Meurtre dans un jardin anglais,

film de Peter Greenaway (1982)



Avis général : 4.5/10
:-) La musique sympa, l'esthétique surprenante mais pas désagréable, et quelques dialogues bien vus.
:-( Quel est le but de tout ça ? Scénario bien nébuleux, pas vraiment de suspense, pas vraiment drôle, pas vraiment intéressant...

Du cinéma, du vrai, de l'artistique qui tâche, qui vous fera foudroyer du regard par le premier cinéphile venu si vous avouez ne jamais en avoir entendu parler, mais dont le commun des mortels ne soupçonne même pas l'existence, voilà qui caractérise assez bien l'oeuvre de Peter Greenaway. Tenté par l'expérience depuis un bon moment, j'ai fini par passer à l'acte avec ce film peut-être réputé son plus classique. Tant que je ne le trouve pas aussi mauvais que le plus récent Tournage dans un jardin anglais (titre français n'ayant rien à voir avec l'original, qui n'a du coup lui-même rien à voir avec le film dont je suis censé parler en ce moment, il est donc temps de fermer cette parenthèse au fond assez inutile).

Les deux films ont tout de même en commun d'avoir eu leur titre bien modifié en traversant la Manche, puisque pour celui-ci c'était en VO Le contrat du dessinateur. De fait, le scénario est là : un dessinateur en vue est chargé par une noble dame quelque peu délaissée par son mari d'effectuer quelques croquis de son jardin (anglais, donc), incluant dans le paiement le privilège de la chère mais aussi de sa chair à elle. Mais le scénario est-il là ? Comme le fait remarquer à notre cher dessinateur la fille de la patronne, il y a peut-être plus dans ces dessins que ce que l'artiste lui-même a voulu y mettre...

Si vous avez un peu de mal à suivre, ne vous inquiétez pas, c'est normal et sûrement voulu. Comme le titre l'a déjà dévoilé, il sera question de meurtre à un moment ou à un autre, mais on en saura bien trop peu pour se faire une idée raisonnable de ce qui s'est passé. C'est tout de même un peu frustrant, et le film l'est à plus d'un titre, en explorant beaucoup de pistes alléchantes mais sans jamais vraiment s'y plonger corps et âme. Polar ? Non, puisqu'au fond il n'y a pas d'enquête. Comédie ? À quelques dialogues amusants près (le reste du temps, c'est plutôt abscons), on ne rit pas. Fantaisie érotique ? D'érotisme, en fait, on entend parler, mais il ne se passe pas grand chose.

Bref, un peu de tout mais surtout beaucoup de rien dans ce film. Certes, on est intrigué par les cadrages très recherchés du réalisateur (mais pas vraiment fasciné, en ce qui me concerne), et amusé par la musique de Nyman (qui, lui, s'est indiscutablement pris au jeu), voire par les costumes assez grotesques, mais à la fin on cherche toujours l'intérêt de ce truc un poil hermétique.

Pour résumer, je dirais bien qu'on a la sensation désagréable d'avoir participé à un jeu dont on ne nous aurait que partiellement les règles, et de s'être entendu dire à la fin "Vous avez perdu". C'est d'ailleurs à peu de choses près ce qui arrive au pauvre héros. Peut-être un jour en revoyant le film en trouverai-je les clés, mais pour l'heure il restera au rayon curiosités...

Roupoil, 17 juin 2008.



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