Vous le savez, je ne suis pas un grand fan de chant (pour
faire un bel euphémisme). Bon, quand ce sont de grandes masses comme dans
un passage bien bourrin d'un Requiem ou au moins que
l'accompagnement orchestral suffit à peu près à couvrir les voix (au
hasard dans Puccini), ça reste tout à fait supportable. Mais la simple
évocation du genre du lied, où le chanteur n'est accompagné que
d'un misérable piano, suffit généralement à me faire fuir en courant. Un
seul compositeur a réussi à me faire apprécier quelques oeuvres du genre,
et ce n'est pas n'importe lequel, c'est Schubert, grand spécialiste ès
lieder s'il en est.
Il faut dire que Schubert, en plus d'être à mon sens un compositeur qui a
imprégné de son génie à peu près tous les types de musique (bon, ok,
peut-être pas le concerto ou les opéras, mais niveau orchestre, piano et
surtout musique de chambre il y a de quoi faire), est certainement LE plus
grand mélodiste qui ait jamais été, et certains de ses plus beaux thèmes
se retrouvent dans ses lieder, comme le génial Erlkönig ou le
poignant La jeune fille et la mort. Mais là où le lied
schubertien atteint des sommets, c'est dans les trois cycles qu'il a écrit
peu avant sa mort, et parmi lesquels mon préféré reste ce Voyage
d'hiver, qui nous transporte si loin dès les premières notes égrenées
par le piano.