Schubert fut l'un des premiers compositeurs romantiques, et sa vie,
peut-être encore plus que son oeuvre, en est très révélatrice. Il se
révèle très tôt doué pour la musique, mais un certain dilletantisme
l'empêche de vraiment briller dans ses études, et il est obligé
d'apprendre le métier d'instituteur pour gagner sa vie. Cette indécision
allait le poursuivre toute sa vie : il fut incapable de se trouver un
emploi fixe de musicien, et même dans son oeuvre, fut le champion des
avortements et autres inachèvements. Conséquence inévitable, il peine à se
faire reconnaitre et même à se faire jouer, réservant le plus souvent sa
musique aux soirées organisées dans le cadre de ses amis. Alors qu'il
commençait enfin à établir sa réputation sur un cercle un peu moins
restreint, il meurt à peine âgé de 31 ans, laissant pourtant derrière lui
une oeuvre immense dont la diffusion n'a fait que s'accroitre depuis sa
disparition.
N'ayant jamais réussi à percer par exemple sur la scène viennoise, il a
laissé peu d'oeuvres de grandes dimensions (tout de même quelques
symphonies et une certain nombre d'oeuvres de musique de chambre) ; la
plupart des oeuvres les plus connues de Schubert sont des pièces courtes,
dans le domaine du lied notamment. Pour ce qui est de son oeuvre
pour piano, de même, ce sont ses impromptus et moments musicaux qui ont le
plus marqué l'histoire. Ainsi, ce très court mais charmant Moment
musical n°3, qui a servi d'indicatif publicitaire à une tourte aux
champignons Vivagel en 1992 (on fait ce qu'on peut), et été utilisé dans
Et vogue le navire de Federico Fellini, et The Road to
Wellville d'Alan Parker.