Quand on parle de requiem dans le domaine de la musique
classique, on pense tout de suite à Mozart, qui a il est composé un modèle
du genre difficilement surpassable. Puis Verdi ou Berlioz viennent à
l'esprit. Trois oeuvres qui ont en commun une violence assez marquée, qui
semble être devenu une caractéristique fréquente du genre
Requiem. Il faut dire que le Dies irae ou le
Confutatis ont des thèmes assez incitateurs, mais quand même,
voila des visions du repos éternel qui font un peu peur !
Gabriel Fauré, lui, qui est essentiellement connu pour ses oeuvres de
musique de chambre et son talent de mélodiste (que ceux qui ne connaissent
pas Après un rêve foncent tout de suite l'écouter), est très
éloigné de tout cela. Son Requiem est une merveille de calme et
de beauté à l'orchestration transparente, au rythme lent et aux mélodies
fascinantes, symbolisés par le Pie Jesu chanté par une voie
d'enfant cristalline (si vous tombez sur une version avec soprano, quelle
qu'elle soit, fuyez). Si vous cherchez de la musique apaisante, je n'en
connais pas de plus merveilleuse que celle-là. Là où Mozart fait entrer
les voies de son Requiem sur des intervalles montants et un
accompagnement orchestral plein de tension, Fauré débute sur un tapis
feutré, par des intervalles descendants. Tout un symbole.