Un seul accord, et le mélomane beethovenophile reconnait la Sonate
Pathétique (faites attention, il risque d'entrer dans un état second
par la même occasion). Beethoven était un champion des cellules brèves
très facilement reconnaissables mais à l'effet dévastateur sur l'auditeur
(cf la cinquième symphonie, par exemple). Avec cette sonate, il rentre,
dans le domaine de ses oeuvres pour piano, dans ce qu'on appelle
habituellement sa deuxième période. Finis les petits amusements encore
fidèle à la tradition, on a désormais du Beethoven, du vrai. C'est dans
cette période créative que se situent la plupart de ses chefs-d'oeuvre
immortels. Il aura ensuite une troisième phase, tout aussi intéressante
sice n'est plus sur le plan musical, où en plus de continuer à développer
son langage hautement personnel, il détruira complètement la forme
traditionnelle. Ainsi, dans ses dernière sonates pour piano, on voit une
oeuvre en deux mouvements (la sonate traditionnelle en compte trois), une
de trois quarts d'heure, avec un mouvement lent interminable, des fugues,
des trilles qui s'étendent sur trente secondes, des notes répétées jusqu'à
la nausée. Beethoven expérimente, repousse le piano hors de ses limites
connues, et ouvre la voie à un siècle de musique romantique.
Déjà, dans cette Sonate Pathétique, on peut noter la forme
curieuse du mouvement lent, qui s'affranchit pratiquement de tout
développement, se contentant de répéter quelques thèmes avant de
disparaitre. Mais c'est le premier mouvement, sûrement celui qui illustre
le mieux le sous-titre de l'oeuvre (qui, une fois n'est pas coutume, est
de Beethoven lui-même), qui est resté dans les mémoires. A peu servi au
cinéma, citons pour le principe Star Trek : Insurrection de
Jonathan Frakes.