CRETACE (135-65 Ma)

 

L'environnement :

 

 

La Téthys est désormais raccordée à l'Atlantique, qui poursuit son ouverture vers le Nord. Le Gondwana est maintenant éclaté, et l'Inde, en particulier, commence à migrer vers le Nord. Cette fragmentation augmente la surface des mers épicontinentales. Le Crétacé présente une transgression généralisée. Dans ces mers prolifèrent les algues, et en particulier les Coccolithophoridés, à l'origine des vastes dépôts de craie qui valent son nom à cette période.

Le début du Crétacé n'est marqué par aucun bouleversement réel, dans le climat, la faune, ou la flore, par rapport au Jurassique.

Quelques organismes caractéristiques :

Organismes aquatiques :

Les Calpionnelles de la Téthys :

C'est à la fin du Jurassique, dans les séries téthysiennes calcaires, que l'on voit apparaître les premières Calpionnelles. Ces fossiles calcaires, en forme de petite amphore, sont aujourd'hui interprétés comme des loges d'unicellulaires Ciliés planctoniques. Ils présentent une importante et brève radiation évolutive au Crétacé ancien, et constituent par conséquent d'excellents fossiles stratigraphiques.

 

Les Diatomées marines :

Les premiers fossiles indubitablement attribués à des Diatomées datent du Crétacé ancien. Ce sont des formes marines. Les Diatomées d'eau douce n'apparaissent que beaucoup plus tard, au Miocène.

 

Foraminifères : les Globotruncana

Ces Foraminifères planctoniques à test hyalin, reconnaissables à leur carène latérale, se rencontrent fréquemment dans les sédiments du Crétacé supérieur, pour lequel ils permettent de faire des subdivisions biostratigraphiques fines.

 

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Mollusques :

Céphalopodes

Ammonites et Bélemnites sont toujours présentes.

Cependant, l'adaptation des Ammonites aux milieux peu profonds des mers épicontinentales se traduit par l'apparition de nombreuses formes plus ou moins déroulées, comme (ci-dessous) Turrilites, Scaphites ou Baculites, à la coquille parfaitement droite.

Remarque : On peut visuellement rattacher ces fossiles aux Ammonites par la présence des sutures persillées, et dans le cas de Turrilites, en particulier, on peut distinguer cet animal d'un Gastéropodes (une Turitelle, par exemple) en remarquant que chaque tour conserve une symétrie bilatérale.

 

Turrilites
Scaphites

Baculites

 

Bivalves : les Rudistes

Les Rudistes représentent un groupe de Mollusques Lamellibranches, aussi appelés les Pachyodontes ("dents épaisses"). Ils sont caractérisés par une charnière particulière, composée d'épaisses dents (qui leur valent leur nom) et de profondes fossettes, ainsi que par une coquille fortement inéquivalve, et un mode de vie benthique, fixé par l'une des valves (fréquemment la valve droite).

Les Rudistes les plus anciens, du Jurassique supérieur, comme Diceras, ci-dessous, montrent encore deux valves presque identiques.

Les suivants ont un caractère inéquivalve beaucoup plus accentué (Requiena, ci-dessous), et, chez les Hippurites, la valve gauche se réduit à un opercule plat. la coquille de ces animaux ne s'ouvrait plus en charnière, mais par un soulèvement vertical de l'opercule.

 

Toucasia carinata

Crétacé ancien

Requiena ammonia

Crétacé ancien

Hippurites

Crétacé récent

 

Vertébrés : Reptiles marins.

Ichtyosaures et Plésiosaures sont toujours présents parmi les grands prédateurs marins. S'y ajoute au Crétacé le groupe des Mosasaures.

(Ne pas confondre avec les Mésosaures du Permien. Le nom Mosasaure signifie "lézard de la Meuse", les premiers restes de ces animaux ayant été trouvé au Pays-Bas, près de ce fleuve).

Aujourd'hui considérés comme apparentés aux Lézards, ces grands prédateurs, probablement piscivores, présentaient un corps sans cou, de 3 à 10m de long, et nageaient au moyen de leur queue et de membres modifiées en palettes natatoires.

 

Ci-contre :

Reconstitution d'un Mosasaure.

Dessin : J-M. Mazin, Dossier Pour la Science, La valse des espèces.

 

 

 

Organismes terrestres :

Végétaux : l'expansion des Angiospermes

Apparues au Jurassique, les Angiospermes se développent au Crétacé moyen, prenant le pas sur les Conifères alors que les Benettitales s'éteignent et que Cycadales et Gingkoales déclinent.

Arthropodes : Les Insectes

Le Crétacé représente un épisode de diversification évolutive des Insectes, qui auraient atteint alors une diversité comparable à l'actuelle. Ce succès paraît lié à l'expansion des Angiospermes. Insectes et plantes à fleurs auraient co-évolué, les premiers devenant les pollinisateurs principaux des secondes. C'est également dans les terrains Crétacé que l'on a trouvé les premiers Hyménoptères sociaux. Au Crétacé récent, toutes les familles actuelles d'Insectes sont déjà présentes.

Dans le même temps, cependant, à la limite Cénomanien-Turonien, plusieurs lignées anciennes, surtout d'eau douce, disparaissent.

Pour plus de détail, on pourra se reporter à l'article d'André Nel, Les insectes : un succès de l'évolution, dans Pour la Science, Mars 2002.

Vertébrés : Dinosaures et apparentés, toujours.

La faune de Vertébrés reste dominée par les Dinosaures, alors que les airs sont maintenant occupés par les grands Ptérosaures mais aussi par les Oiseaux.

Les formes de Dinosaures les plus connues du "grand public" sont d'âge Crétacé. On en détaille ci-après quelques-unes.

Ornitischiens :

Parmi ce groupe se développent alors plusieurs branches aux formes caractéristiques.

- A côté des Stégosauridés apparaissent les Ankylosauridés, groupe de dinosaures "cuirassés" au corps couvert de plaques osseuses défensives.

 

Euoplocephalus, ~6 m, l'un des Ankylosauridés les mieux connus, Crétacé supérieur d'Amérique du Nord.

Image : site Internet The Tree of Life

 

- Le groupe des Ornithopodes devient, au Crétacé, l'ensemble le plus diversifié des Ornitischiens, avec environ 80 espèces.

Parmi ceux-ci, les Hadrosaures, ou "dinosaures à bec de canard", développent une morphologie des mâchoires caractéristique : un museau en bec plat, édenté à l'avant, mais pourvu en arrière d'une batterie de dents aplaties. La zone avant permettait d'attraper et de découper efficacement les plantes dures, alors que la batterie dentaire conférait une grande surface de broyage.

 

D'autre part, certaines formes (comme ci-contre, Tsintaosaurus) présentent sur le crâne une crête, ou une expansion osseuse creuse, partant de la mâchoire supérieure, dont la fonction reste mal comprise. Hormis une utilisation comme signal visuel, des reconstitutions des flux d'air dans ces structures suggèrent qu'elles permettaient à ces animaux d'émettre des sons amplifiés.

 

Image : S.J. Gould, Le livre de la vie, Seuil.

 

C'est également aux Ornithopodes qu'appartient le groupe des Iguanodontidés, et son plus fameux représentant, Iguanodon, premier dinosaure découvert, et décrit comme tel, au XIXième siècle.

Reconstitution d'un Iguanodon :

Source :site Internet de la BBC, Walking with Dinosaurs.

Taille : ~ 4 tonnes, 6 mètres

 

 

- Les Pachycephalosaures ("tête épaisse") présentent, quant à eux, un crâne aux os fortement épaissis. On suppose que cette structure leur servait lors de combats entre mâles, à l'occasion des parades nuptiales, selon le même comportement que les Cerfs actuels.

- Enfin, le groupe des Cératopsiens, (dinosaures à collerette et à cornes) dont les premiers représentants (Protoceratops) remontent au jurassique récent, se diversifient au Crétacé et atteignent de grandes tailles. Triceratops, ci-dessous, en est l'un des représentants les plus connus.

 

 

Protoceratops, ~400 kg, 1,8 m

 

 

Triceratops (Image : UCMP). ~ 8 mètres, 6 à 12 tonnes

 

Saurischiens :

- Les Théropodes, carnivores bipèdes, présentent plusieurs formes de très grande taille, aux membres antérieurs très réduits, dont le fameux Tyrannosaurus rex d'Amérique du Nord (~6 tonnes, 14 mètres de long, 5 m de haut), ou des formes équivalentes sur les autres continents, comme Tarbosaurus, trouvé en Mongolie.

 

Ci-dessus, crâne de Tyrannosaurus rex, exposé au Muséum de Paléontologie de Berkeley.

Ci-contre, Tarbosaurus bataar, squelettes exposés au Museum de Paléontologie de Berkeley. Devant, le crâne d'un Hadrosaure. On reconnaît le museau en bec de canard typique de ce groupe

 

D'autres Théropodes gardent des tailles plus modestes, des membres antérieurs relativement longs, mais présentent néanmoins des adaptations qui en faisaient sérement des prédateurs très efficaces. Ainsi, les Dromaesauridés, comme Velociraptor (~1,8m et 45 kg, Mongolie), ou Deinonychus ("griffe terrible", Amérique du Nord, représenté ci-dessous) possédaient sur un doigt du membre postérieur une grande griffe en faucille. On leur attribue souvent aujourd'hui, à l'inverse des Tyrannosauridés, un comportement de chasse en groupe. Notons enfin que c'est ce dernier groupe que les études cladistiques positionnent actuellement en groupe-frère des Oiseaux.

 

Oiseaux :

Au Crétacé, les vrais oiseaux sont déjà présents.

 

Jusqu'à récemment, aucun fossile ne permettait de relier Archaeopteryx aux fossiles d'oiseaux du Crétacé récent. De nouvelles découvertes, en particulier dans le Crétacé ancien de Chine, de Mongolie et d'Espagne, ont démontré l'existence de plusieurs lignées d'oiseaux au Crétacé. (cladogramme ci-contre. Source : La Recherche n° 317)

 

Leur mâchoire et leur crâne portent encore des dents. Certains, comme Hesperornis (ci-contre), sont revenus à un mode de vie pêcheur : incapables de voler, leurs pattes arrières sont très développées et sans doute palmées.

 

Les Mammifères :

Les Mammifères sont déjà bien présents au Crétacé, et on en découvre de plus en plus de restes fossiles. Ils restent cependant de très petite taille. Les principaux appartiennent au groupe des Multituberculés, entièrement éteint. Se reporter à la feuille Paléocène.

Les sédiments Crétacé ont aussi fourni des fossiles attribués à des Monotrèmes (Crétacé inférieur d'Australie) et des Marsupiaux (Crétacé moyen d'Amérique du Nord).

La crise Crétacé / Tertiaire :

On ne détaillera pas ici les divers arguments avancés à propos des causes de cette extinction. Rappelons seulement qu'à l'heure actuelle, on l'attribue en premier lieu à l'impact d'un corps extraterrestre, et aux bouleversements climatiques qu'il aurait provoqué. On a retrouvé, par imagerie sismique, le cratère d'impact de cet objet au Yucatan (cratère de Chixculub). Les conséquences climatiques d'une gigantesque activité volcanique (également du même âge, et responsable de la mise en place des trapps du Deccan, en Inde) sont aussi invoqués comme facteur déclenchant de la crise.

Quel qu'en soit le responsable principal, la crise se traduit, pour la biosphère, par :

En domaine marin :

- La disparition de 16% des Familles, soit 45% des Genres et 76% des espèces (F. Lethiers, Evolution de la biosphère et événements géologiques, Gordon and Breach science Publishers).

-D'importants changements dans le microplancton (Foraminifères) et le nanoplancton (Coccolithophoridés), qui permettent une définition biostratigraphique très précise de la limite Crétacé/Tertiaire.

- En domaine marin toujours, Ammonites et Bélemnites disparaissent. Cependant, la diversité des Ammonites montre une baisse progressive avant la limite Cr/T, que l'on a mis en relation avec la régression marine concomitante. Il en va de même pour les Rudistes.

En domaine continental :

- La disparition de tous les animaux d'un poids supérieur à ~25 kg.

- Dinosauriens (à l'exception des Oiseaux), Ptérosauriens, Plésiosauriens disparaissent ainsi que, parmi les Lacertiliens, le groupe marin des Mosasaures (les Ichtyosauriens, eux, se sont éteints plus tôt, avant la fin du Crétacé). Cependant, parmi les Oiseaux, les formes "primitives"  s'éteignent. Les oiseaux tertiaires appartiennent tous au groupe des Néornithes, les oiseaux actuels.

- Crocodiles et Tortues sont également affectés. Seuls les Amphibiens semblent passer cette période sans aucun dommage.

- Les Mammifères, tous de petite taille, sont peu ou pas affectés, à l'exception des Marsupiaux.

- Les plantes sont beaucoup moins touchées que les animaux, même si la limite Cr/T est marquée par un pic d'abondance de spores de fougères et de pollen d'Angiospermes, interprété comme la trace de grands incendies : destruction des plantes dont il reste les grains de pollen, puis recolonisation par les Fougères.

 


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