz, Symphonie n°2 * : même parmi les mélomanes chevronnés,
le nom d'Egon Wellesz n'est probablement pas connu par grand monde. Pourtant,
ce compositeur qui fait partie de cette génération d'artistes auxquels le
nazisme a sévèrement coupé les ailes a tout de même vécu jusqu'à 85 ans et
eu le temps de composer neuf quatuors (cf plus bas) et autant de symphonies.
Ces dernières sont presque toutes caractérisées par un caractère sombre et
véhément assez affirmé, ce qui ne peut que me plaire, mais surtout par une
construction très maitrisée et un élan mélodique indéniable. Ma préférée est
cette spectaculaire Deuxième (on n'est pas loin de penser à de la musique de
film par moments), mais la première est aussi excellente.
Musique concertante
- Beethoven, Concerto pour piano numéro 3 * : dans la production
assez reserrée dans le temps) de Beethoven dans le domaine du concerto, ce
troisième constitue un premier jalon annonciateur de beaucoup de choses qu'on
retrouvera dans ses oeuvres plus tardives (l'énergie du premier mouvement qui
emporte tout, l'emploi de très longs trilles, la tonalité si emblématique
de do mineur). Un tournant incontournable de son oeuvre.
- Beethoven, Concerto pour piano numéro 4 ** : une oeuvre
audacieuse (le mouvement lent assez invraisemblable !) mais très
attachante, avec comme souvent dans les concertos de Beethoven un finale
au thème quireste dans la tête un certain temps. Et puis c'est
l'occasion de retrouver le rythme de trois croches et une noire chère à
Ludwig.
- Beethoven, Concerto pour piano numéro 5 ** : le classique,
parfaitement proportionné et majestueux malgré ses dimensions imposantes.
Si je devais émettre quelques réserves, ce serait sur le mouvement lent,
qui me semble un peu plus faible que les deux autres, mais ça reste du bon
et solide Beethoven.
- Beethoven, Concerto pour violon *** : un classique
archirebattu, mais on ne se lasse pas d'écouter la premier mouvement,
admirable de fluidité dans la simplicité de ses mélodies, l'adagio fait
toujours son effet, et on ne résiste jamais à l'entêtant finale. Un
chef-d'oeuvre indémodable.
- Beethoven, Triple concerto ** : j'ai personnellement un
petit faible pour ce concerto, un peu moins connu que les classiques que
je viens de citer, et pourtant également très réussi. La répartition des
rôles entre les solistes est judicieuse, et le premier mouvement est une
très belle mécanique, comme Beethoven semblait pouvoir en produire presque
à l'infini.
- Brahms, Concerto pour piano numéro 1 *** : toute la fougue
de la jeunesse de Brahms dans ce premier concerto, particulièrement
violent dans le premier mouvement (mais qu'est-ce que c'est bon !), mais
avec également de superbes moments apaisés. C'est le bousculement
d'émotions typique du romantisme, canalisé par la rigueur toujours
impressionnante de Brahms.
- Brahms, Concerto pour piano numéro 2 * : beaucoup plus
tardif et représentatif de la deuxième période de Brahms, ce concerto
m'a longtemps laissé le souvenir d'une oeuvre un peu décevante, chose
fort rare chez Brahms. Ce n'est que rarement que j'ai redécouvert que,
même lorsqu'il n'est pas au sommet de sa forme, Brahms est toujours dans
le domaine du chef-d'oeuvre.
- Brahms, Concerto pour violon * : très séduisant au premier
abord (certainement une bonne façon de se mettre à Brahms pour ceux qui
le trouvent austère), mais peut-être un peu moins profond que la moyenne
de ses oeuvres. Mais on continue à l'apprécier une fois de temps en
temps.
- Brahms, Double concerto ** : plus intéressant à mon goût que
le précédent. Une très belle utilisation des deux instruments solistes,
un premier mouvement surprenant par son intensité alors qu'il repose sur
une structure et des thèmes fort simples, et le finale est, euh, je ne
trouve pas de meilleur mot que rigolo :-).
- Britten, Concero pour violon ** : avant de se consacrer
principalement à l'opéra, Britten a eu le temps dans sa jeunesse (et aussi
un peu après, tout de même) de laisser quelques belles oeuvres purement
instrumentales, dont le sommet est incontestablement pour moi ce superbe
concerto. Dès l'introduction du motif aux timbales et l'arrivée du violon
sur un thème sublime, on est transportés, et l'intérêt ne faiblit pas tout au
long de l'oeuvre, qui se conclut par une saisissante passacaille. De la
musique par ailleurs très accessible, c'est tellement beau !
- Chopin, Concerto pour piano numéro 1 * : mon ami Yann Michel
continue à râler que c'est un scandale que ce concerto, selon lui le
sommet du genre, n'ait reçu qu'une étoile, mais je ne reviendrai pas sur
ma décision. Oui, il est beau, il est bien, mais c'est juste un beau
concerto, quand Chopin a fait nettement plus génial par ailleurs.
- Chostakovitch, Concerto pour violoncelle numéro 1 ** : les
concertos pour violoncelle de Chosta sont un régal. L'orchestre pimpant
est au niveau de celui des meilleures symphonies, et la partie de solistes
est originale et enthousiasmante (mais pas facile !). Ce premier concerto
en particulier est très réussi, notamment son excellent premier mouvement.
- Chostakovitch, Concerto pour violoncelle numéro 2 * :
toujours du très bon Chostakovitch, même s'il a tendance à un peu plus
se laisser aller à certaines facilités et longueurs que dans le premier
concerto (le quart d'heure du dernier mouvement est un peu long).
- Chostakovitch, Concerto pour violon n°1 * : j'aime moins les
autres concertos que nous a laissés Chostakovitch (et en particulier,
quoi que certains veuillent bien en dire, je ne suis pas fan du concerto
pour piano et trompette), mais je tiens à sauver aussi de l'oubli le
premier concerto pour violon, un peu dans le même style que ses homologues
pour violoncelle, donc assez génial.
- Dvorak, Concerto pour violoncelle ** : un monument du
répertoire pour violoncelle. Que dire si ce n'est que c'est dans le plus
pur style Dvorak, influence Nouveau Monde comprise, que c'est
techniquement impressionnant, que parfois on se demande si Dvorak n'en
fait pas un peu trop, mais qu'on écoute et réécoute l'oeuvre avec
jubilation ?
- Elgar, Concerto pour violoncelle * : encore un classique du
violoncelle (qui a dit qu'il n'y avait que des concertos pour violoncelle
dans cette sélection ?). Si le thème du premier mouvement mérite
indiscutablement sa célébrité, le reste de l'oeuvre est peut-être un peu
plus anecdotique, quoique fort agréable à écouter.
- De Falla, Nuits dans les jardins d'Espagne * : un autre très
belle exemple de musique au caractère profondément espagnol de De Falla.
Au sein d'une oeuvre de facture pourtant très classique (plus que
l'Amour sorcier, par exemple), il réussit à insuffler une émotion et à
créer une atmosphère uniques.
- Finzi, Grande Fantaisie et Toccata * : Finzi ne doit son petit
morceau de célébrité qu'à son concerto pour clarinette et quelques mélodies
qui toucheront ceux d'entre vous qui se pâment volontiers devant la plus
pastorale des musiques anglaises. Je leur préfère nettement ce court morceau
concertant pour piano où l'hommage affiché aux formes rigides du baroque se
mêle de façon vraiment étonnante à une fantaisie par moments presque débridée.
Suprenant, peut-être pas de très bon goût, mais assez irrésistible.
- Gershwin, Rhapsody in Blue ** : je ne suis pas un fan de
Gershwin en règle générale (un peu trop jazz pour moi ;-) ), mais comme
il faut toujours faire des exceptions, je ne peux pas ignorer ce
chef-d'oeuvre universellement reconnu. Des idées partout, et tout
simplement une musique tellement entraînante qu'on ne peut pas résister.
- Goldmark, Concerto pour violon * : parmi les innombrables
concertos pour violon écrits au 19ème siècle, une grande majorité de pages
insipides destinées à faire briller le soliste virtuose ont été oubliées à
juste titre (on peut d'ailleurs dire la même chose des concertos pour piano).
Mais parmi les classiques encore un peu joués aujourd'hui, le concerto du
très oublié Karoly Goldmark mérite vraiment d'être entendu pour ce qu'il est :
tout simplement de la très bonne musique, très mélodique et pas si virtuose
que ça !
- Grieg, Concerto pour piano ** : un des grand concertos pour
piano du répertoire, et un de mes préférés. C'est du Grieg tout craché,
avec des effets un peu faciles et prévisibles à tous les coins de
mesure, mais bon, quand c'est bien maîtrisé, beau et prenant comme l'est
le premier mouvement (et son fameux roulement de timbale introductif),
je ne vois pas de raison de ne pas se laisser faire.
- Haydn, Concertos pour violoncelle * : mais oui, le grand
retour de papa Haydn pour ses deux concertos pour ... violoncelle. On ne
se refait pas, mais objectivement, ces pièces sont certainement les plus
réussies de sa relativement maigre production concertante, et à mon sens
au-dessus d'à peu près toutes les symphonies qu'il a pu écrire ! Le finale
bondissant du premier concerto est une pure merveille.
- Lalo, Concerto pour violoncelle * : oui, bon, encore un
concerto pour violoncelle, et ce n'est certainement pas l'oeuvre le plus
inoubliable de cette liste, mais il est quand même pas mal du tout, ce
concerto, et puis je trouve qu'on entend beaucoup plus parler de la
Symphonie Espagnole, alors que finalement les deux oeuvres sont un peu
dans le même style, et ce concerto, même si moins réussi que l'autre,
n'en est pas qu'un simple faire-valoir.
- Lalo, Symphonie espagnole ** : bon, à cause de ce zouave de
Lalo, j'ai une symphonie dans ma catégorie musique concertante :-).
J'aurais certes pu décider de ne pas l'inclure dans cette liste en
représailles, mais ce serait vraiment peu honnête, dans la mesure où
j'aime beaucoup cette oeuvre et en particulier le mouvement central que
je trouve absolument génial.
- Martin, Concert pour clavecin et petit orchestre * : le nom de
Frank Martin évoquera plutôt au mélomane connaisseur une musique chorale
austère teintée de religiosité. Le compositeur suisse a pourtant aussi écrit
de la musique instrumentale influencée par la musique française de son temps,
comme ce très beau petit concerto pour clavecin qui n'est pas si loin que ça
de ce qu'a pu faire un Poulenc dans le genre (bon, ça reste quand même
nettement moins guilleret !).
- Mendelssohn, Concerto pour violon *** : un classique certes,
mais bon, c'est sûrement l'oeuvre la plus inspirée de Mendelssohn. C'est
un des rares concertos pour violon où je trouve la partie de soliste
parfaite de bout en bout, ne tombant jamais dans la virtuosité facile et
magnifiant des thèmes adaptés à l'instrument (ben oui, à la base, il y a
peu de choses dont je trouve qu'elles ne sonneraient pas mieux si on
remplaçait le violon par autre chose), en particulier naturellement
celui du début de l'oeuvre.
- Mozart, Concerto pour piano numéro 20 *** : les concertos de
Mozart représentent selon moi un extraordinaire exemple de constance du
génie sur une vingtaine d'oeuvres (en supprimant les premiers). Certes,
certains rétorqueront que ces concertos se ressemblent, et alors ? Quand
on tient une formule aussi bonne, pourquoi en changer ? Du coup,
difficile de faire un choix, mais je ne peux pas oublier ce vingtième
concerto, sûrement le plus célèbre, mais aussi l'un des plus
intéressants par le contraste entre son premier mouvement tourmenté et
l'archiconnue romance du mouvement lent.
- Mozart, Concerto pour piano numéro 21 * : comme une sorte
d'antithèse du très "romantique" vingtième, le suivant est un parfait
exemple du Mozart toujours joyeux et apparement insouciant. Léger et
rafraichissant, mais pourtant loin d'être une oeuvre mineure...
- Mozart, Concerto pour piano numéro 23 * : bon, je l'avoue,
je l'ai mis pour la superbe mélodie du mouvement lent. Mais le premier
mouvement est également excellent ... comme celui de tous les derniers
concertos !
- Mozart, Concerto pour piano numéro 27 *** : le dernier
concerto pour piano de Mozart, et mon préféré. Je trouve qu'il mêle à
merveille la simplicité des thèmes (qui n'en sont pas moins géniaux pour
autant), la clarté de la construction, le dialogue entre soliste et
orchestre, avec cette légère tension sous-jacente aux oeuvres des
derniers mois de la vie de Mozart, parmi lesquelles on ne compte même
plus les chefs-d'oeuvre impérissables.
- Mozart, Concerto pour clarinette * : encore une oeuvre très
tardive, mais même si celle-ci est plus connue que la précédente, je ne la
trouve pas aussi extraordinaire que ce qu'en dit la sagesse populaire.
Oui, c'est beau, oui, j'adore le son de la clarinette, oui, c'est du
Mozart qu'on écoute religieusement, mais bon, ça n'a pas la force des plus
grands chefs-d'oeuvre à mon avis.
- Mozart, Concerto pour hautbois ** : on est un peu plus hors
des sentiers battus avec ce concerto pour hautbois. Un Mozart plus
jeune, mais déjà pleinement mature, une oeuvre allègre et sautillante ;
si un jour vous sentez le blues vous submerger, tentez donc ce concerto,
il y a debonnes chances qu'il vous remette le sourire aux
lèvres.
- Poulenc, Concerto pour orgue ** : peut-être mon oeuvre
préférée de Poulenc. C'est sérieux, alternant le majestueux et le
bondissant, avec une utilisation de l'orgue absolument géniale. Que tous
ceux qui ne voient l'orgue que via les chorals de Bach écoutent
d'urgence ce concerto pour changer d'avis.
- Poulenc, Aubade * : une oeuvre concertante pour piano, assez
libre dans le fond comme dans la forme. Une ouverture très violente,
mais la légèreté a sa place ensuite, dans un bel ensemble assez typique
de l'oeuvre de Poulenc : ça part parfois dans tous le sens, mais c'est
tout de même fort séduisant.
- Prokoviev, Concerto pour violon numéro 1 ** : je suis un peu
embêté avec les concertos de Prokoviev, parce que je les trouve tous
bien, mais il y en a peu que j'ai vraiment envie de faire ressortir du
lot. Tout de même, comme souvent, je préfère les concertos pour cordes à
ceux piano, qui me semblent globalement un peu surfaits. Et en
particulier ce premier concerto, à mon goût la meilleure oeuvre
concertante de son auteur.
- Prokoviev, Concerto pour violon numéro 2 * : très
intéressant aussi, mais plus inégal que le premier. J'aime beaucoup le
début, et puis ça se disperese un peu par la suite. Mais c'est tout de
même une oeuvre à écouter.
- Prokoviev, Concerto pour piano numéro 3 * : parmi les
concertos pour piano, je ne ferai pas preuve de grande originalité en
sélectionnant le troisième, mais il me semble être le seul qui garde un
intérêt à peu près soutenu sur toute la durée de l'oeuvre. Quelques
moments intéressants dans les autres concertos pour piano, mais trop
rares à mon goût.
- Rachmaninov, Concerto pour piano numéro 2 ** : un
incontournable de la musique dégoulinante ! Introduction géniale,
deuxième mouvement guimauvesque à souhait (mais toujours efficace bien
qu'archi-rebattu), et un piano virtuose qui force l'admiration.
Rachmaninov, dernier défenseur du romantisme, peut-être, mais
certainement pas son représentant le mois doué !
- Rachmaninov, Concerto pour piano numéro 3 ** : le jumeau du
précédent. C'est toujours aussi fin et subtil, et c'est toujours un pur
bonheur. Je le préfère même légèrement au deuxième concerto, rien que pour
le superbe thème du premier mouvement.
- Rodrigo, Concierto de Aranjuez *** : dans la catégorie des
compositeurs immortalisés par une seule oeuvre, Rodrigo occupe une place
de choix. Mais il faut dire que, même si elle est un peu facile, la
musique de ce concerto accompagne longtemps l'auditeur qui a la chance de
croiser sa route. Une demi-heure de bonheur mélodique, au son d'une
guitare enchanteresse.
- Saint-Saëns, Concerto pour piano numéro 2 * : dans la catégorie
pas toujours très recommandable du concerto pour piano romantique, il existe
une sous-catégorie intriguante, le concerto de Saint-Saëns. Toujours de la
belle mélodie, pas trop de virtuosité gratuite, mais un sens de la structure
qui peut parfois laisser perplexe. Ce deuxième par exemple est bien étonnant
avec son introduction au piano seul qui évoque Bach, son absence de mouvement
lent et son final difficile à cerner, mais on passe un très bon moment, alors
pourquoi se priver ?
- Schumann, Concerto pour piano *** : j'ai beau avoir souvent
du mal avec la simplicité des oeuvres de Schumann (qui selon moi se
réduit souvent à de la vacuité), je ne peux que m'incliner devant ce
miracle qu'est le concerto pour piano. Rien que le rpemier mouvement
suffirait à le placer parmi les deux ou trois plus grands concertos pour
piano jamais écrits...
- Schumann, Concerto pour violoncelle ** : il faut croire que
Schumann était inspiré par le genre concertant, car ce concerto pour
violoncelle est également de très bonne facture. Très belles mélodies
particulièrement adaptées à l'instrument, orchestration efficace (quel est
l'abruti qui a prétendu que Schumann ne savait pas écrire pour l'orchestre
?), une fort belle oeuvre.
- Sibelius, Concerto pour violon *** : s'il est une oeuvre
dans tout le répertoire dont elle semble avoir été composée par un
extraterrestre tellement elle est à la fois géniale et différente de
tout le reste, c'est sûrement celle-ci. Atmosphère incroyablement
prenante, idées géniales toutes les dix secondes, un pur bonheur.
- Tchaikovsky, Concerto pour piano numéro 1 * : bon, les
concertos de Tchaikovski font peut-être partie de ses oeuvres les moins
subtiles, ce qui n'est pas peu dire le concernant. Mais malgré tout,
quelle efficacité dans ces martelements d'accords du premier mouvement
ou dans ce thème du finale. Je ne peux pas m'empêcher d'aimer ça :-).
- Tchaikovsky, Concerto pour violon * : dans un style
différent du précédent (là, on est carrément dans le sirupeux
écoeurant), tout aussi insupportable pour les uns et excellent pour les
autres ; je vais me défiler en mettant une étoile également à celui-là :-).
Musique de chambre
- Andreae, Trio pour piano et cordes op.1 * : les grands chefs
d'orchestre ayant taté de la composition (et ils sont nombreux) ont en général
laissé une trace nettement plus marquante dans l'esprit des mélomanes par
leurs interprétations de la musique des autres que pour leurs propres
tentatives. Dans le cas de Volkmar Andreae, le chef lui-même n'est sauvé de
l'oubli le plus total que par l'admiration d'une poignée de bruckneriens
acharnés, autant dire qu'il faut un certain courage pour aller écouter ses
oeuvres. Et pourtant, les premières mesures de ce premier opus suffiront à
convaincre tout le monde qu'elles ne méritent pas cette négligence : du
romantisme raffiné saupoudré d'une inimitable touche française parfaitement
maîtrisée (très cohérent pour un chef suisse !), c'est superbe.
- Arenski, Trio pour piano et cordes n°1 * : dans la catégorie des
compositeurs qui ne sont connus que pour une seule oeuvre, je demande, dans
la famille 'Russie', Anton Arenski ! Il faut bien avouer que le reste de son
oeuvre reste complètement oublié, mais ce trio n'a pas usurpé sa réputation :
rien de très novateur, mais c'est très mélodique et chacun des quatre
mouvements est très séduisant, notamment bien sûr le premier avec son thème
introductif superbe.
- Bartok, Quatuor à cordes n°4 * : j'ai mis un certain temps à
apprivoiser les quatuors à cordes de Bartok, pourtant réputés pour être un
des sommets incontournables de la musique de chambre du 20ème siècle. Musique
âpre et sans concessions, ce corpus n'a de fait pas usurpé sa réputation,
repoussant les limites de l'expressivité permise avec ces quatre instruments
à cordes, à coups de rythmes saccadés et d'accords dissonnants. Si les deux
premiers quatuors du cycle sont encore assez abordables, on rencontre ensuite
dans du pur Bartok, et c'est là que ça devient encore plus excellent !
- Bartok, Quatuor à cordes n°5 ** : pour moi le sommet du cycle,
avec sa construction parfaitement symétrique réglée au cordeau : mouvements
extrêmes ravageurs, scherzo central aux rythmes insaisissables (ces mesures
complètement irrégulières !), une musique qui marque durablement. Non cités
ici, les quatuors n°2 (incroyable mouvement rapide), n°3 (beaucoup plus
resseré que les 4 et 5 mais superbe aussi) et n°6 (le dernier, moins sauvage,
plus désespéré, qui marque une sorte de repli mais sûrement pas de recul de la
part de Bartok) méritent aussi leur petite étoile morale, et en tout cas
l'écoute de tout mélomane qui veut se pencher sur la science "moderne" du
quatuor.
- Beethoven, Quatuor à cordes numéro 1 * : le cycle des 16 quatuors
à cordes de Beethoven constitue un tel sommet dans l'histoire de la musique
que ne pas en citer un est déjà presque un crime de lèse-majesté. Dès la
première série des six quatuors de l'opus 18, Beethoven renvoie le modèle
haydnien à ses chères études et introduit une énergie extraordinaire dans
ces pièces dont la première est peut-être la plus marquante. Quel mouvement
lent !
- Beethoven, Quatuors à cordes op.59 'Razumovsky' * : on continue
avec l'immense cycle beethovien aec ces trois quatuors de milieu de carrière,
qui utilisent un ou deux thèmes russes (honnêtement, ça ne change pas grand
chose) et sont de dimension nettement plus imposantes que les premiers
quatuors de l'opus 18. Les trois oeuvres qui constituent cet op.59 sont
très belles, mais j'ai une préférence particulière pour le premier, avec
son thème introductif entrainant et son mouvement lent lyrique.
- Beethoven, Quatuor à cordes numéro 11 *** : pour continuer
la liste de musique de chambre, un coup de coeur assez personnel.
Certes, ce onzième quatuor n'a pas l'ampleur des dernières oeuvres de
musique de chambre de Beethoven, mais quelle efficacité dans la
concision de cette oeuvre courte à l'impact impressionnant ! Je ne suis
d'ailleurs pas le seul à l'apprécier puisque mon compositeur préféré en
a fait une amusante transcription pour orchestre.
- Beethoven, Quatuor à cordes numéro 13 * : s'il y a un
monument parmi les quatuors de Beethoven, ce devait être logiquement
celui-ci : complètement déstructuré, une cohérence globale a priori peu
évidente et pourtant, c'est du grand Beethoven, au même titre que le
dernières sonates pour piano. Malgré tout, il y a des choses qui me
gênent dans ce quatuor : pour faire court, disons une cetaine
irrégularité dans l'inspiration, à commencer par la Grande Fugue à
laquelle, désolé, je préfère toujours le dernier mouvement plus
classique.
- Beethoven, Quatuor à cordes numéro 14 ** : un peu le cousin
du treizième et je le préfère car je trouve qu'il conserve mieux son
intérêt tout au long de l'oeuvre. Le finale est ma page préférée dans la
musique de chambre de Beethoven. Je ne cite pas les autres quatuors,
mais beaucoup le mériteraient : les trois derniers sont presque au
niveau des précédents, et, dans un autre style, les quatuors Rasumovsky
sont très réussis aussi.
- Beethoven, trio pour piano et cordes op.70 n°1 "des esprits" :
une oeuvre que j'avoue avoir découverte très tardivement (à force d'écouter
les quatuors, on a tendance à oublier un peu le reste de la production de
musique de chambre chez Beethoven) mais qui est incontournable pour son
mouvement lent surprenant, très atmosphérique et basé sur un très beau thème.
En fait d'esprits, c'est un fantôme de Schubert qui aurait remonté le temps
qui est convoqué ici !
- Beethoven, Sonate pour violon et piano numéro 7 * : contrairement
aux quatuors ou aux sonates pour piano que Beethoven a composées tout au long
de sa vie, ses dix sonates avec violon ont été écrite en un laps de temps
relativement court et forment logiquement un corpus plus homogène (à
l'exception peut-être de la monumentale sonate à Kreutzer, pourtant pas la
dernière des dix). Bien qu'il s'agisse dans l'ensemble plutôt d'oeuvres de
jeunesse, on y trouve de forts belles choses, notamment dans cette septième
déjà très énergique et thématiquement marquante.
- Beethoven, Sonate pour violon et piano numéro 9 « À Kreutzer »
*** : autant la sonate numéro 5 (Le Printemps), autre "tube" de la série
des sonates pour violon et piano de Beethoven, ne m'a jamais vraiment
séduit (ce début trop dégoulinant pour du Beethoven, ça ne lui va pas
vraiment), autant celle à Kreutzer est un monument du répertoire, d'une force
et d'une expressivité extraordinaire pour une musique écrite pour seulement
deux interprètes !
- Brahms, Sextuor à cordes numéro 1 ** : concernant Brahms,
c'est presque la musique de chambre toute entière qu'il faudrait mettre
dans cette liste, tellement le niveau d'intérêt global est élevé. Va
pour un petit découpage quand même. Au rang des classiques, ce sextuor
reste un très beau témoignage de l'oeuvre « de jeunesse » de Brahms, et
c'est un grand compliment chez moi.
- Brahms, Quintette pour piano et cordes *** : l'Everest de
l'Himalaya qu'est la musique de chambre brahmsienne. Encore un exemple
d'oeuvre où Brahms restait très incisif, très "romantique", mais où la
perfection d'écriture a déjà atteint son plus haut niveau. À noter que la
version pour deux pianos est presque aussi belle que celle pour quintette.
- Brahms, Quintette à cordes op.111 * : c'est un Brahms un peu
différent auquel nous avons affaire ici, plus joyeux et rafraichissant (je
rapprocherais volontiers ce quintette de la deuxième symphonie, par
exemple). J'avoue que ce n'est pas la partie de l'oeuvre de ce compositeur
que je préfère, mais dans ce style, c'est tout de même une réussite, dont le
mouvement lent constitue à juste titre l'une des mélodies les plus célèbres
de Brahms.
- Brahms, Quintette avec clarinette * : des oeuvres pour
clarinette que Brahms a composées à la fin de sa vie, c'est certainement
la plus inspirée. Peut-être pas au niveau des grandes oeuvres de la
pleine maturité, mais le plaisir d'entendre le son de la clarinette se
marier habilement à celui des cordes compense.
- Brahms, Quatuors pour piano et cordes numéros 1, 2 et 3 ** :
je les mets tous les trois ensemble car je les confonds toujours...
Preuve s'il en était encore besoin de l'homogénéité de la musique de
Brahms (citez-moi une seule oeuvre à jeter chez lui...). C'est peut-être
les meilleurs oeuvres pour aborder cet auteur : belles mélodies, rythme
entrainant dans les finales. Curieusement, je ne retrouve pas ces
qualités dans les quatuors à cordes de Brahms. Peut-être avait-il raison
de se méfier de l'héritage beethovenien...
- Brahms, Trios pour piano, violon et violoncelle numéros 1, 2 et
3 * : comme pour le précédent, une ensemble de trois oeuvres très
réussies, même si je les place légèrement en-dessous des quatuors.
- Brahms, Sonates pour violon et piano numéros 1, 2 et 3 * :
peut-être plus caractéristiques d'un Brahms plus mûr que les oeuvres
précédentes. Dans la catégorie de la sonate pour instrument et piano, dont
je ne suis pas fan (il n'y à qu'à regarder cette liste), elles font partie
de mes oeuvres préférées.
- Brahms, Sonate pour violoncelle et piano numéro 1 ** : sans
conteste la plus belle sonate pour violoncelle du répertoire. Le premier
thème est l'un des plus beaux que Brahms ait jamais écrits, et en plus,
même moi j'arrive à jouer ça pas trop mal :-).
- Chostakovitch, Quatuor à cordes numéro 8 * : je suis
beaucoup moins fan de la musique pour quatuor de Chostakovitch que de
ses symphonies. Mais je fais tout de même une exception pour ce quatuor,
qui porte une émotion presque aussi forte que les grandes symphonies de
guerre.
- Dvorak, Sextuor à cordes op.48 * : la musique symphonique de
Dvorak est déjà souvent sous-estimée à cause de la trop grande importance
prise par sa fameuse symphonie du nouveau monde, mais que dire alors du
reste de sa production dont le novice n'a probablement jamais entendu
parler ? Il y a pourtant bien des merveilles par exemple dans son vaste
corpus de musique de chambre, qui s'émancipe de l'héritage brahmsien qu'on
ressent fortement dans les oeuvres de jeunesse, pour trouver une inspiration
(souvent basée sur des thèmes populaires) très personnelle à la fin de sa vie.
Ce très beau sextuor illustre parfaitement cette évolution : brahmsien dans
le premier mouvement, mais totalement "dvorakien" dans la dumka qui suit.
- Dvorak, Quintette pour piano et cordes *** : à propos de dumka,
le deuxième mouvement de ce quintette constitue probablement le sommet de
toute la musique de chambre de Dvorak, une mélodie superbe parfaitement
mise en valeur et développée. Encore mieux, ce mouvement miraculeux suit
un premier mouvement qui est lui aussi totalement maitrisé, l'oeuvre dans son
ensemble est tout simplement l'une des plus belles écrites pour cette
formation (il y a pourtant de la concurrence !).
- Dvorak, Trio pour piano et cordes n°3 op.65 ** : le trio est une
formation qui a inspiré à Dvorak quelques-unes de ses plus belles oeuvres de
musique de chambre. Après deux premiers essais tout à fait sympathiques mais
pas inoubliables, on entre dans une autre dimension avec ce troisième trio qui
est déjà un chef-d'oeuvre dans la plus pure tradition germanique (pas beaucoup
de folklore ici) : inspiration mélodique (comme toujours chez Dvorak), élan
qui ne retombe jamais, équilibre parfait, rien à redire !
- Dvorak, Trio pour piano et cordes n°4 op.90 'Dumky' ** : beaucoup
moins conventionnel dans sa forme que le précédent avec sa succession de six
mouvements qui jouent eux-même beaucoup de contrastes étonnants entre mélodies
populaires souvent très mélancoliques et passages guillerets, ce trio est le
plus célèbre à juste titre, et constitue une merveilleuse porte d'entrée
dans la musique de chambre de Dvorak, c'est tout simplement beau de bout en
bout.
- Fauré, Sonate pour violon et piano n°1 * : les vrais fans de
Fauré portent en général au pinacle les oeuvres de musique de chambre écrites
à la fin de sa vie (quintettes et quatuors notamment), mais j'avoue trouver
ces dernières assez fuyantes et ne pas arriver à rentrer complètement
dedans. Je leur préfère cette première sonate, plus simple et fraiche, d'une
efficacité redoutable.
- Fauré, quatuors avec piano * : en tout cohérence avec ce que j'ai
écrit juste au-dessus, dans la catégorie des oeuvres de chambre à plus gros
effectif de Fauré, je privilégie ces quatuors encore très mélodiques aux
oeuvres plus tardives (quintettes, quatuor à cordes), beaucoup plus hermériques,
qui me laissent globalement froid.
- Franck, Trio concertant op.1 n°1 * : César Franck est en général
considéré comme un composteur ayant soudain sorti des chefs-d'oeuvres de son
chapeau à un âge où beaucoup de grands compositeurs avaient déjà cessé
d'écrire. Ce n'est pas faux, mais on trouve pourtant dès son premier opus
une curieuse prémonition de ses grandes oeuvres tardives de musique de chambre
(son quintette notamment) dans ce trio au style encore incertain mais où
pointent déjà de façon très nette quelques caractéristiques du style
franckiste. La basse obstinée du début qui innerve toute l'oeuvre est tout
bonnement obsédante.
- Franck, Quintette pour piano et cordes *** : on va m'accuser
de fanatisme pour l'effectif du quintette avec piano, mais ce n'est pas
de ma faute si tous les compositeurs romantiques se sont surpassés
précisément dans ces quintettes. Pour Franck, c'est flagrant, c'est de
loin son plus grand chef-d'oeuvre, prenant au premier mouvement, aérien
au deuxième, et emballant dans le finale.
- Grieg, Sonate pour violoncelle et piano * : j'aime bien la
musique de chambre de Grieg, c'est un peu caricaturalement romantique,
mais l'inspiration mélodique y est très présente. Sa sonate pour
violoncelle est sûrement l'une de celles que j'aurais le plus envie de
jouer un jour.
- Grieg, Sonate pour violon et piano numéro 3 ** : d'assez
loin la plus belle des trois sonates pour violon de Grieg. Derrière la
facture très classique de l'oeuvre, on sent une sorte d'inspiration
nordique difficilement descriptible, mais qui lui ajoute un charme
certain.
- Grieg, Quatuor à cordes * : et pour en finir avec Grieg qui a
composé assez peu de musique de chambre mais quasiment que de très belles
oeuvres, ce quatuor à cordes qui est une sorte de condensé de son style,
très agité et peu développé, mais ce n'est pas grave, ça emporte tout sur
son passage et c'est ça qu'on aime.
- Haydn, Quatuor à corde op.20 n°5 ** : presque aussi imposant
que celui de ses symphonies, le corpus des quatuors à cordes de Haydn
propose quantité d'oeuvres tout à fait recommandables (encore plus que la
symphonie, le quatuor est LE genre que Haydn a pratiquement créé de toutes
pièces pour le mener tout au long de sa vie jusqu'à un niveau assez
exceptionnel ; c'est d'ailleurs probablement le seul genre où la
comparaison inévitable avec Mozart tourne en faveur de papa Haydn). Comme
dans le cas des symphonies, il ne faut pas hésiter à exhumer les oeuvres de
jeunesse où se cachent quelques pétites, notamment parmi les oeuvres aux
tonalités mineures. Le plus bel exemple en est ce super quatuor de l'opus 20,
avec son entrée en matière très accrocheuse, et une fugue finale qui fonctionne
parfaitement.
- Haydn, Quatuor à corde op.42 * : les quatuors de Haydn vont presque
tous par multiples de trois (plus souvent par six que par trois d'ailleurs).
L'exception de l'opus 42 est loin d'être un vilain petit canard, encore un
quator en mineur au bel équilibre.
- Haydn, Quatuors à cordes op.76 * : je triche un peu pour terminer
ce tour d'horizon des quatuors de Haydn en regroupant les six oeuvres de
l'opus 76, le sommet de la production haydnienne en la matière (et le sommet
tout court du genre en attendant Beethoven). Aucun n'est à jeter, mais le
deuxième (Les Quintes) mérite à lui tout seul deux étoiles (normal, c'est le
seul en mineur !), inspiré de bout en bout avec notamment un finale génial. Les
derniers quatuors de Haydn (les deux de l'opus 77 et le fragment de l'opus 103)
sont moins convaincants.
- Janacek, Quatuors à cordes numéro 1 et 2 *** : un
incontournable de la musique de chambre du vingtième siècle. Un style
très heurté, une atmosphère assez sombre, bref du Janacek pur sucre,
mais qu'est-ce que c'est beau ! L'écriture pour cordes et la
construction sont parfaitement maîtrisées, et c'est d'une intensité que
je ne retrouve personnellement que dans très peu d'oeuvres de cette
liste.
- Magnard, Trio op.18 * : parmi les nombreux compositeurs français
de la fin du romantisme dont l'intérêt pourtant réel de la musique a été
complètement oblitéré par le génie des grands musiciens de la génération
suivante (Debussy et Ravel en tête), Albéric Magnard a une réputation de
"germanisme" pas forcément méritée. Il est en tout cas bien peu joué, alors
que ce trio dans le sillage des oeuvres de musique de chambre de Franck est
une très belle oeuvre : premier mouvement tourmenté, superbe mouvement lent à
l'atmosphère diaphane, et un troisième mouvement surprenant et très inspiré.
- Mendelssohn, Trio n°1 op.49 ** : rarement décevant dans sa
musique de chambre, où l'inspiration mélodique et la maitrise de la
construction font toujours mouche), Mendelssohn n'y a jamais été autant
inspiré que dans ses deux trios, qui font preuve d'un dramatisme assez
rare chez lui. Le superbe thème initial de ce premier trio, extrêmement
ample, préfigure même les plus belles pages de la musique de chambre de
Brahms, et le finale est irrésistible.
- Mendelssohn, Trio n°2 op.66 * : le petit frère du précédent,
peut-être un peu plus classique mais également très beau et tendu d'un
bout à l'autre, mérite aussi sans conteste sa place dans cette liste.
- Mendelssohn, Quatuor à cordes numéro 6 * : des six quatuors
à cordes qu'a écrits Mendelssohn, le dernier se détache assez facilement
du lot. Inspiration plus incisive (notamment dans les deux premiers mouvements
très dramatiques pour du Mendelssohn), on a tout simplement l'impression que
Mendelssohn ne se contente pas de se laisser guider par sa facilité
d'écriture, et on entre tout de suite dans le domaine du chef-d'oeuvre.
- Mendelssohn, Octuor * : souvent encensé comme le chef-d'oeuvre
impressionnant d'un gamin de 16 ans, cet octuor à cordes est de fait d'une
légèreté et d'un entrain assez irresistibles, même si le premier mouvement
aurait gagné à être un peu plus condensé.
- Mozart, quatuor à cordes numéro 15 * : sans surprise, c'est un
quatuor en mineur qui trouve une citation ici (d'ailleurs, le relativement
méconnu premier quatuor avec piano du même Mozart, en mineur lui aussi, n'est
pas passé loin de l'accession à cette liste pour son premier mouvement),
avec cette oeuvre de maturité (tous les quatuors à partir du 14ème, le premier
du cycle dédié à Haydn) à l'introduction superbe, et d'un bel équilibre global.
- Mozart, sonate pour violon et piano K304 ** : Mozart n'a
probablement pas réservé à la musique de chambre ses plus grands
chefs-d'oeuvre, même si on trouve dans ses quatuors et quintettes à
cordes beaucoup de belles oeuvres. Peut-être moins connue, cette sonate
pour violon, l'une des rares en mineur, touche par son atmosphère
mélancolique inhabituelle chez Mozart (on se croirait plus chez un Schubert
qui aurait inventé le voyage dans le temps). Le thème initial du premier
mouvement est particulièrement beau.
- Poulenc, Sonate pour flûte et piano * : cette oeuvrette d'à peine
plus de 10 minutes représente pourtant une sorte de quintessence de la musique
de Poulenc, simple sans être creuse, joyeuse sans être superficielle, c'est
tout simplement de la très belle musique.
- Prokofiev, Sonate pour flûte et piano ** : une très belle
oeuvre de Prokofiev, un peu isolée entre les monuments symphoniques et
l'intéressante production pianistique. La musique de chambre n'avait
peut-être pas les faveurs du compositeur russe, mais cette sonate n'en est
pas moins fort maîtrisée et convaincante. À noter une version pour violon
et piano, qui ne trahit en rien l'original.
- Ravel, Quatuor à cordes * : n'étant pas par nature un
ravelophile très convaincu, il m'a fallu un certain temps avant de
saisir toutes les subtilités de ses oeuvres orchestrales ou
pianistiques. Seul compartiment à me rester assez hermétique, la musique
de chambre. Mais ce quatuor, où Ravel évite la complexité propre à
beaucoup de ses oeuvres, aura été le premier à être admis dans mon
panthéon musical.
- Rimsky-Korsakov, Quintette pour piano et vents * : formation
pour le moins inhabituelle pour ce petit amusement qui gagnerait
vraiment à être plus connu. Sans suprise, l'orchestrateur génial
qu'était Rimsky fait des miracles au niveau des timbres, et c'est d'une
fraicheur et d'une légèreté à toute épreuve. Les esprits chagrins
trouveront l'ensemble un peu répétitif, mais pour briller en bonne
société, bon plan que de faire découvrir ce bijou mineur.
- Saint-Saëns, Le Carnaval des animaux * : oui, c'est de la
musique facile et peu profonde, et alors ? Ça n'empêche pas que
Saint-Saëns soit un génie d'avoir réussi une galerie de portraits tous
plus réussis et originaux les uns que les autres. Bien sûr, le charme
opère moins à la dixième écoute, mais ça reste un petit plaisir de
réentendre la marche du lion ou les fossiles. Ah, et puis je tiens à
préciser, en tant que violoncelliste : non, je n'aime pas énormément le
cygne :-).
- Schönberg, La Nuit transfigurée *** : un extraordinaire
chef-d'oeuvre précoce de Schönberg. Quand on pense qu'avant d'inventer le
dodécaphonisme, il avait assimilé et transcendé dans ce sextuor toute la
musique qui le précédait, Brahms et Mahler en tête ! Une oeuvre
bouleversante, qui reste comme un joyau isolé dans la production de
Schönberg, et je ne peux m'empêcher d'ajouter (même si j'ai aujourd'hui
admis un certain intérêt à ce qu'il a pu faire par la suite) : quel
dommage !
- Schubert, Quintette à 2 violoncelles * : c'est un peu une
étoile de principe, non pas que je pensais ne pas récompenser du tout ce
quintette, mais au contraire parce qu'il en mériterait peut-être quand
même deux. Mais on l'entend tellement encenser de toutes parts alors
que ça ne fait à mon avis définitivement pas partie des plus
grands chefs-d'oeuvre de Schubert, que je me sens obligé de tempérer la
« doxa ».
- Schubert, Quatuor à cordes numéro 12 'Quartettsatz' * : le
père Schubert, qui avait la facheuse habitue de laisser ses oeuvres en
plan, est sûrement le compositeur ayant le plus d'oeuvres inachevées
considérées malgré tout comme des chefs-d'oeuvre. En plus de la
célebrissime huitième symphonie, on peut citer ce mouvement de quatuor
assez impressionnant, qui ouvre la voie vers les oeuvres immortelles que
composera Schubert dans ce genre dans les dernières années de sa courte vie.
- Schubert, Quatuor à cordes numéro 13 ** : du Schubert tout
craché. L'inspiration mélodique est inégalable, et en particulier la
mélodie initiale est à mon sens une des plus belles de l'histoire de la
musique. Tout le premier mouvement est de toute façon prodigieux. Je
suis un peu moins convaincu par les variations du mouvement lent, d'où
une note un peu moins bonne que l'oeuvre suivante :-).
- Schubert, Quatuor à cordes numéro 14 *** : le chef-d'oeuvre
ultime de toute la musique de chambre. Premier mouvement hallucinant de
violence pour un pauvre quatuor à cordes, variations absolument sublimes
au deuxième mouvement sur le déjà très beau thème de la Jeune fille et
la Mort, un scherzo qui décape et un finale haletant, tout est génial
dans ce quatuor, du début à la fin, un peu plus d'une demi-heure de pur
bonheur.
- Schubert, Quatuor à cordes numéro 15 * : des derniers quatuors
de Schubert, celui-ci est celui que j'ai mis le plus de temps à apprivoiser,
et je le continue à le considérer comme moins réussi que les deux précédents.
Plus tourmenté, probablement moins fascinant du point de vue mélodique, il
possède tout de même son lot de moments inoubliables, mais les deux derniers
mouvements me semblent moins convaincants.
- Schubert, Trio numéro 1 ** : autres incontournables de la
musique de chambre schubertienne, les deux trios. Je ne vais pas
paraphraser la très belle analyse de Schumann sur ces deux oeuvres, mais
c'est vrai qu'ils sont à la fois jumeaux et complémentaires car
d'ambiances très différentes. Celui-ci, le moins connu, n'est pas moins
réussi que l'autre.
- Schubert, Trio numéro 2 ** : encore une oeuvre de musique
classique qui doit en partie sa célébrité à Kubrick et en l'occurence
l'utilisation (anachronique) de son très beau mouvement lent dans
Barry Lyndon. Outre ce détail, une très belle oeuvre, même si
je ne suis pas fan de la réutilisation des trois premiers mouvements
dans le finale, ce qui ote à ce trio sa troisième étoile ;-).
- Schubert, Fantaisie pour violon et piano * : beaucoup moins
connue que les oeuvres pour formations "classiques", cette fantaisie
mériterait pourtant une attention beaucoup plus soutenue. Ses deuxième
et quatrième mouvemen en particulier sont des modèles de la verve mélodique
intarissable de Schubert.
- Schubert, sonate Arpeggione * : s'il n'y avait eu Schubert,
l'arpreggione aurait fini très loin dans la poussière du hall consacré aux
instruments qui n'ont pas intéressé grand monde dans l'histoire de la
musique. Mais voilà, le grand franz lui a consacré une de ses rares sonates
pour instrument et piano (aujourd'hui jouée au violoncelle, ce qui ne peut
pas être un mauvais point) et, s'il ne s'agit pas du Schubert magistral des
derniers quatuors (c'est un poil facile par moments), c'est tellement
simplement beau que ça reste incontournable.
- Schumann, Quintette pour piano et cordes ** : pour finir, un
dernier petit quintette avec piano :-). Encore une fois, c'est l'oeuvre
qui ressort très nettement de l'oeuvre de chambre de Schumann, qui n'a par
ailleurs rien de très inoubliable. Mais là, inspiration mélodique
(souvent, je trouve que ça manque terriblement de jolis airs dans
Schumann) et concision de la construction se marient habilement.
- Sibelius, Quatuor à cordes "Voces Intimae" * : de la production de
musique de chambre de Sibelius, nettement plus connu pour son travail avec
l'orchestre, on ne conserve généralement que ce quatuor, qui constitue de fait
une bonne porte d'entrée dans la musique de Sibelius pour ceux qui pourraient
être intimidés par le côté un peu austère de ses dernières symphonies. Oeuvre
équilibrée et plaisante mais qui conserve la marque typique de Sibelius, une
atmosphère inimitable qui rend presque toutes ses oeuvres intéressantes.
- Stenhammar, Quatuor à cordes n°3 * : Stenhammar a auprès des
mélomanes qui le connaissent la réputation d'un gentillet symphoniste
nordique au romantisme un peu dépassé. Réputation absolument méritée, mais
c'est dans le domaine de la musique de chambre qu'il donne le meilleur de
lui-même, avec notamment des quatuors d'une puissance expressive inattendue.
Il s'agit pourtant d'oeuvres là aussi extrêmement classiques pour leurs dates
de composition, mais dont la rigueur formelle et l'intensité font un bilan
assez idéal d'un siècle de quatuors romantiques. J'ai cité le troisième, mais
les quatre premiers (il y en a six au total) sont tous excellents.
- Tchaikovsky, Trio pour piano et cordes * : si vous trouvez le
Tchaikovsky orchestral trop démonstrativement expansif, un bon conseil, restez
très loin de son oeuvre de musique de chambre la plua réussie ! Le premier
mouvement élégiaque débute dans de façon caricaturalement larmoyante, mais
qu'est-ce que c'est beau ! Je suis moins convaincu par les longues variations
qui suivent, mais la coda finale est à nouveau sublime.
- Weinberg, Quintette pour piano et cordes ** : le quintette avec
piano est définitivement ma formation de musique de chambre préférée. Il n'y
a pas que parmi les romantiques tardifs (Brahms, Franck) qu'on y trouve des
chefs-d'oeuvre insurpassables, le 20ème siècle aussi a produit son lot de
quintettes mémorables. Dans le cas de Weinberg, le quintette plane très loin
au-dessus du reste de sa production de chambre, avec une introduction belle à
pleurer, et une forme ambitieuse (cinq mouvements, trois quarts d'heure de
musique) parfaitement tenue de boue en bout. Un incontournable.
- Weingartner, Sextuor pour piano et cordes op.33 * : si Weingartner
est plus connu comme chef d'orchestre, il a pourtant produit tout au long de sa
vie quantité d'oeuvres dans tous les genres. Si son style brahmsien était à peu
près dans l'air du temps à ses débuts dans les années 1880, il n'évoluera pas
d'un millimètre, jusqu'à devenir complètement anachronique à la fin de sa
vie. Peu importe, on trouve dans ses oeuvres un sens de la forme évident et
une inspiration parfois vraiment indéniable, comme dans ce très beau sextuor
dont on a l'irrésistible impression lorsqu'on le découvre de l'avoir déjà
entendu sous la plume d'un compositeur majeur, tant il sonne "classique
incontournable de la musique de chambre romantique allemande".
- Wellesz, Quatuor à cordes n°3 ** : j'ai déjà évoqué plus haut le
nom d'Egon Wellesz. Si ses symphonies peuvent encore passer pour des curiosités
dispensables, ce n'est sûrement pas le cas de ce quatuor qui est un
chef-d'oeuvre foudroyant. Passez-vous simplement le deuxième mouvement dans
les oreilles, et si vous n'êtes pas terrassé, je ne peux plus rien pour vous !
Et dire que, sur les neuf quatuors composés par Wellesz, seulement trois ont à
l'heure actuelle fait l'objet d'une enregistrement commercial...
Musique instrumentale
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 8 « Pathétique » *** :
je me rends compte que la partie piano de ma discothèque idéale est
peut-être la plus déséquilibrée, dans la mesure où Beethoven et Chopin
prennent à eux deux la moitié de la place. Mais bon, il faut dire aussi
que l'ensemble des 32 sonates de Beethoven est un des plus fascinants
monuments de l'histoire de la musique, sûrement plus représentatif de
l'évolution de Beethov que ses symphonies. Bref, je m'égare, revenons à
cette Pathétique, qui est un modèle d'efficacité dans le cadre de la
sonate classique. Intro géniale, dernier mouvement emballant, un
classique indémodable.
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 13 « Quasi una fantasia »
* : certes beaucoup moins connue que son homologue de l'op.27, elle
mérite pourtant d'être dégagé de l'ensemble des sonates de cette époque.
J'aurais aussi pu citer la précédente pour sa marche funèbre, mais
celle-ci me semble plus équilibrée.
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 14 « Clair de lune »
*** : comment ça, je ne mets trois étoiles qu'aux oeuvres
immortelles, c'est même pas drôle :-) ? Ben oui, j'ai déjà dit ça de
quelques oeuvres dans cette liste, mais la Clair de Lune est le genre de
musique dont je ne me lasse pas. Parce que le premier mouvement est Trop
Beau (TM), et le troisième complètement fou...
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 15 "Pastorale" * : comme
pour les quatuors, on pourrait pratiquement citer toutes les sonates de
maturité de Beethoven dans cette liste. Je ne le ferai pas, mais on laisse
quand même une petit place à cette pastorale pianistique, dont les deux
premiers mouvement sont superbes.
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 17 « La Tempête » *** :
ma sonate de Beethoven préférée. Comme souvent, c'est le mouvement du
milieu que j'aime le moins (peut-être parce qu'il n'est "que" superbe comparé
aux monuments que sont les deux autres ?), mais les deux extrêmes sont des
modèles d'expression pianistique comme il en existe peu même au sein du cycle
beethovénien.
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 23 « Appassionata » * :
parmi les grandes sonates de la période de maturité de Beethoven, je ne
suis pas emballé par la Waldstein (même si ça reste du très beau piano), mais
cette Appassionata mérite par contre sa place dans la liste, même s'il y a
à mon sens un certain nombre de sonates plus inspirées parmi les 32 composées
par Beethoven. Ici, on a du solide, du très très solide, extrêmement
dramatique et fort bien mis en place, mais peut-être un peu trop classique
par rapport à ce que Beethoven produira ensuite.
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 29 « Hammerklavier »
** : s'il est bien une sonate de Beethoven qui ne manque pas de panache
et de nouveauté, la voilà ! À croire que Beethoven a voulu faire le maximum
pour clouer sur place les auditeurs de l'époque. C'est certes moins efficace
aujourd'hui, mais le premier mouvement fait quand même mal, et l'adagio
est hallucinant. Par contre, même moi, j'avoue que les fugues de
Beethoven ne valent pas celles de Bach...
- Beethoven, Sonate pour piano numéro 32 ** : un autre style
d'extrémisme beethovenien à la fin de sa vie, la structure complètement
négligée. En même temps, qu'importe qu'il n'y ait que deux mouvements
quand le second est aussi surprenant (le thème est quand même, euh, disons
très minimal) et réussi.
- Brahms, Rhapsodies op.79 * : la musique pour piano de Brahms est
curieusement concentrée entre ses premiers et ses derniers opus. Entre les
deux, rien ou presque. Presque, car les plus belles pour piano qu'il ait
écrites selon moi sont justement ces deux rhapsodies de la période
intermédiaire, du Brahms pur jus inspiré mélodiquement et bien entendu
irréprochables au niveau de la forme.
- Chopin, Sonate pour piano numéro 2 ** : les sonates de
Chopin ne sont peut-être pas ce qu'il a fait de mieux (le manque d'unité
est assez flagrant), mais celle-ci reste incontournable pour la qualité
intrinsèque de ses trois premiers mouvements. Bon, par contre, le
quatrième, même à la trentième écoute, je continue à ne pas comprendre
ce qu'a voulu faire Chopin.
- Chopin, Sonate pour piano numéro 3 * : encore une fois, une
sonate un peu bancale, mais certains moments très réussis font qu'on
s'attache à l'oeuvre malgré tout. En particulier, le dernier mouvement,
dans un style assez peu chopinien (même mon colloc aime, c'est dire ;-)
), est génial.
- Chopin, Scherzo numéro 1 ** : dans les (environ) trente-six
catégories d'oeuvre courtes pour piano, les scherzos sont globalement mes
préférés, certainement en raison de l'énergie qu'ils dégagent. Le remier
par exemple, typique de l'inspiration chopinienne, quelques minutes
seulement mais une densité inégalable, et une utilisation unique du piano.
- Chopin, Scherzo numéro 2 *** : peut-être mon oeuvre préférée
de tout Chopin. Le début est impressionnant d'efficacité à partir d'un
matériau musical pour le moins basique, et le thème qui intervient
ensuite est l'un des plus beaux jamais écrits par Chopin.
- Chopin, Scherzo numéro 3 * : un troisième et dernier pour la
route. Un peu moins réussi que les deux premiers, mais tout de même très
attachant. Par contre, je n'inclus pas ici le quatrième scherzo, où Chopin
a à mon humble avis échoué dans sa tentative de retrouver la géniale
efficacité des trois premiers.
- Chopin, Fantaisie-Impromptu * : il y a des tas de
"classiques" de Chopin que tout le monde a entendu une fois dans sa vie
et qui mériteraient leur place ici (au hasard, la grande valse
brillante, la valse minute, la polonaise héroïque, ou le quinzième
prélude). Ah ben tiens, je m'aperçois que je les ai mis dans la section
fourre-tout, donc oubliez ce que j'allais dire :-). Bon, du coup, je ne
sais pas trop ce qui vaut à la Fantaisie-Impromptu de se retrouver là et
pas ailleurs, mais en tout cas, c'est du bon Chopin !
- Chopin, Nocturnes ** : oui, bon, d'accord c'est un peu
facile de mettre les Nocturnes comme ça en vrac. Mais d'une part je les
écoute toujours en bloc et du coup j'oublie lesquels sont les plus
géniaux, et d'autre part c'est sûrement l'ensemble qui a le plus de
tenue dans tout ce qu'a écrit Chopin, donc vous pouvez bien faire
l'effort de vous taper l'intégrale, d'abord !
- Chopin, Ballade numéro 1 ** : encore un grand classique, qui
surprend par ce que Chopin est capable de sortir d'un pauvre piano. Là où
beaucoup auraient eu besoin de tout un orchestre pour atteindre un tel
pouvoir d'évocation, Chopin se contente de ses dix doigts, et c'est très
fort et très beau, ça donne envie de se mettre au piano.
- Debussy, Préludes (1er livre) * : les vrais fans de Debussy placent
sa musique pour piano parmi les choses les plus importantes et révolutionnaires
écrites au début du 20ème siècle. Je ne suis peut-être pas un vrai debussyste,
en tout cas son piano me semble la plupart du temps au mieux sympathique
(Children's corner), au pire atrocement insupportable (les études
notamment). Exception tout de même pour le premier livre des préludes qui
comporte tout de même de belles choses poétiques (dans le deuxième livre, ça
devient déjà trop ethéré pour moi).
- Field, Nocturnes * : l'irlandais John Field a quelque peu été
oublié alors qu'il a au moins l'importance historique d'avoir été le
premier compositeur à écrire des nocturnes pour piano, quelques années
avant ceux, autrement plus célèbres, de Chopin. Mais ces précurseurs, loin
de souffrir de l'écrasante comparaison, en sont effectivement de très beaux
annonciateurs. C'est d'autant plus inattendu que les concertos du même Field
sont eux d'une platitude assez terrifiante.
- Haydn, Sonate n°33 (Hob XVI/20) * : ayant un peu redécouvert
Haydn depuis ma première version de cette liste, j'ajoute une de ses sonates
pour piano, genre dans lequel Haydn a clairement été un précurseur de ce qu'un
jeune Beethoven fera pas la suite. Celle-ci ne date d'ailleurs même pas de la
dernière période haydnienne, où on trouve aussi quelques beaux morceaux (sa
dernière sonate n°62 notamment mérite le coup d'oreille).
- Ligeti, Musica ricercata *** : la plus grande blague de
l'histoire de la musique. Sur une idée complètement stupide, une sorte
de pari musical comme l'avant-garde musicale de l'époque en raffolait
(en l'occurence, construire une suite de pièces sur deux, puis trois,
quatre etc... notes), Ligeti construit une musique absolument géniale, à
la fois belle et innovante. Et ce ne sont pas les premiers morceaux les
moins réussis, le troisième par exemple (sur quatre notes) est
absolument excellent.
- Liszt, Sonate en si mineur *** : un impressionnant
monolithe, climax de l'abondante oeuvre pour piano de Liszt. Il semble
ici avoir concentré tout son talent dans cette demi-heure de virtuosité
pianistique, un peu bancale tellement elle croule sous les idées, mais
d'une force herculéenne.
- Mozart, Sonate pour piano numéro 8 * : comme souvent avec
Mozart (et pas seulement), dès qu'on passe en mineur, on sort du cadre un
peu trop soigné dans lequel il s'enferme parfois et le génie parle de
lui-même. C'est le cas avec cette sonate tourmentée, l'un des fleurons
de sa très belle série de compositions dans ce genre.
- Mozart, Sonate pour piano numéro 11 « Alla turca » ** : une
petite madeleine après ces chefs-d'oeuvre, avec ce classique de la
musique facile (oui, je sais, la Sonate facile, c'est pas celle-là, mais
celle qui vient juste après) mais horriblement addictive. Les variations
du mouvement lent, malgré leur simplicité, et bien sûr le finale restent
en tête un bon moment après l'écoute.
- Mozart, Sonate pour piano numéro 16 « Sonate facile » * :
qui donc disait qu'on devrait interdire aux enfants de jouer Mozart au
piano, car c'est trop facile pour eux ? S'il est bien une oeuvre qui
correspond à cette critique, c'est celle-ci. Musique affreusement
basique, et pourtant quel délice...
- Prokofiev, Sonate pour piano n°2 * : le cycle de neuf sonates pour
piano de Prokofiev constitue sans conteste un des corpus les plus intéressantes
du genre au 20ème siècle, dont on isole en général plus particulièrement les
trois sonates de guerre (6, 7, et 8). Eh bien, pour prendre un peu
le contrepied, ma préférée à moi est une sonate de jeunesse que je trouve
réussie de bout en bout, cette deuxième où le style de Prokofiev est déjà
parfaitement reconnaissable et surtout pleinement maitrisé. Bon, on peut quand
même la compléter par l'irrésistible finale de la septième si on veut !
- Ravel, Tombeau de Couperin * : pas mal de morceaux
intéressants dans l'oeuvre pour piano de Ravel, et pourtant j'ai du mal
à en isoler précisément un. Ayant déjà casé la Rhapsodie
espagnole sous sa forme orchestrale, je choisis donc ce Tombeau,
qui est tout de même fort réussi et très ravélien sous ses airs
archaïsants.
- Schubert, Sonate pour piano D.845 * : ce n'est pas
encore le Schubert des dernières sonates, ça part un peu dans tous les
sens, mais il y a tellement de choses intéressantes qu'on accroche, et
puis la tonalité de la mineur a toujours réussi à Schubert.
- Schubert, Sonate pour piano D.959 ** : cette sonate me
pose toujours problème quand je l'écoute, car je trouve le scherzo assez
pénible, mais le reste nettement meilleur, et surtout le mouvement lent
extraordinaire. C'est pourtant pas le morceau le plus recherché du
répertoire, mais c'est tout simplement à glacer le sang de beauté.
- Schubert, Sonate pour piano D.960 * : la dernière et la
plus aboutie des sonates de Schubert ... mais pas la meilleure selon
moi. Il faut dire que le bon vieux Franz a un peu abusé avec ses
"célestes longueurs", le premier mouvement en particulier, bien que très
beau, ne mérite pas ses vingt minutes et 10 reprises du thème principal.
Dommage...
- Schubert, Impromptus *** : Schubert à son meilleur, ce qui
n'est pas peu dire. Mélodies bien évidemment géniales, utilisation
certes assez classique du piano, mais que c'est beau. Le premier
impromptu de l'opus 90 me donne des frissons à chaque fois que je
l'écoute, c'est à mon sens le plus beau morceau de tout le répertoire
pianistique, une oeuvre qui justifierait presque quelques années
d'investissement rien que pour avoir le plaisir de la jouer.
- Schubert, Klavierstücke D.946 ** : Schubert au piano n'est
jamais aussi génial que quand il s'éloigne de la grande forme pour laisser
librement sa formidable inspiration mélodique. Ses trois morceaux datant de
la toute fin de sa vie en sont un excellent témoignage, presque au niveau des
impromptus cités ci-dessus. Le deuxième notamment est extraordinaire.
- Schubert, Fantaisie pour piano à quatre mains *** : encore
un immense sommet de l'oeuvre schubertienne. En se débarassant du cadre
formel de la sonate et en passant à quatre mains (deux fois plus de piano
pour le même prix !), il réussit une merveille absolue, un bloc de vingt
minutes d'éblouissement avec des thèmes tous plus géniaux les uns que les
autres.
- Schubert, Allegro pour piano à quatre mains « Lebenstürme »
** : un autre très bel exemple du talent de Schubert pour l'écriture
à quatre mains. C'est assez caricatural d'un certain romantisme
"tragique", mais bon, personnellement, j'adore ça, et on peut quand même
difficilement rester de marbre face à l'énergie déployée.
- Schumann, Sonate pour piano numéro 2 * : juste pour la
plaisir de l'anticonformisme, je vais encenser cette petite sonate au
lieu des classiques du piano de Schumann. Non, ce n'est pas que pour le
plaisir, bien sûr, je trouve cette oeuvre, certes pas la plus ambitieuse
de son auteur, vraiment emballante avec ses tempi déchaînés dans les
mouvemenst rapides.
- Schumann, Kreisleriana * : et pour prouver que je ne suis
pas totalement allergique à Schumann (même si, par exemple, je ne
comprends toujours pas comment on peut placer la Fantaisie opus 17 au
sommet du piano romantique), j'ajoute ces Kreisleriana, une de ses rares
oeuvres pour piano que je trouve effectivement fort intéressantes.
Fourre-tout
- Adams, Lollapalooza ** : si vous ne connaissez pas la musique de
John Adams, sûrement le plus intéressant compositeur américain vivant, foncez
écouter ce petit bonbon, six minutes purement jouissives qui témoignent
parfaitement du génie d'orchestrateur d'Adams.
- Albeniz, Asturias *** : prototype de l'oeuvre à classer
dans ce fourre-tout, ce tube absolu du répertoire de la guitare classique
n'est pourtant qu'une transcription d'une des nombreuses oeuvres pour
piano "folklorisantes" d'Albeniz. Peu importe, c'est génial quelle que soit
la version choisie. Pour ceux qui aiment le piano, il faut tout de même
aussi jeter une oreille à Ibéria, grand classique de la littérature
de cet instrument.
- Barber, Adagio pour cordes * : une oeuvre curieusement
passée au travers des mailles de l'oubli. Non pas qu'elle soit mauvaise
(très beau tapis de cordes, mélodie à l'avenant), mais elle ne mérite
peut-être pas non plus la célébrité qu'elle a acquise depuis (au point
d'apparaitre en musique de fond dans Amélie Poulain, tout de
même).
- Beethoven, Ouverture de Fidelio * : les ouvertures de
Beethoven sont une sorte de condensé de ses symphonies. Autant dire que,
si ce n'est pas long, ça n'en est que plus marquant. Celle de Fidelio,
par exemple, débute pour le moins violemment, mais c'est ça qu'on aime
chez Beethoven :-).
- Beethoven, Ouverture d'Egmont *** : de loin la meilleure
ouverture de Beethoven, et peut-être même sa page symphonique la plus
géniale. De vrais beaux thèmes et une énergie à décoiffer les plus
sourds d'entre nous, à mettre en boucle pour compenser la déception
quand la musique s'arrête.
- Beethoven, Lettre à Elise ** : bah ouais, c'est quand même
beau, la lettre à Élise. C'est nunuche, surtout quand c'est mal joué, ça
a du être repris au moins 3000 fois au cinéma, mais c'est beau quand
même.
- Brahms, Ouverture tragique *** : un petit Brahms pas très
connu, et pourtant ! Il retrouve dans cette ouverture bien nommée toute
la fougue de sa jeunesse, alliée à une structure parfaite. Tout
simplement le sommet de sa musique symphonique pour moi.
- Chabrier, Bourrée fantasque * : quand il ne se contentait
pas de faire de la parodie de Wagner (certes amusant, mais d'un intérêt
musical tout de même assez limité), Chabrier a composé quelques petits
trucs sympathiques, dont le meilleur exemple reste sûrement cette
célèbre Bourrée.
- Chopin, Prélude numéro 15 « La goutte d'eau » *** : au
milieu des préludes de Chopin, oeuvrettes très réussies au vu de leur
durée, mais que je rechigne à classer parmi les chefs-d'oeuvre de leur
auteur, se cache un miracle, cette goutte d'eau et ses notes répétées
jusqu'à faire imploser l'auditeur. Le plus romantique de tous les
morceaux de Chopin.
- Chopin, Étude numéro 12 op.10 * : les études ont rarement
été ma tasse de thé (notamment celles de Debussy, que je trouve fort peu
intéressantes), mais s'il faut faire une exception, je retiendrai
"bêtement" la Révolutionnaire de Chopin, qui déménage quand même
agréablement :-).
- Chopin, Valse op.34 numéro 2 ** : même pour moi, les valses de
Chopin sont parfois trop chopinesques pour me satisfaire. Mais quand il
s'éloigne du ploum-plim-plim, Chopin réussit aussi à faire de la vraie
musique, témoin cette très belle valse mélancolique. On peut également
citer pour l'étoile la célèbre op.64 n°2 (en mineur également) ou, dans un
genre nettement plus brillant, la première valse op.18.
- Chopin, Polonaise numéro 6 * : oui, je sais, je ne fais pas
franchement dans l'originalité avec cette sélection de morceaux de Chopin,
mais il faut croire que, de temps à autre, la doxa a un goût respectable,
et de fait, cette polonaise me semble un ton au-dessus des autres. Dans un
genre moins brillant, la numéro 2 est aussi recommandable.
- Connesson, Aleph * : si vous ne connaissez pas la musique
survitaminée et hyperaccessible du compositeur contemporain Guillaume
Connesson, cette courte pièce orchestrale virevoltante constitue une porte
d'accès idéale. Un talent d'orchestrateur ébouriffant au servie d'une
inventivité rythmique et mélodique rafraichissantes, ça s'écoute tout
seul !
- Debussy, Tarantelle styrienne * : un petit pied de nez avec
ces deux oeuvres pour piano de Debussy, qui ne comptent sûrement comme les
plus importantes de leur auteur pour les spécialistes. Ben je m'en fiche,
moi je préfère cette tarentelle bondissante aux préludes endormissants.
- Debussy, Le Petit nègre * : un morceau tellement « bête »
qu'il ferait presque tâche à côté de partitions beaucoup plus sérieuses
du même auteur. Mais cette petite pièce, avec son rythme généreux, fait
depuis quelques générations le bonheur des apprentis pianistes, mais
aussi de l'auditeur à la recherche de musique simple et rafraîchissante.
- Dukas, l'Apprenti sorcier *** : c'est un peu triste pour
Dukas qu'il nous ait probablement laissé moins de partitions qu'il n'en
a détruites, et que parmi celles-ci, une seule ait éclipsé les autres.
Mais il faut bien avouer que l'illustration du poème de Goethe (et du dessin
animé Disney...) est extraordinaire, avec son thème bondissant répété des
dizaines de fois sans qu'on se lasse.
- Fauré, Élégie ** : un classique de violoncelliste, et un
parfait exemple du talent de Fauré. Mélodie ample et généreuse, vibrato
jusqu'à la limite de l'écoeurement, il n'en faudrait pas beaucoup pour
que ça devienne de la guimauve, mais ici, on reste dans le domaine de
l'émerveillement.
- Fauré, Pavane ** : un autre grand classique de Fauré (pas
réservé aux violoncellistes, celui-là ;-) ), dont je pourrais dire
sensiblement la même chose que pour le précédent, puisque la
construction en est très proche. À noter que je suis incorrigible et que
je préfère la version purement orchestrale à celle avec choeur...
- Franck, Le Chasseur maudit ** : le poème symphonique à la
française, genre assez abondamment illustré à la fin de la période
romantique, est complètement passé à la trappe depuis. Il serait grand
temps d'en ressortir ce petit chef-d'oeuvre de Franck, qui montre
parfaitement que musique illustrative ne signifie pas musique sans âme.
- Gershwin, Summertime ** : je n'aime pas trop Gershwin (je
l'ai déjà dit ?), mais cet air-là a un charme auquel je ne saurais
résister. Allez, pour être complètement honnête, il y a d'autres
passages de Porgy and Bess que je pourrais citer aussi, comme l'air "I
got plenty o' nuttin'", même si je n'y mettrais pas l'opéra dans son
intégralité.
- Glass, Facades *** : un petit coup de coeur roupoilesque.
C'est en achetant presque par hasard un CD de musique minimaliste que
j'ai découvert ce morceau de Philip Glass, et j'ai du l'écouter dix fois
de suite tellement il m'a frappé. Depuis, je suis un peu revenu de cet
enthousiasme pour la musique minimaliste, mais je garde une grande
estime pour ce morceau précis.
- Kabalevski, Ouverture de Colas Breugnon *** : parmi les nombreux
compositeurs "secondaires" produits par la Russie soviétique et oubliés dans
l'ombre imposante de Chostakovitch, Kabalesvki a su écrire une musique très
accessible et mélodiquement généreuse (tout en faisant preuve d'un solide
métier) qui peut largement plaire au plus grand nombre (par exemple la très
bonne première symphonie). Mais je vais isoler ici une pépite d'à peine cinq
minutes, l'ouverture de son opéra Colas Breugnon (qui n'a pas un immense
intérêt dans son intégralité, surtout si on ne parle pas couramment le russe),
pétaradante, à l'orchestration ultra colorée, le genre de morceau qui fait
un bis de concert à déchainer les foules.
- Ketelbey, L'Egypte mystique * : ok, j'admets, c'est un peu
une blague de mettre ce morceau ici. Ketelbey, c'est un peu l'équivalent
musical d'un nanar au ciné qui a fait du douzième degré sans s'en rendre
compte. D'une naïveté invraisemblable, mêlant l'orientalisme de bazar et
les choeurs d'une façon pour le moins décalée (mais sûrement
involontairement...), c'est un grand moment de kitsch qui, n'en doutons
pas, vous fera bien rigoler.
- Khatchaturian, Valse (extraite de Masquerade) * : mais si,
mais si, vous connaissez cette petite valse de Khatchaturian, qui n'a
pas écrit dans sa vie que la Danse du sabre. D'ailleurs, si vous arrivez
à mettre la main dessus, je suis sûr que vous conviendrez que c'est un
morceau charmant, d'où sa place dans cette liste.
- Lully, Marche des Turcs * : au fond, je ne peux pas ne pas
apprécier Lully, au moins parce qu'il est une sorte de précurseur de la
bourrinitude en musique :-). Cette marche en est un exemple, c'est pas
fin, mais c'est tout de même très efficace...
- Mahler, Um Mitternacht ** : à mon goût le sommet de la
musique vocale de Mahler, et un des plus beaux lieder avec orchestre du
répertoire (avec les Quatre derniers lieder de Strauss). Très belle
mélodie, orchestration transparente, on se laisse emporter avec délice.
- Mendelssohn, Ouverture La Belle Mélusine * : dans la relativement
mince production orchestrale de Mendelssohn, la qualité est peut-être plus à
trouver dans les ouvertures que dans ses inégales mélodies. Entre les sommets
que sont celles du Songe d'une nuit d'été et les Hébrides citées juste
en-dessous, ne pas négliger cette (très) belle Mélusine, dans laquelle une
introduction qui plaira aux wagnériens mène à un développements tout ce qu'il
y a de plus mendelssohnien mais parfaitement charmant et maitrisé.
- Mendelssohn, Ouverture Les Hebrides *** : allez, une petite
affirmation hautement personnelle de plus, je considère tout simplement
cette ouverture comme le chef-d'oeuvre de Mendelssohn. Ce n'est pas de la
musique extrêmement recherchée, mais qu'est-ce que le début est beau (et
la tension ne retombe pas ensuite !).
- Moussorgski, Une nuit sur le Mont-Chauve ** : l'introduction
de ce morceau a été l'un de mes plus grands chocs musicaux quand je l'ai
entendue pour la première fois. Un orchestre frénétique, employé de
façon hautement non-conventionnelle, mais également géniale par
Moussorgky (oui, la version Rimsky est peut-être plus éclatante, mais je
préfère quand même l'original). Ça perd légèrement en intérêt ensuite,
mais ça reste de la très bonne musique.
- Offenbach, air "L'époux de la reine" ** : en général,
Offenbach provoque chez moi au mieux un léger amusement (et le plus
souvent un profond manque d'intérêt), mais comme souvent chez les
auteurs que je n'aime pas, j'ai quelques pages à sauver : outre la
classique Barcarolle ou l'inévitable cancan, il y a ce petit bijou
d'humour qu'est cet air, dont je ne sais pas si le nom que je lui ai
donné est tout à officiel, mais les amateurs verront de quoi je veux
parler.
- Prokofiev, Ouverture sur des thèmes hébreux * : la musique
de chambre n'est pas la partie la plus passionnante de l'oeuvre de
Prokoviev, toutefois, cette petite ouverture (dont il existe aussi une
version pour orchestre) a tout à la fois le charme et le côté légèrement
décalé d'autres oeuvres plus importantes de son auteur.
- Rachmaninov, Vocalise * : il ne faut pas trop se fier au
titre qui sonne presque comme une provocation, cette célèbre mélodie
reste de la musique, certes pas la plus recherchée qui soit, mais c'est
joli, surtout joué au violoncelle naturellement (hum, quoique, en fait,
à la réflexion...)
- Rachmaninov, Prélude op.3 numéro 2 ** : comment, à partir
d'un non-thème de trois notes martelées et d'un simple piano, réussir à
composer une oeuvre de quelques minutes seulement, et pourtant d'une
richesse et d'une tension stupéfiante ? Demandez à Rachmaninov, le dernier
grand poète du piano, et peut-être celui qui l'a poussé le plus loin dans
ses retranchements.
- Rachmaninov, Prélude op.23 numéro 5 *** : si je n'ai mis «
que » deux étoiles au précédent, je l'avoue, c'est un peu parce que
j'aime encore plus celui-là :-). Le matériau de base est peut-être moins
réduit à l'essentiel, mais quel feu d'artifice !
- Ravel, Boléro * : je n'irais pas jusqu'à prétendre que le
Boléro fait partie des morceaux que j'ai envie d'écouter tous les jours,
mais je reste assez impressionné par cet exercice de style qui réussit à
nous faire écouter quinze fois la même chose sans qu'on se lasse. Ravel
avait sûrement raison de se vêxer qu'on retienne de sa production cette
seule oeuvre, mais on ne peut pas lui nier une certaine réussite à
l'intérieur d'un concept casse-gueule.
- Ravel, Pavane pour une infante défunte ** : un de mes
morceaux préférés de Ravel, parce que je trouve le thème vraiment très
beau. Quant à son développement, on peut faire confiance à Ravel pour le
mener avec une parfaite maîtrise technique.
- Revueltas, Sensemaya ** : certes courte (sept minutes de musique)
danse sacrale (on pense vraiment au Sacre de Stravinski) hyper rythmée et
bien nourrie en percussions suffit à ce compositeur mexicain peu connu du
grand public (encore un bel euphémisme) à se faire une petite place dans cette
liste, un morceau jouissif à écouter en boucle les soirs de déprime !
- Rossini, Ouverture du Barbier de Seville *** : de Rossini,
ce que je préfère ce sont les ouvertures, mais ça n'étonnera pas ceux qui
savent ce que je pense en règle générale de l'opéra italien au
dix-neuvième siècle (Verdi excepté). Du coup, le nombre d'étoiles
accordé à chacune des trois ouvertures choisies sert un peu à faire un
classement interne. En tout cas, sans aucune hésitation, je mets celle
du Barbier de Séville en tête. Bondissante, des thèmes géniaux à foison,
un Rossini en pleine forme !
- Rossini, Ouverture de la Pie voleuse * : je n'ai pas fait
très original, puisque je pense avoir choisi les trois ouvertures les
plus connues de Rossini. Sur les trois, celle-ci me semble la moins
intéressante, se contentant de faire son office, avec certes une
redoutable efficacité.
- Rossini, Ouverture de Guillaume Tell ** : pour me détacher
un peu de l'opinion générale, je tiens à préciser que ce n'est pas pour
sa célèbre cavalcade (de toute façon, j'en ai une vision faussée,
puisque je pense à Orange Mécanique à chaque fois que je
l'entends...) que j'apprécie le plus cette ouverture, mais bien pour la
très belle introduction au violoncelle (comment ça, vu ?).
- Saint-Saëns, Introduction et rondo capriccioso *** : un
chefd-oeuvre trop peu souvent cité quand on évoque Camille Saint-Saëns !
La superbe introduction tout comme le rondo, formidablement virtuose mais
abolument pas creux, sont des moments d'anthologie de la littérature pour
violon. À écouter de toute urgence si vous ne le connaissez pas encore.
- Schubert, Allegretto D.915 * : un tout petit morceau, mais
qui prouve une fois de plus (comme si c'était encore nécessaire) le
génie de Schubert pour les formes brèves et sa capacité à inventer des
mélodies qui vous hantent des jours durant.
- Schumann, Concertstück ** : le petit frère du concerto pour
piano, peut-être pas aussi fabuleux que ce dernier (mais bon, c'est pas
facile) mais tout de même très enthousiasmant. Il faudra quand même
qu'un jour j'essaie de comprendre pourquoi je trouve le piano de
Schumann beaucoup plus beau quand il y a un orchestre derrière...
- Sculthorpe, Earth cry * : un peu de musique australienne dans
cette liste pour fair eoriginal ! De la musique orchestrale récente mais
très accessible et surtout très belle, qui convoque des atmosphères
mystérieuses avec un sens du rythme certain. Pour les curieux, Sculthorpe a
aussi écrit beaucoup d'oeuvres faisant intervenir le didgeridoo, couleur
locale assurée (mais j'aime beaucoup moins...).
- Sibelius, Valse triste * : évidemment, c'est le Sibelius
populaire, moins recherché que dans d'autres oeuvres, mais finalement,
un peu d'accessibilité ne fait pas de mal (j'ai du mal avec pas mal
d'oeuvres plus expérimentales du même auteur), et ce n'est pas non plus
Finlandia...
- Smetana, La Moldau ** : un classique insubmersible (arf,
arf). L'intro est bien sûr génialissime, et le thème principal, bien
qu'un poil pompeux, manié avec dextérité. Mais quelqu'un pourrait-il
m'expliquer comment ce morceau a fini hymne national israëlien ?
- J.Strauss I, Marche de Radetsky *** : ne reculant devant
aucun sacrifice, je pousse le mauvais goût jusqu'à inclure un peu de
Strauss dans cette liste. Et vace trois étoiles qui plus est ! Ben
ouais, j'y peux rien, mais moi, la marche de Radetsky, j'adore, c'est
plus fort que moi. Par contre, je vous rassure, je trouve Lara Fabian
insupportable.
- J.Strauss II, Beau Danube bleu ** : bon, voilà, les valses
de Strauss, c'est toujours un peu la même chose, mais c'est tout de même
assez agréable à écouter. Et celle-ci, bien que la plus célèbre, n'est pas
la plus basique du lot.
- R.Strauss, Prélude d'Ainsi parlait Zarathoustra *** : je ne
sais pas comment qualifier ce morceau, à la célébrité amplement méritée.
Peut-être l'introduction la plus majestueuse de toute l'histoire de la
musique (et c'est d'autant plus dommage que le reste du poème symphonique
soit un peu inégal ;-) ).
- Tchaikovsky, Marche slave * : un exemple typique de l'art de
Tchaikovsky. Ça donnera des boutons à certains tellement c'est caricatural
(et ce n'est sûrement pas ce qu'il a fait de mieux, d'ailleurs), mais pour
peu qu'on aime le genre, on pourrait en écouter pendant des heures sans se
lasser.
- Verdi, Ouverture de la Force du destin *** : autant de
musique condendée en quelques minutes, c'est un tour de force (non, non,
ce n'est pas un jeu de mots avec le titre de l'opéra). Profitez-en pour
expliquer la vie aux gens la prochaine fois qu'on remarquera, devant une
nième rediffusion de Manon des sources à la télé "Tiens, elle est jolie,
la musique".
- Verdi, Ouverture de Nabucco * : oui, bon, c'est pas
exactement le même niveau que la précédente, mais bon, ce choeur des
esclaves, quand même, il fait du bruit ! Enfin, pas du bruit, justement,
de la musique, de la belle. Pas très subtil, mais c'était la fougue de
la jeunesse de Verdi.
- Weber, Ouverture du Freischütz * : je n'aime pas énormément
Weber (et un euphémisme, un), dont je trouve les concertos pour
clarinette plus chiants qu'autre chose, mais cette ouverture est quand
même assez bien ficelée, et il faut admettre que Weber n'a pas
totalement usurpé sa réputation de précurseur de l'opéra romantique
allemand.