Trois ans presque jour pour jour après ma critique du
deuxième épisode de la série (l'une de mes toutes premières sur ce site,
et par ailleurs la première sur laquelle j'ai mis un fond d'écran), et
juste après la sortie d'un troisième opus tout juste correct, retour en
arrière avec l'épisode fondateur. Que reste-t-il, quelques années,
beaucoup d'imitations et d'animation en 3D plus tard, de celui qui avait à
l'époque créé un petit séisme ?
Le principe était simple mais ingénieux : détournement à tout va de
l'univers des contes de fée. Le "héros" est donc un ogre verdâtre nommé
Shrek, qui, entre deux bains de boue, s'amuse à faire peur aux chevaliers
venant le défier. Un jour, cependant, catastrophe, son marais est envahi
par des créatures enchantées, dont un âne qui parle. Et c'est peu de le
dire, car la bestiole est du genre très bavarde et extrêmement collante.
Suite à un drôle de marchandage avec le vilain roi qui traumatise le pays
du haut de son mètre et pas grand chose de plus, les deux compères s'en
vont délivrer la princesse Fiona, retenue prisonnière dans un donjon,
gardé comme il se doit par un méchant dragon. Quoique... Comme souvent
dans Shrek, les choses ne sont pas exactement ce qu'elles
paraissent.
Ce qui frappe encore quelques années après sa sortie, c'est à quel point
les concepteurs de Shrek avaient bien calculé leur coup. Les
bonnes idées mal exploitées ne manquent pas dans l'histoire du cinéma
d'animation. Ici, au contraire, tout a été soigneusement pensé pour former
un tout d'une belle cohérence. Assez peu de personnages, mais suffisamment
de caractère pour porter jusqu'ici trois films sur leurs épaules (certes,
il y en a eu quelques-uns d'ajoutés), avec notamment des voix excellentes
(du moins en VO). Les situations comiques ne sont pas d'une folle
originalité en soi, mais le côté gentiment pervers du détournement de
littérature pour enfants suffit à leut donner une certaine fraicheur.
Et puis en plus, les auteurs ont réussi à ajouter leur petite touche par
rapport au tout-venant du film d'animation en jouant sur l'aspect musical
(on est loin des chansons Disney) et surtout en insérant des références
assez géniales aux blockbusters de l'époque. Seul petit souci à ce propos,
c'est que ces scènes ont tendance à se périmer, même si les films
référencés ont été vus par beaucoup de monde. Ce n'est pas le seul aspect
à avoir vieilli, d'ailleurs, puisque niveau technique, sans surprise, on a
fait mieux depuis. M'enfin de toute façon, les Shrek n'ont jamais
été du niveau des Pixar côté animation, et ce n'est pas forcément leur
but.
En fait, ce film est très malin, car il réussit à donner une impression
très positive (on passe un très aréable moment à le regarder, et on n'a
pas grand chose à lui reprocher) tout en étant au fond loin d'être un
chef-d'oeuvre d'irrévérence : la morale est en fait planplan comme c'est
pas permis, on a des longueurs et des scènes d'engueulade-réconciliation
entre les deux zouaves qui auraient aussi bien pu rester dans les
cartons... Bref, de l'art de faire du neuf (et du bon) avec du vieux.
Roupoil, 14 juillet 2007.