Les brumes enneigées

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Je ne savais plus où aller. Il faisait noir et j'avais froid.  Tellement
froid que j'avais l'impression que même la neige pourrait me réchauffer.
L'instant d'après, je changeais immédiatement d'avis lorsqu'une rafale de
vent me giflai le visage.
Je me retournait, par instinct, pour me protéger, et aperçus un mouvement
dans la forêt que je venais de quitter.
Ainsi donc, la créature m'avait suivi pendant tout mon trajet. Viendra-t-il
à découvert, maintenant ?
Je repris mon chemin, luttant contre le vent.
Quelques minutes plus tard, j'arrivai au bord d'une falaise.
À cause de la neige, j'étais bien incapable de juger de la distance au bord
d'en face, ni même la profondeur du gouffre, et il faisait bien trop noir à
présent pour que je puisse distinguer quoi que ce soit.
Je décidais de m'arrêter là pour ce soir.
Je sortis une ration de nourriture et une couverture de mon sac, et
m'emmitouflais dedans, après avoir allumé tant bien que mal un feu.
Quelques instants plus tard, j'entendis un craquement à côté de moi, dans
la direction de la forêt. Je lançais :
- Qu'es-tu ? Qui es-tu ? Pourquoi me suis-tu ?
C'est une voix très rauque qui me répondit :
- Tu n'as pas l'air d'avoir peur de moi.
Je regardais vers la voix : il n'y avait rien.  Je ne voyais même plus la
forêt. Quelque chose me parût étrange, à la limite de l'espace éclairé par
mon feu. Comme si...
Je me relevai alors et me dirigeai prudemment vers ce que je savais être la
forêt. Arrivé au bord du disque lumineux, je plantai mon bâton dans le
noir, mais ne rencontrais que du vide.
- Qu'est-ce que tu me veux ? Arrête tes tours de passe-passe, tu n'es pas
  drôle du tout.
Pas de réponse.
Un rapide tour me confirmait que j'étais bien entouré de vide.
Je retournai vers le centre et décidai d'attendre le jour, et je me
recouvris de ma couverture. Le feu commençait à faiblir, et une pensée
traversa mon esprit. Et si...  
Sans perdre plus de temps, j'attrapait un bâton enflammé et avançais, en
direction du gouffre. Le sol se révélait à mesure que j'avançais, mais le
gouffre avait disparu. Que se passerait-il si le feu venait à s'éteindre ?
N'ayant aucune envie de l'apprendre, je retournai auprès du feu et rangeai
mes affaires en vitesse. Il ne fallait pas que le feu s'éteigne. Peut-être
que je pourrais...
Non, pas si près du but, il fallait que j'y arrive.
J'avançais d'un pas accéléré, prenant soin que la branche de feu éclaire
suffisamment mon chemin. Cinq ou six heures avant le jour - si jamais il se
levait - ; en économisant chaque branche au maximum, je devrais y arriver.
Après un long moment, je fus arrêté par un mur de pierre qui se dressait
devant moi. Les rafales de neige semblait venir de derrière le mur, comme
si c'était une illusion.
Je jetai un coup d'œil derrière moi et crus apercevoir deux yeux dans le noir.
- Hé, toi, là-bas !
Je me dirigeai vers les yeux, qui disparurent immédiatement. Je sentis la
lumière faiblir, et avant même que j'aie le temps de sortir une branche de
mon sac, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Je criais, mais aucun
son ne sortit de ma bouche.
J'étais dans le noir, et je tombais...

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