Mahler, le retour. Comme nombre d'autres grands
musiciens (Beethoven le premier), Mahler a composé le nombre fatidique de
8 symphonies, ne laissant de sa dixième qu'un mouvement lent et quelques
ébauches. Comme beaucoup d'autres également, il aurait pu dépasser ce
nombre s'il n'avait décidé de ne pas compter son Chant de la
terre comme faisant partie de son cycle symphonique. Mais à la
différence des autres, le cycle symphonique de Mahler constitue la quasi
intégralité de son oeuvre.
Neuf monuments, que ce soit par leurs dimensions souvent imposantes ou
leur intérêt propre. Mais dans ce cycle, s'il en est une qui se détache du
lot, c'est sûrement cette neuvième et dernière symphonie, dont on peut
commencer à appréhender la portée quand on sait qu'elle était tenue en
grande estime par Alban Berg. Mahler, bien qu'ayant assisté aux débuts des
représentants de la deuxième école de Vienne, n'a jamais été très
convaincu par les essais modernistes de ses collègues, et s'est lui-même
essentiellement cantonné dans un post-romantisme de bon aloi. Pourtant,
avec cette neuvième symphonie, et notamment son premier mouvement, Mahler
s'invente un nouveau monde, fait de fragments de mélodies brisées dans
l'oeuf et d'un hypnotisant concert de timbres, qui fait amèrement regretté
qu'il n'ait pas pu continuer ses expériences dans d'autres oeuvres...