Le lieu perdu

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Lelieu, père d'Û.

    Par une belle nuit d'été naquit Û, fils de Lelieu et Polie.
C'était un nom court. De plus, ses parents n'avaient pas d'inspiration 
pour le nommer, s'attendant à une fille plutôt qu'à un garçon, comme le
leur avait promis le prêtre du village.
    Plus le jeune homme grandissait, moins il aimait son prénom, pas plus 
que celui de ses parents, mais il n'avait pas eu le choix à la naissance : 
c'est ainsi que ses parents ont choisi de l'appeler. Pour se venger, il ne se 
gênait pas pour s'en servir à toutes les sauces en y mêlant les noms de ses 
parents et devint du coup très fort en jeux de mots en tous genres. 
    A l'école, le jeune homme était la cible de toutes les moqueries
de ses camarades : un prénom à une seule lettre, que c'est absurde! Même
les professeurs avaient du mal à y croire. Mais parmi tous les jeux de
mots qu'ils inventaient pour se moquer de lui, aucun n'arrivait à la
cheville de ceux qu'il était capable de faire. Peu à peu, on se rendit
compte que les moqueries ne l'atteignaient pas, et on arrêta rapidement.
    Un jour qu'il se baladait dans la forêt qu'il devait traverser
pour rentrer chez lui, après la sortie des cours, il fut surpris par un endroit 
qu'il ne reconnaissait pas. Pourtant, il connaissait la forêt depuis sa plus
tendre enfance, et en avait exploré les moindres recoins. 
    L'endroit ressemblait vaguement à une clairière, perdu dans un
des coins les plus sombres de la forêt, éclairée par un halo de lumière
qui semblait venir des arbres. Le coin semblait très apaisant, à
l'inverse des arbres qui l'entouraient. Û tenta de s'éloigner de
l'endroit, mais il ne reconnaissait plus rien. En lui-même, il se fit
remarquer qu'il était "père d'Û", ce qui lui rappela un de ses premiers
jeux de mots, et le fit sourire.
    Il retourna vers la clairière, et s'assit pour réfléchir à ce qui
lui arrivait. Il fût surpris lorsqu'il entendit un "Û" venant de son dos.
C'était son père. 
- Tu t'es perdu ?
- Oui. Et vous deux fois plus que moi si je ne m'abuse, père.
(Il ne pouvait pas râter cette occasion de se moquer une fois de plus du
nom qu'avait choisi son père)
- Sais-tu où on est ?
- Je n'en ai aucune idée, je n'ai jamais vu cet endroit !

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