Voyage en Islande
Introduction
C'est maintenant plus ou moins devenu une tradition, je
fais un grand voyage chaque été. J'avais plus ou moins en tête l'Amérique
du Sud pour cette année, Liguori (organisateur habituel) a tenté de nous
motiver pour l'Afrique du Sud, finalement, en raison notamment du peu de
temps que nous avions de disponible en commun, c'est l'Islande qui fut
choisie, sur une proposition de Shaggy, pour un petit périple d'à peine
plus de deux semaines. Le groupe était exactement le même qu'en Grèce il y
a trois ans : Liguori, Shaggy, Arnaud, Marc et moi-même. Au programme,
camping et paysages surprenants.
Les photos que j'ai prises pendant ce voyage sont comme d'habitude
sur cette page (quelques-unes sont d'ailleurs insérées comme
illustrations dans le texte ci-dessous). Elles ont été séparées en deux
séries car il y en a moins que pour l'Inde ou l'Australie mais pas mal
quand même : page 1 (53
photos, page
2 (55 photos). Les photos sont à peu près classées dans l'ordre
chronologique suivi par mon journal de bord.
Mon journal de voyage.
- Dimanche 13 août : C'est le jour du départ, mais la
préparation active du voyage a commencé quelques jours plus tôt. Comme la
bouffe (et le reste...) est très chère en Islande, on a décidé de faire
les porcs et d'en ramener le plus possible dans nos bagages. On a donc
dévalisé le Franprix du coin, quinze kilos de victuailles à se trimballer
dans l'avion, et encore on aurait pu en plus, les autorités locales
n'ayant même pas jeté un coup d'oeil à nos sacs. En tout cas, on a du pâté
pour un moment.
Autre bon moment avant le départ, la valise. Liguori a demandé qu'on en
emporte le moins possible (des bagages pour cinq, plus les tentes, ça va
prendre de la place dans le coffre de la caisse), il sera pas déçu, j'ai
vraiment pris le strict minimum, mon bagage soute sera d'ailleurs pesé à
moins de dix kilos à l'aéroport, bel effort. Par ontre, bon gag au moment
d'embarquer mon blouson (l'Islande n'est pas à proprement parler un pays
chaud, même à cette période de l'année), il n'est pas dans le placard !
Hypothèse vraisemblable, Fabien l'a embarqué par mégarde lors de son
récent déménagement. Bon, évidemment, il n'est pas sur Paris en ce moment,
mais pas grave, je pique des fringues à Fanfan, il a l'habitude.
Le jour J, fin prêt, je me lève une bonne demi-heure trop tô, ce qui me
permet de croiser Shaggy et Arnaud à l'aéroport (pour des raisons
indépendantes de notre volonté, ils partent par le vol d'avant). Direction
Amsterdam dans un premier temps (où on se rend compte qu'on peut embarquer
tranquillement de vrais couteaux dans notre avion suivant, mais on ne l'a
pas fait), puis Reykjavik, pour un vol sans histoire. Par contre, à
l'arrivée, classique du rire, un bagage, celui d'Arnaud en l'ocuurence,
n'est pas au rendez-vous. Après les formalités d'usage, on se dirige vers
notre hôtel (la ville est tout de même à 50 bornes de l'aéroport, qui est
par ailleurs ridiculement petit pour un aéroport international). Première
occasion d'admirer les paysages islandais, pour le moins désolés, mais on
prendra vite l'habitude.
Une fois posés dans notre petite chambre à l'auberge de jeunesse la plus
proche, on passe devant la cathédrale locale, moderne mais pas mal du
tout, on va manger dans un café local après une partie de tarot (horreur
!) ; les autres tentent le gratin de poisson (apparemment très bon),
j'assure avec des tortillas (très bon aussi !). Premières courses du
séjour, on bourrine en sachant bien qu'on trouvera pas des masses de
magasins ailleurs (l'Islande, c'est vraiment pas peuplé) et qu'à cinq ça
partira vite). Puis gros dodo, on fait même pas trop de bêtises dans la
chambre, y a juste Marc qui casse un peu le lit de Shaggy :-).
- Lundi 14 août : C'est l'anniversaire de ma soeur, mais je ne
suis pas sûr que ça vous passionne. Sinon, la journée commence bien, on
récupère le sac d'Arnaud (qui s'était égaré du côté de Copenhague) avant
même la voiture, qui est un vrai 4x4 avec un coffre assez grand pour caser
tous les sacs et la bouffe (ça a pas été évident, mais on y est arrivé).
On s'en va illico (pas qu'il n'y ait rien à faire à Reykjavik, mais un peu
quand même), pour visiter la péninsule attenante. Premier arrêt devant un
joli lac avec une plage noire, et tout de suite après nos premiers
phénomènes géologiques bizarres. Sol fumant, mares de boue bouillonnante,
on verra plus impressionnant dans la suite du séjour, mais comme c'est la
première fois, forcément, ça fait son petit effet.
Ceci dit, l'attraction principale du jour est pour plus tard, il s'agit de
Lagon Bleu. Passons outre le nom très commercial et les droits d'entrée
exhorbitants, une fois à l'intérieur c'est vraiment cool. L'eau pleine de
cochonneries soi-disant bonnes pour la peau a une couleur vraiment
curieuse, et surtout elle est à une température assez grassouille. Ajoutez
une séance de peinturlurage les cochonneries en question, et une cascade à
l'effet massant indéniable, ben on s'est bien amusés.
La fin de la journée est consacrée à un peu de route, histoire de
rejoindre le site de Thingvellir (où, pour les curieux, s'est réunie en
d'autres temps la plus vieille assemblée d'Europe, l'Althing). On arrive
trop tard pour visiter, on se contente donc de monter les tentes. Enfin,
on essaie... Car il y a du vent, beaucoup de vent, trop de vent ! On
démonte la tente quatre places avant qu'elle ne parte en morceaux, et on
s'arrange comme on peut pour la nuit (trois dans la tente deux places,
deux dans la voiture), et pour la suite, ben, on verra demain.
- Mardi 15 août : Lever à l'aube (6H15, un classique de
l'organisation Liguoresque, mais on ne se laissera pas faire tout le
temps) pour commencer par la visite du site de Thingvellir. De
l'assemblée, on ne voit essentiellement plus rien, mais c'est assez joli
quand même, et surtout exceptionnellement vert pour ce pays, bref une
bonne façon de commencer la journée. Il est ensuite temps de se demander
comment on continue le voyage. Après mûre réflexion, on décide de faire la
journée comme prévu, de dormir comme on pourra, et puis, ben, on verra
demain :-).
En l'occurence, on commence par une visite incontournable, celle du site
de Geysir, qui a donné son nom à l'un des phénomènes géologiques les plus
rigolos qu'on puisse admirer sur notre belle planète. Bref, le Strokkur,
fidèle à ses habitudes, balance son jet d'eau à quelque 20 mètres de haut
toutes les cinq minutes. Le grand Geyser, lui, reste muet (en même temps,
ça fait près d'un siècle qu'il s'est endormi), mais c'est bien rigolo
quand même. Quelques fumerolles et autres cratères pour agrémenter le
tout.
On décide ensuite de zapper provisoirement Gulfoss pour avoir le temps de
faire un aller-retour vers le centre du pays. Premières pistes non
goudronnées pour tester notre bagnole, sur le coup, ça parait un peu
cahoteux, mais a posteriori c'était vraiment de la tarte. On arrive en
début d'après-midi à Hveravellir, et on y croise des gens en maillot de
bain alors qu'on a pas chaud en doudoune-écharpe. Première réaction : "Ils
sont tarés". Mais après un petit tour pour jeter un oeil aux fumerolles du
coin (qui a dit "encore" ?), on craque à notre tour, et faut bien admettre
que l'eau à 40°, en fait, c'est trop bon, à tel point qu'on n'a même pas
froid en sortant. Il n'y a que Shaggy pour ne pas se laisser tenter.
On reste tout de même pas trop longtemps dans l'eau, d'une part parce que
c'est vraiment chaud, d'autre part parce que la journée n'est pas finie,
on a prévu un tour du côté de Kerlingarfjöll, coin assez paumé et très peu
fréquenté. On se demande bien pourquoi, c'est vraiment superbe, la
montagne a des couleurs invraisemblables (encore des dépôts de soufre et
assimilé), et ça fume de partout ! Peut-être encore plus beau, on enchaine
sur une vue à tomber par terre du Höfsjökull, et on peut même se faire
notre traditionnelle bataille de boules de neige du voyage (ouais, bon,
d'accord, en Islande c'était plus facile qu'en Australie ou en Grèce).
On retourne camper près de Geysir, et Liguori, qui est un brin têtu, tient
à monter la grande tente à moitié cassée. Il n'a pas tort, ça tient
vaguement la route, on se permet donc de continuer notre voyage sans
modification (les jours suivants, on arrivera même à la monter à peu près
normalement).
- Mercredi 16 août : Chose promise, chose due, on commence par
un petit tour à Gulfoss de bon matin. Le Guide du Routard, toujours d'une
fiabilité étonnante, est assez froid dans son commentaire, c'est donc sans
grande surprise que nous trouvons le site très bien. Certes, le point de
vue est placé à un endroit relativement peu stratégique (difficile de voir
la chute en face), mais bon quand même, ça a de la gueule. Et puis comme
on est des veinards pas croyables, il fait plein soleil et on a droit à un
très bel arc-en-ciel (en même temps, le nom des chutes vient de là). On
manque même de s'endormir devant (faut dire, aussi, y ont mis un banc à un
endroit très tentant).
C'est con, parce qu'on va avoir le temps de roupiller dans la bagnole
(même si à trois derrière c'et pas toujours top niveau confort), puisqu'on
est repartis pour un certain kilométrage sur les fabuleuses pistes
islandaises. On passe devant le volcan Hekla, mais on ne prend pas le
temps de s'y poser, et encore moins de le grimper, faut dire que c'est
long. on fonce plutôt droit sur le Landmannalaugar (font chier avec leurs
noms à rallonge :-) ), en pleine zone volcanique. Les paysages sont assez
rigolos, pour que qu'on soit pas trop attaché à croiser des êtres vivants.
C'est plutôt sable noir, cendre et lave, moi j'aime bien. Pour en profiter
un peu mieux, on décide de faire le début de la randonnée vers Thorsmörk
(55 bornes au total), on en avale le plus possible en deux heures
(aller-retour), c'est suffisant pour avoir un bon point de vue mais un peu
crevant.
Au retour de la balade, un bon bain chaud (ça devient une habitude) en
extérieur, avec tout de même deux inconvénients : l'eau est crade (c'est
dans une pseudo-rivière plus ou moins stagnante) et les douches marchent
pas (ils sont un peu boulets concernant les douches dans les campings, nos
amis islandais). Bon, du coup, on part tôt, ce qui était prévu, "pour
arriver tôt au camping". Pas de chance, un warp spatio-temporel nous fait
perdre quatre heures sans qu'on comprenne ce qui s'est passé ! Bon, non,
d'accord, on avait sous-estimé la pourritude de la piste, on s'est paumés,
on s'est même pris un bon choc en passant sur une bosse trop vite, et
après un parcours pour le moins difficile, donc, nous arrivons à un autre
endroit que prévu à près de 22H. Des fois, quand on veut jouer aux
aventuriers, on y réussit presque, mais c'est pas si glop que ça. Enfin
bon, tout est bien qui finit bien, une grosse platrée de pâtes (le soir,
c'est alternance pâtes/riz) pour se remettre en forme et dodo jusqu'à une
heure invraisemblable (quelque chose genre 7H30).
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- Jeudi 17 août : Matinée consacrée à ce que nous aurions du
faire hier soir, la route vers Thorsmörk. Et bien qu'il ne nous reste
qu'une trentaine de kilomètres, ça va nous prendre un petit bout de temps,
car la route n'est pas évidente, et surtout il y a un certain nombre de
gués de profondeur non négligeable à traverser. Comme nous ne sommes pas
très expérimentés en la matière, on s'arrête fréquemment, on sonde, on
discute avec les autres boulets de touristes qui osent pas s'aventurer
dans la flotte. C'est finalement plutôt sympathique.
On arrive tout de même à Thorsmörk, une belle vallée au pied des montagnes
(ouais, une vallée, quoi) enneigées. Petite balade dans un cadre assez
magnifique, mais comme on est des boulets on essaie de prendre un chemin
différent au retour, on se rend compte que traverser la rivière va pas
être possible, et on coupe à travers une colline comme des porcs. Ben
c'était un peut crevant tout de même, certains ont fort justement fait
remarquer que faire demi-tour aurait sûrement été plus rapide. Je cite
Liguori : "Ouais, mais on est des warriors".
L'après-midi, deuxième chute d'eau d'importance de notre séjour, la
Skogafoss. Soixante mètres, belle bête ! Et l'occasion d'admirer un
phénomène peu fréquent : en se mettant assez près de la chute, on voit un
arc-en-ciel complet (360 degrés, tout le tour). Bon, on est forcément un
peu mouillés, mais c'est étonnant. Par contre, c'est un peu plein de
touristes, faudrait les supprimer ces saletés. Beaucoup moins de monde sur
le Solheimajökull (si vous êtes un peu attentifs aux noms islandais, vous
aurez compris qu'il s'agit d'un glacier). Faut dire, quand même, ils
pourraient faire des efforts, il est vraiment tout crade leur glacier ! De
loin, on a même du mal à voir où il s'arrête, mais c'est toujours rigolo à
aller observer de près. Après cette longue journée, repos à Vik où on
arrive étonnamment tôt (faut dire, le programme prévoyait qu'on dorme plus
loin que ça). Grand instant de bonheur, il y a une douche dans ce camping.
En état de marche. Mais Shaggy nous calme un peu plus tard : l'eau est
froide. Grrrr !
- Vendredi 18 août : L'absence de douche (mes cheveux commencent
vraiment à perdre de leur superbe souplesse naturelle) et l'heure de
coucher absurdement tôtive (ben quoi, tardive, ça existe bien, non ?) nous
voit debouts de grand matin pour essayer de rattraper le retard qu'on a
sur notre programme (en même temps, le programme en question s'interrompt
abruptement trois ou quatre jours avant notre départ). Pour commencer, un
petit tour de piste pour aller admirer la faille volcanique d'Eldgja. Ben
en fait, pour une fois, le cadre est assea idyllique, rivière chantante au
milieu d'un écrin de verdure... Euh, je craque, là, je me mets à faire
dans l'épanchement lyrique. Bref, superbe double chute d'Ofaerufoss comme
terme de notre patite balade. D'après Liguori, la plus belle chute d'eau
depuis le début de notre séjour. C'est difficile de les départager, mais
il n'a pas totalement tort. Sur le chemin de retour, on croise des
touristes ... français. Incroyable le nombre de français qu'on a pu
croiser pendant notre séjour, à croire qu'ils s'étaient donné rendez-vous.
L'emploi du temps de l'après-midi est moins bien défini, le but étant de
flaner autour du Vatnajökull, le plus grand glacier du pays (et même du
continent), de la taille de la Corse si on en croit le Routard. On fait un
premier arrêt à Skaftafell, où on se contente en fait de prendre notre
pique-nique (sous un soleil radieux, car il va de soi, même si j'ai omis
de le préciser, que le beau temps nous poursuit depuis le début de notre
séjour, ce qui n'empêche pas les plus roux d'entre nous de s'enrhumer
entre deux coups de soleil). On réserve nos jambes pour une petite marche
sur le Svinafellsjökull. Oui, j'ai bien dit sûr, on crapahute un peu sur
la glace, même si l'absence de matériel adapté nous fait renoncer assez
rapidement. C'est quand même assez fun, y a des crevasses partout, par
contre, le Routard qui prétend que les bons jours on voit le glacier
"avancer à vue d'oeil" a une fois de plus fumé grave.
Tout ça est fort bien, mais ce n'est encore rien comparé à nos derniers
redez-vous du jour, les lacs glaciaires de Fjallsarlon et de Jökullsarlon.
Dejà, première remarque, les organisateurs de voyage sont des cons. Les
deux lacs sont aussi beaux l'un que l'autre (on a même eu une petite
préférence pour le Fjallsarlon), mais ils arrêtent tous leurs troupeaux de
touristes au Jökullsarlon et pas à l'autre. Bon, on va pas s'en plaindre,
du coup on en a profité rien que pour nous un bon petit moment (on a même
pu faire les cons tranquilles à dégommer des bouts d'icebergs à coups de
cailloux). Ah oui, c'est vrai que je l'ai même pas dit, mais la
particularité des lacs, ben c'est qu'il y a un glacier qui descend dedans,
et des tas d'icebergs à la surface. C'est assez magique, je n'essaierai
même pas de trouver des mots pour décrire ça, à la rigueur une photo peut
vous donner une idée, mais ça ne vaut évidemment pas la vue qu'on a sur
place, z'aviez qu'à être là de oute façon, tant pis pour vous.
Et après cette magnifique journée, on se fait un cadeau monstrueux : la
nuit à l'auberge de jeunesse. Carrément. Avec douche chaude, cuisine et
même la télé (enfin, une demi-chaine de télé à peu près). On y croise, ô
surprise, un couple de français, la nana est très gentille même si elle
radote un peu sur son "Ah, moi, dans les magasins, je prend un gars du
coin, et je lui demande ce qu'il mange, j'ai toujours fait comme ça", on
n'est pas obligés de s'empoisonner à la morue séchée sous prétexte qu'on
est en Islande non plus. Les autres tenteront tout de même le kaviar local
(c'est pas le même que chez nous, hein, beaucoup moins cher) et Shaggy en
deviendra même inconditionnel...
- Samedi 19 août : A nouveau un départ matinal, notre premier
but de la journée est de nous diriger vers le parc de Lonsraefi, dont
notre guide préféré ne dit pas grand chose, si ce n'est bien entendu qu'il
s'agit d'un des plus beaux endroits du pays (au nombre d'à peu près 250
selon lui). Petit problème, les panneaux routiers ne nous avancent guère
sur la direction à suivre (je voudrais pas faire la mauvaise langue, mais
la signalisation islandaise n'est toujours extraordinaire). Un
interrogatoire rapide d'un autochtone nous apprned de toute façon que ce
n'est pas un très bon plan, on risque d'enliser la bagnole, ce qui nous
ferait effectivement moyennement plaisir. Il nous conseille même une autre
piste, qui va plus ou moins au même endroit. De fait, après environ une
heure de "route" pour 11 kilomètres (ah ouais, là c'était assez trash),
nous arrivons qui mérite largement son petit coup d'oeil. Séance détente
dans l'herbe (faut en profiter, on en croise pas tant que ça).
Pour l'après-midi, changement de décor complet, nous arrivons dans l'Est
du pays, où un paquet de fjords se succèdent le long de l'Océan
Atlantique. Forcément, ça rallonge un peu le kilométrage, mais c'est assez
joli. Ceci dit, je dois admettre que ce n'est pas vraiment ma partie
préférée de notre séjour. On fait une longue balade du côté de
Faskrudsfjördur pour améliorer notre point de vue sur la mer (je ne sais
pas trop ce que ça a donné, finalement, vu que j'ai plus ou moins
lâchement abandonné en cours de route pour faire une sieste), puis on va
passer la nuit dans le Seydisfjördur, où c'est manifestement la fête au
village (et où ça pue le poisson, par ailleurs, comment peut-on survivre
dans une atmosphère pareille ?).
- Dimanche 20 août : Nous avons droit à un phénomène étonnant au
lever. Il fait tout à fait beau et dégagé, comme d'habitude, mais la brume
pointe le bout de son nez à l'horizon. Et voilà-t'y pas qu'elle galope
comme une malade et qu'on a pas le temps de dire ouf avant d'être
submergée. Après une remontée où on voyait pas à dix mètres devant nous,
on peut observer de haut la nappe de brume enfermée dans le fjord, c'est
vraiment saisissant. Y a que les moutons pour continuer à brouter
tranquilles.
C'est pas tout ça, mais on a encore du pain sur la planche aujourd'hui.
D'abord une petit chute ou deux pour se mettre en appétit. Les orgues
basaltiques entourant Litlanesfoss sont sympa, mais on est un brin déçus
par Hengifoss, certes très haute (120 mètres) mais finalement pas très
spectaculaire. Pour le "bruit de Boeing au décolage" promis par le
Routard, on repassera ! Par ailleurs, la toute fin du sentier était assez
casse-gueule, entre cailloux bien glissants et traversées de rivière. Mais
comme ça on a vu notre six ou septième arc-en-ciel du séjour.
Ensuite on se dirige vers l'une des étapes les plus reculées de notre
voyage, le volcan Askja, plus ou moins perdu au milieu de nulle part au
centre du pays. Du coup, va falloir bouffer de la piste. Après
consultation d'experts, on change d'itinéraire on ne saura jamais si
c'était un bon choix, mais de fait ça roule tout à fait correctement et
les soi-disant gués sont ridicules (eh ouais, on est des torcheurs
maintenant). Par contre, les décors sont vraiment fantastiques, on roule
la plupart du temps au beau milieu d'une coulée de lave (séchée, je vous
rassure), faut aimer mais si on aime, c'est assez top moumoute.
On arrive finalement jusqu'à ce fameux volcan, encore une petite trotte et
on peut admirer le lac Oskjövatn, pas moins de 217 mètres de profondeur,
et le plus petit Viti (enfer en islandais) qui a l'avantage d'être
baignable (mais j'ai eu personnellement la flemme). On reste un bon petit
moment à admirer le décor, nous en sommes maintenant à la moitié de notre
séjour (arf, merde, j'ai écrit que la moitié de ce putain de compte-rendu
!) et tout se passe bien, si ce n'est que l'état physique des participants
n'est plus tout à fait aussi bon qu'au départ (grosse crève pour moi,
chevilles douloureuses pour Marc, et surtout un genou récalcitrant qui
empêche Shaggy de galoper comme à son habitude).
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- Lundi 21 août : Pour revenir du milieu de nulle part,
forcément, nous avons droit à une nouvelle dose de piste au milieu de la
lave. On s'inquiète un peu pour notre réservoir d'essence qui se vidait un
peu trop vite à notre goût hier (y a pas des dizaines de pompes dans le
quartier), mais en fait c'était du à une utilisation intensive du mode
4x4, qui ne sert en fait essentiellement à rien.
On oblique vers le parc national de la Jokulsa, une des plus grandes
rivières du pays, qui descend depuis le Vatnajökull jusqu'à l'Océan
arctique au Nord du pays. Au passage, quelques chutes d'eau
spectaculaires. Dettifoss est la plus puissante chute d'eau du continent,
mais finalement pas la plus belle qu'on ait eu l'occasion de voir. Certes,
ça déménage, mais je préfère personnellement Selfoss, juste un peu en
amont, beaucoup moins haute, mais composée d'une multitude de petites
chutes bien alignées, ou encore Hafragilsfoss, plus en aval, sur laquelle
on a un très beau point de vue en hauteur.
Prochaine étape, le drôle de canyon d'Asbyrgi, qui a une forme assez
invraisemblable. La légende veut que Sleipnir, le fabuleux cheval d'Odin,
ait laissé trainer une de ses huit pattes dans le coin. Balade
rafraichissante au milieu des arbres (on avait presque oublié que ça
existait). Ensuite, on roule tranquillement en direction de Myvatn, en
s'arrêtant de temps à autre sans rencontrer grand chose d'intéressant (pas
de baleine au lerge d'Husavik), et on arrive assez tôt pour faire une
première excursion. On monte sur le cratère Hverfjall, ce qui nous donne
un beau panorama sur le lac (en islandais, Myvatn signifie "lac des
mouches", ben y a pas à dire, ça porte bien son nom, c'est farci de
moucherons) mais aussi sur les drôles de formations géologiques et autres
cratères qui fourmillent dans le coin.
Pour finir la journée, nous coupons au traditionnel dîner sur l'herbe
maison pour tester un restaurant local sis dans une ferme (mais on a pas
réussi à faire approcher Liguori d'une vache). La serveuse serait mignonne
si elle avait pas un appareil dentaire (à son âge, franchement) et les
prix assez chers, comme il se doit. Mon allergie au poisson me fait
choisir de l'agneau fumé, pas mauvais et bien présenté, et on bourrine au
dessert avec du gâteau à la carotte et au chocolat (non, pas dans le même
gâteau) assez écoeurant. On a déjà mieux mangé que ça, mais c'est honnête.
- Mardi 22 août : La bonne nouvelle ce matin, c'est qu'on a pas
besoin de replier les tentes, on va encore dormir ici ce soir. Déjà que la
journée risque d'être trop courte pour voir tout ce qu'il y a aux environs
du lac... On commence par quelques balades sur les bords du lac, c'est
définitivement plein de moucherons (et les produits anti-insectes ne sont
absolument pas efficaces) mais assez joli, et une fois de plus il n'y
essentiellement personne. Les cailloux sur l'eau de Kalfaströnd notamment
ont une forme qui me plait bien.
Vers la fin de la matinée, on décide de finir notre tour du lac plus tard,
pour se laisser le temps de glander un moment sur les sites de Namafjall
et Krafla. Le premier est un site plein de curiosités géologiques, ça
faisait longtemps non ? Bref, de la boue, des dépots de soufre, des
fumerolles, rien que du classique au fond, mais on ne s'en lasse pas, ici
la quantité et la qualité sont présentes. Et on enchaine donc avec Krafla,
où il y a encore des dépots chelous (notamment un petit lac dans un
cratère nommé une originalité certaine Viti) mais surtout une coulée de
lave pas bien vieille (une vingtaine d'années), qui fume de partout, d'où
effets rigolos. La balade est une fois de plus très agréable (je suis
moins doué que le Routard pour trouver des superlatifs grotesques à chaque
nouveau site visité).
Le soir approchant, on se fait, comme la veille, une petite montée de
cratère pour avoir une dernière vue d'ensemble de la région. Mais le
Vindbergjarfjall est assez haut et pentu, et plein de moucherons, donc la
grimpette n'est pas triviale. Ceci dit, une fois en haut, c'est vraiment
pas mal, on se rend compte qu'il y a des tas de petites étendues d'eau
qu'on ne voit pas depuis la route. On redescend quand même assez vite car
on a laissé Shaggy en bas. Un dernier arrêt avant d'aller se coucher, dans
des grottes qui contiennent de l'eau chaude, tellement d'ailleurs qu'on
peut plus s'y baigner (c'est malin), mais qui n'ont par ailleurs guère
d'intérêt (le Routard les a tout de même trouvées "magiques").
- Mercredi 23 août : Heureusement que je suis là pour rappeler à
Liguori qu'on avait pas fini notre tour de Myvatn, sinon on serait déjà à
perpète à l'heure qu'il est. Arrêt matinal, donc, du côté de Dimmuborgir,
des drôles de formations caillouteuses. Bon plan pour démarrer la journée
en douceur. Ceci dit, on n'a pas un programme délirant aujourd'hui,
puisqu'on arrive au moment où on n'avait pas vraiment prévu ce quon allait
faire pour finir le séjour. Liguori, qui a toujours des idées derrière la
tête, nous convainc d'aller faire le tour des fjords du Nord-Ouest (un peu
long mais c'est vrai qu'on n'a plus grand chose d'autre à faire).
On est donc repartis pour pas mal de route. Comme c'est chiant de rester
des heures dans la bagnole, on s'arrête tout de même à tous les coins qui
ont vaguement un intérêt. Le premier est une enième chute d'eau, Godafoss,
pas très grande mais jolie quand même ; puis on s'arrête par principe à
Akureyri, la deuxième ville du pays, synpathique sous le soleil mais il
n'y a rien à y voir. Ensuite c'est l'après-midi tourbe : église de tourbe,
ferme en tourbe à Glaumbaer, cette dernière est censée être un
incontournable de tout voyage en Islande, on a tellement pas compris
pourquoi qu'on a refusé de payer pour la visite ; et on emmerde les gens
qui vont rétorquer qu'on ne peut pas critiquer si on a pas visité.
Du coup, on peut foncer tranquilles faire le tour de la péninsule de
Vatnsnes. Enfin, du moins, jusqu'au drame du voyage : les freins de la
voiture lachent soudain ! Comme on n'est pas masos (et malgré les conseils
locaux), on s'arrête devant un hôtel qui trainait par là (coup de pot) et
on appelle Budget (la boite qui nous a loué la bagnole). Le temps
d'obtenir des renseignements, un assez absurde ballet de voitures se
déroule devant l'hôtel, Liguori étant même réquisitionné pour aller
conduire une caisse un kilomètre plus loin pour prévenir le gérant qu'il a
oublié je ne sais quoi. On se marre bien, jusqu'au moment où un
pseudo-garagiste débarque et nous apprend que la plaquette de freins est
morte. Budget nous enverra de quoi réparer demain matin, en attendant on
est bloqués ici pour la nuit. Heureusement, le gars est super cool et
accepte qu'on campe dans le terrain de foot juste en bas (au milieu des
bouses de vaches). M'enfin, avec tout ça, la suite de notre programme est
un peu compromise.
- Jeudi 24 août : Au moins, c'est bien, on est pas trop stressés
ce matin. Le ballet de la douche ne s'achèvera que peu de temps avant le
déjeuner, et la matinée sera rythmée par les parties de tarot et la
lecture, ça nous change un peu. Finalement, Budget nous envoie une
nouvelle voiture depuis Reykjavik, heureusement qu'on n'était pas à
l'autre bout du pays. Bon, la voiture arrive à peu près dans les temps,
elle est un peu plus petite et moins sportive que la précédente, mais on
fera avec (on remarquera quand même ensuite qu'il y a un truc qui
pendouille sous le capot, c'est vraiment pas très sérieux tout ça).
Avant de décider de la suite de notre trajet, on finit le tour de la
péninsule, ce qui nous permet d'admirer à la jumelle quelques phoques se
prélassant sur leurs rochers (pas très actifs, tout de même). Puis vient
le moment de se concerter. N'ayant pas trop le choix, on opte pour un
zappage de la péninsule du Nord-Ouest, mais avec un sprint vers
Latrabjarg, tout à l'Ouest du pays, ce qui représente déjà un petit paquet
de route. Le reste de la journée est donc essentiellement passé dans la
voiture, avec tout de même un arrêt de temps à autre pour jeter un coup
d'oeil aux paysages (toujours assez sympas) ou pour se goinfrer de gâteaux
(avec l'activité physique délirante qu'on a...).
On arrive au camping de Bjarkalundur pour y passer la nuit, et là on
craque un bon coup en allant faire de la balançoire et du mini-golf (un
seul trou disponible, c'est un peu léger), mais ça fait du bien.
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- Vendredi 26 août : Ah non mais là ça va pas du tout ! On va se
plaindre au responsable ! Le Routard nous avait promis des macareaux, il
dit même "à moins d'un mètre". Bon, ben on y est, au Latrablarg, et
qu'est-ce qu'on voit ? Que dalle ! Pas un macareaux à des kilomètres à la
ronde. Scandale ! Du coup, on aura pas vu un seul de ces drôles d'oiseaux
pendant notre séjour... On fait quelques arrêts sur notre chemin de
retour, notamment sur des jolies plages (parfois assez piégeuses, on
commence à s'enliser !) et on a même droit sur la dernière à une marée
vraiment impressionnante, que pour le coup on voit presque monter à vue
d'oeil. Sinon, journée assez calme et pas mal de bagnole.
- Samedi 26 août : Encore de la bagnole ce matin, le but est de
rejoindes la péninsule de Snaefellsness, notre dernière destination, avec
un gros glacier qui couronne le tout. En arrivant, notre premier arrêt est
consacré à la bouffe, au resto pour une fois (faut dire que le sandwich
jambon-fromage, on a bien donné), où nous commandons en majorité de la
baleine même si c'est mal. Ben figurez-vous que ça ressemble à du steack
(pas très surprenant finalement), que c'est très tendre, mais que ça n'a
pas un goût très intéressant. Par contre, le gâteau à la rhubarbe en
dessert était super bon.
On enchaine les arrêts d'assez courte durée dans l'après-midi, une petite
montée vers un phare (j'ai oublié le nom du bled, mais c'est là où on a
bouffé) et un coup d'oeil à la mer de temps à autre. On se pose enfin un
peu plus longtemps à ... ah, merde, j'ai oublié de noter le nom, je vais
essayer de retrouver mais c'est pas gagné. Bon, ça a l'air mort, en tout
cas c'est un trou perdu sur la côte, auquel on ne peut accéder qu'après
quelques kilomètres de marche, ce que le Routard s'était bien sûr abstenu
de préciser. En plus, le chemin est plein de cailloux et pas plat, donc ça
nous prend un bout de temps. Mais bon, on ne regrette pas, la plage est
sympa, et le temps qu'on fasse l'aller, la vue se dégage sur le glacier,
ce qui nous permet d'avoir un trajet retour beaucoup plus joli. On décide
d'un commun accord de zapper un éventuel arrêt dans un endroit plein de
mouettes et on va passer notre dernière nuit en camping (on aura
finalement passé une seule nuit en AJ en dehors de Reykjavik).
- Dimanche 27 août : Dernière journée dans ce beau pays, il a
été décrété qu'on ferait enfin ce que certains réclament depuis plusieurs
jours, à savoir une trempette dans une piscine quelconque. On se fait tout
de même le retour vers Reykjavik pour commencer, à un rythme assez pépère.
Un petit tour sur la plage d'Arnastapi (il pluviote, c'est pas idéal), un
arrêt un peu trop loin du glacier pour le voir vraiment bien, et une
petite pause devant des orgues basaltiques dans un bled au nom
invraisemblable (et imprononçable). Un dernier pique-nique où il nous
reste à peu près deux fois trop de bouffe, et donc la piscine promise. Ben
les piscines isalndaises sont assez grassouilles, on a fait les cons un
bon moment dans les toboggans, petites piscines d'eau très chaude et
autre, c'était vraiment très sympa. Bon, j'y ai un peu laissé mon maillot
de bain (pourtant pas vieux !) quand même.
Pour notre dernier repas, on se permet un resto, mais le choix n'est pas
grandiose à Reykjavik. En plus, celui qu'on avait choisi n'existe plus à
l'adresse indiquée par notre guide préféré. On se rabat sur une pizzeria
relativement quelconque (surtout vu le prix) puis on va passer notre
ultime (et courte) nuit dans la même auberge que deux semaines auparavant,
mais avec une chambre vachement mieux !
- Lundi 28 août : C'est le jour du départ, on se lève
invraisemblablement tôt pour aller prendre notre avion. Pas grand chose à
signaler, on se perd vaguement au début, on attend nos bagages un temps
ectrêmement long à CDG mais ils sont tous là, et on se quitte dans le RER,
un poil fatigués mais bien contents de notre voyage. Franchement, pas la
peine d'aller au bout du monde pour être dépaysé, l'Islande remplit très
bien cet office !