Pixar, huitième. Le studio spécialisé en images de
synthèse est, en l'espace d'une dizaine d'années, devenu un poil lourd du
petit monde de l'animation, au point que Disney lui-même s'appuie
fortement sur ses solides épaules depuis quelques films. La sortie du
nouveau-né de la famille est donc désormais un événement mondial, avec le
retour aux commandes de Brad Bird, déjà réalisateur des
Indestructibles il y a trois ans. Les questions sont toujours les
mêmes : Pixar a-t-il réussi à nous pondre des images encore plus
époustouflantes ? Le scénario sera-t-il niais façon Disney ou plus évolué
?
En tout cas, on ne peut pas nier une certaine originalité pour le fond des
scénatios chez Pixar. Cette fois-ci, l'histoire se passe majoritairement
dans les coulisses d'un grand restaurant parisien, où le gentil mais un
peu benêt Alfredo est engagé comme commis (son rôle principal étant le
vidage de poubelles). Rémy, un petit rat tout mignon qui a la
particularité d'avoir un sens de l'odorat et du goût particulièrement
développé, va le précipiter sur les devants, en tant que chef créateur de
saveurs raffinées. Evidemment, quelques bâtons vont se glisser dans les
roues de cette belle histoire.
Ce qui est à la fois rassurant et extraordinaire avec Pixar, c'est qu'on
est quasiment assurés de retrouver certains éléments à chacun de leurs
films. Tout d'abord, un univers inattendu dans un dessin animé (ici le
monde de la grande cuisine) ; ensuite des personnages absolument
irrésistibles (ici les rats) ; enfin une maitrise technique qui laisse à
chaque fois sur le cul. Pas de mauvais surprise donc cette fois-ci, on en
prend une fois de plus plein les yeux. La reconstitution de Paris est
fabuleuse (les quais ! on s'y croirait), les scènes de foules (de rats)
impressionnantes, la palme revenant à la dérive de Rémy dans les égouts,
le rendu de la flotte est, euh, j'ai déjà usé mon quota de superlatifs
mais vous avez compris. Quand aux scènes de cuisine, elles donnent
terriblement faim, c'est le meilleur compliment qu'on puisse leur faire.
Et à part ça ? Ben ces gens connaissent bien leur boulot, et le dosage de
gags (on rigole bien, tout de même), de scènes d'action et de petites
pauses tire-larme est assez bien réglé. Peut-être même un peu trop à bien
y refléchir, car si l'idée de nous balader en cuisine était séduisante, il
faut bien reconnaitre que le reste du scénario ne brille pas par son
originalité : un méchant caricatural, une romance convenue et prévisible,
des retournements attendus, une morale cul-cul (ah oui, le rôle de la
famille, tiens, on ne le voyait pas venir celui-là) et un final facile, au
cinquantième Disney on commence à avoir l'habitude.
Ca ne nous empêche pas de manger avec un certain appétit ce plat fort bien
préparé, mais pour le coup, les auteurs n'ont pas eu l'éclair
d'originalité qui fait une recette miraculeuse. Tant pis, on se contentera
de continuer à être impressionné par la constance de Pixar à très haut
niveau (tout le monde ne peut pas en dire autant chez les concurrents).
Mine de rien, ils nous réalisent encore une oeuvre qui sera encore en
très bonne place au moment des comptes de fin d'année.
Roupoil, 14 août 2007.