Evidemment, dans une liste très orientée vingtième siècle
et musique symphonique, il fallait s'attendre à voir apparaitre un jour ou
l'autre ce diable d'Igor, l'homme qui symbolise peut-être le mieux la
musique du siècle dernier, ayant touché à plein de styles diférents aux
diverses époques de sa vie, qui fut d'ailleurs elle-même fort longue et
mouvementée (pensez, trois nationalités différentes, pas moins).
Malgré tout, Stravinski reste sûrement plus connu auprès du grand public
pour ses ballets que pour autre chose, plus particulièrement ses trois
ballets de jeunesse, en tête desquels le Sacre du printemps et sa
création tumultueuse à Paris en 1913, un scandale comme on n'en fait plus.
Mais même à l'intérieur de ce genre un peu particulier qu'est le ballet,
Stravinski fut loin de s'arrêter après ces trois premiers coups de maitre,
puisqu'il continua à en composer toute sa vie durant, notamment ce
Pulcinella, chef-d'oeuvre de la période néoclassique s'appuyant
sur une musique originale de Pergolèse. La rencontre de la rigueur baroque
et du flamboiement de Stravinski pouvait laisser craindre des étincelles,
c'est en fait à un véritable feu d'artifice qu'on a droit, remise à jour
géniale d'une musique vieille de deux siècles.