Brahms a gardé aujourd'hui une image assez curieuse de
vieux sage de la musique romantique, arrivé une génération après la
plupart de ses grands confrères (Schubert, Chopin et autres), et laissant
ensuite la place à de rapides et nombreux bouleversements. Pourtant, si
Brahms fut incontestablement un grand compositeur romantique tout au long
de sa carrière, son style a indiscutablement évolué, passant d'un
romantisme violent dans sa jeunesse à un art plus apaisé, puisant même
vers la fin de sa vie dans des formes presque archaïques (la passacaille
de la quatrième symphonie par exemple).
Un excellent exemple de cette évolution consiste à comparer ses deux
concertos pour piano, écrits à une vingtaine d'années d'intervalle. Là où
le second est une oeuvre très "pastorale", typique d'un Brahms assez
tardif, le premier, notamment dans son premier mouvement, est un
déferlement orchestral qui aurait pu effrayer Beethoven lui-même. Vous
l'aurez compris, ma préférence va à l'énergie extraordinaire du premier,
même si j'aime bien aussi le deuxième. Mais de toute façon, tout est bon
dans Brahms...