Si vous avez suivi mon petit quizz dans l'ordre des
extraits, vous avez déjà du avoir l'occasion de constater que la musique
russe faisait partie de mes pêchés mignons. Parmi la petite foule de
compositeurs intéressants que ce pays a vu apparaitre dans la deuxième
moitié du dix-neuvième siècle, je crois bien que mon petit chouchou est
Moussorgsky. Il ne nous a pourtant légués que bien peu d'oeuvres, dont une
partie sont d'ailleurs passées par le miroir déformant d'une orchestration
de Rimsky-Korsakov (toujours brillante, ceci dit, mais qui trahit
peut-être un peu l'esprit plus sombre de Moussorgsky).
Mais s'il ne brille pas par la quantité, c'est bien la qualité qui fait la
différence. La Nuit sur le mont chauve et son introduction
vibrante, les géniales miniatures des Tableaux d'une exposition,
et surtout ce Boris, rien moins que le sommet du genre opératique
pour moi (en mettant Wagner hors concours !). Mélodies à tomber par terre
(l'introduction orchestrale, quelle merveille !), choeurs massifs, airs de
Boris d'une insondable tristesse, et toute la puissance d'un livret
historique passionnant, un oeuvre en tout point magistrale.