Alors, Liszt, compositeur avant d'être pianiste virtuose,
ou le contraire ? L'absence d'enregistrements d'époque finira forcément
par rendre justice à l'oeuvre du compositeur, mais de son vivant, ce
n'était sûrement pas aussi simple. En tout cas, il serait vraiment
dommage, dans la production finalement assez abondante de Liszt, de ne
retenir que ses études d'exécutions transcendante (dont le titre à lui
seul suffit à effrayer un peu) ou ses innombrables transcriptions pour
piano, alors qu'elle regorge d'oeuvres qui dépassent très largement le
cadre de l'exercice de virtuosité.
Même dans son oeuvre pour piano, dont je ne suis pourtant pas un très
grand fan, se cache une merveille absolue, cette sonate en si mineur. Un
bloc d'une demi-heure en un seul mouvement, qui fait sortir des entrailles
du piano des sons inouis, une oeuvre visionnaire qui brille d'un noir
éclat en marge de toute la production de piano romantique.