Groupe national
de concertation prison (GNCP)
Juin 2006
La prison… s'en sortir !
13èmes journées nationales prison
du 20 au 26 novembre
2006
80 000 personnes
sortent de prison chaque année ! Car toute personne détenue est amenée
à retourner dans notre société. Aussi, pour que ce retour soit réussi,
elle doit pouvoir sortir dans de meilleures conditions qu'elle n'est
entrée : quel est le sens de ce retour si elle retrouve la précarité
sociale, financière, psychologique, familiale,… qui a souvent eu
un lien direct avec son incarcération ? La prison devrait être en mesure
de rendre à la société des personnes responsables, capables de mener
une vie exempte de crime1.
Dans la réalité,
cette mission de « réinsertion » que devrait avoir la prison, loin
d'être une priorité, est sacrifiée au bénéfice des missions de
garde et de sécurité. L'évasion d'un prisonnier est vécue par
l'Administration Pénitentiaire comme un échec, alors que la sortie
sans aucune préparation d'un condamné livré à lui-même, pratiquement
sans aide, semble une fatalité.
Or, plus on
accompagne, moins on court de risque ! Dans l'intérêt des personnes
détenues comme dans celui de la société, et dans le respect des droits
des victimes, l'exécution des peines doit favoriser l'insertion
et la réinsertion des personnes condamnées, et par conséquent la
prévention de la récidive. Par exemple, dans les affaires de violence
volontaire sur adulte, on constate 45% de taux de retour en prison.
Ce chiffre tombe à 33% lorsque les personnes condamnées sont sorties
de prison dans le cadre d'une libération conditionnelle2,
c'est-à-dire une sortie de prison encadrée et prévoyant des mesures
d'accompagnement de la personne. Comment expliquer le décalage entre
des politiques publiques affichant des objectifs concrets de réinsertion
et le faible usage des différents moyens qui permettent cette
réinsertion ?
Le système
pénitentiaire ne peut être tenu pour seul responsable de l'éventuelle
récidive ainsi favorisée. Redonner aux personnes qui sortent de prison
une place dans la société dépasse le rôle même de la prison. C'est
la société dans son ensemble qui doit être capable d'accueillir
et d'intégrer ceux qui ont passé du temps derrière les murs : nous
sommes tous responsables de l'accueil des sortants de prison.
Condamner quelqu'un à la prison, c'est le condamner un jour à en sortir. Alors comment faire de la prison un tournant dans la vie de ces personnes, plutôt qu'une impasse ?