Gershwin a toujours trainé la réputation d'être le chainon manquant entre
la musique et le jazz. S'il a certes touché à pas mal de choses dans ses
compositions, il semble bien qu'il y ait toujours eu une séparation entre
les chansons et petites pièces qu'il écrivait notamment pour Broadway, et
les oeuvres qu'il composait pour la salle de concert. D'ailleurs, ses
dernières, même si on y sent l'influence de ce qu'était le jazz à
l'époque, sont de structure tout à fait classique (pas totalement
maîtrisée, diront les mauvaises langues).
Un morceau comme Summertime est particulièrement emblématique de
cette ambiguïté puisqu'il est devenu un standard de jazz tellement repris
que c'est souvent sous forme d'un de ses innombrables dérivés que les gens
l'entendent pour la première fois. Au point qu'on oublie souvent qu'il fut
au départ un air d'opéra. Un opéra de Gershwin, certes, donc peut-être pas
tout à fait un opéra classique ;-). On entend le thème dans
Chocolat de Lasse Hallström, et Il était une fois en
Amérique de Sergio Leone, entre autres.