La musique de Prokofiev a connu une évolution assez surprenante au cours
de sa vie, évoluant vers de plus en plus de simplicité. Alors que dans sa
jeunesse il est fasciné par l'avant-garde et écrit lui-même des peuvres
complexes (et d'une violence parfois effrayante), il reviendra à une
écriture plus mélodique et apaisée vers la fin de sa vie (peut-être en
partie à cause de la pression du régime soviétique). Il collaborera
également avec le réalisateur Sergei Eisenstien, pour qui il écrira les
musiques d'Ivan le Terrible et d'Alexandre Nevski.
Son ballet Romeo et Juliette est un bon compromis entre ces deux
tendances. Faisant toujours preuve d'un sens de la construction et de
l'orchestration confondants, Prokofiev y alterne les passages
mélancoliques et les sautes de brutalité. La Danse des chevaliers
appartient sans conteste à cette deuxième catégorie, elle a fait les beaux
jours d'une pub pour le parfum Egoïste en 1990, et a été utilisée
au cinéma dans Je suis le seigneur du château de Régis Wargnier,
et dans le Caligola de Tinto Brass, parai-til (non, je n'ai pas
vu le film).