Dark Crystal,

film de Jim Henson et Frank Oz (1982)



Avis général : 7/10
Pourcentage gozu : 1%
:-) Les bêbêtes variées, sympas, attachantes. Une histoire qui convainc malgré sa naïveté.
:-( On a l'impression au début que ça s'adresse uniquement auc gamin de moins de cinq ans. L'animation a (forcément) vieilli.

Il y a fort longtemps, à une époque où la fantasy n'était pas encore propice à décrocher des pluies d'oscars et où l'animation ne connaissait presque que le bon vieux dessin, fut Dark Crystal, épopée en marionettes troussée par Jim Henson et Frank Oz (oui, oui, ces noms rappellent un certain Muppet Show) et devenue mythique pour une poignée de fidèles. Poignée dont je ne fais absolument pas partie, mis comme en général j'aime l'animation, je n'ai pas manqué l'occasion de voir ce vieux classique.

L'histoire est tellement caricaturale qu'il vaut mieux prendre le ton solennel du narrateur pour la raconter sans risque de moquerie : dans un monde qu'on suppose lointain, survivent une dizaine de méchants Skeksès (orthographe sûrement approximative) qui dominent le cristal magique et le monde par la même occasion, et une dizaine de vieux Mystiques, sages et gentils. Mais une vieille prophétie annonce qu'avant la grande conjonction, qui approche à grands pas, un jeune Gelfling ira sauver le monde en soignant le cristal, et alors "deux deviendront un, et un sera entier".

Ca vous semble débile ? C'est normal, ça l'est. Et c'est complètement assumé. Plus précisément, l'invraisemblable naïveté de l'histoire et des dialogues (on a vraiment l'impression pendant un moment que ça s'adresse à des gamins de deux ou trois ans, et c'est peut-être d'ailleurs le cas, mais ça n'empêche pas qu'un adulte puisse y trouver un intérêt) fait partie intégrante du monde de Dark Crystal (mais attention, ça n'a rien à voir avec la naïveté qu'on peut trouver dans les mauvais Disney, ce n'est pas cruche, juste désarmant). Pour y pénétrer réellement, il faut se résoudre à retrouver une partie de son âme d'enfant, et par exemple de sa capacité d'émerveillement devant une technique d'animation qui risque tout de même de faire un peu pleurer de rire les gamins actuels.

Mais une fois qu'on est dedans, qu'est-ce que c'est bon ! On se laisse tout bêtement emporter par la magie qui émane de l'ensemble, et ce n'est pas ici un vain mot. Le simple fait de prendre le temps de placer quelques plans "inutiles" sur les décors (eux aussi dans un style assez naïf, mais qui collent parfaitement au reste) suffit à instaurer une atmosphère, et la simplicité de l'intrigue est compensée par les trouvailles qui foisonnent par ailleurs. Ne serait-ce que le bestiaire, qui pour le coup évite complètement les poncifs du genre (franchement, un pseudo-toutou à la machoire démesurée, c'est vachement mieux que les classiques centaures ou elfes), mérite qu'on garde un oeil attentif sur tout ce qui se passe. Et on finit même par se laisser aller à trouver la conclusion intéressante, et certaines "scènes d'action" où des marionettes font des sauts en l'air à la limite du grotesque paraissent trépidantes. Fabuleux pouvoir de l'imagination quand elle est intelligemment sollicitée.

Malgré cette portion de critique proche du dythirambique, je n'irai pas jusqu'à prétendre (comme le voudraient peut-être certaines personnes qui l'ont regardé avec moi ;-) ) qu'on tient là un chef-d'oeuvre de l'animation, certaines oeuvres plus récentes (et même d'autres aussi anciennes) ajoutant à l'émerveillement une réalisation plus intéressante. Mais on tient là une alternative originale et séduisante, notamment du point de vue de la narration, aux oeuvres actuelles. A découvrir, même vingt ans après, pour ceux qui s'intéressent au genre.

Roupoil, 11 janvier 2006



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